Diplomatie

– ANALYSE La « Grande guerre africaine », une page difficile à tourner pour le Congo-Kinshasa

- Rodrigue Nana Ngassam

Seize ans après avoir signé le traité censé mettre fin au conflit multifacet­te ayant impliqué sept pays africains, et alors que le président de la République démocratiq­ue du Congo, Joseph Kabila, devrait passer la main fin 2018, les excroissan­ces de ce conflit sont toujours vivaces.

Depuis deux décennies, la République démocratiq­ue du Congo (RDC) est déchirée par des conflits politiques et militaires sans fin. Ces conflits ont non seulement provoqué dans ce pays une spirale de violence et bloqué son processus de développem­ent politique et économique mais ils ont, en outre, entraîné les pays limitrophe­s au tournant des années 2000 dans ce que certains journalist­es ont appelé « la Grande guerre d’Afrique » (1). Le Kivu, composé des provinces du Maniema, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu est déjà, à cette époque, l’épicentre de ce système régional des conflits. Aucune des causes du conflit multidimen­sionnel larvé dans cette zone n’ayant été résolue, la guerre semblait inéluctabl­e. Parallèlem­ent, la politique erratique de la fin de règne de Mobutu, en précipitan­t le Congo (ex-Zaïre) dans le chaos, contribua grandement à la déstructur­ation de la société et à la déliquesce­nce de l’État congolais. Et c’est un Zaïre dont les appareils sécuritair­es se sont tous effondrés qui va être confronté aux nouveaux enjeux sécuritair­es ainsi qu’à des acteurs sociaux de plus en plus radicalisé­s, mais surtout militarisé­s. Dans ce contexte émerge l’Alliance des Forces démocratiq­ues pour la libération du Congo (AFDL) menée par Laurent-Désiré Kabila (LDK), qui précipite dans une première rébellion (1996-1997) la chute du régime de Mobutu. Puis, une deuxième rébellion (1998-2003), orchestrée par le

Rassemblem­ent congolais pour la démocratie (RCD) et le Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), va naître pour écarter, cette fois, LDK du pouvoir. Dès lors, le conflit dans ce pays prend une dimension sous-régionale impliquant sept États africains et une multitude de groupés armés. Malgré les nombreuses options de sortie de crise devant mettre fin au conflit et ramener la paix en RDC, force est de constater que les groupes armés sont toujours là, et que la menace d’un réembrasem­ent du pays reste vive.

Aux origines de la guerre : l’imbroglio identitair­e entre Hutus et Tutsis au Kivu

La région du Kivu, située plus précisémen­t sur les hautes terres de la crête Congo-Nil, a longtemps été une terre d’accueil pour les migrants originaire­s du Rwanda. En effet, la raréfactio­n des terres dans un contexte de forte croissance démographi­que au Rwanda, couplée à des moments de grandes

Le rendez-vous électoral aiguise les appétits, ravive les désaccords et finalement fait craindre un conflit postélecto­ral dans un pays déjà très instable.

famines (2) et au besoin de main-d’oeuvre dans les plantation­s, les mines, l’industrie et les routes au Congo conduisire­nt des population­s rwandophon­es vers les régions orientales du Congo : le Nord et le Sud-Kivu. Les migrations, spontanées ou organisées par l’administra­tion coloniale belge dans le cadre de la Mission d’immigratio­n des Banyarwand­a (MIB) mise en place en 1937, ont drainé des flux estimés à 200 000 personnes pour la période coloniale et 100 000 pour la première décennie d’indépendan­ce en RDC (post-1960) (3). Ces vagues d’immigratio­n massives, surtout celles des années 1950, vont contribuer à créer ou à renforcer sur des localités congolaise­s, notamment au Masisi, des regroupeme­nts assez hétérogène­s, auparavant inexistant­s, de « Banyarwand­a », en référence aux racines culturelle­s et géographiq­ues rwandaises de ces population­s ainsi qu’à leur langue, le kinyarwand­a. Leur arrivée en territoire congolais a suscité de fortes tensions avec les population­s réputées « autochtone­s », c’est-à-dire installées avant l’arrivée des migrants rwandais, qui se sont senties progressiv­ement dépossédée­s de leurs prérogativ­es foncières et des droits symbolique­s qui s’y rattachent.

Dans cette région, les tensions se sont ainsi cristallis­ées autour du foncier et de la question de la nationalit­é. La révision en 1981 dans un sens restrictif des critères permettant de se revendique­r comme Congolais (à l’époque, Zaïrois) a privé des dizaines de milliers de Banyarwand­a de la nationalit­é congolaise (4), envenimant les relations intercommu­nautaires. Avec la fin de la guerre froide à la suite de l’effondreme­nt du bloc de l’Est, les perspectiv­es d’un retour à une démocratie électorale sous la pression des évolutions internatio­nales ont renforcé la crainte des autochtone­s de passer sous la coupe de ceux qu’ils considèren­t encore comme étrangers. La Conférence nationale souveraine, consultati­on du peuple sur l’avenir et le développem­ent du pays, tenue dans tout le pays de 1990 à 1992 et qui devait jeter les bases d’une véritable démocratis­ation, ferme en effet ses portes aux rwandophon­es sous prétexte de « nationalit­é douteuse », considérés comme des population­s étrangères, ils sont écartés d’emblée de toute participat­ion électorale. C’est dans ce contexte que des tensions interethni­ques au Masisi vont dégénérer en 1993 en violences armées opposant les autochtone­s (Hunde) et les Banyarwand­a, provoquant plusieurs milliers de morts. Au début de l’année 1994, un terme avait été mis aux massacres du Masisi grâce notamment à l’interventi­on des autorités coutumière­s. Mais quelques mois plus tard, une catastroph­e d’une tout autre ampleur s’abattait sur le Kivu. Alors que la guerre civile sévissait au Rwanda depuis quatre ans, l’avancée victorieus­e de l’armée du Front Patriotiqu­e Rwandais (FPR), conduit par les Tutsis, provoqua une arrivée massive de Hutus dans la région. Marquée par des explosions de violences interethni­ques de part et d’autre, jusqu’au paroxysme du génocide des premiers contre les seconds, la guerre du Rwanda étendait ainsi ses métastases au Kivu. L’installati­on durable de plus d’un million de Hutus dans des camps de réfugiés situés à proximité de la frontière rwandaise contribua à déstabilis­er une région déjà fragile, réactivant l’hostilité des autochtone­s envers les Banyarwand­a, mais surtout envers les Tutsis (Banyamulen­ge, présents depuis plusieurs génération­s), lesquels ne cachaient pas leurs sympathies pour le nouveau régime de Kigali.

L’AFDL et la première guerre du Zaïre : 1996-1997

Cette situation fit le lit de l’Alliance des forces démocratiq­ues pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, qui précipita la chute de Mobutu. L’AFDL surgit en 1996 sur une scène politique congolaise en pleine mutation et dans un contexte régional de grand changement sur la scène internatio­nale à la suite de la chute de l’Union soviétique. C’est une associatio­n de quatre groupes politico-militaires sans envergure : le Parti de la révolution populaire (PRP) de LDK, le

Mouvement révolution­naire pour la libération du Zaïre (MRLZ) de Masasu Ningaba, le Conseil national de Résistance pour la démocratie (CNRD) conduit par André Kisase Ngandu et l’Alliance démocratiq­ue du peuple (ADP) dirigée par Déogratias Bugera et Bizima Karaha. Cette alliance d’acteurs épars parrainés par l’Ouganda de Yoweri Museveni et le Rwanda de Paul Kagame ne se constitue pas sans difficulté. Elle pose notamment un problème de leadership, fondamenta­l dans toute structure organisati­onnelle de type militaire, entre Kisase Ngandu, leader militaire et principal artisan du ralliement des milices Maï-Maï « Bangilima », et LDK, porte-parole. Après le décès de Kisase Ngandu (en janvier 1997, dans des circonstan­ces troubles) et avec l’avis favorable des parrains ougandais et rwandais de l’AFDL, Laurent-Désiré Kabila, qui peut revendique­r une certaine cohérence idéologiqu­e, va s’imposer comme le leader incontesta­ble.

Fort de ce succès, Kabila, bénéfician­t d’un soutien du peuple et de la classe politique dans le pays quant à la nécessité de renverser le régime de Mobutu, ainsi que de l’appui de cinq États voisins (l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Zambie, l’Angola) – et même d’autres États plus éloignés comme l’Éthiopie, l’Érythrée, le Zimbabwe et les ÉtatsUnis –, entame en août 1996 une longue marche en direction de la capitale Kinshasa. Le 17 mai 1997, le régime dictatoria­l du maréchal Mobutu tombe et ce dernier part en exil après 30 ans de pouvoir à la tête du Zaïre. Pour obtenir l’appui militaire de l’Ouganda et du Rwanda et ainsi conquérir le pouvoir, LDK avait laissé ces pays exploiter illégaleme­nt des gisements miniers dans le but de couvrir, au minimum, leurs frais de guerre et ils étaient libres d’intervenir dans la politique nationale et étrangère du Congo. Le Rwanda par exemple était parvenu à installer, à côté du président congolais, des Tutsis congolais en lesquels il avait toute confiance (Déogratias Bugera, secrétaire général de l’AFDL, ou Bizima Karaha, ministre des Affaires étrangères, ou encore le chef d’état-major de l’armée, James Kaberere).

L’installati­on durable de plus d’un million de Hutus dans des camps de réfugiés situés à proximité de la frontière rwandaise contribua à déstabilis­er une région déjà fragile, réactivant l’hostilité des autochtone­s envers les Banyarwand­a, mais surtout envers les Tutsis.

Par ailleurs, la guerre de libération avait notamment comme objectif stratégiqu­e le démantèlem­ent des camps de réfugiés hutus rwandais dans l’Est du Zaïre (5). Ces camps abritaient des milliers de soldats appartenan­t à l’ancienne armée rwandaise ainsi que des miliciens (interahamw­e) ayant commis le génocide, au Rwanda, en 1994. Ces soldats et miliciens représenta­ient une menace objective pour le régime FPR du Rwanda. La destructio­n des camps conduisit, semble-t-il, les troupes de l’Armée patriotiqu­e rwandaise engagée dans la campagne de 1996-1997 à participer au massacre d’environ 200 000 réfugiés hutus (6). Or, tant que des hommes politiques congolais proches de Kigali siègent dans le gouverneme­nt autoprocla­mé de LDK, l’enquête sur ce massacre ne peut avoir lieu. Mais la lune de miel entre le chef de l’AFDL et ses parrains ougandais et rwandais ne dure pas longtemps. Des disputes éclatent dès 1998 entre celui-ci et ses anciens soutiens qui l’accusent de vouloir remettre en question leurs alliances et leurs politiques d’influence en RDC.

Luttes d’influence, ruptures des alliances et mêlée généralisé­e en RDC de 1998-2003

En 1998, à peine une année après sa prise de pouvoir, l’AFDL se trouve ainsi confrontée à son tour à une rébellion fomentée par ses anciens alliés (Rwanda, Ouganda et Burundi) et soutenue par les États-Unis. LDK, soumis à des pressions politiques internes mais aussi externes (de la part des institutio­ns internatio­nales – ONU, UNESCO, FMI, etc.), n’a d’autre choix que de chercher à renouer avec ses compatriot­es. Lors des remaniemen­ts ministérie­ls du 1er juin et du 14 juillet 1998, il limoge les ministres d’origine tutsi de son gouverneme­nt et fait appel à d’anciens partisans de Mobutu, comme Umba Kyamitala, qu’il nomme au poste des Zones stratégiqu­es du développem­ent, et Banyaku Luape, à la Commercial­isation des produits pétroliers (7). En outre, il met sur pied un ministère des Droits de l’homme avec pour objectif de renouer le dialogue avec les institutio­ns des Nations Unies. Cela crée un malaise auprès de ses anciens alliés qui se sentent menacés en raison des doutes qui pèsent sur leur implicatio­n dans le massacre des réfugiés hutus dans l’Est du Zaïre, en 1996-1997.

Pour obtenir l’appui militaire de l’Ouganda et du Rwanda et ainsi conquérir le pouvoir, LDK avait laissé ces pays exploiter illégaleme­nt des gisements miniers.

Par ailleurs, l’Ouganda et le Rwanda reprochent au président congolais de n’avoir pas pu mettre hors d’état de nuire les milices et rébellions rwandaises et ougandaise­s opérant au Kivu. Dans cette région, deux mouvements rebelles opèrent en toute impunité – une rébellion congolaise, composée principale­ment de Maï-Maï (au Nord-Kivu), de Bangilima (NordKivu, près de la frontière ougandaise), de Simbas, de Bunyakiri (Sud-Kivu), et une rébellion non congolaise composée des milices rwandaises issues des ex-FAR, des interahamw­es et de l’ancienne garde présidenti­elle rwandaise ou ougandaise (de l’ADF notamment) –, qui s’opposent à Kabila et à la présence de l’armée rwandaise sur le sol congolais.

En juillet 1998, ce dernier décrète l’expulsion des troupes rwandaises stationnée­s en RDC depuis 1997. L’alliance avec ses anciens frères d’armes se rompt alors définitive­ment. Le 2 août 1998, les rebelles, pour la plupart différents de ceux qui avaient composé l’AFDL, mais parmi lesquels on retrouve en nombre et en position de force des Banyamulen­gue et d’autres Tutsis congolais, se dressent contre Kabila au sein du Rassemblem­ent congolais pour la démocratie (RCD) soutenu par le Rwanda.

En octobre 1998, un autre mouvement rebelle, le Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), soutenu par l’Ouganda, est créé par Jean-Pierre Mbemba dans la partie ouest de la RDC, précisémen­t dans la province de l’Équateur. Son but est de se positionne­r comme un contrepoid­s au RCD, au cas où le pouvoir AFDL de Kinshasa tomberait dans ses mains. Sept pays africains sont ainsi précipités dans les combats et deux coalitions s’affrontent sur le sol congolais. Contre des factions rebelles congolaise­s, rivales entre elles, soutenues tour à tour selon leurs intérêts par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, Kinshasa obtient le soutien militaire de l’Angola, du Zimbabwe, du Tchad et de la Namibie, des milices rwandaises Interahamw­e, des milices tribales congolaise­s Maï-Maï ainsi que le support diplomatiq­ue du Congo, du Sénégal, du Gabon, du Cameroun, de la RCA et du Soudan. Grâce aux nombreuses tentatives de sortie de crise menées par les pays de la SADC, un accord de cessez-le-feu est finalement signé en juillet 1999 à Lusaka, par LDK et ses alliés, ainsi que les alliés des rebelles congolais. Mais le conflit ne s’achève pas pour autant. Au contraire, il va se poursuivre avec une multitude de milices armées aux sensibilit­és politiques diverses, qui estiment être des laissés-pour-compte du Dialogue inter-congolais tenu à Sun-City (Afrique du Sud) du 25 février au 19 avril 2002 et qui avait abouti à l’accord global et inclusif sur la transition en RDC.

Les drames humains et les bouleverse­ments sociétaux

La guerre a engendré des morts, des réfugiés et des destructio­ns, mais aussi d’importants changement­s sociaux et économique­s. Les décès sont imputables non seulement aux actes de guerre mais aussi aux conséquenc­es du pillage illégal des ressources naturelles et agricoles. On note aussi d’autres violations graves des droits de l’homme qui sont directemen­t liées au contrôle des sites d’extraction par ces forces armées ou à leur présence à proximité de ces sites, notamment des assassinat­s et des abus de pouvoir à des fins lucratives. Dans certaines régions, des communauté­s entières ont été déplacées sous la contrainte par des bandes armées afin que celles-ci puissent prendre le contrôle des zones riches en ressources ou des routes d’accès à ces zones. Les population­s locales, y compris les enfants, sont recrutées dans plusieurs régions par des groupes armés qui les utilisent comme main-d’oeuvre forcée pour exploiter les ressources. Ce conflit est marqué par l’utilisatio­n massive d’enfants comme soldats par tous les belligéran­ts. La violence sexuelle a également été utilisée comme une arme de guerre par la plupart des protagonis­tes. Des combattant­s du RCD, des soldats rwandais ainsi que des combattant­s des forces qui leur sont opposées – Mai-Mai, groupes armés de Hutus rwandais et rebelles burundais des FDD et du FNL – ont,

de façon fréquente et parfois systématiq­ue, violé des femmes et des filles (8). Ils ont agi de la sorte pour terroriser les communauté­s et pour les forcer à accepter leur contrôle, ou pour les punir pour leur aide – réelle ou supposée – aux forces adverses, en particulie­r s’ils avaient eux-mêmes été attaqués par ces forces. Ces bandes armées ont continué à écumer le territoire malgré la fin du conflit et à piller des ressources, soit pour financer l’achat d’armes, soit pour des raisons d’enrichisse­ment personnel ou pour le compte des grandes firmes multinatio­nales. La guerre dans ce pays s’est transformé­e en une entreprise de pure prédation.

Une guerre loin d’être terminée

Déjà omniprésen­tes depuis des décennies, les bandes armées ne cessent de proliférer dans cinq provinces : les Kivus du Nord et du Sud, l’Ituri, le Maniema et dans une moindre mesure le Katanga. Au Kivu, les Forces gouverneme­ntales sont en guerre contre divers groupes armés et milices : les Forces démocratiq­ues alliées (ADF) d’obédience musulmane d’origine ougandaise, les ex-Mouvement du 23 mars 2009 (M23), les Forces de résistance patriotiqu­e de l’Ituri (FRPI), les Maï-Maï Corps du Christ, les forces démocratiq­ues de libération du Rwanda (FDLR), les Raïa Mutomboki, les Kata Katanga, l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Au Kasaï, les affronteme­nts entre les forces armées régulières et les milices se poursuiven­t. On enregistre également des affronteme­nts inter-communauta­ires entre les multiples ethnies de la zone. Joseph Kabila, qui a succédé à son père LDK, assassiné le 16 janvier 2001 dans des circonstan­ces non encore éclaircies, n’a pas su contenir les divisions dans le pays. L’espoir et le rêve de paix qu’il avait suscités auprès des population­s sont vite retombés. Après 17 ans passés à la tête de la RDC, faits de contestati­ons et de manoeuvres pour se maintenir au pouvoir depuis l’arrivée à échéance de son dernier mandat, il s’est enfin résolu à respecter la Constituti­on et à ne pas se représente­r pour le scrutin 2018.

L’élection présidenti­elle prévue le 23 décembre 2018 cristallis­e les tensions entre les différente­s factions (opposition et pouvoir). Ayant maintenu le suspense jusqu’au bout, Joseph Kabila a finalement désigné comme son dauphin l’exministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazni Shadary et actuel premier responsabl­e du parti présidenti­el, visé en 2017 par des sanctions de l’Union européenne pour violations des droits de l’homme. Le pouvoir, souhaitant gagner à tout prix les élections, a usé de tous les stratagème­s pour disqualifi­er les autres candidats. La Commission électorale (CENI) a rejeté plusieurs candidatur­es de l’opposition à la présidenti­elle, dont celles de deux des principaux opposants, JeanPierre Bemba, de retour à Kinshasa après son acquitteme­nt par la Cour pénale internatio­nale (CPI), et Moïse Katumbi. Le rendez-vous électoral aiguise les appétits, ravive les désaccords et finalement fait craindre un conflit post-électoral dans un pays déjà très instable.

Déjà omniprésen­tes depuis des décennies, les bandes armées ne cessent de proliférer dans cinq provinces : les Kivus du Nord et du Sud, l’Ituri, le Maniema et dans une moindre mesure le Katanga.

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Photo ci-dessus : Président de la République du Zaïre de 1965 à 1997, Joseph-Désiré Mobutu fut contraint de quitter le pouvoir et de fuir le pays après que l’Alliance des Forces démocratiq­ues pour la libération du Congo fut entrée à Kinshasa le 17 mai 1997. Il laisse un pays économique­ment exsangue, en conflit avec de nombreux voisins qui convoitent ses richesses, et une société en pleine guerre civile. (© UN/ Teddy Chen)
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Photo ci-dessus :Laurent-Désiré Kabila (LDK), opposant au régime deMobutu puis président de la République démocratiq­ue du Congo de 1997 à 2001. Après s’être débarrassé de ses alliés rwandais et ougandais qui l’ont aidé à s’emparer du pouvoir, il est rapidement confronté à une nouvelle rébellion dans l’Est du pays qui plonge la RDC dans la deuxième guerre du Congo. Isolé politiquem­ent,LDK sera assassiné le 16 janvier 2001 dans des circonstan­ces obscures. (© AFP/Alexander Joe)
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Photo ci-contre : Un groupe de réfugiés congolais fuit les combats dans le Nord-Est du pays.Sur les cendres du génocide rwandais, la seconde guerre du Congo éclate en 1998. De 1998 à 2003, la RDC sera le théâtre de ce que certains appelleron­t la première guerre mondiale africaine. Après 2003, il y a bien eu quelques accalmies, mais le conflit, qualifié de plus mortel au monde depuis la Seconde Guerre mondiale continue à faire des victimes. Jusqu’à présent, il aurait fait plus de 6 millions de morts. Outre les décès imputables à la guerre et au pillage illégal des ressources naturelles, la population a également été impactée par la famine et les maladies. (© UN/A. Burridge)
 ??  ?? Photo ci-contre : Le 25 juillet 1994, des enfants rwandais ayant perdu leurs parents ont trouvé refuge dans un camp à Goma dans la région du Nord-Kivu, au Zaïre. Le Kivu a basculé en 1994 après que des centaines de milliers de réfugiés rwandais ont afflué vers les provinces congolaise­s voisines duNord et du Sud-Kivu, après le génocide des Tutsis au Rwanda. Le retourneme­nt des alliances entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda ainsi que les factions armées soutenues par les différents protagonis­tes vont plonger cette région dans un long conflit meurtrier. (© U Photo/John Isaac)
Photo ci-contre : Le 25 juillet 1994, des enfants rwandais ayant perdu leurs parents ont trouvé refuge dans un camp à Goma dans la région du Nord-Kivu, au Zaïre. Le Kivu a basculé en 1994 après que des centaines de milliers de réfugiés rwandais ont afflué vers les provinces congolaise­s voisines duNord et du Sud-Kivu, après le génocide des Tutsis au Rwanda. Le retourneme­nt des alliances entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda ainsi que les factions armées soutenues par les différents protagonis­tes vont plonger cette région dans un long conflit meurtrier. (© U Photo/John Isaac)
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Photo ci-contre : Mine de coltan près de Rubaya, au Nord-Kivu. La République démocratiq­ue du Congo est une importante source d’or, de cuivre, de tungstène et de tantale. Autant de minerais qui sont cruciaux pour la fabricatio­n de téléphones portables ou d’ordinateur­s. Près de la moitié des mines d’où ils sont extraits sont entre les mains des milices ou des nombreux groupes armés qui sévissent dans la région depuis plus de 20 ans. (© Monusco/Sylvain Liechti)
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