Arpenter le monde. Mémoires d’un géographe politique

Michel Foucher, Paris, Robert Laffont, février 2021, 336 p.

L’un des plus grands géographes français, Michel Foucher, fait ici le récit de plus d’un demi-siècle de voyages — l’ayant conduit dans cent vingt-cinq pays, soit deux tiers des États membres des Nations unies — et des enseignements qu’il en a tirés. Chercheur, cartographe, consultant et diplomate, analyste et témoin au service d’une géographie active et engagée, il croit en cette idée qu’arpenter le monde permet de le penser. Selon lui, la mise en carte n’est possible qu’en côtoyant le réel. Se définissant lui-même comme un « enfant de la frontière », Michel Foucher nous fait part de ses réflexions dans ce véritable voyage initiatique. Après une longue carrière, le temps était venu pour lui de procéder à ce que les officiers de l’armée de terre nomment un « retour d’expérience » — analyse sans concession de ses succès et de ses échecs. Cet ouvrage est aussi l’occasion de rendre hommage à cette discipline qu’il considère comme essentielle, mais dont le sens et la méthode sont selon lui menacés. « Géographier » représente un intérêt intellectuel et une efficacité pratique, car, l’auteur en est convaincu : il est souvent possible d’anticiper les tensions si l’on donne aux représentations spatiales leur juste place dans l’imaginaire des peuples et des acteurs publics. Il considère ainsi la géographie comme un art, un art politique. C’est « l’art de sortir de soi et d’avancer vers l’horizon ».