LA MAMAN DE L’UNE DES VICTIMES
Les habitants d'El Carmen de Bolívar n'oublieront pas de sitôt cette angoissante fin d'été 2014. Il y a un an et demi, dans cette petite ville de l'extrême Nord de la Colombie se déroule, sur une durée de quelques jours, un bien étrange et inquiétant ballet : des centaines de jeunes filles évanouies, amenées, comme des poupées désarticulées, dans les bras de leurs pères paniqués, au modeste hôpital local de Notre-Dame. Elles souffrent toutes du même mal énigmatique. Les télévisions et journalistes du pays accourent. Les médecins de l'hôpital, circonspects, orientent les recherches et diagnostics des équipes sur d'éventuelles hypoglycémies ou des traces de drogue. En vain, les résultats sont négatifs. Et le mystère de ces urgences généralisées reste entier. Mais les familles inquiètes établissent bien vite un point commun entre ces centaines d'adolescentes scolarisées dans différents établissements de la ville : elles viennent de subir, pour la deuxième fois, une injection à l'école. Le nom du médicament injecté ? Le Gardasil, un vaccin commercialisé depuis 2006 par le laboratoire Sanofi- Pasteur, associé à Merck, et qui prévient le cancer du col de l'utérus. Avant la première vaccination, six mois plus tôt, les familles n'en avaient jamais entendu parler, comme le confirme Zamira Penaloza, la mère de l'une de ces adolescentes. “Ma fille a reçu son injection sans que je donne mon accord. J’ai été mise devant le fait accompli quand elle est rentrée à la maison”, confirme-t-elle. Trente minutes après cette première injection, Maria, 13 ans, tombe dans les pommes. Elle ressent des douleurs dans la poitrine, commence à ne plus sentir ses jambes, à avoir du mal à respirer. Son état empire, et elle doit se rendre à l'hôpital de San José, à Bogota, pour des examens toxicologiques. À Maria Andres, 16 ans, qui se plaint rapidement de douleurs aux bras et aux jambes, l'école déclare seulement que les vaccins, pas assez froids, se sont altérés. Mais aux yeux de Yufrieda, sa mère, “c’est juste une façon de faire croire que ce qui s’est passé
“Ma fille a reçu son injection sans que je donne mon accord. J'ai été mise devant le fait accompli quand elle est rentrée à la maison.”