– PORTFOLIO Le Brexit et les accords de défense franco-britanniques
Accord bilatéral, le traité de coopération militaire signé en 2010 par la France et le Royaume-Uni, dit « traités de Londres » ou « accords de Lancaster House » n’est théoriquement pas impacté juridiquement par le Brexit.
Fruit d’un long travail entamé par Jacques Chirac et John Major en 1995 avec la « Déclaration de Chequers », qui actait la grande convergence des intérêts vitaux des deux pays à long terme, ces accords reflètent la nécessité, pour les deux premières armées européennes, seules puissances nucléaires du continent, de coopérer pour maintenir leurs capacités et leurs ambitions de défense en période de restrictions budgétaires. Des sommes significatives ont été engagées à la suite de ces accords, dont les retombées effectives et attendues sont cruciales, aussi bien dans le domaine opérationnel avec la création de la force expéditionnaire commune interarmées ( Combined Joint Expeditionary Force, CJEF), qu’en matière de coopération industrielle, avec les programmes de missiles, de déminage maritime, de coopération nucléaire, etc. Politiquement, la volonté de renforcement de la coopération militaire demeure, malgré le Brexit, comme l’ont réaffirmé Emmanuel Macron et Theresa May lors du sommet franco-britannique de janvier 2018. Toutefois, il est difficile pour les gouvernements de continuer à avancer en l’absence d’une vision claire sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Mais ce que craint surtout la France, comme l’a exprimé la ministre de la Défense Florence Parly lors d’une rencontre avec son homologue, le 20 septembre 2018, c’est l’impact budgétaire du Brexit sur cette coopération, à la fois en raison des ressources drainées par la mise en oeuvre du Brexit – risquant d’entraîner des coupes budgétaires qui viendront s’ajouter à la politique d’austérité en vigueur –, et parce que celle-ci affaiblit la livre sterling. Cette incertitude budgétaire risque de ralentir les investissements des entreprises de défense britanniques et étrangères au Royaume-Uni et avec eux, le dynamisme industriel qui avait suivi les accords de Lancaster House.