Dimanche Ouest France (Vendee)

Il traque les meilleurs thés dumonde

Au coeur du vignoble nantais, la Route des comptoirs importe une soixantain­e desmeilleu­rs thés bios du monde. François Cambell et son équipe courent lemonde à la recherche de saveurs rares.

- Éric de GRANDMAISO­N.

Pour trouver le meilleur des thés bios du monde, il faut curieuseme­nt faire escale au pays du muscadet. Plus précisémen­t dans la commune du Landreau (2 995 habitants), au sud de Nantes. Depuis un quart de siècle, elle est devenue la capitale des thés de très haute qualité réunis des quatre coins du globe par la Route des comptoirs.

Dans les coursives de l’entreprise, plane un délicieux parfum d’évasion vers de lointains territoire­s. Presque la Rolls des thés, si ce n’est que son créateur, François Cambell, « désire avant tout sortir d’une élite pour aller vers le grand public et faire connaître le thé au plus grand nombre ».

Ici arrivent, dans les locaux de la zone d’activité de la Bossardièr­e, entre les rangs de vigne, une soixantain­e de thés différents du Japon, du Sri Lanka, du Burkina Faso, de Namibie, d’Argentine ou d’ailleurs. S’y ajoutent plus de 300 matières premières, plantes, épices, huiles essentiell­es, fruits secs, algues ou arômes.

À leur réception, Raphaël, un salarié, vérifie la qualité de ces produits du monde entier. « Lameilleur­e huile essentiell­e d’agrumes, c’est en Calabre qu’on la trouve », confie François Cambell.

De Belleville au Landreau

L’entreprise produit près d’une tonne de thé par jour pour 220 références de vente. En cinq ans, son chiffre d’affaires a doublé. Quelque 600 palettes de matières premières sont stockées ici, « qui représente­nt une valeur de deux millions d’euros » .

C’est une véritable caverne d’Ali Baba aux senteurs exquises. Elles titillent les narines du visiteur, comme elles ont initié François Cambell au thé : « À l’époque dema jeunesse, à Belleville, de nombreux Asiatiques, fuyant la guerre du Vietnam ou le Laos, sont venus s’installer à Paris. J’ai découvert avec eux le thé. »

En Inde, au cours d’une césure dans sa vie, il découvre la richesse

des thés bios et le manque de débouchés. « J’avais envie de créer des assemblage­s, explique François Cambell, ça m’a donné un alibi pour créer des thés aromatisés. »

Penché sur une cuve pleine de 192 kg d’un mélange très sombre, Christophe, aromatiseu­r, travaille sur un thé noir russe. Un parfum d’agrumes s’en dégage, entre pamplemous­se, citron, bergamote, mélangés de pétales de soucis et de bleuets. Cette préparatio­n au goût russe n’a pas souffert de la guerre en Ukraine. Bien au contraire et curieuseme­nt, « nous avons même constaté une augmentati­on de 8 % des ventes », calcule François Cambell.

Un peu plus loin, Aurélien, ex- pâtissier reconverti dans le thé, surveille l’ensachage et pèse méticuleus­ement du détox, un thé bien être à base de thé vert, d’hibiscus, de maté et d’huiles essentiell­es d’agrumes.

« Le contrôle qualité passe par une vérificati­on très pointue, informe- t- il. Sur 500 sachets produits, on vérifie le poids de 80. »

La fin du pisse- mémé

Le créateur de la Route des comptoirs constate que l’image du thé a beaucoup évolué, depuis son premier salon du bio Marjolaine, au parc floral de Vincennes, où il était venu en 1997 avec seulement six mélanges. « Ce n’est plus le pisse- mémé ou l’infusion pour gens malades. Il n’est plus seulement bu à 90 % par des femmes. Le thé est devenu la deuxième boisson au monde après l’eau. Il a acquis l’image d’une boisson branchée. On voit apparaître des bars à thé et nous augmentons de 300 par an le nombre de nos points de vente. »

Il cite par exemple Biocoop, Naturalia, La Vie claire, Day by day. Le thé s’est installé dans les habitudes de vie, comme un moment de sérénité et de culture. « Pour un homme, boire du thé n’est plus assimilé à une atteinte à sa virilité, commente François Cambell. C’est une image de finesse, d’éducation et d’hospitalit­é. Dans notre société où tout va plus vite, c’est une compensati­on, une invitation à prendre le temps, une boisson amie. »

Le rendez-vous. Le week- end des 3 et 4 juin, au parc oriental de Maulévrier, la Route des comptoirs participe à la découverte du thé japonais, avec des conférence­s de François Cambell. L’entreprise participe également aux animations de la Route de la bio, une centaine d’événements dans la région pendant un an.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE François Cambell, ici avec Christophe, aromatiseu­r, a dédié sa vie à la passion des thés rares et bios du monde entier.
 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Dans les stocks de la Route des comptoirs, des produits venus de toute la planète. Ici le RP 32, de la reine-des-prés.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Dans les stocks de la Route des comptoirs, des produits venus de toute la planète. Ici le RP 32, de la reine-des-prés.
 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Couleurs, senteurs : les thés de la Route des comptoirs sont des assemblage­s subtils.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Couleurs, senteurs : les thés de la Route des comptoirs sont des assemblage­s subtils.

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