– BIBLIOGRAPHIE Dernières parutions sur les frontières
Geoimage.cnes.fr
Le Centre national d’études spatiales (CNES), en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a développé le site GéoImage avec pour objectif de former les étudiants, les enseignants et leurs élèves à l’utilisation des images satellites, devenues incontournables dans de nombreuses pratiques tant professionnelles que personnelles. Il propose ainsi un grand nombre de sujets (classés par zone géographique, par thème ou par concours dont ils sont au programme) traités à partir d’images acquises avec les satellites Pléiades, Spot, Sentinel et Venus, accompagnées d’un dossier scientifique élaboré en collaboration avec des enseignants du secondaire et du supérieur, experts du domaine concerné. Parmi les dossiers proposés, celui sur les frontières est particulièrement fourni. Il faut dire que l’objet, au rôle primordial dans l’organisation de l’espace, s’y prête particulièrement. Ses formes (lignes, aires, points, réseaux), ses épaisseurs (du tracé linéaire au front), ses fonctions (politique, sociale, culturelle, etc.) et ses contextes géopolitiques et géostratégiques très divers et très différents ressortent tout particulièrement, vus du ciel.
L’Atlas des frontières. Murs, migrations, conflits
Delphine Papin et Bruno Tertrais (cartographe Xemartin Laborde), Paris, Les Arènes, mars 2021 (nouvelle édition), 176 p.
Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, et Delphine
Papin, directrice du service cartographie du Monde, proposent une nouvelle édition revue et augmentée de leur atlas, qui avait reçu le prix de la Société de géographie. Les cinq parties de l’ouvrage abordent successivement les héritages frontaliers, les frontières maritimes, les murs et migrations, les frontières particulières (enclaves et autres bizarreries géographiques créées par les hommes) et les frontières contestées (tour du monde des conflits). Parmi les ajouts : des pages consacrées aux conflits maritimes, notamment dans le Grand Nord, ou en Méditerranée orientale. Associant les qualités du beau livre et celles de l’ouvrage de référence, cet atlas offre ainsi un panorama complet sur ce sujet des « frontières », dont l’actualité ne cesse de se renouveler.
L’obsession du mur. Politique de militarisation des frontières en Israël et aux États-Unis
Damien Simonneau, Bruxelles, Peter Lang, octobre 2020, 422 p.
Damien Simonneau, chercheur à l’Institut Convergences Migrations du Collège de France à Paris, nous invite ici à réfléchir sur la militarisation contemporaine des frontières. Souhaitant dépasser la thèse (notamment défendue par W. Brown) selon laquelle les murs frontaliers seraient le produit du déclin de la souveraineté étatique dans le monde globalisé, il effectue une étude ethnographique du monde des États-uniens et des Israéliens « pro-murs », révélant les processus et interactions de ce qu’il estime être un « spectacle » destiné à orienter les politiques vers un traitement uniquement militaire des mobilités frontalières, au détriment d’autres approches (humanitaire, juridique ou économique).
Les frontières revisitées : Héritage, fragmentation, recomposition, hiérarchies
Jean-Paul Chagnollaud et Xavier Richet, Paris, L’Harmattan, février 2020, 222 p.
Elles sont terrestres, maritimes, imposées, imaginées, perméables, immatérielles…
Pour comprendre la pluralité des frontières, Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO), spécialiste du conflit israélo-palestinien, et Xavier Richet, professeur à la Sorbonne Nouvelle, chaire Jean-Monnet, proposent une réflexion sur l’hétérogénéité des frontières actuelles dans un va-et-vient entre leur impact au niveau global et au niveau régional. L’ouvrage aborde également la thématique sous les prismes historique, géopolitique, juridique et économique afin d’étudier des frontières au Moyen-Orient et au Maghreb, en Afrique subsaharienne, en Europe, en Eurasie et en Amérique centrale.
Les frontières au-delà des cartes : sécurité, migration, mondialisation
Daniel Meier, Paris, Paris, Le Cavalier Bleu, septembre 2020, 160 p. Géopolitique des frontières. Découper la terre, imposer une vision du monde
Anne-Laure Amilhat Szary, Paris, Le Cavalier Bleu, novembre 2020, 216 p.
Aux éditions du Cavalier Bleu, ces deux auteurs spécialistes des « border studies » liés au laboratoire de sciences sociales Pacte (CNRS/Université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble) proposent, pour le premier, de déconstruire quelques « idées reçues » sur les frontières (par exemple : « La Méditerranée fonctionne comme une frontière entre le Nord et le Sud »), et, pour la seconde, de penser les frontières du monde contemporain comme des objets mobiles, afin de sortir d’une lecture trop européocentrée du phénomène et de prendre en compte l’instabilité du concept. (Pour une présentation plus détaillée, voir Diplomatie, no 107, janvier-février 2021, p. 97)
Des murs entre les hommes
Alexandra Novosseloff et Frank Neisse, Paris, La Documentation Française, janvier 2015, 272 p. Des ponts entre les hommes
Alexandra Novosseloff, Paris, CNRS éditions/ Presses des Ponts, octobre 2017, 312 p.
Dans le premier ouvrage, Alexandra Novosseloff, photographe et politologue spécialiste du maintien de la paix et de la gestion des crises internationales, et Frank Neisse, artiste et photographe, proposent un magnifique hybride entre reportage photographique et essai sur les tensions internationales, entraînant le lecteur à la découverte de huit barrières frontalières, aux quatre coins du monde. En découlent une analyse des conflits qu’elles traduisent, mais aussi une description des vies qui s’y jouent, de la Corée au Mexique en passant par Chypre, la Palestine ou encore le Sahara occidental. Au terme de ce carnet de voyage géopolitique, ce sont finalement les murs qui s’élèvent « dans les têtes » que les auteurs donnent à voir et à comprendre.
De la même façon, A. Novosseloff s’est ensuite intéressée, pour le second ouvrage, à neuf ponts, tous situés en zones de post-conflit ou de crise (Chine-Corée du Nord, Géorgie-Abkhazie, Palestine-Israël…) et qui, comme la frontière qu’ils franchissent, peuvent aussi bien séparer qu’unir. Malgré l’ouverture que les ponts symbolisent à première vue, l’étude historique et de terrain menée sur ces lieux paradoxaux invite à s’interroger sur les conditions nécessaires pour qu’ils permettent réellement de passer au-dessus des « murs dans la tête ».
Borders and Border Walls. In-Security, Symbolism, Vulnerabilities (en anglais)
Andréanne Bissonnette et Élisabeth Vallet (dir.), Montréal, Routledge, septembre 2020, 228 p.
Andréanne Bissonnette, chargée de recherche à la chaire RaoulDandurand de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et Élisabeth Vallet, directrice du Centre d’études géopolitiques Raoul-Dandurand de l’UQAM, ont réuni des chercheurs en géographie, sciences politiques pour examiner les diverses fonctions des frontières internationales. L’ouvrage explore la façon dont les frontières internationales sont devenues des lignes de division qui renforcent l’identité nationale, influencent les dynamiques nationales et régionales et transforment les migrants en menace à surveiller. Offrant un aperçu multidisciplinaire sur le phénomène croissant des barrières frontalières, ce livre intéressera les étudiants en études européennes, en relations internationales, en géographie politique et en études régionales.
Le retour des frontières
Michel Foucher, Paris, CNRS éditions, juin 2020, 64 p. Frontières d’Afrique. Pour en finir avec un mythe
Michel Foucher, Paris, CNRS éditions, août 2020, 64 p. Les Frontières
Michel Foucher, La Documentation photographique, no 8133, février 2020
Dans la collection « Débats » des éditions du CNRS, Michel Foucher, géographe et diplomate, penseur de la frontière, s’attaque à deux idées reçues. Dans le premier, il bat en brèche l’idée d’un « retour des frontières » qui serait dû à la pandémie de COVID-19, rappelant dans son introduction que « la réaffirmation des frontières, dans les faits et les consciences » a commencé bien avant et nous invitant surtout à relativiser l’effacement des frontières prétendument induit par la mondialisation. Une idée qu’il développe en étudiant à la fois la manifestation de ces frontières (regain de souveraineté des États, « murs ») et leur contestation ainsi que la prolifération d’États faillis (incapables de garantir ces frontières).
Dans le second ouvrage, il entend en finir avec « le mythe des cicatrices coloniales responsables de tous les maux » en démontrant que les frontières africaines, quoiqu’elles aient été tracées artificiellement depuis l’Europe, ont été adoptées et reconnues par les pays africains et ne sont plus responsables en tant que telles des conflits actuels sur le continent. En ressort une photographie bien réelle des frontières africaines aujourd’hui.
À noter qu’il a également coordonné un numéro de La Documentation photographique consacré au thème des frontières, riche de nombreuses photos et cartes en couleurs, qui aborde la question en trois parties : « L’invention des frontières », « Attachement et dépassement »,
« Obsession et rejet », avec un attachement à une vision de terrain de ce que sont ces « zones frontières » en perpétuelle construction.