Dimanche Ouest France (Vendee)

Sa grand- mère était l’aviatrice Jacqueline Auriol

Beauvoir-sur-Mer— NéeàChalla­nsen1917, l’aviatrice, piloted’essai, amarquéles­esprits. Touché qu’unaérodrom­evendéenpo­rtesonnom, SiegfriedA­uriol, l’undesespet­its-fils, luiarenduu­nhommage.

- Recueilli par Claire HAUBRY.

Il a dévoilé la plaque avec l’aide de Maëlle, l’une de ses filles. À 54 ans, lui- même ancien pilote d’avions de chasse dans l’Armée de l’air, Siegfried Auriol ne cache pas son émotion de voir le nom de sa grand- mère, l’aviatrice Jacqueline Auriol (19172000), désormais inscrit en lettres rouges sur le panneau d’entrée de l’aérodrome de Beauvoir- sur- Mer et Fromentine. L’aérodrome Jacqueline-Auriol, dit- on désormais. La récente cérémonie a été l’occasion d’entendre les souvenirs que Siegfried Auriol garde de cette femme au parcours exceptionn­el. Voici son témoignage, entre émotion et humour.

« « Un hommage important »

Cet hommage nous importe particuliè­rement. Je crois que c’est important pour plein de jeunes qui rêvent. Pour plein de jeunes femmes en particulie­r. On peut parler de ce que Jacqueline Auriol représente pour le féminisme. C’est un féminisme d’un autre ordre que celui qu’on peut connaître aujourd’hui. Un féminisme qui s’adressait particuliè­rement aux femmes et qui pouvait se résumer par un message particulie­r qui était que « tout était possible », que « rien n’était interdit », et qu’il suffisait de vouloir quelque chose pour que cela devienne possible. Son exemple a permis à plein de femmes de rentrer dans des métiers qui lui » étaient interdits ou qu’elles s’interdisai­ent.

« Un exemple

Jacqueline Auriol n’a pas fait ça

pour la gloire et la reconnaiss­ance. Elle avait envie de s’écouter et de se faire plaisir, et c’est sans doute ça qu’il faut retenir. Ce n’était pas tellement une passionnée de l’aviation, mais plutôt une passionnée du vol, de la prise de risque et des sensations fortes. Je ne crois pas qu’elle connaissai­t très bien les avions, à part ceux sur lesquels elle a volé évidem» ment. Elle aimait ce qui engageait le courage.

Une lionne au- dessus « de la voiture

J’ai la chance de voyager avec elle. Notamment en Afrique du Sud. J’avais 8 ans. On était dans une Jeep ouverte. On s’arrête près de lions. Elle n’était pas la grand- mère qui veut

absolument protéger son petit- fils. Au contraire, elle voulait me mettre à l’épreuve ! Je me souviens qu’une lionne a sauté sur le capot de la voiture, passe entre ma grand- mère et moi. Totalement inconscien­t, je » caresse la lionne et là, je vois ma grand- mère folle de joie !

Elle a côtoyé les plus grands « explorateu­rs

Elle aimait le courage chez les gens. Elle a fait partie d’un groupe d’explorateu­rs avec Paul- Emile Victor, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff… Elle a exploré beaucoup avec eux. La banquise. Des volcans en éruption. Elle a plongé au milieu » des requins. Elle aimait cette vie faite d’adrénaline.

« « Très dangereuse au volant »

Comme grand- mère – et comme arrière- grand- mère -, il faut reconnaîtr­e que Jacqueline était assez tête en air et… très dangereuse au volant ! Comme elle avait le ciel pour elle dans un avion, elle avait aussi la route » pour elle, ne semblait pas connaître les limites de vitesse en voiture…

« Son courage après son accident

Après son accident en 1949, alors qu’elle a eu la gueule complèteme­nt cassée, après plus d’un an de convalesce­nce, elle prend sa revan» che sur l’aviation. C’est pour moi un bel exemple de résilience.

Une femme d’une grande « tolérance

Elle restait d’une grande simplicité. Elle est venue plusieurs fois à la maison quand mes filles sont nées, refusant de prendre une chambre et préférant dormir dans le canapé. Tout était très simple dans la relation avec elle. Elle était d’une grande tolérance, trouvait tout le monde beau et intelligen­t.

Quand elle a visité mon escadron de chasse, on a parlé pas mal entre pilotes. Je lui ai montré mon avion dans un hangar et là, elle a repéré une mécano en train de changer une roue. Elle est allée la voir, s’est assise auprès d’elle pour discuter, s’intéressan­t sincèremen­t à son parcours. C’était ça Jacqueline Auriol. Elle ne renonçait jamais, savait forcer la main » mais, aussi, s’intéresser aux autres.

 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? L’aérodrome de Beauvoir-sur-Mer porte le nom de sa grand-mère aviatrice, Jacqueline Auriol. Siegfried Auriol garde de très jolis souvenirs de cette pilote au parcours impression­nant.
| PHOTO : OUEST-FRANCE L’aérodrome de Beauvoir-sur-Mer porte le nom de sa grand-mère aviatrice, Jacqueline Auriol. Siegfried Auriol garde de très jolis souvenirs de cette pilote au parcours impression­nant.

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