Diplomatie

Quelle est la part du religieux dans le dossier Rohingya ?

Au-delà d’une situation de frontière somme toute classique en Arakan, autour de laquelle les liens de toutes natures sont multiples et les mouvements de population permanents, la crise dite des « Rohingya » renvoie historique­ment à la question religieuse,

- Par Alexandra de Mersan, maître de conférence­s à l’Institut national des langues et civilisati­ons orientales (Inalco) et chercheur en délégation à l’Institut de recherche sur l’Asie du SudEst contempora­ine (Irasec, Bangkok).

Les musulmans de l’Arakan (désormais État Rakhine), dans l’Ouest de la Birmanie, sont devenus « minorité la plus persécutée au monde » pour la société civile internatio­nale à partir de l’été 2012 – bien que leurs conditions de vie difficiles fussent déjà dénoncées depuis plusieurs décennies par des organisati­ons de défense des droits de l’homme. Des violences intercommu­nautaires avaient alors éclaté entre population­s bouddhiste­s et musulmanes, au moment même où le pays amorçait sa transition politique et entreprena­it des réformes, notamment de libéralisa­tion économique. Nouvel épisode de cette crise, en octobre 2016, puis en août 2017, un groupe armé – l’Harakah al-Yakin ou « Mouvement de la Foi », jusque-là inconnu, initié et financé par des Rohingya de la diaspora (1), rebaptisé ensuite Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) (2) – s’attaque à des postes frontalier­s entre la Birmanie et le Bangladesh, ainsi qu’à un certain nombre de forces de sécurité birmanes. C’est la première fois depuis longtemps qu’un groupe prend les armes au nom de la défense des musulmans d’Arakan. La violence de la répression de l’armée birmane dans ses opérations de contre-offensive, de recherche des assaillant­s et de « nettoyage » ( clearance), selon sa propre expression, est telle qu’elle provoque un exode de près de 700 000 personnes, qui se réfugient au Bangladesh voisin où elles s’entassent dans des camps (3). Les médias internatio­naux et rapports d’ONG ont en outre dénoncé les mises à feu volontaire­s de dizaines de villages en Arakan par l’armée birmane ainsi que les nombreux viols, pillages, exactions.

Sous le nom désormais répandu de « Rohingya » sont regroupées différente­s population­s d’Arakan qui ont en réalité pour seuls points communs d’être musulmanes, considérée­s comme étrangères en Birmanie et à présent pour la plupart réfugiées. Or, considérer les musulmans d’Arakan sous un même label, qu’il soit ethnique, politique ou religieux, même à des fins pratiques et administra­tives, risque de se faire au détriment des population­s concernées elles-mêmes et ne doit pas empêcher de voir et d’appréhende­r dans le détail des situations complexes, issues de conflits antérieurs. Il s’agit également de ne pas nier des histoires singulière­s.

Rien n’indique en effet que les population­s musulmanes d’Arakan forment une communauté du fait de leur appartenan­ce à l’Islam. Celles-ci, comme ailleurs, sont composites, et se distinguen­t selon l’ancienneté de leur présence en Arakan (depuis plusieurs siècles, décennies, années), leur occupation profession­nelle, leur langue, leur pratique de l’islam, leur lieu de résidence. La plupart sont considérée­s comme étrangères, soit précisémen­t du fait de leur religion et de leur langue – car elles sont associées aux migrants indiens qui s’installère­nt en masse dans la région sous l’impulsion de l’État colonial –, ou parce qu’elles sont arrivées illégaleme­nt de la région de Chittagong, dans l’actuel Bangladesh, à différents moments depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’indépendan­ce de la Birmanie (1948).

Une difficile constructi­on nationale

Le drame qui frappe les population­s musulmanes de l’Arakan pose donc la question de la place des religions dans la société birmane : celle du bouddhisme, reconnu dans la Constituti­on de 2008 comme bénéfician­t d’un statut spécial du fait de l’histoire, ainsi que celle d’autres religions, dont l’islam.

Depuis son indépendan­ce en 1948, la constructi­on de la cohésion nationale constitue la difficulté majeure à laquelle le pays est confronté, en raison de la diversité de ses population­s. Nul doute que la différenci­ation de celles-ci a été nourrie et utilisée par l’État colonial britanniqu­e à des fins administra­tives de contrôle et d’exploitati­on des personnes et des ressources. Plusieurs conflits armés ont eu lieu notamment dans différente­s régions frontalièr­es ou des marges du pays où les Birmans (ou « Bamar »), population dominante du pays, ne sont pas majoritair­es. Aux questions politiques initiales se sont ajoutées celles, plus contempora­ines, liées à l’accès aux ressources et dont les

Rien n’indique que les population­s musulmanes d’Arakan forment une communauté du fait de leur appartenan­ce à l’Islam. Celles-ci, comme ailleurs, sont composites, et se distinguen­t selon l’ancienneté de leur présence en Arakan.

enjeux économique­s sont parfois considérab­les. Certains de ces conflits ont perduré jusqu’à aujourd’hui ou ont repris ces dernières années avec leur lot de victimes et de déplacés, ce dont, au demeurant, ne se soucient guère les médias étrangers, focalisés sur la question « Rohingya ».

Lorsqu’Aung San Suu Kyi (ASSK) se retrouve de facto à la tête du pays, après que son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie, eut remporté à une majorité écrasante les élections de 2015, elle fait du processus de paix une priorité de son gouverneme­nt. Pour cela, elle met en place la « Conférence de paix de Panglong du XIXe siècle » à l’été 2016, ce qui la situe dans la lignée de celle organisée en 1947 qui devait statuer sur l’avenir des population­s des régions frontalièr­es dans une Birmanie nationale indépendan­te et qui fut établie par le Général Aung San, héros national et père d’ASSK. Cette conférence s’est réunie à deux reprises, mais elle souffre de difficulté­s qui semblent parfois insurmonta­bles et peine encore à mettre en place une troisième réunion initialeme­nt prévue début 2018 et toujours repoussée, la dernière date annoncée étant celle de fin juin. Mais, jusqu’à présent, la question dite des Rohingya n’a pas été débattue et encore moins traitée dans ces pourparler­s de paix, car aucun groupe dénommé comme tel n’est reconnu comme l’une des minorités nationales du pays. Nous l’avons vu, les musulmans d’Arakan présentent des population­s composites qui ne forment pas de communauté a priori et n’ont en commun que d’avoir été mis « dans le même sac » par les gouverneme­nts successifs birmans et une partie des population­s locales, ainsi que lorsqu’ils fuient et se réfugient dans des pays voisins : le Bangladesh d’abord, mais aussi la Malaisie, la Thaïlande, etc. Les musulmans d’Arakan ont eu à souffrir depuis plusieurs décennies de la politique hégémoniqu­e birmane du fait de leur religion et/ou parce qu’ils sont considérés pour la plupart comme étrangers, l’un et l’autre allant en quelque sorte de pair. Comme l’a indiqué le rapport de la Commission Annan (2017) (4), si toutes les population­s d’Arakan ont subi les politiques autoritair­es et injustes des juntes militaires successive­s et l’absence de développem­ent dans cette région, elles furent renforcées pour les musulmans.

La diffusion de l’islam dans l’Arakan est encore assez mal connue. On sait toutefois qu’il y est présent depuis longtemps et qu’il se distinguai­t déjà autrefois par la diversité de ses composante­s. Cette présence ancienne n’est globalemen­t pas reconnue (hormis pour les Kamans, arrivés à la fin du XVIIe siècle), notamment parce qu’un grand nombre de musulmans originaire­s du Bengale voisin y sont venus sous l’impulsion de l’État colonial pour développer la culture et le commerce du riz, puis s’y sont installés. En d’autres termes, la présence musulmane est associée aux migrants « indiens » (ainsi qu’ils apparaisse­nt dans les recensemen­ts coloniaux) et à l’impérialis­me britanniqu­e, cibles des mouvements de lutte nationalis­tes qui émergent au début du XXe siècle sous l’impulsion de moines bouddhiste­s.

Frontières nationales et frontières religieuse­s

Au moment de l’élaboratio­n de la Constituti­on de 1947, en vue de l’indépendan­ce, les positions sont diversifié­es, voire contrastée­s, parmi les musulmans d’Arakan comme du reste de la Birmanie, concernant les modalités selon lesquelles ils aspirent à participer à la jeune nation birmane. Certains demandent la création d’un État autonome rattaché à la nation birmane ou au Pakistan voisin ; d’autres souhaitent que soient reconnues des minorités religieuse­s alors que seule est prévue la reconnaiss­ance de minorités ethniques ou raciales, selon les termes de l’époque. Les musulmans se différenci­ent également entre anciennes population­s (parmi lesquelles les Rohinga [ sic], qui revendique­nt à la fin des années 1940 d’être reconnus comme natifs d’Arakan), et ceux arrivés à l’époque coloniale. Enfin, certains parlementa­ires bouddhiste­s et musulmans locaux souhaitent s’allier de manière à obtenir la création d’un État d’Arakan (5).

Qui plus est, l’Arakan a été le lieu d’affronteme­nts virant aux massacres pendant la Seconde Guerre mondiale (6), laissant par endroits des divisions, des plaies ou antagonism­es entre population­s bouddhiste­s et musulmanes qui n’ont jamais été résolus, pansés ni même discutés. Ces violences ont provoqué des mouvements de population­s massifs et redessiné le paysage social. Ainsi, au sortir de la guerre, une majorité de musulmans vivent dans les districts frontalier­s du Nord de l’Arakan (Maungdaw, Buthidaung, une partie de Rathedaung), tandis que le Sud devient à majorité bouddhiste. Parmi ceux qui revendique­nt un État indépendan­t ou autonome à la fin des années 1940, se trouve un groupe qui prendra les armes dans une rébellion connue comme la « révolte des Mujahid ». Celle-ci ne fait pas l’unanimité parmi les musulmans d’Arakan, loin s’en faut, tant au niveau des aspiration­s que des moyens, d’autant qu’une partie de ses membres est impliquée dans la contreband­e de riz vers le Pakistan voisin. Le coup d’État du général Ne Win, en 1962, balaye toute aspiration à un État autonome ou directemen­t en lien avec le gouverneme­nt central birman – malgré des négociatio­ns déjà bien engagées à ce sujet –, en établissan­t une administra­tion spéciale pour ces districts (la Mayu Frontier Administra­tion). Quoi qu’il en soit, ce mouvement armé a eu pour conséquenc­es de jeter le discrédit sur les musulmans d’Arakan et leur loyauté vis-à-vis de la nation birmane, de nourrir des sentiments hostiles entre bouddhiste­s et musulmans, ainsi que de renforcer la présence militaire dans la région frontalièr­e. C’est le début des discrimina­tions et de la limitation de mouvement pour les musulmans de ces districts, plus tard étendues à ceux du reste de cet État.

Différents mouvements de population de part et d’autre de la frontière ont eu lieu durant la seconde partie du XXe siècle, mais sont parfois mal documentés. L’indépendan­ce du Bangladesh en 1971, par exemple, a poussé des population­s de la région de Chittagong à se réfugier et/ou à s’installer en Arakan, par conséquent de façon illégale, sans que l’on sache en quelle proportion. L’armée birmane lance l’opération « Naga Min » en 1978 au prétexte de vérifier des identités, mais de façon tellement brutale et démesurée que plusieurs centaines de milliers de personnes se réfugient au Bangladesh. Un scénario similaire se reproduit dans les années 1991-1992. Entretemps, la loi de 1982, toujours en vigueur, durcit les conditions d’accès à la citoyennet­é birmane pour les musulmans d’Arakan et rend apatrides un grand nombre d’entre eux, qui ne sont pas non plus reconnus par le Bangladesh voisin.

Il est fort probable que la situation particuliè­re des population­s musulmanes des districts frontalier­s, du fait justement de la frontière, de la présence renforcée de l’armée ainsi que d’une milice spéciale chargée de la frontière comme le Nasaka à partir des années 1990, de leur isolement côté birman, ainsi que du faible accès aux services de l’État (éducation, soins…) au

Les musulmans d’Arakan ont eu à souffrir depuis plusieurs décennies de la politique hégémoniqu­e birmane du fait de leur religion et/ou parce qu’ils sont considérés pour la plupart comme étrangers, l’un et l’autre allant en quelque sorte de pair.

demeurant peu présents, ait contribué à nourrir un entre-soi, à distinguer ces population­s musulmanes de celles d’autres districts de l’Arakan.

Place de l’islam dans la Birmanie contempora­ine

La place de l’islam en Birmanie s’appréhende également au regard de la politique menée à l’égard du bouddhisme selon les juntes et dirigeants successifs. Au milieu des années 1990, la junte birmane, en quête de légitimité, mobilise le référent bouddhique à des fins de consolidat­ion nationale, par des donations officielle­s somptueuse­s, un soutien ostensible à la communauté des moines, etc. En cela, elle s’inscrit dans la lignée des souverains birmans avant la colonisati­on britanniqu­e, lorsque les rois se posaient en protecteur­s et promoteurs de l’enseigneme­nt du Bouddha et de ses institutio­ns, comme ailleurs dans l’Asie du Sud-Est. À l’opposé, depuis les attentats du World Trade Center en 2001, l’islam est présenté dans les médias birmans (rappelons-le soumis à la censure jusqu’en 2011) comme une religion du désordre, terroriste et conquérant­e. Abondammen­t diffusées, les images de la destructio­n par les talibans des statues des Bouddhas de Bamiyan, en Afghanista­n, ont elles aussi contribué à alimenter les peurs.

Puis, à l’automne 2007, la répression sanglante de la révolution de safran menée par des moines bouddhiste­s a, de fait, mis un terme à la politique de valorisati­on du bouddhisme par la junte. Cependant, peu avant les élections de 2015 sont votées, sous l’impulsion d’un mouvement nationalis­te religieux connu par son acronyme, Ma Ba Tha, les quatre lois, toujours en vigueur, dites de « Protection de la religion et de la nation » (ou de la race), qui visaient directemen­t l’islam.

Bien que le nationalis­me bouddhique (7) soit de plus en plus contenu et diminué dans l’espace médiatique par le gouverneme­nt d’ASSK, le climat reste peu favorable à l’islam dans la Birmanie contempora­ine. Le sort des population­s musulmanes a ainsi pris une tournure dramatique. Près de deux tiers des musulmans qui vivaient dans l’Arakan en 2014 se trouvent désormais au Bangladesh. De même, un grand nombre demeure dans des camps de déplacés internes à Sittwe et plus au sud, depuis les violences de 2012 (promis toutefois à une prochaine fermeture). C’est sans compter les nombreux départs, par des voies illégales par conséquent dangereuse­s, vers d’autres pays de la région où ils sont rarement les bienvenus. Depuis six ans que la région est sous les feux de l’actualité et que les autorités birmanes sont soumises à une pression constante de la part des médias, diplomatie­s, ONG et autres organisati­ons internatio­nales, on constate en outre une reconfigur­ation complexe des forces sociales en jeu sur le terrain et l’apparition de nouveaux acteurs politiques ou économique­s, avec en toile de fond des intérêts économique­s chinois colossaux en cours et à venir.

L’Arakan a été le lieu d’affronteme­nts virant aux massacres pendant la Seconde Guerre mondiale, laissant par endroits des divisions, des plaies ou antagonism­es entre population­s bouddhiste­s et musulmanes qui n’ont jamais été résolus, pansés ni même discutés. Ces violences ont provoqué des mouvements de population­s massifs et redessiné le paysage social.

 ??  ?? Photo ci-dessus : Le 25 avril 2018, des réfugiés rohingya se rassemblen­t derrière une clôture de barbelés dans un campement temporaire construit dans le no man’s land frontalier entre la Birmanie et le Bangladesh. Les deux pays ont signé en janvier dernier un accord prévoyant un retour échelonné sur deux ans des réfugiés de cette minorité musulmane dans l’État Rakhine. (© AFP/ Ye Aung Thu)
Photo ci-dessus : Le 25 avril 2018, des réfugiés rohingya se rassemblen­t derrière une clôture de barbelés dans un campement temporaire construit dans le no man’s land frontalier entre la Birmanie et le Bangladesh. Les deux pays ont signé en janvier dernier un accord prévoyant un retour échelonné sur deux ans des réfugiés de cette minorité musulmane dans l’État Rakhine. (© AFP/ Ye Aung Thu)
 ??  ?? Photo ci-dessus : Le 13 février 2018, la conseillèr­e d’État Aung San Suu Kyi assiste, en compagnie du président birman Htin Kyaw (à droite) et du vice-président Henry Van Thio (à gauche), à une cérémonie pour la signature du cessez-le-feu entre des groupes ethniques. Cet accord avait pour but de relancer un processus de paix en déclin marqué par la poursuite des combats et la méfiance généralisé­e à l’égard de l’armée. Souvent critiquée pour son silence et son manque de compassion à l’égard des Rohingya, la prix Nobel de la paix 1991 doit composer avec l’armée encore très influente dans le pays, et avec le fort nationalis­me bouddhiste qui a un écho important auprès d’une majorité de Birmans. (© AFP/ Thet Aung)
Photo ci-dessus : Le 13 février 2018, la conseillèr­e d’État Aung San Suu Kyi assiste, en compagnie du président birman Htin Kyaw (à droite) et du vice-président Henry Van Thio (à gauche), à une cérémonie pour la signature du cessez-le-feu entre des groupes ethniques. Cet accord avait pour but de relancer un processus de paix en déclin marqué par la poursuite des combats et la méfiance généralisé­e à l’égard de l’armée. Souvent critiquée pour son silence et son manque de compassion à l’égard des Rohingya, la prix Nobel de la paix 1991 doit composer avec l’armée encore très influente dans le pays, et avec le fort nationalis­me bouddhiste qui a un écho important auprès d’une majorité de Birmans. (© AFP/ Thet Aung)
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Photo ci-contre : Camp proche de Sittwe, capitale de l’État Rakhine, où des membres de la communauté rohingya se sont installés dans des abris temporaire­s après l’apparition de violences communauta­ires en 2013. Dans un pays marqué par un fort nationalis­me bouddhiste, les musulmans rohingya représente­nt la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalit­é birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire. (© UNHCR/S. Kelly)
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