L’année 2018 verra-t-elle la création d’un « Grand Jérusalem »?
En octobre 2017, le vote d’un projet de loi sur « Jérusalem et ses satellites », qui prévoyait notamment l’annexion à l’actuelle municipalité de plusieurs colonies ou blocs de colonies israéliennes situées en territoire palestinien et regroupant près de 150 000 personnes : Givat Ze’ev (au nord) ; Beitar Illit, Efrat, bloc d’Etzion (au sud) ; et Ma’ale Adoumim (à l’est), coupant de fait la Cisjordanie en deux, a été repoussé. Si sa validation par la Knesset était assurée, le moment avait finalement été jugé inopportun, alors que les conseillers de Donald Trump menaient des négociations dans la région en vue d’élaborer le plan de paix israélo-palestinien maintes fois annoncé par le président américain.
Depuis lors, non seulement Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël (lire l’article p. 12), mais le Likoud, parti de droite du Premier ministre, s’est prononcé, le 31 décembre 2017, en faveur de l’annexion de la Cisjordanie. Surtout, un autre texte, adopté le 2 janvier 2018, ouvre la possibilité d’une exclusion de Jérusalem de trois zones à majorité palestinienne, dans l’est. Quant à l’annexion des colonies susmentionnées, elle est déjà, de fait, quasi effective, le mur de séparation érigé par Israël les coupant de la Cisjordanie tandis qu’un ensemble d’infrastructures les relie à Jérusalem. Si la loi est finalement votée en cette année du soixante-dixième anniversaire de la création de l’État d’Israël, elle ne fera que valider du point de vue administratif et juridique l’existence d’un « Grand Jérusalem » à majorité juive, poursuivant la politique du « fait accompli » menée par Israël depuis 1948.