Dimanche Ouest France (Vendee)
« Je ne pourrai jamaisme passer du rap »
Champion olympique à Tokyo avec l’équipe de France, le volleyeur Earvin Ngapeth est aussi unmordu de rap. Il a donné son premier concert cette semaine.
Il a troqué le ballon pour le micro. Earvin Ngapeth fait partie de ces sportifs, à l’image de Yannick Noah, qui se découvrent une deuxième carrière. Le volleyeur entend bien faire son trou dans l’industrie du rap. Pour la première fois, jeudi, il s’est produit à Paris, devant plusieurs centaines de personnes, au Cabaret Sauvage. Ses inspirations, ses ambitions, son style… « Magic Ngapeth » se raconte avec humilité.
Peut- on parler d’un premier concert réussi ?
Je suis content, ça s’est super bien passé. Les gens étaient réceptifs, ça a bougé. Je suis moins fatigué qu’après les répétitions, parce que je faisais le show quatre ou cinq fois (rires). Franchement, ça va. J’ai sué ( rires). J’avais vraiment envie de transmettre de l’énergie. On a donné le maximum. J’ai la sensation qu’avec l’équipe, on a réussi ce qu’on voulait faire.
Comment cet événement s’est-il préparé ?
Ça fait dix jours qu’on est arrivé sur Paris. Mes équipes étaient déjà venues à Modène (son club cette saison, en Italie) pour choisir les morceaux. On a fait deux ou trois répétitions en Italie, pour voir comment ils s’associaient les uns entre les autres, pour que ce soit cohérent par rapport à ce que l’on veut raconter. On a fait la promo sur dix jours. C’était un petit risque parce qu’on savait que ça allait être speed, dur physiquement et mentalement. Mais on l’a fait. Et il y avait les répétitions en même temps.
Comment définiriez-vous votre style ? Parce que l’éventail de ce que vous proposez dans vos morceaux est finalement assez large…
Il y a plusieurs facettes, dansmes projets. C’est un petit peu à mon image, et à l’image de ce qu’est le rap aujourd’hui. Il n’y a pas un style. Il y en a pour tout le monde. Chez moi, il y a du rap dur, du rap plus conscient, du rap qui fait danser. Il y a pas mal de sonorités africaines aussi. J’aime bien tout faire, je vais un peu partout. Et je m’amuse.
D’où vient cette passion du rap que vous cultivez ?
Elle s’est développée à Poitiers, avec les scènes et les open mic’ (scènes ouvertes). Kaven (l’un des artistes sur scène lors de la première partie), il faisait partie des plus grands que nous, là- bas, et avec d’autres plus grands, ils organisaient ces scènes- là. Mon premier texte, je l’ai écrit chez lui. C’est né très jeune, et ensuite, ça ne m’a jamais lâché. C’est en Russie (il jouait à Kazan), pendant le Covid, que je me suis dit que je ne pourrai jamais m’en passer. J’étais tout seul, et ça m’a vraiment aidé à tenir ces deux années où c’était vraiment compliqué.
Quelles sont vos inspirations dans lemilieu ?
J’écoute de tout, je suis unmordu de rap français. Je suis plus sur l’ancienne génération que la nouvelle : Despo Ruti, Escobar Macson, Lalcko (qui est aujourd’hui son manager). Après, il y a eu La Mafia K’1 Fry, Booba. J’aime aussi beaucoup Tiakola, en ce
moment. Et des gars de chez moi, de Poitiers.
L’idée de faire un « feat » avec une pointure vous plairait- elle ?
Ce sont des choses qu’on ne voit pas forcément quand on n’est pas dedans, mais ça ne se passe pas comme ça. Il y a beaucoup de choses. Il faut passer par quelqu’un, qui passe par quelqu’un qui passe par quelqu’un… et à la fin, il faut payer. C’est compliqué. Pour faire un feat avec un grand, il faut avoir fait ses preuves. On verra, c’est à l’affinité. Ce sont des rencontres qui ont lieu, et ça se passe au feeling.
Quel regard portez-vous sur ces autres sportifs qui se sont essayés à la musique. Yannick Noah est le plus connu, on pense aussi à Tony Parker…
Ça dépend. Ces deux exemples ne sont pas du tout les mêmes. L’un l’a fait sérieusement. Il y a certains codes dans la musique qu’il faut respecter pour être pris au sérieux. Yannick Noah l’a fait vraiment sérieusement, et ça a marché, parce qu’il est talentueux. Tony Parker l’a fait, je pense, parce que c’était un kif. Chacun a sa vision du truc. Moi je suis plus comme Yannick Noah parce que j’ai envie de faire quelque chose de fort.
Certains de vos morceaux sont politisés, à l’image de tacles envers Éric Zemmour, que vous comparez au personnage de Voldemort. Vous avez des messages à faire passer ?
Ça dépend. Quand je parle de Zemmour, c’est parce que c’est à une période où j’allume la télé et je ne vois que lui. C’était obligatoire. Il était sur toutes les chaînes et me rendait ouf. Mais je ne fais pas de la musique pour être dans une sauce. Ce ne doit être que du kif. Ce n’est pas que je me censure, mais je fais attention aux sujets que j’aborde.
Retrouvez notre reportage vidéo du concert sur www.ouest-france.fr/ sport/volley