Dimanche Ouest France (Vendee)
Le nouveau musée Dobrée en cinq coups de coeur
Le musée Dobrée, à Nantes, fermé pendant douze ans, a rouvert au public hier. Un écrin tout neuf pour des collections d’objets d’art qui embrassent cinq cent mille ans d’Histoire.
Il est loin le poussiéreux musée Dobrée d’antan, à Nantes. Fermé pendant douze ans, le site a rouvert ses portes hier, entièrement rénové et agrandi. Mettant en valeur les collections d’objets et d’oeuvres d’art grâce à une scénographie élégante, des volumes chaleureux, une lumière douce. Coup de projecteur sur cinq pièces emblématiques commentées par Julie Pellegrin, la directrice.
Des traces de vie humaine d’il y a 500 000 ans
Au sous- sol du musée, sont exposés les premiers vestiges de vie humaine en Loire-Atlantique, il y a un demi- million d’années : des bifaces trouvés à Saint- Père- en- Retz, Saint- Brevin- lesPins ou Montbert. « Dans ces silex taillés, les habitants du grand Ouest trouvent traces de leur passé, c’est émouvant. »
Ce musée très hétéroclite accueille non seulement les collections léguées par Thomas Dobrée, mais aussi celles de la société d’archéologie nantaise et d’autres legs.
Les sculptures de la cathédrale de Nantes
Les quatre imposantes statues de pierre qui accueillent le visiteur au rezde- chaussée proviennent de la cathédrale de Nantes telle qu’on ne l’a jamais vue. Aux côtés de douze autres, celles- ci, dont deux figurent Sainte- Marie- Madeleine et Saint- Martin, décoraient la tour carrée du clocher détruit en 1876. « Elles sont impressionnantes. Elles nous évoquent tous ces bâtiments romans disparus aujourd’hui. Au MoyenÂge, les lieux de culte au coeur des villes actives étaient régulièrement remis au goût du jour. »
Le portrait du donateur
C’est celui de Thomas Dobrée fils (1810-1895), accroché à l’extrémité de la galerie de portraits de la famille Dobrée, au rez- de- chaussée. Héritier d’une riche lignée d’armateurs nantais, ce collectionneur passionné a accumulé plus de dix mille objets et construit cette maison « plus pour ses collections que pour lui- même » .
Ce portrait posthume, peint par Paul- Émile Chabas en 1898, le représente devant sa propriété en train de construire son palais. « Dans le musée, on a toujours travaillé sous la houlette d’une reproduction de ce tableau. Aujourd’hui, je perçois son sourire. Il fait beau, il doit être heureux. »
Thésée terrassant le minotaure
Cette grande amphore grecque qui servait à stocker le vin, dépôt du musée du Louvre, est une pièce majeure du second étage consacré à l’Égypte, la Grèce et l’Étrurie, ainsi qu’aux arts extra- européens. Elle est datée d’environ 525 avant notre ère.
« Le minotaure est vaincu, il a plié le genou. » « C’est la fin des malheurs de Dobrée »,
glisse Julie Pellegrin. Allusion voilée à ces dix dernières années marquées par des recours juridiques contre le projet de réhabilitation du musée. Avant que ne démarrent les travaux en 2021, pour lesquels le Département de Loire-Atlantique a investi 50 millions d’euros.
Le reliquaire d’Anne de Bretagne
C’est incontestablement la piècemaîtresse du musée, dont l’histoire est jalonnée de bouleversements. Le dernier date d’une nuit d’avril 2018, lorsque le reliquaire qui a contenu le coeur d’Anne de Bretagne est volé, avant d’être retrouvé quelques jours plus tard grâce aux enquêteurs de la police judiciaire.
Il est exposé ici, comme un bijou, en suspension dans une vitrine. « Il est emblématique d’un savoir- faire extraordinaire, il a un sens politique, et est le symbole de l’amour de la duchesse Anne pour ses parents. »
Alors que son corps devait rejoindre la basilique de Saint- Denis où reposent rois et reines de France, Anne de Bretagne avait demandé que son coeur soit enterré avec ses parents, à Nantes, au sein du couvent des Carmes. « Lorsque l’écrin a été ouvert au XVIIIe siècle, il ne restait plus que quelques morceaux de tissus, car le couvent avait été inondé plusieurs fois. Il a été à nouveau ouvert au XIXe siècle, et il ne restait plus rien. »
Ce dimanche, ouvert de 10 h à 19 h, 1, place Jean-V, à Nantes, visites de 45 minutes. Ouvert du mercredi au dimanche, entrée gratuite jusqu’au 2 juin. Tél. 02 42 45 50 50. www.musee- dobree.fr