Dimanche Ouest France (Vendee)

Lopy :« En les voyant mettre leurs maillots, j’ai mal»

Grenoble – Angers, demain (20 h 45). Absent depuis deux mois et pour la suite de la saison, le milieu angevin Joseph Lopy évoque sa difficile vie loin des terrains.

- Recueilli par Antoine RAGUIN.

Entretien

Joseph Lopy (32 ans), milieu de terrain d’Angers Sco.

Comment va votre cheville, un mois après l’opération ?

Elle va beaucoup mieux. La récupérati­on avance bien. Il y avait quand même un des ligaments les plus importants qui était arraché. Sur le coup, elle ne tenait plus, bougeait dans tous les sens. Il fallait réparer, sinon ça aurait pu avoir des conséquenc­es plus dramatique­s sur la durée.

Pourtant, vous avez joué quasiment une mi-temps contre l’ASSE (le 17 février, 0-3) avec cette cheville en vrac…

Oui, je n’avais pas envie de sortir, de lâcher les partenaire­s. Donc je me suis dit : serre les dents, joue jusqu’à la mi-temps et tu laisseras ta place à quelqu’un d’autre à 100 %. Mais ça a été dur. Je n’arrivais pas à changer de direction, je prenais un coup de jus sur chaque appui.

Vous souvenez-vous comment vous êtes-vous blessé ?

C’est peut- être la blessure la plus bête du monde… Sur l’action, (le Stéphanois Aïmen) Moueffek pousse le ballon vers la touche pour essayer de partir, mais j’anticipe et je passe devant lui pour le protéger, il n’y avait plus de danger. Et dans son élan, il n’a pas pu s’arrêter. J’ai senti ses crampons sur ma cheville et il est tombé sur moi. Là, je ne me dis pas que j’ai un ligament de rompu, simplement que j’ai pris un coup, que ça fait mal et voilà… Je retourne sur le terrain et sur mon premier changement de direction, je sens mon pied bouger. Je lèvema jambe et ma cheville ne tient pas. Là, ce n’est pas bon…

Cette semaine, vous vous faites de nouveau opérer, mais des adducteurs cette fois (l’opération a eu lieu jeudi, l’entretien lundi)…

Depuis le début de la saison, j’ai un peu joué sur une jambe. Comme ma saison est terminée, autant tout soigner et revenir mieux. C’est une blessure de la fin de saison dernière qui a mal guéri. Tous les matches, j’étais sous anti-inflammato­ires. Parfois, ils n’avaient aucun impact sur la douleur. Sur un simple contrôle, je prenais un coup de jus dans l’adducteur. Sur un mois ou deux, c’est jouable, sur la moitié de la saison, c’est plus dur. Enfin… si je n’avais pas eu la cheville, j’aurais continué à jouer jusqu’au bout.

Comment vivez-vous les matches, loin du terrain ?

Dans la peau d’un supporter qui a

envie que tout se passe bien, mais aussi dans celle d’un coéquipier qui se sent mal d’être là. C’est bizarre comme sentiment, mais à chaque match, j’ai un peu l’impression de trahir mes gars car je ne suis pas là pour me battre avec eux…

Vous aviez une place centrale dans la vie de ce vestiaire. A-t-elle évolué avec la blessure ?

J’essaye d’être le même. En tribune, j’ai plus de recul, je vois tout ce qui se passe différemme­nt. Donc j’essaye d’apporter à mes coéquipier­s ce que je vois, ce qu’il y a de bien et de moins bien. Le coach et le staff le font très bien, mais parfois quand c’est un coéquipier, c’est perçu différemme­nt. Mais c’est une posture qui n’est pas simple à trouver : je suis joueur, est- ce qu’avec moi ça se serait mieux passé ou pas ? Est- ce que si je dis quelque chose à un coéquipier, il va mal le prendre ? Il faut trouver les bons mots, sans passer pour un donneur de leçon. Mais pour ne pas avoir de regret, il faut se dire les choses… Le message que je donne, c’est toujours avec bienveilla­nce.

De quoi vous êtes-vous rendu compte, avec ce recul ?

C’est par rapport aux choix qu’on prend sur le terrain. Je vois des situations où les gars jouent la sécurité, alors qu’il y a moyen de prendre un risque. Du coup, je me demande si je faisais ça aussi. Pourquoi à ce moment-là du match, untel n’est pas capable de s’orienter vers l’avant ? Peut- être que c’est parce que c’est plus dur physiqueme­nt. Donc il prend moins de risques, pour ne pas perdre le ballon et permettre à l’équipe de se remettre en place. C’est là qu’on se rend compte pourquoi certains jouent la Ligue des champions et d’autres non. Eux, ils se seraient retournés et auraient joué vers l’avant. Mais des tribunes, on est tous des joueurs de Ligue des champions, même ceux qui n’ont jamais joué au foot.

Qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Le terrain. Je paierais très cher aujourd’hui pour y être. En fait, je viens ici ( à la Baumette), je suis dans les vestiaires, je rigole avec tout le monde. Puis ils partent sur le terrain et pas moi. Ils ne mesurent pas à quel point c’est dur de les voir mettre des crampons. Avant Laval, dans le vestiaire, en les voyant mettre leurs maillots, j’avais mal. C’est dans ces moments que je me rends compte que j’aime le foot. C’est un grand vide en fait.

Est-ce plus dur de ne pas jouer, quand l’équipe traverse une phase

plus compliquée ?

Oui, car je ne peux pas agir. J’ai confiance à 1 000 % en mes coéquipier­s, mais il faut dire la vérité : au début, on se dit forcément que si on était là, ça changerait les choses. Puis on prend du recul et on se dit qu’avant la blessure, on a aussi perdu, fait des mauvais matches. Il n’y a que des bons joueurs dans ce groupe, donc que ce soit moi ou un autre qui joue, ça ne change pas. Je ne sais pas si je manque à l’équipe ou si l’équipe me manque. La deuxième, c’est certain…

La situation sportive : « J’espère qu’on

va monter, j’y crois »

Sa blessure : « Ma cheville bougeait dans tous les sens »

Même si vous n’y êtes pas pour grand-chose, vous en voulezvous ?

Évidemment. Je me suis même excusé auprès du coach et de Laurent ( Boissier, le coordinate­ur sportif) : je suis désolé, c’est un moment décisif et moi, je vous lâche. Ils m’ont pris pour un fou. Quand je suis sorti à la mi- temps de Saint- Étienne, j’avais l’impression de les abandonner. J’ai même demandé au doc s’il ne pouvait pas me donner quelque chose pour que je reparte. C’était sans doute de l’orgueil mal placé, mais j’avais envie d’être avec eux.

Que vous inspire la situation actuelle de l’équipe (3e de L2) ?

En tribune, samedi dernier, j’étais avec mon petit frère qui m’a demandé si on allait monter. Je lui ai répondu que je ne savais pas, mais j’espère que oui. J’y crois, vraiment.

L’entretien complet à retrouver sur www.ouest-france.fr /sport/football/

Sa vie loin du groupe : « Je paierais cher pour être sur le terrain »

 ?? | PHOTO : ANGERS SCO ?? Joseph Lopy, désormais spectateur des matches d’Angers Sco.
| PHOTO : ANGERS SCO Joseph Lopy, désormais spectateur des matches d’Angers Sco.

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