Le printemps tunisien ou la « révolution évolutive »
Six ans après le déclenchement de la vague de protestations qui a déraciné et secoué les régimes arabes, la Tunisie n’a pas succombé. Le pays avance lentement dans sa transition démocratique, grâce à un équilibre laborieux entre changement et continuité qui lui vaut les louanges de la communauté internationale, mais reste fragile et pourrait être balayé par des aspirations plus radicales de la population, la lutte contre le terrorisme et les conflits régionaux.
Les six dernières années ont gravement, et à plusieurs reprises, ébranlé le pays. Mais contrairement à ses voisins, la Tunisie a réussi chaque fois à éviter le chaos, grâce au dialogue politique. Cependant, comme dans tous les pays de la région impactés par les manifestations de 2011, la population est passée d’un sentiment d’optimisme débridé à un profond désenchantement en raison de la lenteur du changement. La Tunisie a réalisé d’énormes avancées politiques, dont l’élaboration d’une constitution, la tenue de plusieurs élections démocratiques successives, l’établissement de nouvelles institutions démocratiques et la protection des libertés fondamentales. Cependant, ces succès sont encore fragiles et l’on peut craindre une rechute, induite par le poids de la guerre contre le terrorisme ainsi que par la résistance aux réformes au sein de divers réseaux d’intérêt et institutions. Parallèlement, le volet économique de la transition est encore à la peine et ses manifestations sont moins éloquentes que celles du volet politique. Les structures socio-économiques qui