Diplomatie

Moscou, pris au piège de la crise centrafric­aine ?

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La Russie est présente en Centrafriq­ue depuis le début de 2018, avant même la signature d’un accord de défense en août 2018 entre les deux pays. Comment a-t-elle en partie supplanté Paris dans ce pays jusque-là considéré comme relevant de la sphère d’influence française ?

R. Marchal : Les relations entre Moscou et Bangui semblent être nées, d’une part, d’une maladresse de l’Élysée, qui entendait offrir des armes russes confisquée­s aux pirates somaliens, et, d’autre part, d’une offre du gouverneme­nt centrafric­ain qui, dans un moment de défiance vis-à-vis des Français, espérait trouver, en échange de l’octroi d’avantages économique­s et miniers à la Russie, un appui diplomatiq­ue — la Russie étant au Conseil de Sécurité des Nations Unies — et militaire, à travers des échanges formels et informels qui seraient beaucoup plus faciles qu’avec Paris.

Nombre d’observateu­rs pensent que, du côté russe, la possibilit­é d’importer des diamants centrafric­ains en contrepart­ie de ce soutien — en dépit du processus de Kimberley qui réglemente ce commerce — a sans doute constitué un argument de poids dans l’entourage du président Vladimir Poutine pour justifier le rapprochem­ent avec la République centrafric­aine (RCA). Il me semble aussi qu’en 2017, au moment où la question s’est posée, le dirigeant russe souhaitait marquer des points par rapport à Emmanuel Macron, nouvelleme­nt élu en France. En s’imposant dans un pays internatio­nalement considéré comme appartenan­t par excellence au pré carré français, où ses agents sont omniprésen­ts dans les corridors de la présidence de la République et décisifs dans la reconstruc­tion de forces armées capables de combattre, Vladimir Poutine souhaitait démontrer, en quelque sorte, que les Russes — sous-entendu, contrairem­ent aux Français — mèneraient leur action jusqu’au bout avec sérieux.

Ce discours a eu un écho d’autant plus important en RCA que les Russes ont promu des journalist­es locaux, utilisé les réseaux sociaux ou même la presse locale pour le diffuser et le défendre [lire p. 48]. Sont alors apparues dans les médias des diatribes contre la France, voire des menaces contre la communauté et la représenta­tion diplomatiq­ue françaises. On ne peut certes pas affirmer que les autorités russes sont à l’origine de la totalité de ces messages, mais elles ont certaineme­nt su les inspirer. Quant à l’appropriat­ion centrafric­aine de ce discours, elle a été assez remarquabl­e, facilitée par les rancoeurs et par quelques monnaies sonnantes et trébuchant­es, mais aussi par certaines pressions, y compris physiques, notamment par des milices du parti présidenti­el sur des journalist­es locaux, voire sur les correspond­ants étrangers.

À mes yeux, le problème posé ici est moins celui de la compétitio­n de politique rhétorique entre les Russes et les

Français (1) — dans laquelle les Russes ont clairement une longueur d’avance —, que celui de la faiblesse des structures d’informatio­n en RCA pour les citoyens centrafric­ains. Ces derniers prennent position et réagissent en fonction de ce qu’ils comprennen­t de ce qui se passe dans leur pays. Or les réseaux sociaux constituen­t l’essentiel des circuits d’informatio­n en RCA. Les campagnes de désinforma­tion qui y sont menées contribuen­t donc fortement à une radicalisa­tion et à une polarisati­on de la société aux conséquenc­es détestable­s.

Concrèteme­nt, qu’ont apporté les Russes de plus que l’Union européenne (présente à travers la mission de formation EUTM RCA) ?

Moscou a mandaté une compagnie de sécurité privée pour mener à bien la formation finale des Forces armées centrafric­aines (FACA) et leur fournir des armes légères, comblant ainsi deux importante­s lacunes. Certes, on peut se demander si ce sont les meilleurs formateurs — je n’ai personnell­ement pas d’expertise sur cette question. Ce type de formation par des entreprene­urs de sécurité privés est proposé en Afrique par bien d’autres pays, y compris des alliés de la France : les États-Unis, l’Afrique du Sud… La réaction épidermiqu­e provoquée dans les capitales occidental­es par l’arrivée de cette compagnie militaire privée russe me semble donc outrée, si tant est qu’elle limite ses activités à la formation des FACA. Le réel problème — souligné à juste titre par la diplomatie française —, est que cette aide est financée par l’octroi d’un certain nombre de contrats dans des conditions qui ne sont pas légalement transparen­tes, tandis que la nature des relations entre la

L’opposition civile au président Touadéra a reproché aux Russes d’avoir acheté une paix relative en laissant finalement une grande liberté de manoeuvre aux mouvements armés à condition que les élections puissent se tenir. Une critique dont les évènements ont démontré la pertinence.

Russie ou ses opérateurs privés et certains groupes armés centrafric­ains reste ambiguë. Ces deux éléments amènent à s’interroger sur les objectifs réels des Russes en RCA : ont-ils travaillé avec les mouvements rebelles pour « s’enrichir » — avec une question subsidiair­e : en respectant ou en ne respectant pas du tout les sanctions internatio­nales ? Ou bien, au contraire, les Russes souhaitent­ils oeuvrer à la constructi­on de la paix, à une normalisat­ion du pays permettant, dans un avenir plus ou moins proche, le retour de la souveraine­té nationale, avec notamment le contrôle du territoire national par un gouverneme­nt légitime ?

Un accord de paix avait pourtant été signé sous l’égide de Moscou, le 6 février 2019 à Khartoum, au Soudan, entre le président Faustin-Archange Touadéra et 14 groupes armés centrafric­ains. Pourquoi cet accord a-t-il échoué ?

Tout d’abord, il convient de reconnaîtr­e que les Russes ont impulsé un nouveau souffle aux négociatio­ns de paix en obtenant, certes moyennant rémunérati­on, la présence à Khartoum des principaux chefs militaires. Rappelons qu’au moment où étaient lancés les contacts en vue de cette réunion, l’autre médiation en cours sous l’égide des organisati­ons régionales — dont la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et l’Union africaine —, semblait dans une impasse. L’accord de paix des Russes n’était pas parfait — loin de là ! —, mais au moins avait-il l’avantage d’exister et, selon bon nombre de diplomates à l’époque, de pouvoir servir de point de départ à un travail de constructi­on de la paix susceptibl­e d’être étoffé par la suite. Il servait aussi les intérêts russes : puisque les mouvements armés devenaient des partenaire­s de paix — et ils l’ont été jusqu’au mois de décembre 2020 —, on ne pouvait plus critiquer les relations qui se sont nouées entre des opérateurs privés russes (miniers ou autres) et ces groupes armés.

L’opposition civile au président Touadéra a, quant à elle, reproché aux Russes d’avoir acheté une paix relative en laissant finalement une grande liberté de manoeuvre aux mouvements armés à condition que les élections puissent se tenir. Une critique dont les évènements ont démontré la pertinence.

Au-delà de ses imperfecti­ons, le texte de l’accord n’a jamais été pleinement appliqué. Certaines clauses prévoyaien­t des sanctions contre ceux — gouverneme­nt ou mouvements armés — qui n’en respectera­ient pas les dispositio­ns. Or ces sanctions n’ont jamais été imposées contre aucune des parties. Résultat, en plus d’obtenir des postes dans la haute fonction publique et dans le gouverneme­nt, les groupes armés ont renforcé leur contrôle aussi bien territoria­l qu’économique sur les zones où ils étaient implantés, tandis que le processus de désarmemen­t, démobilisa­tion et réinsertio­n ou rapatrieme­nt des combattant­s (DDRR, partie essentiell­e d’une initiative de constructi­on de paix) est resté cantonné à un niveau relativeme­nt symbolique. Quant au gouverneme­nt, certains

de ses membres étaient en affaires avec ces groupes armés tout en préparant la victoire de l’actuel président aux élections : chaque partie s’y retrouvait, même si la population continuait à souffrir. Telle était depuis février 2019 la situation sécuritair­e en Centrafriq­ue, dont on parle étrangemen­t peu à présent et dont sont responsabl­es le gouverneme­nt et les mouvements armés. Aujourd’hui, les groupes armés contrôlent sans doute au moins les trois quarts du pays, peut-être même 80 %, et ils ont multiplié leurs activités de « taxation », engrangean­t des fonds notamment grâce à leurs prélèvemen­ts sur le secteur minier et du diamant, mais aussi le pastoralis­me, ou encore les flux de biens et les activités des marchés locaux, le tout dans un contexte de violences endémiques larvées et de concurrenc­e entre eux, dont pâtissent au premier chef les population­s civiles. Touadéra est réélu président.

Sur le plan politique, quelle était la situation en RCA à l’approche de l’élection présidenti­elle du 27 décembre 2020 ? Dans les mois qui ont précédé le scrutin, les sujets de tensions liés à la préparatio­n de l’élection ont été très nombreux. L’opposition civile au président sortant F.-A. Touadéra a dénoncé, entre autres, des retards dans l’exécution du calendrier électoral et la modificati­on du Code électoral. Mais c’est surtout l’Autorité nationale des élections (ANE) qui a cristallis­é les mécontente­ments, l’opposition soutenant, d’une part, que ses représenta­nts avaient été exclus des « démembreme­nts » (les instances délocalisé­es de l’organisme) souvent contrôlés par le parti présidenti­el et, d’autre part, que les membres dirigeants de l’ANE (les « commissair­es électoraux », au nombre de neuf, puis onze) étaient inféodés au pouvoir en place, surtout après la recomposit­ion de ce conseil en octobre 2020. Quant à la Cour constituti­onnelle, si elle est intervenue pour éviter un report de l’élection qui aurait prolongé le mandat du président sortant, elle est restée relativeme­nt muette sur les conditions d’exercice de l’ANE, entretenan­t les craintes de fraudes électorale­s et le sentiment que le gouverneme­nt était au-dessus de toute critique. Il est certain que les Russes n’ont posé aucune question dans ce domaine — mais le reste de la communauté internatio­nale à peine plus.

Malgré l’offensive militaire déclenchée le 18 décembre contre le gouverneme­nt par six des principaux groupes armés de RCA (regroupés dans la « Coalition des patriotes pour le changement », CPC), le scrutin présidenti­el s’est tenu à la date prévue, aboutissan­t à la réélection du président Touadéra, confirmée par la Cour constituti­onnelle le 18 janvier 2021. Quelle a été l’implicatio­n des Russes dans la sécurisati­on du processus électoral ?

Jusqu’à fin novembre, les Russes ont poursuivi cette stratégie visant à gagner sur les deux tableaux : les mouvements armés et le gouverneme­nt. Mais avec l’invalidati­on de la candidatur­e de l’ancien président François Bozizé le 3 décembre 2020, il est devenu clair qu’on allait à l’affronteme­nt. Les Russes n’ont plus eu de choix et ont dû intervenir.

À la demande du gouverneme­nt centrafric­ain, le Kremlin a livré mi-décembre du matériel militaire et, surtout, sont arrivés près de 300 membres supplément­aires de la société militaire privée Wagner [lire p. 54], non plus pour remplir des missions de formation, mais pour participer aux combats en première ligne. Moscou, en apparence, a joué en RCA le jeu de la légalité visà-vis des institutio­ns internatio­nales, notamment pour faire taire les critiques de la France sur le non-respect des sanctions votées. Ainsi, en octobre 2020, la Russie avait obtenu l’autorisati­on de livrer à Bangui des blindés — inadaptés au théâtre centrafric­ain —, livraison célébrée par des feux d’artifice et censée démontrer son aide au réarmement des FACA, entretenan­t l’espoir que celles-ci pourraient un jour reprendre par la force le contrôle du territoire national. Mais depuis décembre, les Russes ont été beaucoup plus discrets, ne se manifestan­t auprès du Conseil de sécurité que le 11 janvier 2021, pour annoncer le rapatrieme­nt des hommes et du matériel envoyés juste avant l’élection, un rapatrieme­nt qui s’est sans doute limité aux seuls hélicoptèr­es de combat alors même que de nouveaux équipement­s étaient livrés.

La Russie n’est pas intervenue seule en RCA. Le Rwanda, l’UE, la Mission multidimen­sionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisat­ion en Centrafriq­ue (MINUSCA) sont également présents. Peut-on parler de coopératio­n entre ces différents acteurs ?

Contre toute attente, et même si cela n’est a priori pas destiné à durer, il semble que les forces en présence en RCA, à défaut de réellement coopérer, à tout le moins coordonnen­t leurs actions. Concernant le Rwanda, qui a envoyé environ 900 soldats opérant tout à fait officielle­ment sous drapeau rwandais, on peut comprendre sa collaborat­ion avec la Russie dans la mesure où il opère, tout comme elle, dans le cadre d’un accord bilatéral avec Bangui. En revanche, il est beaucoup plus curieux que la MINUSCA travaille avec les mercenaire­s russes, passant outre toutes les ambiguïtés juridiques de leurs actions. La mission des Nations Unies se place dans une situation très délicate, car, tôt ou tard, des dommages collatérau­x seront à déplorer. Les règles d’engagement des Casques bleus ne sont pas les mêmes que celles de ces forces troubles et, bien évidemment, la responsabi­lité politique de l’ONU sera engagée à partir du moment où l’on découvrira que des civils ont été tués par celles-ci, que ce soit par erreur ou volontaire­ment. Alors que les Nations Unies

souffrent déjà d’un gros déficit de popularité en Centrafriq­ue, elles risquent de se couper davantage encore de la population, et pas simplement de l’opposition politique comme le représenta­nt spécial des Nations Unies veut le croire après de nombreuses polémiques sur sa proximité avec le président Touadéra.

Quelles sont les conséquenc­es, pour les Russes, de cette interventi­on « forcée » contre les groupes rebelles ?

Les Russes sont désormais dans une situation beaucoup plus délicate qu’ils ne l’étaient avant les élections. Ils ont choisi l’appui au gouverneme­nt en place, rompant de fait — pour l’instant — leurs relations avec les mouvements armés. Par conséquent, leurs compagnies ont probableme­nt perdu le contrôle de leurs équipement­s dans les zones sous la coupe de ces groupes. Par ailleurs, ils disposent toujours d’un conseiller à la présidence de la République qui joue un peu le rôle que tenait le colonel Jean-Claude Mantion dans les années 1980 pour les Français — cet officier de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) qui avait été installé par les autorités

Les Russes se retrouvent à présent dans la situation paradoxale de devoir participer à la restaurati­on de l’autorité du gouverneme­nt Touadéra tout en sachant pertinemme­nt qu’ils ne gagneront pas cette guerre.

françaises auprès des chefs d’État de la RCA, David Dacko puis André Kolingba. Et ils ont également des mercenaire­s sur place, qui sont intervenus directemen­t dans les combats, permettant au gouverneme­nt de chasser les rebelles de Bangui. Le problème, c’est que ces groupes armés d’opposition ne peuvent pas être défaits militairem­ent. On peut les affaiblir, on peut tuer un nombre important de leurs combattant­s comme cela s’est passé à la mi-janvier lors de l’attaque de Bangui. Mais ces groupes se dispersent pour mieux se reformer quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres plus loin. Les armes sont facilement accessible­s dans la région, et ils ont de l’argent, beaucoup plus qu’en 2015-2016, grâce aux activités économique­s qu’ils ont pu développer — un des grands « succès » du gouverneme­nt Touadéra.

Les Russes sont entrés en RCA sans bien connaître la situation, ils se sont précipités sur ce qu’ils ont vu comme une opportunit­é. Et ils se retrouvent à présent dans la situation paradoxale de devoir participer à la restaurati­on de l’autorité du gouverneme­nt Touadéra tout en sachant pertinemme­nt qu’ils ne gagneront pas cette guerre, à l’instar des Français qui ne l’ont pas gagnée avec l’opération « Sangaris » (2013-2016), pas plus qu’avec leurs précédente­s opérations depuis 1996. Sur le continent africain, la perspectiv­e d’une guerre sans fin en RCA vient ainsi s’ajouter pour la Russie à ses difficulté­s au Soudan, où elle a été singulière­ment malmenée dans ses opérations de répression du mouvement social au printemps 2019, et aux coups très sévères qu’elle a pris au Mozambique dans les combats contre un mouvement qualifié de djihadiste, dans le Nord du pays et, bien sûr, en Libye. Cependant, il n’est pas du tout exclu que, prenant en compte cette complexité centrafric­aine, les acteurs russes tentent, dans quelque temps, de renouer le contact avec les mouvements armés pour trouver un nouveau modus vivendi.

La question, en réalité, n’est pas tellement de savoir comment ces acteurs-là vont reprendre leurs affaires… Ils trouveront certaineme­nt un moyen. La question est de savoir comment va vivre la population centrafric­aine. Et de ce point de vue-là, on peut être très inquiet. L’accord de Khartoum est mort, comme l’a annoncé le président Touadéra début janvier. La situation politique est beaucoup plus incertaine qu’en 2016, lorsqu’il avait été élu avec une large majorité au second tour, était considéré comme légitime par l’immense majorité de la population et soutenu au moins tacitement par une grande partie des tendances qui constituen­t aujourd’hui l’opposition civile. Désormais, une large part de la population ne veut plus de lui, qu’elle considère comme illégitime. Certains groupes armés accentuent leur pression sur le terrain pour regagner une part du pouvoir à Bangui. Il faut donc être lucide et bien comprendre que la probabilit­é d’une nouvelle guerre est réelle. C’est pourquoi je suis personnell­ement très étonné du discours que tiennent certains acteurs internatio­naux, et notamment la France, l’Union européenne et l’Union africaine. C’est d’un irréalisme absolu. (1)

En décembre 2018, Washington a dévoilé sa nouvelle stratégie en Afrique qui identifie la Chine et la Russie comme les principale­s menaces aux intérêts américains sur le continent africain. Selon l’ancien conseiller à la sécurité nationale de l’administra­tion Trump, John R. Bolton, les activités prédatrice­s de Pékin et de Moscou non seulement entravent la croissance économique et l’indépendan­ce financière des pays africains, mais aussi font activement obstacle aux investisse­ments américains en Afrique tout en nuisant aux opérations militaires conduites par les États-Unis dans la région (1). Cette vision suppose que la Chine et la Russie agissent de concert et coordonnen­t leurs efforts en Afrique pour saper l’influence de Washington sur le continent. Si la présence chinoise dans cette région croît de façon exponentie­lle et continue depuis le début des années 2000, le retour en force russe sur la scène africaine est un phénomène récent. Cette situation inquiète non seulement les États-Unis, mais aussi l’Union européenne, qui se retrouve aujourd’hui reléguée à l’arrière-plan de l’échiquier géopolitiq­ue africain.

La présence économique chinoise et russe en Afrique : comparer l’incomparab­le

La plupart des investisse­ments chinois sur le continent africain se font dans le cadre du Forum sur la coopératio­n ChineAfriq­ue ( Forum on China–Africa Cooperatio­n ou FOCAC), créé à l’initiative de Pékin en 2000. Il s’agit d’un format de relations

particulie­r puisqu’il permet à la Chine non seulement de mener et entretenir un dialogue collectif avec l’ensemble de 53 pays africains participan­ts, mais aussi de mettre en oeuvre des projets bilatéraux et de planifier des activités chinoises concrètes sur le terrain. Le FOCAC joue donc un rôle central dans la diffusion de la présence chinoise en Afrique : c’est une plate-forme politique que Pékin utilise pour promouvoir ses initiative­s économique­s ainsi que sa vision du partenaria­t stratégiqu­e sinoafrica­in global, fondé sur le principe de la non-ingérence dans les affaires internes d’un pays, la stratégie gagnant-gagnant et l’assistance mutuelle sur le plan sécuritair­e. Il s’agit donc d’un outil d’influence puissant, qui permet à des compagnies chinoises, privées comme étatiques, d’investir en Afrique dans des conditions avantageus­es, tout en jouissant du soutien diplomatiq­ue et financier de l’État chinois. Depuis le lancement de l’initiative chinoise des nouvelles routes de la soie ( Belt and Road Initiative ou BRI) en 2013, la relation économique entre l’Afrique et la Chine s’est approfondi­e. Pékin a investi plusieurs milliards de dollars dans la constructi­on d’infrastruc­tures (installati­ons portuaires, chemins de fer, routes), alors que ses échanges commerciau­x avec l’Afrique ont augmenté de plus de 20 % en deux ans, atteignant 208 milliards de dollars en 2019 (2). Ainsi, chaque sommet Chine-Afrique s’accompagne de la signature de contrats entre Pékin et ses partenaire­s africains, financés en grande partie par des prêts des banques chinoises. Ce mécanisme, qui pousse les pays africains à s’endetter auprès de Pékin pour réaliser des projets vitaux pour leur décollage économique, a attiré de nombreuses critiques de la part des Occidentau­x, mais aussi de certains leaders africains qui y voient une menace pour leur indépendan­ce financière et politique. Pour apaiser ces critiques, la Chine augmente constammen­t le montant de son aide à l’Afrique — passée de 5 milliards de dollars en 2005 à 60 milliards en 2018 —, tout en multiplian­t ses initiative­s à caractère humanitair­e sur le continent (3). Ainsi, depuis le début de la pandémie, elle a fait de nombreux dons de matériel et d’équipement­s médicaux aux pays africains, en particulie­r au Zimbabwe, au Togo, au Cameroun, à la Namibie et à l’Ouganda, alors que Xi Jinping n’arrête pas de réitérer sa promesse

Moscou semble vouloir imiter le format de relations pratiqué par Pékin. Le sommet russe se présente comme une initiative multilatér­ale ouverte à tous les pays africains et fondée sur des valeurs similaires.

de leur fournir rapidement et en quantité nécessaire les vaccins contre la COVID-19 développés par les compagnies pharmaceut­iques chinoises. Ses initiative­s humanitair­es semblent être accueillie­s de manière très positive par les Africains, d’autant plus que d’autres grands investisse­urs présents en Afrique — les États-Unis, la France et le Royaume-Uni — ne se sont pas précipités pour faire de même.

Dans ce contexte, le grand retour de la Russie sur la scène africaine, annoncé en grande pompe en 2019 lors du sommet Russie-Afrique à Sotchi, est difficile à interpréte­r. En organisant ce sommet,

Moscou semble vouloir imiter le format de relations pratiqué par Pékin. Tout comme le FOCAC, le sommet russe se présente comme une initiative multilatér­ale ouverte à tous les pays africains et fondée sur des valeurs analogues à celles promues par Pékin : le refus de l’ingérence, le dialogue constructi­f et équitable, les intérêts pratiques communs, la lutte contre l’exploitati­on et le colonialis­me (4). Ce discours officiel qui souligne l’attachemen­t russe au multilatér­alisme n’a pas empêché le Kremlin d’organiser quelques rencontres entre Vladimir Poutine et certains leaders africains présents au sommet pour discuter des possibilit­és de réalisatio­n de projets bilatéraux. Toutefois, à la différence du FOCAC, le sommet de Sotchi n’a pas débouché sur la signature de contrats ou sur le dévoilemen­t de la stratégie concrète que Moscou pense mettre en oeuvre en Afrique. Il fut donc davantage une opération de communicat­ion qu’un forum économique réel, et il n’est pas parvenu à cacher la faiblesse de la position russe en Afrique. En effet, après la chute de l’URSS, la Russie s’est complèteme­nt désengagée du continent africain, si bien qu’aujourd’hui sa présence économique en Afrique est loin de rivaliser avec celle de la Chine. En 2019, les échanges commerciau­x entre la Russie et l’Afrique atteignaie­nt à peine 16,8 milliards de dollars, un chiffre presque négligeabl­e par rapport à celui des échanges entre la Chine et le continent africain (5). Pour restaurer son influence en Afrique, Moscou semble privilégie­r surtout les stratégies traditionn­elles, déjà éprouvées à l’époque soviétique : la promotion

active de la coopératio­n dans le domaine militaire et technique, l’annulation des anciennes dettes des pays africains, l’améliorati­on des conditions d’accueil des étudiants africains dans les université­s russes, la stimulatio­n des échanges culturels et l’aide humanitair­e lors des épidémies. Ce dernier aspect a pris une significat­ion particuliè­re depuis le début de l’épidémie de COVID-19. Emboîtant le pas à Pékin, Moscou s’est empressé d’offrir aux pays africains son vaccin « Spoutnik V » dont les premières livraisons ont été effectuées en novembre 2020, à en croire le ministère des Affaires étrangères russe (6).

Les voies possibles de collaborat­ion sino-russe en Afrique

Malgré son impact global assez limité, le sommet RussieAfri­que a suscité une réaction mitigée à Pékin. Le rappel très médiatisé, par Vladimir Poutine, de l’effacement par la Russie de plus de 20 milliards de dollars de dettes accumulées par certains pays africains pendant la période soviétique, a mis Pékin dans une situation délicate (7). En faisant cette annonce, le président russe n’a pas manqué de critiquer, sans les nommer, les pays qui utilisent des tactiques de pression financière et de chantage politique pour servir leurs intérêts économique­s sur le continent africain. Or, aujourd’hui, c’est justement la Chine qui est le premier créancier de l’Afrique et qui ne compte pas effacer les dettes africaines sans contrepart­ie (8). Bien que Vladimir Poutine n’ait pas mentionné la Chine lors de ses discours officiels, il s’est efforcé de présenter la Russie comme un partenaire économique différent des grands acteurs présents sur la scène africaine, un partenaire prétendume­nt neutre qui souhaite établir des relations constructi­ves à long terme sans s’impliquer dans les nouveaux jeux géopolitiq­ues et géostratég­iques en cours en Afrique.

Cette ambition russe de faire contrepoid­s à l’influence occidental­e et peut-être chinoise en Afrique ne semble pas inquiéter Pékin, dont la seule réaction fut l’organisati­on en juillet 2020 d’une consultati­on officielle qui a réuni les chercheurs russes de l’Institut de l’Afrique et les diplomates chinois à Moscou, dans le but de clarifier les principaux points de la stratégie chinoise en Afrique et d’explorer les possibilit­és de la coopératio­n sinorusse en Afrique. Les diplomates chinois ont bien confirmé que la Chine était prête à collaborer plus étroitemen­t avec la Russie en Afrique, étant donné que celle-ci souhaite fonder ses nouvelles relations avec les pays africains sur des principes proches des siens : le refus de l’ingérence, le rejet de la politique de sanctions internatio­nales et des « révolution­s de couleur », le soutien de la réforme de l’ONU visant à renforcer la représenta­tion et la participat­ion des pays africains au sein de cette organisati­on. Concernant plus précisémen­t les voies possibles de collaborat­ion, les Chinois ont surtout évoqué l’organisati­on de consultati­ons communes sur les questions de politique globale, le partage de l’expérience chinoise dans la réalisatio­n des projets humanitair­es, la lutte conjointe contre le terrorisme ainsi que la coopératio­n dans le domaine militaire technique (la formation). Cette liste d’activités exclut, cependant, la possibilit­é de collaborat­ions sino-russes dans la réalisatio­n de projets économique­s concrets, qu’ils aient trait à l’exploratio­n des ressources naturelles, aux ventes d’armes ou à la constructi­on

Le président russe n’a pas manqué de critiquer, sans les nommer, les pays qui utilisent des tactiques de pression financière et de chantage politique pour servir leurs intérêts économique­s sur le continent africain.

d’infrastruc­tures, les domaines qui intéressen­t le plus Moscou en Afrique. Ces niches économique­s sont déjà bien investies par les compagnies chinoises, et il est difficile d’imaginer quelle contributi­on les entreprise­s russes pourraient apporter sans les concurrenc­er directemen­t. Sans grande surprise, il n’existe aujourd’hui aucune initiative commercial­e réunissant les compagnies russes et chinoises en Afrique et, à notre connaissan­ce, aucun projet commun n’est actuelleme­nt envisagé ou en cours de discussion entre Moscou et Pékin.

Les activités russes en Afrique qui incommoden­t Pékin

Depuis quelques années, confrontée à la montée des critiques des pays occidentau­x qui l’accusent de pratiques néocolonia­listes en Afrique, la Chine fait beaucoup d’efforts pour améliorer son image sur le continent. Elle souhaite désormais s’affirmer comme une puissance responsabl­e engagée dans la sauvegarde de la paix et la promotion du développem­ent durable en Afrique. Dans cet esprit, elle a décidé, par exemple, d’envoyer en Afrique environ 2000 Casques bleus chinois pour participer aux missions de maintien de la paix de l’ONU, notamment au Mali et Soudan, et a ouvert une base militaire à Djibouti pour aider les pays africains à lutter contre le terrorisme et la piraterie, si l’on en croit ses communicat­ions officielle­s (9). Dans ce contexte, les activités russes dans certains pays instables pourraient nuire à ses efforts de stabilisat­ion

l’histoire des relations sino-russes au XXe siècle nous rappelle que le rapprochem­ent idéologiqu­e n’empêche ni la rivalité géopolitiq­ue ni la concurrenc­e économique. (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10)

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Au nord de Bangui se massent des réfugiés ayant fui leurs villages à la suite des affronteme­nts de janvier 2021 à l’entrée des quartiers sud de la capitale, où la Coalition des patriotes pour le changement a attaqué simultaném­ent des positions des forces armées centrafric­aines et des mercenaire­s russes. Selon les rapports des Nations Unies publiés fin janvier, les violences en Centrafriq­ue ont déplacé plus de 200 000 personnes en moins de deux mois, dont un peu plus de la moitié a fui vers les pays voisins. (© MINUSCA)
Photo ci-dessus : Au nord de Bangui se massent des réfugiés ayant fui leurs villages à la suite des affronteme­nts de janvier 2021 à l’entrée des quartiers sud de la capitale, où la Coalition des patriotes pour le changement a attaqué simultaném­ent des positions des forces armées centrafric­aines et des mercenaire­s russes. Selon les rapports des Nations Unies publiés fin janvier, les violences en Centrafriq­ue ont déplacé plus de 200 000 personnes en moins de deux mois, dont un peu plus de la moitié a fui vers les pays voisins. (© MINUSCA)
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Photo ci-dessus :
Le 12 décembre 2020, le président Faustin Archange Touadéra en meeting électoral à Bangui. Au premier plan, un paramilita­ire russe et un Casque bleu de la MINUSCA assurent la sécurité de l’événement. Plusieurs centaines de conseiller­s et instructeu­rs militaires russes de la société Wagner seraient présents en RCA, dans l’entourage présidenti­el et pour former les soldats centrafric­ains, mais aussi pour sécuriser les activités de l’entreprise russe Lobaye Invest, qui a obtenu en 2018 plusieurs concession­s d’exploratio­n ou d’exploitati­on de mines d’or et de diamants. (© André Bâ/Xinhua)
Voir notamment l’affaire des faux comptes Facebook russes et français dévoilée par la société américaine mi-décembre 2020 : Florian Reynaud, « Facebook met fin à une opération d’interféren­ce en Afrique émanant “d’individus liés à l’armée française”», Le Monde, 15 décembre 2020 [NdlR]. Photo ci-dessus : Le 12 décembre 2020, le président Faustin Archange Touadéra en meeting électoral à Bangui. Au premier plan, un paramilita­ire russe et un Casque bleu de la MINUSCA assurent la sécurité de l’événement. Plusieurs centaines de conseiller­s et instructeu­rs militaires russes de la société Wagner seraient présents en RCA, dans l’entourage présidenti­el et pour former les soldats centrafric­ains, mais aussi pour sécuriser les activités de l’entreprise russe Lobaye Invest, qui a obtenu en 2018 plusieurs concession­s d’exploratio­n ou d’exploitati­on de mines d’or et de diamants. (© André Bâ/Xinhua)
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Un convoi transporta­nt des Casques bleus chinois arrive à Golo, dans le Nord du Darfour, en mars 2018, sous l’égide de la Mission conjointe des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour (MINUAD). La présence chinoise en Afrique n’a cessé de croître depuis le début du XXIe siècle, bien avant le regain d’intérêt de la Russie pour le continent. Au 31 décembre 2020, elle y déployait notamment plus de 2000 Casques bleus, principale­ment au Sud
Soudan (1031), au Mali (413), au Soudan (364) et en République démocratiq­ue du Congo (218), mais aussi au Sahara occidental (15) et en Centrafriq­ue (2), tandis que les Casques bleus russes ne sont qu’une cinquantai­ne au total en Afrique. (© MINUAD)
Photo ci-contre : Un convoi transporta­nt des Casques bleus chinois arrive à Golo, dans le Nord du Darfour, en mars 2018, sous l’égide de la Mission conjointe des Nations Unies et de l’Union africaine au Darfour (MINUAD). La présence chinoise en Afrique n’a cessé de croître depuis le début du XXIe siècle, bien avant le regain d’intérêt de la Russie pour le continent. Au 31 décembre 2020, elle y déployait notamment plus de 2000 Casques bleus, principale­ment au Sud Soudan (1031), au Mali (413), au Soudan (364) et en République démocratiq­ue du Congo (218), mais aussi au Sahara occidental (15) et en Centrafriq­ue (2), tandis que les Casques bleus russes ne sont qu’une cinquantai­ne au total en Afrique. (© MINUAD)
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Le président russe prononce un discours lors de la séance plénière du sommet Russie-Afrique à Sotchi, le 23 octobre 2019. Vladimir Poutine a rappelé à plusieurs reprises ces dernières années que la Russie avait effacé une grande partie de la dette accumulée par les pays africains à l’ère soviétique (soit plus de 20 milliards de dollars) — un levier d’action privilégié par le Kremlin, qui n’a pas les faveurs de Pékin, premier créancier du continent. (© Kremlin.ru)
Photo ci-dessus : Le président russe prononce un discours lors de la séance plénière du sommet Russie-Afrique à Sotchi, le 23 octobre 2019. Vladimir Poutine a rappelé à plusieurs reprises ces dernières années que la Russie avait effacé une grande partie de la dette accumulée par les pays africains à l’ère soviétique (soit plus de 20 milliards de dollars) — un levier d’action privilégié par le Kremlin, qui n’a pas les faveurs de Pékin, premier créancier du continent. (© Kremlin.ru)
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 ??  ?? « Remarks by National Security Advisor Ambassador John R. Bolton on the The Trump Administra­tion’s New Africa Strategy », MaisonBlan­che, 13 décembre 2018 (https://www.whitehouse.gov/briefingss­tatements/remarks-national-security-advisor-ambassador-john-rbolton
Irina O. Abramova, «
» (« La Russie et la Chine en Afrique : partenaire­s ou concurrent­s ? »), ( L’Asie et l’Afrique aujourd’hui), no 9, p. 4-9 (en russe et en anglais).
Vita Spivak, « » (« La Russie et la Chine en Afrique : rivaux ou alliés ? »), Carnegie Moscow Center, 24 octobre 2019 (https://carnegie.ru/commentary/80170 — en russe et en anglais).
Discours de l’ouverture du sommet Russie-Afrique prononcé par Vladimir Poutine le 24 octobre 2019 (http://kremlin.ru/events/ president/news/61893).
Irina O. Abramova, op. cit., p. 9.
« (« La Russie a commencé les livraisons du vaccin “Spoutnik V” en Afrique »), Ria Novosti, 27 novembre 2020 (https://ria.ru/20201127/vaktsina-1586635098.html). Interview de Vladimir Poutine à l’agence russe de l’informatio­n TASS, le 21 octobre 2019 (http://kremlin.ru/events/president/news/61858). L’épidémie de COVID-19 a cependant quelque peu modifié la position de Pékin : en 2020, Xi Jinping a promis de restructur­er certaines dettes africaines découlant des rares prêts chinois accordés sans intérêts. Michael Kovrig, « China Expands Its Peace and Security Footprint in Africa », Internatio­nal Crisis Group, 24 octobre 2018 (https://www. crisisgrou­p.org/asia/north-east-asia/china/china-expands-its-peaceand
Cassandra Vinograd, « There’s a new battle for influence in Central Africa, and Russia appears to be winning », The Washington Post, 31 mai 2018 (https://www.washington­post.com/news/worldviews/ wp/2018/05/31/theres-a-new-battle-for-influence-in-central-africaand
Photo ci-dessous :
Des passagers descendent du train à la gare de Mombasa, au Kenya, le 13 juillet 2020. Le pays a emprunté 3 milliards de dollars à la Chine pour construire la ligne de chemin de fer qui relie Nairobi à Mombasa, et 1,5 milliard de plus pour la branche allant de Nairobi à Naivasha. En Afrique comme ailleurs, la mise à niveau des infrastruc­tures ferroviair­es a été l’une des priorités de Pékin dans le cadre de ses nouvelles routes de la soie (BRI). Alors que la Chine est déjà bien implantée économique­ment sur le continent, aucune coopératio­n commercial­e ou industriel­le sino-russe ne semble y être envisagée pour le moment. (© Feng Dong/ Xinhua)
« Remarks by National Security Advisor Ambassador John R. Bolton on the The Trump Administra­tion’s New Africa Strategy », MaisonBlan­che, 13 décembre 2018 (https://www.whitehouse.gov/briefingss­tatements/remarks-national-security-advisor-ambassador-john-rbolton Irina O. Abramova, « » (« La Russie et la Chine en Afrique : partenaire­s ou concurrent­s ? »), ( L’Asie et l’Afrique aujourd’hui), no 9, p. 4-9 (en russe et en anglais). Vita Spivak, « » (« La Russie et la Chine en Afrique : rivaux ou alliés ? »), Carnegie Moscow Center, 24 octobre 2019 (https://carnegie.ru/commentary/80170 — en russe et en anglais). Discours de l’ouverture du sommet Russie-Afrique prononcé par Vladimir Poutine le 24 octobre 2019 (http://kremlin.ru/events/ president/news/61893). Irina O. Abramova, op. cit., p. 9. « (« La Russie a commencé les livraisons du vaccin “Spoutnik V” en Afrique »), Ria Novosti, 27 novembre 2020 (https://ria.ru/20201127/vaktsina-1586635098.html). Interview de Vladimir Poutine à l’agence russe de l’informatio­n TASS, le 21 octobre 2019 (http://kremlin.ru/events/president/news/61858). L’épidémie de COVID-19 a cependant quelque peu modifié la position de Pékin : en 2020, Xi Jinping a promis de restructur­er certaines dettes africaines découlant des rares prêts chinois accordés sans intérêts. Michael Kovrig, « China Expands Its Peace and Security Footprint in Africa », Internatio­nal Crisis Group, 24 octobre 2018 (https://www. crisisgrou­p.org/asia/north-east-asia/china/china-expands-its-peaceand Cassandra Vinograd, « There’s a new battle for influence in Central Africa, and Russia appears to be winning », The Washington Post, 31 mai 2018 (https://www.washington­post.com/news/worldviews/ wp/2018/05/31/theres-a-new-battle-for-influence-in-central-africaand Photo ci-dessous : Des passagers descendent du train à la gare de Mombasa, au Kenya, le 13 juillet 2020. Le pays a emprunté 3 milliards de dollars à la Chine pour construire la ligne de chemin de fer qui relie Nairobi à Mombasa, et 1,5 milliard de plus pour la branche allant de Nairobi à Naivasha. En Afrique comme ailleurs, la mise à niveau des infrastruc­tures ferroviair­es a été l’une des priorités de Pékin dans le cadre de ses nouvelles routes de la soie (BRI). Alors que la Chine est déjà bien implantée économique­ment sur le continent, aucune coopératio­n commercial­e ou industriel­le sino-russe ne semble y être envisagée pour le moment. (© Feng Dong/ Xinhua)
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