Le nouveau président colombien veut renégocier l’accord de paix
Dès l’annonce de sa victoire, Ivan Duque a confirmé qu’il souhaitait apporter des « rectifications » à l’accord de paix signé par le président sortant, Juan Manuel Santos [lire l’article p. 74] – que son parti, le Centre démocratique (CD), n’avait cessé de fustiger –, un texte qu’il considère comme trop laxiste envers les ex-chefs guérilleros. Selon les observateurs, la remise en cause de l’accord risque, au mieux, de retarder son application déjà chaotique ; au pire, de relancer les hostilités armées.
Or ce jeune président (41 ans), avocat et économiste, défendant la liberté d’entreprendre et les valeurs traditionnelles de la famille, est novice en politique. Il est vu comme la « marionnette » d’Alvaro Uribe, président de 2002 à 2010, son parrain en politique, dont il a repris tous les thèmes classiques : fermeté extrême contre les guérillas, opposition à Cuba et au Vénézuéla, conservatisme en matière de drogues, de sexualité et d’avortement. Si la gauche peut se satisfaire d’un score non négligeable qui lui donne la possibilité de faire entendre sa voix d’opposition, ce sera néanmoins difficile dans la mesure où le CD dispose également d’une majorité confortable au Congrès avec à sa tête… Alvaro Uribe, personnage politique incontournable malgré ses démêlés judiciaires et les soupçons de liens avec les narcotrafics et les paramilitaires.