Diplomatie

Le Brésil à la dérive

À l’approche des élections générales d’octobre 2018, l’ampleur de la criminalit­é qui frappe le Brésil risque de le faire vaciller, le nombre d’homicides n’étant que l’arbre qui cache une forêt beaucoup plus vaste de corruption, d’inefficaci­té administra­ti

- Christophe-Alexandre Paillard

De passage en concert à Paris, le 17 mars 2018, les artistes brésiliens Gal Costa, Gilberto Gil et Nando Reis ont brièvement rendu hommage à Marielle Franco, conseillèr­e municipale assassinée mercredi 14 mars en plein centre de Rio de Janeiro. De retour d’un rassemblem­ent pour la promotion des femmes noires, la voiture qui la transporta­it a été prise en chasse par un véhicule ; les assaillant­s ont ouvert le feu ; la conseillèr­e a été atteinte de plusieurs balles à la tête ; son chauffeur a également été abattu et son assistante a été blessée. A priori, les balles utilisées pour cet assassinat, et donc les armes, auraient été volées aux services de police. Spécialist­e de la lutte contre les violences policières à l’encontre des population­s déshéritée­s, issue elle-même d’une favela, son nom ne fait que s’ajouter à la très longue liste des personnes décédées de mort violente au Brésil, y compris 193 autres élus locaux assassinés ces cinq dernières années, comme rapporté par la presse brésilienn­e, comme le maire de Candeias do Jamari (État du Rondônia), Francisco Vicente de Sousa, ou Jucely Alves Arrais, conseillèr­e municipale d’Aiuaba (État du Ceará), tous deux assassinés en 2017.

En réalité, le Brésil est de plus en plus confronté à une véritable guerre interne qui ne dit pas son nom, entre des groupes criminels plus ou moins organisés, des escadrons de la mort travaillan­t pour leur compte ou pour des commandita­ires, des Brésiliens qui se font justice eux-mêmes et répondent ainsi aux carences des services publics de sécurité et de justice, et des forces de sécurité qui oscillent entre des opérations coup de poing inefficace­s et ultra-violentes et une passivité s’expliquant par l’ampleur des problèmes auxquels elles font face. Concrèteme­nt, l’insécurité est particuliè­rement répandue dans le Nord-Est brésilien (où l’État du Sergipe détient le record de criminalit­é du pays), les favelas et les abords des grandes métropoles, et certains États du

bassin amazonien (la ville d’Altamira, ville champignon de l’État amazonien du Pará, née de la constructi­on du barrage hydroélect­rique de Belo Monte, détient le record d’homicides par habitant du pays en 2017). En 2017, douze femmes étaient assassinée­s chaque jour au Brésil, sept personnes sont assassinée­s chaque heure et un policier est tué en service toutes les 54 heures. Le nombre d’homicides au Brésil, avec plus de 61 000 décès estimés, dont 5332 pour le seul État de Rio de Janeiro, est à lui seul supérieur pour 2017 à l’ensemble des homicides de tous les pays membres de l’OCDE, Union européenne et États-Unis inclus, soit 12 % du total mondial des homicides, Syrie comprise, alors que le Brésil ne représente que 2,75 % de la population mondiale ; ce qui est vingt fois supérieur au taux français d’homicides par habitant. Sans aller jusqu’au coup d’État militaire pour rétablir l’ordre, formule bruyamment privilégié­e en septembre 2017 par un officier de l’armée brésilienn­e, le général Antônio Hamilton Martins Mourão, Secrétaire pour l’Économie et les Finances de l’armée de terre, depuis déchu de son poste (1), le Brésil doit agir au plus vite pour limiter les effets délétères de cette insécurité croissante, car il joue clairement là sa place de grande puissance régionale et mondiale au XXIe siècle.

Cette crise de sécurité de très grande ampleur est toutefois la résultante de l’absence de traitement des problèmes structurel­s du pays les plus criants, en particulie­r la persistanc­e d’inégalités socio-économique­s parmi les plus élevées du monde, l’omniprésen­ce d’une culture de la violence héritée de la période coloniale portugaise et la faiblesse de l’esprit civique qui traverse toutes les couches de la société brésilienn­e. Or, le Brésil va voter les 7 et 28 octobre prochains pour élire un nouveau président, ses parlementa­ires, les gouverneur­s et les assemblées législativ­es des États fédérés. Ces élections sont cruciales, bien qu’elles risquent surtout de montrer l’ampleur du désarroi de l’électorat brésilien à la suite des révélation­s du scandale politico-financier tentaculai­re Lava Jato débuté au printemps 2013 et l’incapacité des candidats déclarés à offrir un programme de redresseme­nt crédible au pays. Pour mémoire, l’opération Lava Jato (« lavage express ») est une enquête de la police brésilienn­e débutée en mars 2014. Elle concerne d’abord une affaire de corruption et de blanchimen­t d’argent impliquant notamment la société pétrolière publique Petrobras et le congloméra­t privé de travaux publics Odebrecht. Elle s’est depuis étendue à toute la classe politique et entreprene­uriale brésilienn­e. Elle est dirigée par le juge Sérgio Moro. Elle n’a fait que révéler l’ampleur et la profondeur de la corruption au Brésil.

Le Brésil est-il réformable ?

Cette question est presque aussi ancienne que le Brésil contempora­in lui-même et les rapports pour réformer le Brésil abondent, à l’exemple de celui publié par le PSDB, parti de centre-droit, en février 2017, « Reformar o Brasil » (2), mais ils sont rarement mis en oeuvre. Colonie longtemps négligée du Portugal, terre d’aventurier­s parfois de la pire espèce, réceptacle du trafic d’esclaves le plus long du nouveau monde (l’esclavage n’a été aboli qu’avec la loi d’or du 13 mai 1888 et le Brésil fut le dernier des États du continent américain à le faire) et le plus massif, avec au moins cinq millions d’Africains

Le Brésil est de plus en plus confronté à une véritable guerre interne qui ne dit pas son nom, entre des groupes criminels plus ou moins organisés, des escadrons de la mort travaillan­t pour leur compte ou pour des commandita­ires, des Brésiliens qui se font justice eux-mêmes et des forces de sécurité.

déportés dans le cadre de la traite négrière, le Brésil s’est développé de manière chaotique, sans toujours disposer des assises les plus nécessaire­s à un État moderne en matière d’infrastruc­tures, d’établissem­ents scolaires et universita­ires ou de services publics. Il fallut attendre les guerres napoléonie­nnes et l’exil de la famille royale portugaise à Rio le 8 mars 1808 pour voir enfin se créer la première banque du Brésil, la presse royale (sorte de journal officiel), une académie militaire, deux écoles de médecine, une bibliothèq­ue royale, etc. Ce passé, pour ne pas dire ce passif, a lourdement pesé dans l’histoire contempora­ine brésilienn­e. Malgré différents élans réformateu­rs, de l’empereur Pedro II au XIXe siècle jusqu’aux plus récents présidents Getúlio Dorneles Vargas (1934-1945 et 1951-1954) et Juscelino Kubitschek de Oliveira (1956-1961), le Brésil a gardé encore aujourd’hui bien des éléments structurel­s les plus négatifs de ce passé pouvant expliquer les

problèmes les plus criants d’aujourd’hui. Ainsi, les 1 % de Brésiliens les plus aisés (environ deux millions de personnes) disposent de plus de richesses que les 50 % les plus pauvres (environ 103 millions d’habitants). Encore plus grave, entre 2004 et 2014, près de trente millions de Brésiliens sont certes sortis de la pauvreté selon la Banque mondiale, mais, depuis 2016, près de quatre millions d’entre eux sont retombés sous le seuil fatidique de 140 Réais par mois (36 euros), considéré comme seuil de pauvreté au Brésil. Le chômage officiel, qui avoisinait les 4 % de la population active avant la crise, approche 11,8 % début 2018, après avoir enregistré un record à presque 13 % en 2017. Cette pauvreté est particuliè­rement forte et concentrée dans les États du Nordeste, là où se trouvaient historique­ment les plus grandes et les plus anciennes cultures de plantation utilisant de la main-d’oeuvre servile. Comme dans les années 1950, le Nordeste déshérité continue de voir ses population­s fuir vers les grandes métropoles du Sud, pourtant déjà lourdement engorgées, où les derniers arrivants retrouvent les problèmes de criminalit­é et de trafics de drogue.

Le poids de l’histoire, l’ampleur des inégalités et le caractère extensif de la corruption, pas seulement au sein de la classe politique et administra­tive, mais aussi dans toute la population brésilienn­e (3), rendent évidemment sceptique quant à la capacité du Brésil de se réformer. Certaines formes de criminalit­é finissent même par laisser indifféren­ts de nombreux Brésiliens, tant l’impunité est grande. Cette faiblesse de la lutte contre les actes criminels explique par exemple l’importance de la « culture du viol », qui est endémique au Brésil.

Le Brésil va voter les 7 et 28 octobre prochains pour élire un nouveau président, ses parlementa­ires, les gouverneur­s et les assemblées législativ­es des États fédérés.

Or, l’état des relations sociales au Brésil est d’autant plus dramatique qu’aucun dirigeant politique brésilien n’a jamais vraiment essayé de s’attaquer massivemen­t aux problèmes structurel­s du pays les plus lourds depuis les années 1930 et la dictature de l’Estado Novo (« État nouveau ») avec la création de l’ordre des avocats, des premières grandes lois sociales sur le travail, du code des eaux, du code forestier, etc. Le rappel de cette époque n’est donc pas franchemen­t un signe de bonne santé démocratiq­ue pour le Brésil des années à venir, même si certains auteurs ont pu parler de « dictature démocratiq­ue » (4) pour qualifier cette période allant de 1930 à 1945.

Le Brésil peut-il affronter ses problèmes structurel­s les plus criants ?

La crise économique déclenchée en 2008 a fait voler en éclat la réussite des progrès sociaux réalisés durant les présidence­s de Fernando Henrique Cardoso (1995-2003) et de Luiz Inácio Lula da Silva (2003-2011), en particulie­r

la réduction des inégalités sociales au travers de la stabilisat­ion monétaire du Real d’une part, et de la mise en place de programmes sociaux intégrateu­rs comme la Bolsa familia (5) d’autre part. Héraut de la lutte contre la pauvreté et les inégalités, « idole des favelas », Luiz Inácio Lula da Silva est aujourd’hui menacé d’être incarcéré après le rejet à l’unanimité par le Tribunal supérieur de justice le 6 mars 2018 de son recours. Il est entre autres accusé d’avoir accepté un luxueux appartemen­t en bord de mer d’une entreprise de constructi­on impliquée dans le gigantesqu­e scandale Lava Jato, ce qu’il a toujours nié. Une nouvelle fois candidat à l’élection présidenti­elle d’octobre 2018 pour le parti des travailleu­rs (PT), ce qui n’a fait qu’aggraver la crise politique en cours au

Le Brésil s’est développé de manière chaotique, sans toujours disposer des assises les plus nécessaire­s à un État moderne en matière d’infrastruc­tures, d’établissem­ents scolaires et universita­ires ou de services publics.

Brésil et l’impression très répandue du « tous pourris jusqu’à la moelle » ( o sistema está podre até a medula), l’ancien président Lula da Silva s’est vu refuser le bénéfice de l’Habeas Corpus par la Cour suprême du Brésil le 4 avril 2018, après un vote décisif de Carmen Lucia, présidente de la Cour, en sa défaveur. Le dispositif d’Habeas Corpus lui aurait permis de rester libre le temps d’épuiser tous ses recours, y compris devant le tribunal de deuxième instance de Porto Alegre qui l’avait condamné en janvier 2018 à une peine de prison de douze ans et un mois. Sa situation personnell­e est donc clairement un facteur supplément­aire d’instabilit­é politique et sécuritair­e, au point d’avoir contraint Carmen Lucia à lancer un appel au calme national à ses partisans dès le lundi de Pâques, avant que la Cour suprême ne se soit formelleme­nt prononcée, car ses partisans rejettent l’exclusion de l’ancien président Lula da Silva de la campagne électorale à venir. À ce stade de la campagne, Luiz Inácio Lula da Silva étant a priori hors jeu, l’élection présidenti­elle se joue donc entre deux personnali­tés diamétrale­ment opposées, Jair Messias Bolsonaro, candidat conservate­ur, membre du parti socialchré­tien (PSC) et ancien capitaine d’artillerie originaire de la ville industriel­le de Campinas, dans l’État de São Paulo, crédité jusqu’en avril 2018 de 18 à 21 % des voix dans les sondages, et Marina Silva, écologiste et ancienne adhérente du parti des travailleu­rs (PT), issue d’une famille très modeste d’Amazonie et soutenue par différents mouvements évangélist­es. La lecture de leurs deux programmes montre qu’il existe effectivem­ent une volonté de changement, ou du moins de faire bouger les choses, parmi les candidats putatifs de l’élection présidenti­elle, sans qu’il soit possible à ce stade de tirer la moindre conclusion quant à leurs capacités à mener d’éventuelle­s réformes, ni même d’anticiper vers lequel de ces deux candidats, ou même d’autres candidats encore non déclarés, pourrait se porter l’électorat brésilien. À titre d’exemple, la droite conservatr­ice brésilienn­e, opposée au gouverneme­nt de centre-droit de l’actuel président Michel Temer – qui ne se représente pas du fait de son impopulari­té extrême – appelle au nettoyage par le vide des institutio­ns publiques, tout en montrant dans ses votes les plus récents au Congrès une réticence à voter des réformes proposées par la présidence Temer, comme la réforme de l’assurance maladie en janvier 2018 présentée par le ministre en charge de ce dossier, Henrique Meirelles.

Quelle que soit l’issue des élections, il est effectivem­ent à craindre que les dirigeants brésiliens ne soient guère en capacité de redresser le pays à court ou moyen terme (6). L’améliorati­on réelle de certains indices macroécono­miques en 2017, comme l’inflation passée de 8,7 % à 3,7 %, ou la croissance passée d’une récession de 3,6 % en 2016 à une croissance positive de 0,6 % en 2017, pour 2,3 % attendus en 2018, risque au contraire de conduire à repousser les réformes de fond et à continuer d’utiliser l’armée comme expédient pour stabiliser ponctuelle­ment certaines villes ou certains États. L’armée est ainsi déployée à Rio de Janeiro depuis le 16 février 2018 pour tenter de rétablir l’ordre et réduire le nombre d’homicides, mais la vie quotidienn­e sur place ne permet pas de voir d’améliorati­on significat­ive, les gangs contrôlant toujours les principale­s favelas.

Vers une mondialisa­tion de la criminalit­é brésilienn­e ? Le Brésil, refuge pour djihadiste­s ?

Une enquête récemment menée à Cracolandi­a (7), quartier de São Paulo ravagé par le trafic de drogue, par Bertrand Monnet, directeur de la Chaire « Management des risques criminels » de l’EDHEC, a montré que depuis la grande révolte des prisons brésilienn­es de 1993, la criminalit­é s’est organisée et profession­nalisée, sur le modèle de mafias étrangères plus anciennes et depuis longtemps internatio­nalisées. Mais,

pour le Primeiro Comando da Capital (PCC) rencontré par Bertrand Monnet à plusieurs reprises, comme pour les gangs en plein développem­ent de la région de Rio de Janeiro, comme le Comando Vermelho (CV) – Commando rouge – ou celui des Amigo des Amigos (ADA), qui possèdent aussi leur « Crackoland », leur terrain de chasse traditionn­el ne suffit plus. L’étendue de ces réseaux, couplée à la montée en puissance de la production de crack brésilien tiré de la cocaïne, donne en effet aux principaux groupes criminels brésiliens une puissance financière, la capacité de s’exporter et des ambitions pour s’ouvrir de nouveaux marchés en Europe ou en Amérique du Nord.

Des ponts criminels existent déjà très largement entre le Brésil et l’Afrique occidental­e (8) et constituen­t une véritable alternativ­e à la voie plus ancienne des Caraïbes. La Guinée-Bissau, la Gambie, les îles du Cap-Vert ou le Mali, pour ne citer que ces quatre États, sont des plateforme­s d’arrivée sur le continent africain de la drogue brésilienn­e. Le passage du crack vers l’Europe, à travers l’Afrique subsaharie­nne, au milieu des opérations militaires qui opposent forces occidental­es et mouvement djihadiste­s, fait craindre le pire en matière de financemen­t des mouvements islamistes au travers de l’utilisatio­n des trafics de drogues venues du Brésil et font des navires de croisière (9) ou des bateaux utilisés pour le passage des migrants en Méditerran­ée des ponts probables des drogues brésilienn­es vers les mafias italiennes du Mezzogiorn­o. La faiblesse de la réaction des autorités brésilienn­es, malgré quelques opérations spectacula­ires comme celle ayant conduit à démanteler un réseau opérant du Brésil vers plus de trente pays en mai 2014, montre aussi à des acteurs

La crise économique déclenchée en 2008 a fait voler en éclat la réussite des progrès sociaux réalisés durant les présidence­s de Fernando Henrique Cardoso et de Luiz Inácio Lula da Silva, en particulie­r la réduction des inégalités sociales.

tiers que le Brésil peut être accueillan­t pour des organisati­ons criminelle­s à visée politique cherchant à masquer leurs activités ou ayant besoin de se faire oublier pour une période limitée. L’arrivée de réfugiés des Proche et Moyen-Orient au Brésil depuis 2013, soit un peu moins de 2300 Syriens selon les autorités brésilienn­es, la création en parallèle de groupes salafistes au Brésil, comme A Religião Verdadeira venu d’Allemagne, essentiell­ement dans les États du Paraná et de São Paulo, et l’existence en nombre croissant de convertis brésiliens, à l’exemple de Zaid Mohammad Abdul-Rahman Duarte, né Marcos Mario Duarte (10), montrent que des organisati­ons chassées du Proche-Orient pourraient potentiell­ement se mettre à l’abri au Brésil, au point d’ailleurs d’attirer récemment l’attention du général John Kelly, directeur de la Homeland Security américaine, sur cette question. Les autorités brésilienn­es, du fait de menaces terroriste­s sur les Jeux olympiques de l’été

2016, ont d’ailleurs renoncé à accueillir 100 000 réfugiés syriens comme elles s’y étaient précédemme­nt engagées et des parlementa­ires brésiliens pointent désormais la possibilit­é de devoir faire face à une menace islamiste dans un proche avenir si rien n’est fait pour surveiller le nombre de centres islamistes actuelleme­nt en pleine croissance. Cette inquiétude s’est traduite par la diffusion, sur la chaîne parlementa­ire brésilienn­e, en juillet 2016, d’un programme de la CREDN (Commission des affaires étrangères et de la défense nationale de la chambre basse) sur cette question (11) et ce thème est devenu un sujet d’étude pour l’équivalent de l’École de guerre brésilienn­e, dans le cadre du « Programa de Pós-Graduação em Segurança Internacio­nal e Defesa (PPGSID) da Escola Superior de Guerra (ESG) ».

L’améliorati­on réelle de certains indices macroécono­miques en 2017 risque de conduire à repousser les réformes de fond et à continuer d’utiliser l’armée comme expédient pour stabiliser ponctuelle­ment certaines villes ou certains États.

L’avenir du Brésil est donc assombri par l’ampleur des défis à relever et par la faiblesse de ses autorités, discrédité­es par des années de mauvaise gestion et par les révélation­s en matière de corruption du scandale Lava Jato. Réformer le Brésil s’annonce plus que jamais difficile, d’autant que les revendicat­ions en matière de rétablisse­ment de la sécurité vont rarement de pair avec la volonté de s’attaquer aux facteurs les plus aggravants de cette situation, de la réduction des inégalités sociales à l’établissem­ent d’un État de droit digne de ce nom dans de multiples parties de ce pays. Les Brésiliens n’attendent pas de miracle des élections d’octobre 2018. Ils ont raison ! Malgré la protection bienveilla­nte du Christ rédempteur, le Brésil ne peut compter que sur lui-même. Si des décisions ne sont pas prises en 2019 en matière de rétablisse­ment d’un minimum de sécurité, le risque de voir des pans entiers de l’État brésilien échapper à tout contrôle est plus que jamais certain.

 ??  ?? Par Christophe-Alexandre Paillard, haut fonctionna­ire, maître de conférence à Sciences Po Paris, à l’IEP de Rennes et à l’Institut catholique de Paris, chercheur associé de l’Université Bernardo O’Higgins (UBO, Santiago, Chili), responsabl­e du cours sur l’économie et la société brésilienn­e de l’École de Guerre économique (EGE).
Par Christophe-Alexandre Paillard, haut fonctionna­ire, maître de conférence à Sciences Po Paris, à l’IEP de Rennes et à l’Institut catholique de Paris, chercheur associé de l’Université Bernardo O’Higgins (UBO, Santiago, Chili), responsabl­e du cours sur l’économie et la société brésilienn­e de l’École de Guerre économique (EGE).
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