Perspective indienne sur la Russie
« Un vieil ami vaut mieux que deux nouveaux ». Le Premier ministre indien employa cet adage russe lors du 17e sommet indo-russe d’octobre 2016, pour assurer V. Poutine de la vitalité de la fameuse « amitié éprouvée par le temps » remontant à la période soviétique. Les relations bilatérales n’ont-elles pas été élevées au rang de « partenariat stratégique spécial et privilégié » en 2010 ? Une emphase qui ne peut toutefois dissimuler une réalité plus contrastée.
Un chiffre a longtemps servi à illustrer l’importance prise en Inde par la Russie : 70 % de l’équipement militaire de l’armée indienne en provenaient. Nul autre pays non communiste n’a reçu autant d’aide, économique et militaire, de l’Union soviétique.
L’emprise militaro-industrielle
Les trois armées sont encore largement composées de matériel russe avec, entre autres équipements, les Sukhoi-30 MKI composant 10 escadrons, les chars de combat T-90 (accord signé en 2006 pour l’acquisition de 1000 exemplaires) et le seul porte-avions INS Vikramaditya (anciennement Amiral Gorchkov). La prévalence russe demeure, même si la concurrence gagne lentement du terrain. Sur la période 2012-2016, la Russie comptait encore pour 68 % des importations d’armes de l’Inde, suivie à distance par les États-Unis (14 %), puis par Israël (7 %), le Royaume-Uni et la France (1). Lors du dernier sommet indo-russe, New Delhi s’est engagée sur plusieurs acquisitions pour un coût dépassant 10 milliards de dollars et au rang desquelles figurent notamment