Les Vikings, découvreurs de l’Amérique
Si les débuts de l’ère chrétienne sont encore prétextes à organiser de nombreuses expéditions lointaines, l’époque médiévale va geler toute ambition d’exploration, voire même plonger le monde occidental dans les ténèbres de la connaissance. C’est depuis l’Orient et l’Extrême-Orient que vont d’ailleurs se déployer jusqu’au XIVe siècle les campagnes d’exploration les plus audacieuses. Seules exceptions notoires : les conquêtes des Vikings jusqu’en Amérique (voir carte ci-dessous). Dès la fin du VIIIe siècle surgissent, en effet, de hardis navigateurs et de vaillants guerriers de Scandinavie qui vont déferler sur toute l’Europe. Attirés par les richesses des villes et des monastères des royaumes anglo-saxon et franc voisins, ils vont d’abord se livrer à tous les pillages et à toutes les exactions possibles. Grâce à leurs bateaux — les langskips, maniables et rapides pour remonter les fleuves, et les knarrs, plus robustes et adaptés pour naviguer en haute mer — ils ne tardent pas à fréquenter, dès le IXe siècle, des latitudes boréales jugées alors hostiles. Vers 860, ils conquièrent l’Islande (une « terre de glaces »), avant de découvrir vers 980 le Groenland, une « terre verte » si mal baptisée (mais à dessein) par leur chef Erik le Rouge. Vingt ans plus tard, c’est probablement son fils, Leif Erikson, qui aurait été le premier Européen à poser le pied sur le continent américain, découvrant vers l’an 1000 une « terre de pierres plates », l’Helluland (l’île d’Ellesmere, probablement), puis une « terre des arbres », le Markland (sans doute le Labrador), tandis que ses successeurs occuperont bientôt une « terre de pâturage », le Vinland (Terre-Neuve) (1). Des découvertes longtemps ignorées de tous, mais faisant date puisqu’elles précèdent de 500 ans celle, « officielle », de l’Amérique par Christophe Colomb !
(1) Voir la « Notice sur les sagas du Vinland », in Régis Boyer, Sagas islandaises (éditions La
Pléiade, 1987).