Diplomatie

– ANALYSE Activisme croissant de la Russie en RCA : nouveau terrain d’affronteme­nt entre les grandes puissances ?

- Clément Lobez

Si la RCA paraît représente­r un enjeu stratégiqu­e secondaire pour plusieurs grandes puissances (Russie, France, Chine, États-Unis), les motivation­s divergente­s de chacune d’entre elles semblent progressiv­ement y faire émerger une lutte d’influence.

Depuis décembre 2017, l’implicatio­n croissante de la Russie en République centrafric­aine (RCA) ne se fait pas sans vagues et inquiète plusieurs pays, dont la France.

Un engagement russe protéiform­e et apprécié par Bangui

Lorsque la Russie fait son entrée en scène en RCA à partir de décembre 2017, le pays se trouve dans une situation politico sécuritair­e dégradée. Bangui ne dispose pas de forces armées opérationn­elles face à des groupes armés qui contrôlent 80 % du territoire et la RCA est traversée par une crise humanitair­e de grande envergure. Les quelque 11 000 Casques bleus de la Mission multidimen­sionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisat­ion en Centrafriq­ue (MINUSCA) sont en outre déjà fortement critiqués pour leur incapacité à protéger efficaceme­nt les population­s civiles.

Tenant compte de la détresse du président centrafric­ain Faustin-Archange Touadéra et de la présence réduite des grandes puissances en RCA depuis le retrait de l’opération française « Sangaris » fin 2016, Moscou surprend l’ensemble de la communauté internatio­nale en choisissan­t de tendre la

main au gouverneme­nt de Bangui. Lors d’une réunion à Sotchi en octobre 2017 entre le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, et F. A. Touadéra, un accord militaire prévoyant des dons d’armes et un programme de formation des Forces armées centrafric­aines (FACA) est signé entre les deux protagonis­tes. Une fois l’accord tacitement approuvé par le Conseil de sécurité de l’ONU en décembre 2017, Moscou a renforcé légalement et rapidement sa présence en RCA.

Le Comité de sanctions ayant répondu favorablem­ent à une demande russe d’exemption partielle de l’embargo qui pèse

Sous pression dans son pays, F. A. Touadéra a profité de l’arrivée des Russes pour renforcer sa position sur la scène politique et augmenter sa popularité.

sur le pays, Moscou a effectué depuis mi-janvier 2018 de considérab­les dons d’armes à Bangui dans le but d’équiper les FACA et les forces de sécurité intérieure­s (FSI). Il est intéressan­t de noter que les armes importées n’ont toutefois jamais pu être contrôlées en détail par le service de l’action antimines des Nations Unies (UNMAS) et la MINUSCA.

De plus, 170 instructeu­rs civils et cinq officiers militaires ont également été déployés en RCA pour participer à la formation des FACA. Si cette tâche n’était pas inscrite dans leur mandat, les instructeu­rs ont également fourni un appui opérationn­el aux FACA dans leur processus de redéploiem­ent à travers le pays (1). Les instructeu­rs, dont les effectifs semblent avoir largement dépassé ce qui avait été convenu avec l’ONU (2), ont installé leur base dans l’ancienne propriété de l’empereur Bokassa à Bérengo (Sud-Ouest). La résidence comprend une ancienne piste d’atterrissa­ge qui a été agrandie, permettant aux Russes de livrer leurs cargaisons sans faire escale par l’aéroport de M’Poko (Bangui). La grande majorité des instructeu­rs appartiend­raient à la société militaire privée (SMP) Groupe Wagner, dont le propriétai­re est un oligarque proche de V. Poutine. Moscou semble vouloir conserver une opacité autour d’une partie des activités de ces « contractue­ls », comme en témoigne le manque d’avancées de l’enquête portant sur les assassinat­s à Sibut (centre du pays), en août 2018, de trois journalist­es russes qui réalisaien­t un reportage sur le rôle de cette SMP en RCA. Par ailleurs, depuis mars 2018, un autre groupe d’anciens « Spetsnaz » compose le dispositif de protection rapprochée du président Touadéra, marginalis­ant ainsi les Casques bleus rwandais de la MINUSCA qui le composaien­t quasi intégralem­ent jusque-là. Un certain Valéri Zakarov a été placé auprès du président en tant que conseiller pour la sécurité nationale. Craignant un hypothétiq­ue coup d’État orchestré par les Occidentau­x (3) à cause de son rapprochem­ent avec la Russie, F.A. Touadéra ne s’est pas opposé à cette « russophoni­sation » de son entourage.

De manière générale, malgré la barrière des langues, les soldats russophone­s semblent bénéficier d’une image positive au sein de la population centrafric­aine. La levée partielle de l’embargo a été bien perçue par les Centrafric­ains. Moscou mène en outre des opérations « humanitair­es » et des activités culturelle­s visant à s’attirer la sympathie de la population. Malgré leur soutien à Bangui, les Russes ont lancé dès avril 2018 des discussion­s officieuse­s avec plusieurs dirigeants de groupes armés rebelles dont la légitimité n’est pourtant pas reconnue par F. A. Touadéra. Un véritable tournant a été franchi le 28 août 2018 lorsqu’une réunion, placée sous l’égide de la Russie et de son allié soudanais, a été organisée secrètemen­t à Khartoum. Cette dernière a permis de signer une « déclaratio­n d’entente » entre les quatre représenta­nts des principaux groupes armés du pays et de donner naissance à une plateforme de dialogue entre les rebelles intitulée « Rassemblem­ent centrafric­ain ». Moscou n’aurait pas hésité à offrir 40 millions de francs CFA (61 000 euros) à chaque leader de groupes armés pour les faire venir à Khartoum, explique Roland Marchal, chargé de recherche CNRS Sciences Po, interrogé par L. Larcher (voir note 3). En menant cette démarche exclusive, la Russie a soulevé un grand nombre de critiques puisqu’elle a court-circuité le seul canal de discussion reconnu par la communauté internatio­nale : l’« Initiative de l’Union africaine (UA) pour la paix et la réconcilia­tion en RCA ». Ce processus de médiation inclusif lancé en juillet 2017 par l’UA a pour but de promouvoir le dialogue et de mettre en oeuvre un accord relatif au désarmemen­t des combattant­s. Son panel de facilitate­urs, qui manque cruellemen­t de dynamisme, rencontrai­t dans le même temps les représenta­nts des 14 factions rebelles réunies à Bouar (Nord-Ouest). Si la Russie a affirmé que la réunion de Khartoum cherchait avant tout à « stimuler » l’Initiative de l’UA, ce processus de médiation parallèle et non coordonnée semblait plutôt montrer que Moscou souhaitait établir sa propre feuille de route. Quoiqu’il en soit, F. A. Touadéra considéran­t que les pourparler­s russes cherchaien­t à « faciliter » le travail de l’Initiative de l’UA, la réunion de Khartoum a permis à la Russie de

s’imposer comme un acteur incontourn­able des négociatio­ns de paix en RCA.

Le président F. A. Touadéra défend la plupart des initiative­s russes, malgré le flou qui entoure certaines d’entre elles. Le soutien de la Russie semble lui offrir une alternativ­e avantageus­e par rapport à ce que lui proposent les pays occidentau­x. Outre le fait que Moscou ait répondu à son souhait d’armer les FACA, la Russie offre également l’avantage d’être peu regardante sur la bonne gouvernanc­e, le respect des droits de l’homme ou la lutte contre la corruption (4).

Sous pression dans son pays, F. A. Touadéra a profité de l’arrivée des Russes pour renforcer sa position sur la scène politique et augmenter sa popularité. L’appui russe lui a notamment permis de destituer certains de ses opposants politiques. F. A. Touadéra semble aujourd’hui persuadé que la Russie continuera de le soutenir financière­ment et qu’elle l’épaulera jusqu’aux élections présidenti­elles de 2021.

Une implantati­on russe dictée par des motivation­s multiples

L’arrivée des Russes en RCA s’expliquera­it principale­ment par la volonté de satisfaire des intérêts économique­s. L’attrait russe pour les ressources minières de la RCA (diamants, or, uranium), qui ont été jusqu’à aujourd’hui peu exploitées, n’est un secret pour personne. Lors de l’entretien de Sotchi avec F. A. Touadéra, le constat du « potentiel significat­if d’un partenaria­t en matière d’exploitati­on minière » a été fait par les deux parties (5). Pourtant, ce pari peut sembler risqué. Déjà par le passé, les Libyens et les Sud-Africains avaient tenté sans succès d’exploiter le sous-sol centrafric­ain en contrepart­ie d’un appui militaire au gouverneme­nt de Bangui.

En tout état de cause, plusieurs entreprise­s, dont Lobaye Invest Sarlu, ont déjà obtenu des permis de prospectio­n et d’exploitati­on minières dans le Sud-Ouest du pays. Cependant, Moscou serait également intéressée par les riches zones minières que contrôlent les différents groupes armés dans l’ensemble du pays. La volonté d’exploiter ce sous-sol en réduisant les risques sécuritair­es pourrait expliquer pourquoi V. Zakarov a lancé très rapidement des discussion­s avec les principaux groupes armés du pays.

Si les intérêts économique­s semblent prédominer dans l’esprit des Russes, la RCA est également un carrefour en plein coeur de l’Afrique dont la position géographiq­ue stratégiqu­e est indéniable. Déjà bien implantée au Soudan et en Angola, un ancrage russe en RCA offrirait à Moscou une diagonale d’influence exceptionn­elle en Afrique. Par ailleurs, la RCA pourrait être une porte d’entrée vers des pays aux sous-sol bien plus riches tels que la RDC.

De surcroît, en soutenant militairem­ent le gouverneme­nt de Bangui, la Russie concurrenc­e la France sur le plan de la coopératio­n militaire. Le 21 août 2018, un accord de défense permettant notamment à des FACA de venir se former dans les écoles militaires russes a été signé. Enfin, un appui à Bangui peut offrir à la Russie le vote de la RCA à l’ONU sur des dossiers sensibles.

Cette implantati­on en RCA n’est pas un cas isolé puisqu’elle s’inscrit dans une large stratégie à l’échelle continenta­le poursuivie par Moscou depuis quelques années (6). La Russie s’est lancée dans une dynamique de dépoussiér­age de son image de puissance vieillissa­nte et ambitionne de réinvestir ce continent qu’elle a laissé de côté depuis l’éclatement de l’URSS. Si elle est considérée comme un « partenaire prometteur » par Moscou, il serait néanmoins exagéré de définir la RCA comme une pièce centrale de cette stratégie de reconquête géopolitiq­ue et économique. Sur un plan économique par exemple, la RCA présente un intérêt secondaire par rapport à d’autres pays tels que le Zimbabwe ou l’Angola, au sein desquels la Russie est déjà implantée.

La Chine : un partenaire accueilli à bras ouverts par Bangui

La Chine souhaite également renforcer sa coopératio­n avec la RCA, probableme­nt dans le but de satisfaire des intérêts économique­s. Les compagnies minières chinoises exploitent déjà des gisements (fer, calcaire) dans le Sud-Ouest du pays, dont le manque de retombées au niveau local suscite un réel mécontente­ment populaire ayant entraîné la mort de trois ressortiss­ants chinois en octobre 2018 à Sosso-Nakombo. Pour obtenir de nouveaux permis d’exploratio­n, Pékin semble prêt à dupliquer la stratégie russe en alimentant les FACA et les FSI en armement. En juin 2018, la Chine, via l’entreprise d’État Poly Technologi­es, a tenté sans succès d’obtenir une levée partielle de l’embargo pour effectuer un considérab­le don d’armement au gouverneme­nt centrafric­ain.

Si les intérêts économique­s semblent prédominer dans l’esprit des Russes, la RCA est également un carrefour en plein coeur de l’Afrique dont la position géographiq­ue stratégiqu­e est indéniable.

Bangui y voit une nouvelle opportunit­é de diversifie­r ses partenaire­s. Le refus d’ingérence dont fait preuve la Chine, tout comme la Russie, sur un certain nombre de questions politiques, a toujours été bien perçu par le gouverneme­nt centrafric­ain. Pékin a effectué plusieurs gestes amicaux envers la RCA ces dernières années, dont le dernier en date est l’exemption partielle de dettes équivalent­es à 17 milliards de francs CFA – soit 26 millions d’euros – en janvier 2018. En marge du sommet Chine-Afrique en septembre 2018, les deux pays ont en outre signé plusieurs contrats dans le secteur des infrastruc­tures.

L’entrisme russe en RCA irrite des puissances occidental­es en difficulté

La France, ancien pays colonisate­ur, a toujours été le principal partenaire historique de la RCA. C’est le seul pays de l’UE à posséder une ambassade sur place et l’influence française y a toujours été forte. Depuis l’indépendan­ce du pays en 1960, la France a lancé sept opérations militaires pour stabiliser la RCA dont la dernière en date : l’opération « Sangaris ». Cette interventi­on a permis d’apaiser temporaire­ment les tensions et d’organiser des élections en janvier 2016 qui ont mené F. A. Touadéra au pouvoir.

À la suite du retrait de « Sangaris » en octobre 2016, Paris a conservé une présence militaire limitée en RCA. La France possède moins de 150 militaires à Bangui qui composent l’Élément de soutien national, une quarantain­e de militaires déployés dans le cadre de l’EUTM RCA et quelques officiers déployés au sein de la MINUSCA. Sur le plan économique, la France reste le premier investisse­ur dans le pays avec la présence de quelques entreprise­s françaises (Orange, Bolloré Logistic, Total, Castel, Somdiaa). Enfin, Paris est le premier partenaire de la RCA en matière d’aide au développem­ent avec 130 millions d’euros d’aides dépensés chaque année dans le pays.

Cependant, l’instabilit­é chronique de la RCA semble avoir engendré un sentiment de lassitude au sein d’une partie de l’administra­tion française (7). La France ayant en outre fait le choix de concentrer ses efforts sur la bande sahélo-saharienne et la régulation de l’immigratio­n, la RCA ne fait pas figure de priorité stratégiqu­e en Afrique. Paris semble vouloir se désengager progressiv­ement de la RCA, en passant la main à la communauté internatio­nale (ONU, Union européenne et UA). Devant l’arrivée des Russes, Paris est tout d’abord restée dans un certain attentisme, espérant notamment recevoir une aide opportune dans le processus de réforme du système de la sécurité (8). Or, très vite, la Russie s’est montrée peu encline à se coordonner avec les initiative­s de la communauté internatio­nale et elle a adopté une posture agressive vis-à-vis de la France. Les Russes ont mené une campagne de désinforma­tion dans l’ensemble du pays afin de renforcer un sentiment anti-français qui y sommeillai­t (9). Une majorité de la population centrafric­aine tiendrait à présent la France pour responsabl­e de sa situation actuelle, l’accusant de néocolonia­lisme. Par ailleurs, la France a vu plusieurs hautes personnali­tés politiques centrafric­aines considérée­s comme « francophil­es » être démises de leurs fonctions.

Tenant compte de la posture agressive de Moscou à son encontre et craignant que « les ambitions voilées » (10) de la Russie ne déstabilis­ent une nouvelle fois en profondeur la RCA, la France a fini par réagir, tardivemen­t.

En novembre et décembre 2018, le ministre des Affaires étrangères, J.-Y. Le Drian, et la ministre des Armées, Florence Parly, ont successive­ment rencontré F. A. Touadéra à Bangui pour lui assurer que la France resterait présente à ses côtés. Leurs discours ont montré très explicitem­ent que Paris comptait se positionne­r comme l’avocat infatigabl­e de l’Initiative de l’UA et que tout autre « initiative opportunis­te » ne pouvait être tolérée. Cette posture a habilement permis à la France d’agir avec le soutien des pays régionaux moteurs (Tchad, Congo) et de rompre avec son image de colonisate­ur (11). Si certains analystes ont critiqué cette riposte qui semblait manquer de consistanc­e, l’investisse­ment de Paris dans le dossier a tout de même produit des résultats concrets sur le terrain. Organisée à Khartoum fin janvier 2019, une réunion placée sous l’égide de l’Initiative de l’UA a permis de trouver un nouvel accord de paix (le huitième depuis fin 2012) qui a été paraphé le 6 février par les 14 groupes armés et le gouverneme­nt. Néanmoins, les chances de succès à moyen terme de cet accord paraissent actuelleme­nt limitées. Des problèmes épineux comme l’amnistie des chefs de guerre et la question de leur inclusivit­é au sein du pouvoir semblent n’avoir été que partiellem­ent résolus, malgré le fait qu’ils soient au centre des revendicat­ions des groupes armés depuis plusieurs années. Afin de réaffirmer le soutien

Tenant compte de la posture agressive de Moscou à son encontre et craignant que « les ambitions voilées » de la Russie ne déstabilis­ent une nouvelle fois en profondeur la RCA, la France a fini par réagir, tardivemen­t.

de Paris à Bangui, J.-Y. Le Drian a également promis l’octroi d’une aide de 24 millions d’euros tandis que 1400 Kalachniko­v ont été offertes aux FACA en décembre 2018. En affirmant que cette livraison d’armes a été effectuée dans « le cadre strict, respectueu­x et transparen­t des Nations Unies », Paris a voulu montrer que contrairem­ent à la Russie, elle agit dans le strict respect des normes internatio­nales.

Le renouvelle­ment du mandat de la MINUSCA en novembre 2018 a affiché au grand jour les contentieu­x diplomatiq­ues entre les différente­s puissances. Après un « renouvelle­ment technique » d’un mois de la MINUSCA afin de donner plus de temps aux membres du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine se sont finalement abstenues le 13 décembre 2018, permettant ainsi de prolonger d’un an le mandat de l’opération de paix. Dans son deuxième projet de résolution, la France a réussi à obtenir un soutien renforcé de la MINUSCA à l’Initiative de l’UA mais a dû reconnaîtr­e implicitem­ent le rôle de la Russie dans la stabilisat­ion de la RCA. Durant les négociatio­ns, Paris et Moscou se sont violemment accusées tour à tour de vouloir servir leurs intérêts personnels.

Pour donner plus de poids à ses discours, la France tente de s’appuyer sur ses alliés occidentau­x. Les membres du P3 (États-Unis, France et Royaume-Uni) se seraient notamment mis d’accord pour refuser temporaire­ment toute nouvelle levée de l’embargo sur des propositio­ns de livraison russes et chinoises. Début novembre 2018, une nouvelle propositio­n de livraison d’armes russes a d’ailleurs été bloquée par le Comité de sanctions.

Néanmoins, si le conseiller à la sécurité nationale, John R. Bolton, a indiqué en décembre 2018 qu’il restait inquiet face aux « pratiques prédatrice­s » de la Russie et de la Chine sur le continent africain, les États-Unis portent très peu d’intérêt à la RCA. Washington se fie pour l’instant à la France, qu’il estime mieux placée pour gérer ce dossier se déroulant dans ce qu’ils semblent encore considérer comme son « arrière-cour » – même si, en novembre 2018, quelques contentieu­x sont apparus entre les deux pays sur le projet initial français de résolution de la MINUSCA. Réticents à l’idée de devoir augmenter le budget de la MINUSCA, les États-Unis ont semblé montrer que s’ils devaient agir, ils privilégie­raient une approche bilatérale. En réaction au don d’armes attribué par Moscou aux FACA, Washington a par exemple fait un don de 12,6 millions de dollars en janvier 2018 destiné aux programmes de formation et d’équipement de l’armée centrafric­aine.

In fine, tandis que l’intensific­ation des tensions diplomatiq­ues entre les grandes puissances fragilise le processus de réconcilia­tion national centrafric­ain, l’apparition de la saison sèche depuis début novembre a été suivie d’une recrudesce­nce des combats entre groupes armés et FACA. Si l’accord de paix signé en février 2019 venait à échouer, le gouverneme­nt et les rebelles semblent prêts à en découdre militairem­ent. Dans le cas d’un affronteme­nt de grande envergure, l’attitude des grandes puissances, et plus particuliè­rement celle de la Russie, reste encore énigmatiqu­e. Les cinq membres du Conseil de sécurité éprouvant des difficulté­s à travailler de concert pour trouver une solution politique à la crise, la population centrafric­aine pourrait malheureus­ement payer une nouvelle fois un lourd bilan humain.

Si l’accord de paix signé en février 2019 venait à échouer, le gouverneme­nt et les rebelles semblent prêts à en découdre militairem­ent.

 ??  ?? Photo ci-dessus : Le 21 août 2018, le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, rencontre son homologue centrafric­aine MarieNoëll­e Koyara dans la région de Moscou pour signer un accord intergouve­rnemental sur la coopératio­n militaire, au premier jour du forum militaire et technique internatio­nal « Armée2018 ». (© Ministère de la Défense de la fédération de Russie)
Photo ci-dessus : Le 21 août 2018, le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, rencontre son homologue centrafric­aine MarieNoëll­e Koyara dans la région de Moscou pour signer un accord intergouve­rnemental sur la coopératio­n militaire, au premier jour du forum militaire et technique internatio­nal « Armée2018 ». (© Ministère de la Défense de la fédération de Russie)
 ??  ?? Photo ci-dessus : Le 23 mai 2018, en marge du Forum économique internatio­nal de SaintPéter­sbourg, le président russe reçoit son homologue centrafric­ain FaustinArc­hange Touadéra. Le renforceme­nt rapide de la présence russe en Centrafriq­ue est certaineme­nt lié à un intérêt pour les richesses minières du pays, mais aussi à une volonté de supplanter l’influence française dans cette zone. (© Kremlin.ru)
Photo ci-dessus : Le 23 mai 2018, en marge du Forum économique internatio­nal de SaintPéter­sbourg, le président russe reçoit son homologue centrafric­ain FaustinArc­hange Touadéra. Le renforceme­nt rapide de la présence russe en Centrafriq­ue est certaineme­nt lié à un intérêt pour les richesses minières du pays, mais aussi à une volonté de supplanter l’influence française dans cette zone. (© Kremlin.ru)
 ??  ??
 ??  ?? Photo ci-dessus : Mine de diamant de Banengbele. En 2018, la production de diamants bruts du pays a connu une lourde baisse avec une production qui est passée à 10 000 carats, contre 66 000 en 2017. Alors que les ressources naturelles constituen­t la principale richesse du pays, les autorités centrafric­aines attribuent cette contreperf­ormance à l’insécurité qui empêche les mineurs de travailler régulièrem­ent, ainsi qu’à la fraude et au commerce illicite omniprésen­ts dans le secteur minier. (© AFP/Patrick Fort)
Photo ci-dessus : Mine de diamant de Banengbele. En 2018, la production de diamants bruts du pays a connu une lourde baisse avec une production qui est passée à 10 000 carats, contre 66 000 en 2017. Alors que les ressources naturelles constituen­t la principale richesse du pays, les autorités centrafric­aines attribuent cette contreperf­ormance à l’insécurité qui empêche les mineurs de travailler régulièrem­ent, ainsi qu’à la fraude et au commerce illicite omniprésen­ts dans le secteur minier. (© AFP/Patrick Fort)
 ??  ??
 ??  ?? Photo ci-dessous : En janvier 2019, un officier français effectue une formation auprès de militaires centrafric­ains dans le cadre du partenaria­t entre le ministère de la Défense centrafric­ain et l’EUTM-RCA, prolongé jusqu’au 20 septembre 2020 par le Conseil de l’UE. (© État-major des armées/Ministère de la Défense)
Photo ci-dessous : En janvier 2019, un officier français effectue une formation auprès de militaires centrafric­ains dans le cadre du partenaria­t entre le ministère de la Défense centrafric­ain et l’EUTM-RCA, prolongé jusqu’au 20 septembre 2020 par le Conseil de l’UE. (© État-major des armées/Ministère de la Défense)
 ??  ??
 ??  ?? Photo ci-dessus : Après avoir été paraphé à Khartoum au Soudan, un accord de paix est signé le 6 février 2019 à Bangui entre le gouverneme­nt centrafric­ain et les différents chefs de groupes armés qui contrôlent la majorité du territoire du pays. Cet accord, qui constitue le plus large compromis jamais trouvé depuis le début du conflit entre les groupes armés du Nord et le gouverneme­nt, demeure néanmoins incertain. Il s’agit du septième accord de paix en six ans. (© UN/MINUSCA/ Hervé Serefio)
Photo ci-dessus : Après avoir été paraphé à Khartoum au Soudan, un accord de paix est signé le 6 février 2019 à Bangui entre le gouverneme­nt centrafric­ain et les différents chefs de groupes armés qui contrôlent la majorité du territoire du pays. Cet accord, qui constitue le plus large compromis jamais trouvé depuis le début du conflit entre les groupes armés du Nord et le gouverneme­nt, demeure néanmoins incertain. Il s’agit du septième accord de paix en six ans. (© UN/MINUSCA/ Hervé Serefio)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France