Les ondes de la crise qatarienne atteignent la Corne de l’Afrique
Depuis 2016, les relations entre la Somalie et les Émirats arabes unis, alliés de Riyad, sont tendues en raison de la concession pour le développement et l’exploitation du port de Berbera accordée par le Somaliland, province autonome autroproclamée (non reconnue par la communauté internationale), à Dubaï Port World, compagnie servant les intérêts émiratis (1). L’accord a été rejeté par la Somalie, qui accuse Abou Dhabi de chercher à la déstabiliser en perturbant les relations entre les gouvernements autonomes et le gouvernement central, alors que ce dernier reste à la tête d’un État fragile et sous la menace des terroristes shebabs.
Lorsque la crise diplomatique qui oppose le Qatar à l’Arabie saoudite et ses alliés a éclaté en juin 2017 (lire p. 40), Mogadiscio, membre de la Ligue arabe depuis 1974, a décidé de rester neutre et d’encourager une médiation, en dépit des pressions d’Abou Dhabi pour qu’elle coupe ses liens avec Doha. Elle semble malgré tout pencher du côté qatarien, dans la mesure où elle a ouvert son espace aérien à la compagnie Qatar Airways et accueille sur son sol d’importants intérêts turcs – la Turquie étant quant à elle un fort soutien de Doha dans cette crise.
La Somalie, qui bénéficie d’un littoral stratégique longé par les grands axes maritimes, est ainsi entraînée dans le jeu d’influence opposant l’Arabie saoudite et le Qatar – avec pour enjeu non seulement son développement économique mais, au-delà, son unité et sa souveraineté.