Dimanche Ouest France (Vendee)

Le nouveau musée Dobrée en cinq coups de coeur

Le musée Dobrée, à Nantes, fermé pendant douze ans, a rouvert au public hier. Un écrin tout neuf pour des collection­s d’objets d’art qui embrassent cinq cent mille ans d’Histoire.

- Isabelle LABARRE.

Il est loin le poussiéreu­x musée Dobrée d’antan, à Nantes. Fermé pendant douze ans, le site a rouvert ses portes hier, entièremen­t rénové et agrandi. Mettant en valeur les collection­s d’objets et d’oeuvres d’art grâce à une scénograph­ie élégante, des volumes chaleureux, une lumière douce. Coup de projecteur sur cinq pièces emblématiq­ues commentées par Julie Pellegrin, la directrice.

Des traces de vie humaine d’il y a 500 000 ans

Au sous- sol du musée, sont exposés les premiers vestiges de vie humaine en Loire-Atlantique, il y a un demi- million d’années : des bifaces trouvés à Saint- Père- en- Retz, Saint- Brevin- lesPins ou Montbert. « Dans ces silex taillés, les habitants du grand Ouest trouvent traces de leur passé, c’est émouvant. »

Ce musée très hétéroclit­e accueille non seulement les collection­s léguées par Thomas Dobrée, mais aussi celles de la société d’archéologi­e nantaise et d’autres legs.

Les sculptures de la cathédrale de Nantes

Les quatre imposantes statues de pierre qui accueillen­t le visiteur au rezde- chaussée proviennen­t de la cathédrale de Nantes telle qu’on ne l’a jamais vue. Aux côtés de douze autres, celles- ci, dont deux figurent Sainte- Marie- Madeleine et Saint- Martin, décoraient la tour carrée du clocher détruit en 1876. « Elles sont impression­nantes. Elles nous évoquent tous ces bâtiments romans disparus aujourd’hui. Au MoyenÂge, les lieux de culte au coeur des villes actives étaient régulièrem­ent remis au goût du jour. »

Le portrait du donateur

C’est celui de Thomas Dobrée fils (1810-1895), accroché à l’extrémité de la galerie de portraits de la famille Dobrée, au rez- de- chaussée. Héritier d’une riche lignée d’armateurs nantais, ce collection­neur passionné a accumulé plus de dix mille objets et construit cette maison « plus pour ses collection­s que pour lui- même » .

Ce portrait posthume, peint par Paul- Émile Chabas en 1898, le représente devant sa propriété en train de construire son palais. « Dans le musée, on a toujours travaillé sous la houlette d’une reproducti­on de ce tableau. Aujourd’hui, je perçois son sourire. Il fait beau, il doit être heureux. »

Thésée terrassant le minotaure

Cette grande amphore grecque qui servait à stocker le vin, dépôt du musée du Louvre, est une pièce majeure du second étage consacré à l’Égypte, la Grèce et l’Étrurie, ainsi qu’aux arts extra- européens. Elle est datée d’environ 525 avant notre ère.

« Le minotaure est vaincu, il a plié le genou. » « C’est la fin des malheurs de Dobrée »,

glisse Julie Pellegrin. Allusion voilée à ces dix dernières années marquées par des recours juridiques contre le projet de réhabilita­tion du musée. Avant que ne démarrent les travaux en 2021, pour lesquels le Départemen­t de Loire-Atlantique a investi 50 millions d’euros.

Le reliquaire d’Anne de Bretagne

C’est incontesta­blement la piècemaîtr­esse du musée, dont l’histoire est jalonnée de bouleverse­ments. Le dernier date d’une nuit d’avril 2018, lorsque le reliquaire qui a contenu le coeur d’Anne de Bretagne est volé, avant d’être retrouvé quelques jours plus tard grâce aux enquêteurs de la police judiciaire.

Il est exposé ici, comme un bijou, en suspension dans une vitrine. « Il est emblématiq­ue d’un savoir- faire extraordin­aire, il a un sens politique, et est le symbole de l’amour de la duchesse Anne pour ses parents. »

Alors que son corps devait rejoindre la basilique de Saint- Denis où reposent rois et reines de France, Anne de Bretagne avait demandé que son coeur soit enterré avec ses parents, à Nantes, au sein du couvent des Carmes. « Lorsque l’écrin a été ouvert au XVIIIe siècle, il ne restait plus que quelques morceaux de tissus, car le couvent avait été inondé plusieurs fois. Il a été à nouveau ouvert au XIXe siècle, et il ne restait plus rien. »

Ce dimanche, ouvert de 10 h à 19 h, 1, place Jean-V, à Nantes, visites de 45 minutes. Ouvert du mercredi au dimanche, entrée gratuite jusqu’au 2 juin. Tél. 02 42 45 50 50. www.musee- dobree.fr

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PHOTO OUEST-FRANCE Julie Pellegrin, directrice du musée Dobrée, au rez-de-chaussée de l’édifice, devant les statues monumental­es du clocher de la cathédrale de Nantes, avant la destructio­n de celui-ci en 1876.
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| PHOTO : OUEST-FRANCE Des visiteuses parmi les premiers, hier matin, devant la grande amphore décorée de la scène de Thésée contre leminotaur­e.
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| PHOTO : OUEST-FRANCE Le portrait posthume de Thomas Dobrée fils.
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| PHOTO : MARC ROGER / OUEST-FRANCE Le reliquaire du coeur d’Anne de Bretagne.

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