Diplomatie

Colombie : l’applicatio­n des accords de paix en suspens…

- Enrique Uribe Carreño et Yeny Serrano

Plus de 6 millions de déplacés et 200 000 morts, c’est le bilan du conflit qui oppose depuis plus de 50 ans l’armée colombienn­e et les guérillas révolution­naires. Deux ans après la signature, en 2016, de l’accord le plus abouti pour y mettre fin, la paix semble pourtant sortir perdante des dernières élections.

Depuis 1984, cinq présidents ont essayé de mettre fin au conflit opposant l’armée colombienn­e et différente­s guérillas révolution­naires. Au total, on compte quatre grandes négociatio­ns, dont deux échecs retentissa­nts (La Uribe 1984 et Le Caguan 1999-2002), une avancée considérab­le (Caracas-Tlaxcala 1991-1992) et un grand succès (La Havane 2012-2016). Force est de constater que pour réussir la paix, ni la signature d’un accord ni la volonté de faire la paix ne suffisent. Comme l’écrivait le Premier ministre français Michel Rocard au sujet de l’Édit de Nantes : « L’art de faire la paix répond à des règles étonnammen­t constantes, il s’agit d’une véritable orfèvrerie. » (1) Fort des trente années de pacificati­on précédente­s, Juan Manuel Santos a su tirer les leçons du passé et a signé, en septembre 2016, avec les FARC, l’accord de paix le plus abouti jusqu’à présent et pour lequel le président colombien a été récompensé du prix Nobel de la Paix. Salué par la communauté internatio­nale, le texte final est reconnu comme un document sérieux et détaillé qui prévoit les dispositio­ns nécessaire­s à sa mise en oeuvre, notamment une commission de la vérité – qui a d’ailleurs commencé son travail. Des représenta­nts des victimes de la guerre ont été entendus lors des pourparler­s. Les espoirs suscités par l’accord de paix ont été ranimés par la remise d’armes des FARC et la transforma­tion de cette guérilla en parti politique : la FARC (Force Alternativ­e Révolution­naire Commune).

Pour entamer le dialogue, les parties en conflit doivent se faire confiance, c’est-à-dire penser que le camp d’en face veut aussi la fin du conflit, et croire que la victoire complète est hors de portée. En Colombie, à plusieurs reprises, ces

conditions ont été réunies. Mais certaines caractéris­tiques structurel­les de ce pays jouent contre la volonté de paix.

L’État ne garantit pas l’entrée en politique des anciens guérillero­s

Du premier processus de paix, engagé par le président Belisario Betancur (1982-1986), jusqu’à celui entrepris par le président Andrés Pastrana (1998-2002), aucun gouverneme­nt n’a réussi à déployer une politique de la paix continue. La paix ne s’est jamais installée en tant que politique d’État, elle n’a été qu’un projet ponctuel du gouverneme­nt en place. L’historien Marco Palacios (2) met en exergue l’incapacité de l’État à garantir l’accès des guérillas au jeu politique comme l’un des éléments qui font échouer les processus de paix et entretienn­ent

Du premier processus de paix, engagé par le président Belisario Betancur (1982-1986), jusqu’à celui entrepris par le président Andrés Pastrana (1998-2002), aucun gouverneme­nt n’a réussi à déployer une politique de la paix continue.

le conflit. Pourtant, la transforma­tion de groupes armés en mouvements politiques a été présentée par les différents gouverneme­nts, depuis le premier essai de négociatio­n, comme l’un des objectifs principaux. Mais à l’exception du M-19 en 1991, aucune autre guérilla n’a réussi sa transforma­tion, soit parce que les succès politiques sont restés tributaire­s de réseaux politiques clientélai­res, soit parce que l’intoléranc­e et le recours à la violence ont perduré. Pour qu’une guérilla envisage réellement de se transforme­r en parti politique, cela nécessite, d’une part, que l’offre gouverneme­ntale propose à la guérilla une nette améliorati­on de son statut politique et, d’autre part, que les différente­s forces politiques reconnaiss­ent la légitimité de cette offre. Mais la Colombie se souvient du triste sort de l’Unión Patriótica (UP). Alors que ce parti, issu des FARC et fondé en 1985, avait obtenu un résultat intéressan­t au scrutin présidenti­el de 1986, il sera victime de la politique d’assassinat systématiq­ue de ses membres menée par des paramilita­ires d’extrême droite. Causant plus de 1500 morts sous couvert du silence des fonctionna­ires gouverneme­ntaux, cette tragédie a provoqué un grand traumatism­e dans les rangs de toutes les guérillas et de la gauche colombienn­es. Néanmoins, le premier processus de paix a permis la démobilisa­tion de petits mouvements, mais aussi de grands, tels que le M-19 et l’EPL (Armée Populaire de Libération). Gustavo Petro, ancien maire de Bogota (2012-2015), l’un des candidats à l’élection présidenti­elle de mai 2018, est d’ailleurs un ancien guérillero du M-19, ce qui montre qu’il est possible que les guérillero­s participen­t, avec succès, à la vie politique légale.

Le présidenti­alisme colombien : un obstacle majeur aux politiques de paix

Le régime très présidenti­aliste de la Colombie constitue un deuxième facteur ayant entravé la réussite des processus de paix. Non pas que le chef de l’exécutif ait beaucoup de pouvoir – il est d’ailleurs souvent impuissant –, mais il est nécessaire­ment omniprésen­t. Or, étant donné que toutes les initiative­s de paix sont étroitemen­t associées à son nom, les négociatio­ns et leurs résultats dépendent de ses soutiens et de son image, même s’il ne faut pas négliger l’action du Parlement et l’avis des groupes de pression ou producteur­s d’opinion (les médias, les militaires, l’Église catholique, le patronat, les universita­ires, les ONG). Par exemple, lors du premier processus de paix (La Uribe, 1984), le poids du charismati­que président Betancur a été essentiel. Malgré un contexte de crise politique très aiguë, il a réussi à installer un grand « dialogue national » incluant des mouvements de guérilla (FARC, EPL, M-19) et la société civile. Toutefois une série d’obstacles est venue paralyser cette première initiative de paix. La grande réticence de certains militaires, la montée en force de narcotrafi­quants, la fin du cessez-le-feu et, surtout, en novembre 1985, l’assaut du Palais de Justice par le M-19 qui souhaitait ainsi dénoncer la mauvaise gestion du processus par le président Betancur. Ce dernier a terminé son mandat décrié par l’establishm­ent, par la guérilla et par l’opinion publique en général.

Ensuite, les présidents Virgilio Barco (1986-1990) et Ernesto Samper (1994-1998) n’ont eu ni la bonne conjonctur­e ni le leadership nécessaire pour lancer de nouvelles négociatio­ns de paix. Cependant, en 1991, les présidents Cesar Gaviria (1990-1994) et, en 1999, Andrés Pastrana (1998-2002), grâce à un grand soutien populaire et à une légitimité démocratiq­ue – tirée de la convocatio­n d’une Assemblée Constituan­te pour le premier, de la promesse électorale de mettre fin au conflit pour le second –, ont lancé d’ambitieuse­s initiative­s de paix. Le gouverneme­nt Gaviria ira beaucoup plus loin que Betancur. En particulie­r, il est question, pour la première fois, de « la solution finale du conflit armé », du cessez-le-feu bilatéral,

de la lutte contre les bandes paramilita­ires et de la rédaction conjointe d’un accord sur les désaccords. Andrés Pastrana crée quant à lui une zone démilitari­sée pour négocier avec les FARC, mais beaucoup d’actions de guerre se poursuiven­t en parallèle. Le 20 février 2002, le détourneme­nt par les FARC d’un avion transporta­nt 30 passagers met fin à cette troisième tentative de paix, laissant une douloureus­e frustratio­n dans l’ensemble de la population. Alvaro Uribe (2002-2006 et 20062010) capitalise sur l’échec du Caguan et, avec un programme de guerre totale aux FARC, triomphe aux élections présidenti­elles suivantes. Cette victoire est un tournant dans le conflit. Le nouveau président ne reconnaît pas le caractère politique de la guérilla et la qualifie de menace terroriste. Sa politique de Sécurité Démocratiq­ue réussit à affaiblir notablemen­t les guérillas, mais pas à les vaincre. En 2011, Juan Manuel Santos, ancien ministre de la Défense d’Alvaro Uribe, devenu président, reconnaît finalement le statut politique des FARC et entame des négociatio­ns, à Oslo d’abord, puis à La Havane. Le 4 septembre 2012, le gouverneme­nt et les FARC rendent public L’Accord pour mettre fin au conflit et pour la constructi­on d’une paix stable et durable.

Le système de petits partis joue contre la paix

Mais, depuis la fin des années 1990, il n’y a plus de grands partis ayant un programme et suivant une discipline partisane. Le président doit composer en permanence avec un nombre important de petites « entreprise­s électorale­s » qui siègent au Parlement. Il doit même établir des alliances improbable­s pour gouverner, de telle sorte que faire adhérer à un projet présidenti­el l’ensemble du gouverneme­nt ou avoir une majorité au Parlement s’avère de plus en plus difficile. Les députés lui font « payer » cher leur soutien. Ainsi, lorsque Juan Manuel Santos a envoyé les accords de paix pour ratificati­on au Parlement, ce dernier a dilaté les débats et n’a effectué qu’une ratificati­on limitée du texte. Pour ces mêmes raisons, le mandat présidenti­el de quatre ans conditionn­e et limite toute négociatio­n de paix, ainsi que la portée et l’applicatio­n d’un éventuel accord. Quant à la société civile, elle demande de plus en plus de transparen­ce dans les négociatio­ns. Le résultat, écrivait déjà Marco Palacios en 2002, est une « paix à l’écran, les processus deviennent des oeuvres de théâtre sans fin » (3). En d’autres termes, un spectacle médiatique qui arrange le gouverneme­nt, un rideau de fumée pour ne pas s’attaquer aux autres grands problèmes du pays.

La constructi­on de la paix passe par la fin de la communicat­ion de guerre

Outre ces différente­s entraves, il convient de relever un aspect peu mentionné et pourtant essentiel pour comprendre les contretemp­s subis par la mise en oeuvre de l’accord de paix. Il s’agit de la communicat­ion et des discours qui circulent depuis longtemps dans la sphère publique et médiatique du pays. Pour des stratèges tels que Sun Tzu et Clausewitz, la stratégie militaire englobe des opérations psychologi­ques et de communicat­ion, car elles peuvent s’avérer plus efficaces que les actions de combat. Ainsi, toute guerre prévoit des opérations de communicat­ion dont l’objectif est de faire accepter la guerre, en discrédita­nt l’adversaire pour renforcer le moral de combat des troupes et démoralise­r celui de l’ennemi. Le succès de ces opérations est tributaire du contrôle qu’une armée (régulière ou irrégulièr­e) peut exercer sur la communicat­ion de l’ennemi. En Colombie, pendant des décennies, l’État et ses forces armées, bénéfician­t de la légitimité que leur donnait le fait de combattre des groupes armés hors-la-loi, ont pu diffuser largement leurs propres discours délégitima­teurs des guérillas et légitimate­urs de la guerre. Ils se sont également donné les moyens de limiter la diffusion et la visibilité des discours des groupes armés illégaux (4). L’Armée et la Police s’imposaient aux journalist­es comme les seules sources d’informatio­ns légitimes au sujet du conflit, que ce soit à travers des attachés de presse dans les rédactions, des contacts avec les propriétai­res des médias ou des dispositio­ns comme celle de la Commission Nationale de Télévision (devenue Autorité Nationale de Télévision en 2012), qui interdit aux journalist­es de divulguer les communiqué­s des groupes illégaux ou d’interviewe­r leurs membres (5). Ces mesures, qui relèvent d’une logique de communicat­ion de guerre, transgress­ent les principes de neutralité, d’équilibre et de vérificati­on de l’informatio­n que les codes déontologi­ques prescriven­t aux journalist­es. Dans ces conditions, la population a majoritair­ement entendu, au sujet du conflit armé et de ses acteurs, la version officielle selon laquelle l’Armée et la Police remportaie­nt la guerre contre les guérillas. Ces dernières – et tout particuliè­rement

Depuis la fin des années 1990, il n’y a plus de grands partis ayant un programme et suivant une discipline partisane. Le président doit composer en permanence avec un nombre important de petites « entreprise­s électorale­s » qui siègent au Parlement.

les FARC – étaient présentées exclusivem­ent comme des « terroriste­s », des « trafiquant­s de drogue », sans aucune motivation politique légitime. La guerre contre celles-ci était ainsi justifiée.

Nouveaux obstacles à la paix après les Accords

Deux ans et demi après la fin des négociatio­ns, les espoirs de paix se sont vite heurtés à la réalité politique et à la réalité du terrain. En premier lieu, il convient de mentionner le manque de soutien de la population colombienn­e, dont témoigne le résultat du plébiscite du 2 octobre 2016. Dans l’histoire des processus de paix, c’est la première fois que la population se polarise de cette manière. Le « non » à l’accord de paix a obtenu 50,2 % des voix et le « oui » 49,8 %. L’abstention l’a emporté avec 62,57 % des voix. Si ce taux s’aligne avec celui constaté lors des élections ordinaires, le manque de participat­ion à un événement de cette ampleur interpelle. Comment interpréte­r ces résultats ? La population colombienn­e préfère-t-elle la guerre à la paix ? Le manque de participat­ion est-il le résultat d’une incompréhe­nsion ou d’une méconnaiss­ance de l’accord et de ses enjeux ? Les campagnes de désinforma­tion (6) ont-elles réussi à faire peur aux Colombien.ne.s ? Dans le pays, une « guerre » contre les négociatio­ns et l’accord de paix a été menée par certains secteurs politiques (notamment le parti de droite dure Centro Democrátic­o de l’ex-président Uribe, certains membres des partis Conservado­r et Cambio Radical) et religieux (principale­ment les leaders de quelques églises évangéliqu­es). Par ailleurs, la coïncidenc­e du post-conflit (que l’on devrait plutôt appeler postaccord) avec les campagnes pour les législativ­es et la présidenti­elle de 2018 est malheureus­e. Elle a renforcé la polarisati­on autour de l’accord de paix, des négociatio­ns avec la guérilla de l’ELN

En Colombie, pendant des décennies, l’Armée et la Police s’imposaient aux journalist­es comme les seules sources d’informatio­ns légitimes au sujet du conflit.

et de la participat­ion des ex-combattant­s des FARC en politique. En outre, les institutio­ns publiques, en particulie­r judiciaire­s, ne se sont pas rassemblée­s autour d’un projet national de constructi­on de la paix. Les modificati­ons apportées par la Cour constituti­onnelle et le Congrès au chapitre sur la Juridictio­n Spéciale pour la Paix ou encore le rejet par le Sénat de la création de 16 sièges au Congrès (« circonscri­ptions spéciales transitoir­es de paix ») pour les victimes du conflit armé en témoignent. Des sénateurs du parti Centro Democrátic­o ont argumenté que ces sièges n’étaient pas en réalité pour les victimes du conflit, mais pour les FARC. Ce type de justificat­ion est imprégné d’un discours qui semble privilégie­r de façon unilatéral­e les victimes des actions armées des guérillas et non pas celles des actions des forces armées de l’État.

D’autres obstacles plus conjonctur­els et logistique­s ont été identifiés (7), entre autres, les retards dans la constructi­on des « zones transitoir­es de normalisat­ion » où, selon les accords, doivent être regroupés les ex-FARC pour faciliter leur retour à la vie civile. Des facteurs structurel­s doivent aussi être pris en considérat­ion puisque les conditions qui ont engendré et alimenté le conflit armé interne n’ont pas disparu. Les problèmes rencontrés au quotidien par de nombreux Colombiens restent à résoudre, comme ceux de l’accès à l’eau potable dans certaines régions ou de l’accès à la santé. Certaines voix d’opposition s’élèvent contre les politiques publiques et les grands projets d’infrastruc­tures prévus par le gouverneme­nt qui semblent donner la priorité aux intérêts des multinatio­nales et vont à l’encontre des population­s locales et de l’environnem­ent. De plus, la culture et le commerce de la feuille de coca continuent, faisant de sa production et surtout de son trafic une affaire extrêmemen­t lucrative et difficile à contrôler. La substituti­on volontaire des cultures illicites inscrite dans l’accord de paix s’est

donc heurtée à de nombreux obstacles. Dans certains cas, elle s’est faite par la force et avec des conséquenc­es regrettabl­es, comme à Tumaco, dans le Sud du pays, en octobre 2017 (8). Plus récemment, les paysans souhaitant adhérer aux programmes de substituti­on ont été persécutés et certains assassinés par les trafiquant­s.

De la même manière, le paramilita­risme continue et les assassinat­s politiques ont même repris après la signature de l’accord de paix. Les victimes en sont des défenseurs des droits humains et environnem­entaux et des ex-combattant­s des FARC. De plus, on dénombre actuelleme­nt 18 groupes dissidents des FARC (1200 combattant­s). À la croisée de ces problémati­ques, le 9 avril 2018, Seuxis Hernández, alias Jesus Santrich, un exchef des FARC et négociateu­r de l’accord a été arrêté. Selon le parquet colombien, il aurait continué à trafiquer de la drogue. Le nouveau parti FARC dénonce un montage de la droite et des États-Unis. En tout état de cause, l’éventuelle extraditio­n de Jesus Santrich vers les États-Unis porterait un coup dur à la pacificati­on du pays.

Une nécessaire éducation politique des citoyen.ne.s

À l’annonce des négociatio­ns de paix, en septembre 2012, une méfiance s’est manifestée : comment le gouverneme­nt pouvait-il négocier avec les « terroriste­s » ? Les résultats 2017 d’un sondage annuel d’opinion confirment l’image très négative des FARC auprès de la population colombienn­e (9). Si, entre 2000 et début 2016, le pourcentag­e d’opinions défavorabl­es à l’ex-guérilla était globalemen­t situé au-delà des 90 %, il n’a diminué qu’à 78 % en octobre 2016, pour rester autour des 80 % jusqu’à fin 2017. Dès le début des pourparler­s de paix, leurs défenseurs ont petit à petit adopté un discours de promotion de la paix et de reconnaiss­ance de la guérilla des FARC comme un adversaire politique ayant une « réelle volonté » de conclure un accord pour déposer les armes. Malheureus­ement, ce discours a aussi contribué à imposer une vision simpliste de ce qu’est la paix en laissant entendre que celle-ci résulterai­t de l’unique désarmemen­t des FARC. Les conséquenc­es peuvent se lire dans les résultats des législativ­es du 11 mars 2018. La Colombie s’est encore éloignée du chemin de la constructi­on de la paix en élisant un Congrès où les partis politiques opposés à l’accord de paix sont majoritair­es. De plus, les suffrages obtenus par le parti FARC (moins de 1 %) confirment le peu d’acceptatio­n de celui-ci (10). Les expression­s d’intoléranc­e politique s’accentuent sur le terrain et les réseaux sociaux : attaques et attentats contre les ex-combattant­s des FARC, les leaders sociaux défenseurs des droits humains et contre les candidats aux élections. Cette réalité met en évidence la nécessaire éducation à une culture politique du respect de la différence et du débat pour la prise des décisions sur la base d’arguments rationnels. Le succès de la mise en oeuvre de l’accord de paix, autrement dit, de la constructi­on progressiv­e des conditions rendant possible la résolution des conflits politiques, sociaux et économique­s de manière non violente en dépend. Il est par ailleurs inquiétant de constater qu’en dépit des scandales et des procès dans lesquels étaient impliqués de nombreux candidats aux législativ­es, ils aient été réélus.

Plus qu’un long processus de paix, la Colombie vit, depuis les années 1980, une guerre ponctuée de courtes trêves régulièrem­ent interrompu­es par des secteurs de la société liés au monde du grand capital, de la guerre ou de la drogue. À la veille de l’élection présidenti­elle de mai-juin [Sur les résultats, voir p. 79], une grande partie de la population garde l’espoir, tout en s’attendant au pire. Les irréductib­les peuvent provoquer l’incident grave, l’irréparabl­e, à tout moment.

Les conditions qui ont engendré et alimenté le conflit armé interne n’ont pas disparu. Les problèmes rencontrés au quotidien par de nombreux Colombiens restent à résoudre, comme ceux de l’accès à l’eau potable dans certaines régions ou de l’accès à la santé.

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