Dimanche Ouest France (Vendee)

Pierre Aristouy, le discours et laméthode

Lundi soir, le coach des U19 a été propulsé à la tête des pros pourmener à bien l’opération maintien en L1 du FCN. Ouest- France retrace la semaine pas comme les autres de Pierre Aristouy.

- David PHELIPPEAU (avec J- M.B, L.F. et J.S.).

Une parenthèse s’est refermée, une nouvelle s’est ouverte. Mardi 9 mai, vers 15 h, c’est dans la salle de restaurati­on qu’Antoine Kombouaré, prévenu la veille au soir par Franck Kita, le directeur général délégué du FCN qu’il n’irait pas au bout de sa mission, a adressé un ultime message à son groupe.

Celui avec lequel il a remis le FC Nantes sur la carte du foot français et européen en deux ans et trois mois. « Dans un moment très émouvant » , selon des témoins, le Kanak, accompagné de son staff, lui aussi contraint de faire ses valises (Toru Ota, Yves Bertucci et Michel Dufour), et de Franck Kita, a été fidèle au discours qu’il a toujours tenu devant les médias sur la précarité du métier d’entraîneur et l’exigence de résultat inhérent à ce job. Kombouaré a également martelé à l’envi un message à ses anciens protégés : « Maintenant, faites tout pour sauver mon club de coeur, leFCNantes! » Des applaudiss­ements et mêmes quelques embrassade­s ont conclu l’« allocution » assez brève du désormais ex- coach nantais, qui a vidé son casier avant de quitter la Jonelière sans croiser son remplaçant.

Le chapitre Pierre Aristouy s’est ouvert quelques minutes après, avec une première prise de contact (toujours avec Franck Kita) avec le groupe profession­nel teintée de mots forts et de propos mobilisate­urs. En conférence de presse vendredi, il les a révélés : « Je leur ai dit qu’il fallait laver cette erreur et que ce n’était pas normal, qu’on soit là. Je leur ai dit que je ferai tout pour eux et pour le club surtout. Mais que je ne ferai pas tout, tout seul. J’ai aussi dit : “Je ne vous promets pas d’y arriver mais de tout faire pour”. »

Retour des chaussette­s et des protège- tibias à l’entraîneme­nt

Dans la foulée, la première séance d’entraîneme­nt. « D’une belle intensité » , confiera un joueur le soir même. Déjà avec la patte de l’ancien entraîneur des U19. Et surtout avec l’obligation pour chaque joueur de porter chaussette­s hautes et protège- tibias, comme à l’époque de Sergio Conceição en 2016-2017. Pierre Aristouy s’accroupit pour être au plus près de la pelouse, applaudit, harangue, replace. Interventi­onniste à souhait pour dynamiser au maximum. Ses séances, le natif de Mont- de- Marsan les passe le plus souvent au milieu de ses joueurs. Au centre du petit jeu à deux touches, au plus près du toro. « L’entraîneme­nt est le baromètre de la performanc­e et j’essaie d’y amener l’intensité nécessaire avec le moins de pauses possibles entre les séquences de jeu, tout en y ajoutant les principes de jeu qui sont les

miens » , développe Aristouy. Un entraîneme­nt le mardi, deux le mercredi et deux le jeudi, entrecoupé­s de vidéos.

Comme à chaque changement d’entraîneur, les cartes sont rebattues pour les joueurs. La hargne s’en trouve décuplée pendant les séances. « Visiblemen­t, ça a changé de braquet dans l’envie et dans les contacts » , souffle un proche d’un joueur. « Clairement, ça a matché très vite entre Pierre et les joueurs, on me dit que ça reparle foot, tactique » , indique un habitué du vestiaire. « La première chose qui a changé à l’entraîneme­nt, c’est le rythme, a confirmé, vendredi, devant les micros, le milieu de terrain Samuel Moutoussam­y. On a retrouvé cette gnaque pour s’entraîner et pour retrouver quelque chose de positif sur le terrain. »

Le nouvel entraîneur s’est aussi ingénié à rebooster les joueurs influents – Blas en premier lieu – allant jusqu’à leur expliquer devant un tableau noir ce qu’il attendait d’eux. « Dans toutes les équipes de football, il y a forcément des garçons qui sont plus influents que d’autres. Ces garçons- là doivent être bons et performant­s parce qu’ils entraînent tout le monde avec eux. » Redonner le sourire à un groupe touché et infuser des ondes positives ont aussi été son leitmotiv toute la semaine. Pour la première conférence de presse, vendre

di, il insiste pour être accompagné de Samuel Moutoussam­y, joueur toujours escorté par une bonhomie communicat­ive… « Il est venu avec moi pour deux raisons : c’est le joueur de l’effectif que je connais depuis le plus longtemps, a justifié le technicien. Je l’ai eu sous mes ordres lors de mon retour au FCNantes, il y a six ans, lors de la montée de N3 en N2 avec la réserve. Cela a une valeur symbolique pour moi. Et aujourd’hui, il incarne, par son état d’esprit, ce que j’attends de tous les joueurs. » Pierre Aristouy a saupoudré enfin les entraîneme­nts d’un peu d’insoucianc­e en incorporan­t quelques jeunes pousses comme Oger, Zézé ou encore Junior Diaz.

Les encouragem­ents de Denoueix

Le choix de Pierre Aristouy, c’est celui de Franck Kita. Son père, le président Kita, lui a laissé une totale latitude sur cette décision. Alors que beaucoup misaient sur la promotion de Stéphane Ziani, coach de la réserve titulaire du BEPF, le fils Kita a pris tout le monde par surprise en nommant l’entraîneur des U19. Une décision qu’il a prise après avoir consulté deux ou trois proches du secteur administra­tif et de la formation, mais pas Philippe Mao, le coordinate­ur sportif, complèteme­nt écarté des discussion­s et réaffecté seulement sur la partie recrutemen­t, de manière temporaire, nous dit- on au club…

Toute la semaine, Franck Kita n’a pas lâché d’une semelle le groupe. Présent de manière discontinu­e à la Jonelière habituelle­ment, le directeur général délégué du FCN a, cette foisci, passé le plus clair de son temps au plus près des joueurs et du nouveau staff. Au bord du terrain, même pendant les entraîneme­nts. « J’ai reçu un message de confiance (de la direction), beaucoup de confiance qui se traduit, au quotidien, par un accompagne­ment et une présence physique aussi, a apprécié Pierre Aristouy. C’était déjà un honneur que le club pense à moi et c’est agréable d’être accompagné. » Et soutenu par des gens qui lui sont « chers » . Aristouy taira son nom, mais c’est bien l’ancien coach charismati­que des Canaris Raynald Denoueix qui lui a adressé ses encouragem­ents dans la semaine. Et peut- être des conseils pour le maintien ? Après tout, il y a 23 ans quasiment jour pour jour, le FCN de Denoueix, dont Pierre Aristouy faisait partie à l’époque mais au bout du banc de touche, avait arraché sa survie en Ligue 1 au Havre lors de l’ultime journée.

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| PHOTO : DAVID CHAPET Pierre Aristouy donne de la voix pendant les séances d’entraîneme­nt.

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