Doolittle

DANIELLE MEITIV, MAMAN FREE RANGE

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“On pensait que notre fils allait rencontrer d'autres enfants et jouer avec eux, mais il n'a jamais croisé personne. À part des adultes qui promenaien­t leur chien...”

cas où. Les deux enfants ont en fait appris à marcher seuls dans la rue comme ils avaient appris avant ça à manger avec une cuillère, puis à lacer leurs chaussures, explique leur mère. Et à ceux qui s'inquiètent de le voir seul avec sa petite soeur traverser Georgia Avenue, cette grande artère très passante située à moins de deux blocs de leur maison, Rafi explique qu'il a inventé une technique bien à lui pour ne prendre aucun risque : attendre qu'un adulte se lance en premier, coller cet inconnu au train le plus près possible et marcher ensuite dans ses pas. Parce que “s'il y a quelqu'un de grand, les voitures le voient ”, a simplement calculé Rafi. Quand on leur demande s'ils continuent à s'inquiéter quand leur progénitur­e est dehors sans surveillan­ce, tous ces parents “free range” s'exclament en riant : “Of course !” “C'est comme quand je vois mon fils de quatre ans grimper à un arbre, explique Russell Max Simon. Je m'inquiète évidemment, je veux éviter qu'il se fasse mal, mais je ne veux pas le surprotége­r. Pour moi, c'est même la pire chose à faire.” “Si vous pensez que je me fiche de la sécurité, vous avez tout faux”, enchaîne Lenore Skenazy. “Mais je suis contre cette idée que s'ils sont constammen­t surveillés, si on leur donne un téléphone ou qu'on leur colle un GPS, on n'aura plus jamais à s'inquiéter. Désolé, ça ne marche pas comme ça”, insiste-t-elle. Dans sa ligne de mire, une autre catégorie de parents américains, philosophi­quement opposés aux “free range” : les parents “hélicoptèr­es”. Eux tirent leur nom de cette impression qu'ils donnent d'être en vol stationnai­re au-dessus de la tête de leur progénitur­e afin de la surveiller en permanence…

Parents free range vs parents hélicoptèr­es

Votre fils a quatre matchs de football par semaine ? Si vous êtes une mère “hélicoptèr­e”, vous devez être présente, à chaque instant, assise dans les tribunes, pour le supporter. Stéphanie Kamaruzzam­an, une Française qui anime un groupe d'entraide entre parents à Washington, se souvient d'une amie qui défendait ce choix d'être une mère “hélicoptèr­e” :“Elle disait qu'elle s'était ennuyée dans sa propre enfance et qu'elle ne voulait priver ses enfants de rien. Du coup, ils avaient un emploi du temps de ministre. Ils avaient des occupation­s sans arrêt. Mais au final, cela fait des enfants qui ne savent pas jouer sans un adulte, qui sont perdus dès qu'ils sont tout seuls. Et quand ils arrivent à l'université, on doit même donner des cours aux parents pour qu'ils apprennent à vivre seuls à leur tour !” Avec ses trois enfants, Stéphanie Kamaruzzam­an n'est ni “hélicoptèr­e” ni pour autant “free range”.

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