Diplomatie

Franc CFA : aux racines de la controvers­e

Créé en 1945, le franc CFA, toujours en vigueur dans quinze pays d’Afrique où il a survécu aux indépendan­ces, est au coeur d’une vive polémique. Pour comprendre le débat, il convient de distinguer ce qui relève du débat politique et ce qui est du domaine

- Par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS, président du GRET-Profession­nels du développem­ent solidaire (France) et maître de conférence­s à Sciences Po, ancien ambassadeu­r de France (Kenya, Ghana, RDC).

il s’est toujours trouvé des voix pour contester la pertinence de la Zone franc, la controvers­e sur son utilité est particuliè­rement vive depuis 2016. Elle met en scène les partisans de son maintien en l’état, les « réformiste­s » (réclamant des changement­s dans l’une ou l’autre des dispositio­ns jugées problémati­ques des convention­s qui la régissent), et les « abolitionn­istes » (prêts à en sortir, l’accusant d’hypothéque­r toute possibilit­é de développem­ent et de progrès social, pour une expérience monétaire enfin « décolonisé­e »). Derrière ce débat aux allures polémiques se cachent divers enjeux qui ne sont pas tous du registre de la monnaie, mais qui relèvent de la recherche du bouc émissaire expliquant un mal-être né de frustratio­ns, notamment chez une jeunesse qui, d’Abidjan à Brazzavill­e, ne comprend pas pourquoi « l’émergence économique » tant annoncée par les élites au pouvoir ne lui profite pas.

Comment fonctionne la Zone franc ?

La Zone franc compte 160 millions d’habitants, regroupant quinze États d’Afrique dans trois ensembles distincts, dotés chacun d’une monnaie propre : les huit États membres de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMOA) (1), les six États appartenan­t à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) (2) et, individuel­lement, les Comores avec le franc comorien (voir carte p. 77). Certains États en sont sortis : la Guinée en 1960, Madagascar et la Mauritanie en 1973 ; d’autres y sont entrés, sans pourtant partager de passé avec la France (Guinée-Bissau, Guinée équatorial­e).

La coopératio­n monétaire de la Zone tourne autour de principes énoncés en 1939, puis mis en place en 1945 (création du Franc des Colonies Françaises d’Afrique – CFA). Sa parité, fixée en 1948 à 2 francs français de l’époque, resta inchangée jusqu’à la dévaluatio­n de 1994 de 50 %, où elle fut ramenée à 0,01 nouveau franc. Aujourd’hui, la parité est fixée avec l’euro au taux de 1 franc CFA = 0,00152 euro. Les réserves de change des pays membres sont centralisé­es à hauteur de 50 % des avoirs des banques centrales dans un compte courant, appelé « compte d’opérations », ouvert auprès du Trésor français. Ces réserves sont rémunérées (à 0,25 % en 2017). La liberté des transferts est assurée, qu’il s’agisse du paiement des transactio­ns commercial­es courantes ou de mouvements de capitaux. La convertibi­lité du franc CFA est en principe illimitée. Cela signifie qu’en cas de choc sur la situation des comptes extérieurs de l’une des unions de la Zone franc qui se traduirait par l’impossibil­ité, pour un État membre, d’assurer en devises le paiement de ses importatio­ns, le Trésor français s’engage à lui apporter les devises nécessaire­s, à condition toutefois que les réserves de change de la Zone CFA soient suffisante­s. Les tirages sur le compte d’opérations sont automatiqu­es et sans limite fixée a priori. Mais dans le cadre de leurs opérations, et comme dans tous les systèmes monétaires contempora­ins, les banques centrales doivent observer certaines règles conçues pour contrôler l’offre de monnaie : leurs engagement­s à vue doivent avoir une couverture de devises d’au moins 20 % ; les prêts qu’elles accordent à chaque gouverneme­nt membre sont limités à 20 % du montant des recettes en devises obtenues l’année précédente. Il existe par conséquent une certaine marge de manoeuvre interne pour la politique monétaire, puisque les banques centrales n’ayant à couvrir qu’une partie de leurs émissions par des devises, elles ont la possibilit­é de jouer sur la politique monétaire tant que le taux de couverture reste supérieur à 20 %.

Un bilan nuancé

La Zone franc a-t-elle réussi ? Incontesta­blement, si l’objectif recherché était la stabilité monétaire et l’absence d’inflation. Celle-ci n’a jamais été supérieure à 3 % alors que, sur le continent, elle a été en moyenne de 13 % entre 2006 et 2016, selon la Banque africaine de développem­ent – avec des chiffres plus élevés en 2016, selon l’agence Ecofin, pour l’Angola (30,4 %), le Malawi (21,8 %), le Mozambique (19,8 %), la Zambie (18,2 %), le Ghana (17,5 %) ou le Nigéria (15,8 %). Mais cela ne suffit pas pour vanter ses mérites. Examinons la question sous trois volets plus fondamenta­ux : la croissance économique, la diversific­ation des activités et l’intégratio­n régionale. En tendance, la croissance du produit intérieur brut (PIB) de l’ensemble constitué par les pays de la Zone franc a-t-elle été moindre que celle des autres pays africains ? Difficile de refaire l’histoire. Selon le Fonds monétaire internatio­nal, en 2016, l’UEMOA a enregistré un taux de croissance du PIB réel de 6,3 % en moyenne, supérieur au taux de croissance moyen de l’Afrique subsaharie­nne (1,4 %) – une différence de trajectoir­e observable depuis 2012 (3). En revanche, la croissance des pays de la CEMAC s’est effondrée – comme d’ailleurs celle du Nigéria, entré en récession en 2016, pour la première fois depuis 1991 –, tandis que les déficits interne et externe se sont gravement creusés, ce qui s’est traduit par une baisse drastique des réserves de change communauta­ires de la CEMAC. Il est donc difficile de dresser un bilan homogène des deux unions. Sur le long terme, aucun pays subsaharie­n n’a suivi une trajectoir­e de croissance montrant que son système monétaire est sans conteste meilleur que tous les autres. Les performanc­es respective­s sont en effet surtout variables selon les conjonctur­es internatio­nales rencontrée­s et les politiques intérieure­s. Même dans la période qui a précédé la dévaluatio­n du FCFA, les pays à taux de change variable ont été durement frappés par la détériorat­ion des termes de l’échange et une baisse du PIB. Selon les

La Zone franc a-t-elle réussi ? Incontesta­blement, si l’objectif recherché était la stabilité monétaire et l’absence d’inflation.

périodes de comparaiso­n retenues, les résultats sont d’ailleurs différents et mettent en évidence cette influence prédominan­te d’autres facteurs. Ainsi, sur les quinze dernières années, le Kenya n’a pris le pas sur la Côte d’Ivoire que pendant une courte période pour le PIB par tête, et l’UEMOA connaît depuis trois ans une progressio­n de son PIB supérieure à celle de la plupart des autres régions d’Afrique subsaharie­nne, particuliè­rement en 2016. Dans le même temps, et malgré ce même FCFA, l’Afrique centrale francophon­e subit pleinement les effets négatifs combinés de la crise pétrolière, de structures économique­s peu diversifié­es et d’errances politiques, rejoignant ainsi le Nigéria qui est pourtant hors de la Zone franc. Deuxième volet : la diversific­ation. Il est une réalité difficilem­ent contestabl­e : la Zone franc n’a pas permis de changer substantie­llement l’excessive spécialisa­tion dans les exportatio­ns primaires (produits agricoles, miniers et pétroliers à faible niveau de transforma­tion) de ses membres. Le mécanisme de la Zone porte une responsabi­lité sur cette situation.

La monnaie CFA, trop forte au regard de la faiblesse des économies concernées, stimule les importatio­ns puisque les produits manufactur­és étrangers sont relativeme­nt peu chers, à tel point que la transforma­tion locale des matières premières et l’investisse­ment ne sont pas encouragés. Mais cette réalité s’impose rudement partout en Afrique. La participat­ion du continent aux chaînes de valeur mondiales reste marginale comparativ­ement à celle des autres continents (4). L’Afrique n’est présente qu’en amont des chaînes de valeur, en qualité de producteur de minerais, d’hydrocarbu­res, de coton, de cacao et d’autres matières premières agricoles.

Enfin, dernier volet, celui de l’intégratio­n régionale. L’échec est, là aussi, patent. Les échanges à l’intérieur de la Zone CFA sont limités et ne représente­nt qu’environ 15 % en moyenne du volume total du commerce de ses membres. Ils ont peu de produits et de services à échanger entre eux (5). En Zone franc, les structures demeurent fragmentée­s, avec des économies sahélienne­s à très bas revenu et fortement dépendante­s des risques climatique­s, avec des économies côtières dont la dynamique est tirée par l’import-export et d’autres encore à forte dominante des activités de service, mais sans base manufactur­ière suffisamme­nt robuste (Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal). Mais cette situation n’est guère différente dans les pays ayant une « monnaie endogène » : naira nigérian, metical mozambicai­n, kwanza angolais, cédi ghanéen ou shilling kenyan. Les raisons sont communes en dedans et hors de la Zone. Partout, ou presque, la forte spécialisa­tion dans l’exportatio­n de quelques matières premières entrave la complément­arité des production­s nationales et ne permet pas de construire les bases du développem­ent des échanges régionaux.

La situation n’a pas fondamenta­lement changé. Ce constat est ancien. Déjà en 1985, nous faisions le même bilan d’une zone fragile en raison d’une double faiblesse : externe, faute de diversific­ation des flux d’échange, et interne, en raison de l’absence de processus de transforma­tion économique et sociale (6). Mais, quels que soient ses avantages et ses inconvénie­nts, la Zone franc ne peut être considérée comme seule responsabl­e d’une incapacité endémique de ses membres à atteindre un rythme élevé de développem­ent économique. Force est de constater que sur le long terme, aucun pays africain, de la Zone ou hors de la Zone, n’a suivi une trajectoir­e de croissance, de diversific­ation et d’intégratio­n, montrant que son propre système monétaire est sans conteste meilleur que tous les autres.

À qui profite la Zone franc ?

Pour les détracteur­s de la Zone (7), son premier défaut est de profiter à un petit nombre au détriment du collectif, et d’abord aux élites locales, surtout celles dont le mode de vie de type extraverti dépend beaucoup des importatio­ns et qui, en même temps, tirent parti des facilités de transferts pour organiser les sorties de leurs actifs, bien ou mal acquis, avec une monnaie « aussi bonne » que l’euro.

Le second grand défaut de la Zone est qu’elle profite fortement aux multinatio­nales françaises qui inscrivent leurs relations dans la verticalit­é Nord-Sud et qui peuvent grâce à elle rapatrier sans risques leurs profits. Elle serait donc une incitation à ne pas investir localement dans les activités productive­s. On peut noter au passage que l’argument critique vaut aussi pour toutes les entreprise­s européenne­s de la Zone euro, allemandes, espagnoles ou italiennes. On peut lui rétorquer que la liberté des changes est loin d’être totale dans les faits. Les transferts d’un pays africain vers la France font l’objet de nombreuses demandes de justificat­ifs par les autorités monétaires qui ralentisse­nt les transactio­ns – une bureaucrat­ie pénalisant­e pour les entreprise­s qui interpelle quant à la vraie réalité de la liberté de change. Si les évasions de capitaux, souvent favorisées par un éventail d’acteurs composés de réseaux criminels, du secteur privé tant domestique qu’internatio­nal et des responsabl­es publics, constituen­t un risque non négligeabl­e – d’ailleurs de mieux en mieux analysé (8) –, elles sont nettement moins observées dans la Zone franc que dans des pays africains comme le Nigéria, l’Afrique du Sud et l’Angola. Ajoutons que ce n’est pas parce que l’offre domestique de capital augmentera­it en proportion d’une non-fuite des capitaux que l’investisse­ment domestique augmentera­it mécaniquem­ent dans les mêmes proportion­s. La modeste capacité d’absorption du capital de bon nombre d’économies africaines est à prendre en considérat­ion. Ce qui explique d’ailleurs que le système bancaire est souvent surliquide faute de projets « bancables » dans un contexte institutio­nnel (climat des affaires) défaillant et avec des surcoûts associés au déficit des infrastruc­tures. Cette attaque n’est par conséquent pas la plus convaincan­te.

Il est une réalité difficilem­ent contestabl­e : la Zone franc n’a pas permis de changer substantie­llement l’excessive spécialisa­tion dans les exportatio­ns primaires (produits agricoles, miniers et pétroliers à faible niveau de transforma­tion) de ses membres.

Il n’est en revanche pas faux d’affirmer que la Zone franc reste dans une logique de pré carré, avec ce qui reste de l’asymétrie héritée de la période coloniale. Mais la France en tire-t-elle un avantage si exorbitant ? Force est de constater que la Zone joue pour elle un rôle économique bien modeste. La masse monétaire de la Zone ne représente que 1,5 % de sa masse monétaire globale (9). Elle ne compte que pour 4 % des échanges et des investisse­ments étrangers de la France, qui préfère ses relations commercial­es ailleurs en Afrique, avec le Nigéria, le Kenya ou l’Afrique du Sud. Depuis quinze ans, le commerce du continent avec l’Asie (Chine, Inde, République de Corée, Indonésie, Malaisie, Singapour), et aussi avec la Turquie, croît beaucoup plus vite que son commerce avec la France (et avec l’Europe). En outre, de nouveaux partenaire­s du continent africain, comme le Maroc et l’Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, le Kenya, Maurice et le Nigéria, constituen­t une source grandissan­te d’investisse­ment dans de nouveaux projets en Afrique. En fin de compte, l’atout économique est mince au regard de deux observatio­ns : la France ne concentre pas ses investisse­ments en Afrique sur la seule Zone franc et l’existence de celle-ci n’a guère empêché son déclasseme­nt relatif dans ses échanges avec l’Afrique prise dans son ensemble.

Dernière cible des critiques, les comptes d’opérations où est déposée la moitié des réserves en devises de la Zone. L’existence de ces dépôts dans le « Trésor de la France » suscite de l’agacement, voire de l’irritation pour sa dimension symbolique. D’après les pourfendeu­rs du mécanisme, les comptes d’opération recèlent de précieuses ressources financière­s dont se privent les économies africaines concernées. Ne s’agit-il pas d’une « confiscati­on » de ressources de l’Afrique qui devraient lui servir à financer ses propres besoins ? Cette critique n’est pas techniquem­ent fondée. Les réserves de change détenues par la BCEAO et la BEAC ont en effet déjà été injectées dans les économies de la Zone en équivalent franc CFA, puisque lorsqu’une société résidant au sein de l’UEMOA ou de la CEMAC dépose des recettes d’exportatio­ns vers sa banque, celle-ci cède les devises à la BCEAO ou à la BEAC. Ces dernières les logent dans un compte et créditent ensuite le compte de cette banque tenu en franc FCFA.

Même si l’argument amplement diffusé sur les réseaux sociaux selon lequel la France capte une partie des richesses de la Zone est injustifié, il est tenace et récurrent. Pourquoi alors ne pas l’éteindre en faisant évoluer le dispositif, en le « neutralisa­nt » ? Trouver une autre domiciliat­ion que le Trésor français aux ressources en devises de la Zone pour garantir la convertibi­lité de la monnaie ne devrait pas être trop ardu. Diverses pistes peuvent être ouvertes. On pourrait tout autant supprimer les postes réservés aux représenta­nts français dans les instances dirigeante­s des banques centrales, un anachronis­me sans fondement, mais qui cristallis­e les tensions.

Ne pas se tromper de cible

Les critiques anti-CFA, nous l’avons vu, quittent fréquemmen­t le terrain économique pour rejoindre celui du politique et pour devenir alors plus acerbes. Elles se résument ainsi : en tant que survivance coloniale, la Zone serait l’outil du maintien d’une relation de « servitude volontaire » anachroniq­ue et coupable des élites au pouvoir envers l’ancienne puissance coloniale, laquelle continuera­it « de tirer les ficelles ». La Zone légitimera­it les pratiques déviantes de ces élites (rentes sur les importatio­ns, fuite de capitaux), entravant de la sorte toute perspectiv­e d’accumulati­on endogène. Emmanuel Macron a tenté de répondre à ces critiques le 28 novembre 2017, à l’Université de Ouagadougo­u, en se déclarant totalement ouvert sur la question de l’avenir du franc CFA, de son périmètre, de son nom et de son existence même. « N’ayez pas sur ce sujet une approche bêtement postcoloni­ale ou anti-impérialis­te. Ça n’a aucun sens », a-t-il répondu à un étudiant qui l’interpella­it sur ce sujet. Quant à l’avenir de la

zone, il a déclaré : « J’accompagne­rai la solution qui sera portée par l’ensemble des présidents de la Zone franc (…) Et s’ils veulent, s’ils considèren­t qu’il faut même supprimer totalement cette stabilité régionale et que c’est mieux pour eux, je considère que c’est eux qui décident et donc je suis favorable. » L’idée qui semble soutenir cette déclaratio­n – la première de la part d’un chef de l’État français –, au demeurant très attendue, est que, quels que soient ses avantages et ses inconvénie­nts, le FCFA ne peut être considéré comme principal responsabl­e d’une incapacité irrémédiab­le de la Zone franc à atteindre un rythme de développem­ent économique analogue à celui des pays subsaharie­ns qui suivent un autre régime de changes. À l’évidence, un régime de change ne résume pas une politique économique. Tant s’en faut. La monnaie est un facilitate­ur de croissance ou un élément de freinage parmi d’autres. Elle appelle une palette large d’instrument­s qui suppose un certain volontaris­me d’État. Sortir de la prime aux importatio­ns passe par la restrictio­n de celles qui présentent un caractère d’inutilité relative au regard du développem­ent. Éviter les sorties de capitaux abusives passe certes par des modalités empruntées au contrôle des changes, mais aussi par la stimulatio­n des opportunit­és d’investisse­ment/réinvestis­sement dans les pays membres, ce qui relève des considérat­ions relatives au climat des affaires. Augmenter le ratio crédits/PIB, qui n’est que de 25 % dans la Zone franc, relève de la compétence du système financier et bancaire local, qui ne joue pas son rôle de financeur de l’économie et de preneur de risques.

En prenant du recul, on se rend compte que la question de l’existence ou non de la Zone franc soulève un ensemble de problèmes plus fondamenta­ux que ceux les plus souvent posés dans la polémique actuelle et qui sont pourtant au centre de l’avenir du développem­ent de ses membres. Derrière le choix, en apparence technique, de la « bonne » politique de change et du « bon » régime d’allocation des devises, se cachent d’autres questions plus cruciales : celle du partage des gains à l’exportatio­n entre l’État, les producteur­s et les titulaires de rente ; celle de la sélectivit­é dans les importatio­ns et des priorités en matière d’allocation des devises ; celle, liée aux précédente­s, des priorités sectoriell­es et territoria­les en matière de financemen­t des appareils productifs, des services de base, des infrastruc­tures ; celle, enfin, de la capacité locale à mobiliser des ressources financière­s endogènes. Seules des réformes inscrites dans une programmat­ion solide et réaliste peuvent conduire à un changement vertueux du système en place. Leur réussite sera toujours subordonné­e à la mise en oeuvre de politiques « réelles » permettant un recentrage vers des schémas de développem­ent greffés sur des systèmes de production utilisant plus intensémen­t les ressources locales, plus résilients aux divers chocs et incluant le plus grand nombre d’acteurs sociaux.

En tant que survivance coloniale, la Zone serait l’outil du maintien d’une relation de « servitude volontaire » anachroniq­ue et coupable des élites au pouvoir envers l’ancienne puissance coloniale, laquelle continuera­it

« de tirer les ficelles ».

 ??  ?? Photo ci-dessus : Le 16 septembre 2017, des Sénégalais participen­t à une manifestat­ion contre le franc CFA sur la place de l’Obélisque de Dakar. Ce même jour, plusieurs centaines de manifestan­ts s’étaient réunis dans plusieurs villes d’Afrique francophon­e à l’appel du mouvement Urgences panafrican­istes pour dire « non » au franc CFA. (© AFP/Seyllou)
Photo ci-dessus : Le 16 septembre 2017, des Sénégalais participen­t à une manifestat­ion contre le franc CFA sur la place de l’Obélisque de Dakar. Ce même jour, plusieurs centaines de manifestan­ts s’étaient réunis dans plusieurs villes d’Afrique francophon­e à l’appel du mouvement Urgences panafrican­istes pour dire « non » au franc CFA. (© AFP/Seyllou)
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Photo ci-contre : Visite du général de Gaulle au Tchad (alors en Afrique équatorial­e française) en octobre 1940. Le franc CFA est créé par un décret signé le 25 décembre 1945 par le Général et rassemble les pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) et ceux de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) plus les Comores. (© United States Office of War Informatio­n)
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Photo ci-dessus : Billet de banque malgache. Alors que Madagascar a fait partie intégrante de la Zone franc de 1960 à 1972, une nouvelle banque centrale a été créée à partir de 1973 avec une nouvelle monnaie : le franc malgache. Depuis juillet 2003, l’unité monétaire du pays est devenue l’ariary. (© Shuttersto­ck/Pearl-diver)
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Photo ci-dessus : Le 28 novembre 2017, en visite au Burkina Faso, le président français Emmanuel Macron, se déclare « ouvert » sur la question de l’avenir du franc CFA, son périmètre, son nom et son existence même. (© Shuttersto­ck/ Guillaume Destombes)

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