Dimanche Ouest France (Vendee)
Fabrice Hyber, l’artiste semeur façonne sa vallée
Unlieu, une histoire. Fabrice Hyber sème une forêt à Mareuil- sur- Lay- Dissais depuis les années 2000. Un lieu unique qu’il souhaite développer pour créer un pont entre l’art et la nature.
Le projet
Une poule s’est faufilée dans l’une des maisons qu’il met à disposition d’artistes qu’il rencontre lors d’expositions. « Allez oust ! Tu as bien assez de place dehors. » Effectivement, le plasticien Fabrice Hyber, possède des dizaines et des dizaines d’hectares à Mareuil- sur- Lay- Dissais. La nature est partout. Et même si d’innombrables couleurs sont étalées sur ses palettes de peinture, c’est souvent le vert qui domine dans sa vie. « Ce vert- là, tu vois, celui des nouvelles feuilles du printemps, j’adore » , commente l’artiste en empruntant un petit chemin qui longe sa forêt, ou plutôt « sa vallée verte », comme il l’appelle.
Plus de 300 000 semences d’arbres
L’artiste a racheté ces terres après ses études aux Beaux- Arts, à Nantes. À l’époque, il n’y avait que des prairies où son père faisait paître son élevage de moutons. « J’avais déjà pour objectif de créer une forêt. » Alors il commence à semer en 2000. Vingt- quatre ans plus tard, 300 000 arbres d’une multitude d’essences ont pris racine formant un véritable labyrinthe de camaïeu de verts. « C’est fou, je me souviens de chaque endroit où j’ai semé », confie- t- il en plongeant son regard à l’horizon.
Chênes, frênes, amandiers, charmes, cormiers… « Cela enrichit le paysage, mais ce n’est pas pour faire joli. Grâce à ça, la terre est nourrie, protégée, vivante », explique- t- il en faisant référence à la monoculture, « malheureusement » encore omni
présente dans les bois. Le Vendéen est engagé auprès de l’Office national des forêts (ONF) où il officie en tant qu’ambassadeur.
Un lieu « unique au monde »
« Cette forêt est unique au monde car une forêt semée, ça n’existe pas » , analyse ce membre de l’Académie des Beaux-Arts. D’ailleurs, l’art joue un rôle primordial dans l’élabora
tion de sa vallée « qui va continuer à évoluer ». Il l’a conçue comme ses tableaux en mettant l’accent sur le vivant, bien au- delà du beau. Il souhaite créer un pont entre sa pratique et la nature : « Je voudrais qu’elle devienne un lieu de travail, d’échanges autour des arts et de l’agriculture. Un endroit où on apprend, un peu comme une sorte d’école. »
Des artistes du monde entier viennent déjà en résidence dans l’ancienne bergerie de la famille. Fabrice Hyber accueille aussi des écoliers pour des visites pédagogiques plusieurs fois par an. Il espère ouvrir sa vallée au public en 2026. « Il y aurait des oeuvres d’art dans les bois, des parcours initiatiques, des rencontres… », projette l’artiste vendéen.