Les vraies vacances d’Elisa
Pour de vrai, sans invitation, sans guide, loin des voyages programmés. À l’aventure. Direction ? Bucarest en Roumanie. Et la Transylvanie, terre de Dracula. Voici les vraies vacances d’Élisa, du blog Et Dieu Créa.
texte & photos Élisa Gallois sur une idée originale d'Elisa & Doolittle
- Bucarest Ah mais oui, je connais, c’est en Hongrie… tu vas adorer, j’ai entendu dire que c’était magnifique. - Non, Bucarest en Roumanie. En Roumanie ! Mais pour quoi faire ? Les vacances, ça sert à rêver un peu, non ?! Je souris bravement. Légèrement inquiète aussi. Le lendemain, il fait encore nuit au moment de prendre la direction de l’aéroport. Je ne connais rien du pays où nous allons, si ce n’est cette foule d’a priori que tout le monde brasse lorsque j’annonce ma destination de vacances, choisie à la dernière minute. J’ai pourtant bien essayé de chercher des articles sur internet, mais je n’ai rien trouvé à propos de ce pays. Rien d’enthousiasmant en tout cas. Trois heures plus tard, nous atterrissons. Je n’ai pas une liste de bonnes adresses, je sais juste que je veux découvrir la ville, puis m’échapper avec les filles, pour la Transylvanie. À peine mon téléphone rallumé, un SMS rassurant de ma mère : “Fais attention aux voleurs et aux chiens errants”… Sur le Routard, j’ai noté les tarifs pour un taxi depuis l’aéroport, on y explique qu’en effet les arnaques sont courantes et que personne ne parle anglais. J’avance donc avec ma valise et mes deux filles en commençant à me demander quelle idée saugrenue j’ai encore eue.
Le charme de Bucarest
Le taxi s’appelle Monsieur Constantin, il parle beaucoup, en français, et nous guide à travers “le petit Paris des Balkans”. Sous ses consignes, je regarde par la fenêtre la place Charles de Gaulle, la Gare du Nord, l’Arc de Triomphe… Ou ce qui y ressemble vaguement. Objectivement, tout est moche. Je ne vois que de grandes avenues et des immeubles de l’époque communiste complètement décrépis. J’en rajoute devant les filles en usant des “oh” et des “ah”, me disant que l’enthousiasme de l’enfance fera le reste. Intérieurement, je calcule déjà. Au pire, on mangera des glaces tous les jours et elles passeront de belles vacances malgré tout. Puis, au détour d’une rue, nous voilà dans la vieille ville. Les maisons, bien qu’abandonnées, deviennent tout à coup superbes. La végétation crève les trottoirs, et les graffs s’invitent partout, je commence à trouver tout cela beaucoup plus joli. Loin de chercher à m’arnaquer, Monsieur
Constantin monte mes bagages, me donne sa carte et me réclame 40 lei, soit l’équivalent de 8 euros pour un trajet de 30 minutes. Convenable, l’arnaque. L’immeuble qui nous accueille est décrépi, mais bourré de charme. Alors que nous grimpons les escaliers avec les filles, chaque porte de l’immeuble s’ouvre sur notre passage, les gens nous dévisagent avant de nous souhaiter la bienvenue. L’appartement, lui, est splendide, très joliment décoré, et pour 50 euros par nuit, je commence à me sentir très bien ici. Demain, nous partons sur les routes pour la Transylvanie, mais cet après-midi, je veux un aperçu de la ville. Et puis les filles meurent de faim. Nos pas nous mènent à Lipscani, la plus vieille rue piétonne de la ville. L’atmosphère rappelle Berlin : de vieux immeubles abandonnés recouverts de graffs jouxtent des cafés branchés et des clubs. Les rues environnantes sont toutes piétonnes et les terrasses s’étalent sur les pavés. J’ai envie de prendre mille photos. Nous dînons pour 3 euros par personne dans un très joli bar à vin où l’accueil est remarquable. Étonnamment, rien ne ressemble à ce que l’on m’avait annoncé : tout le monde parle anglais et pas la moindre trace d’arnaque à l’horizon. Ni de chien errant. Sur le retour, je croise des groupes en bas de chaque immeuble : ici, quand il fait chaud, on descend sa chaise pour discuter avec son voisin dans la rue, pendant que tout le monde partage des gâteaux. Les sourires sont doux, tout cela sent bon les soirs d’été. Deux heures plus tard, j’ai passé ma soirée à tout lire sur un départ pour la Transylvanie : ce sera demain matin. Je veux faire un maximum de choses avec les filles, mais être rentrée pour Bucarest à la nuit ou le lendemain matin. Nous pouvons partir en train, en voiture de location ou avec un circuit touristique. Le train me paraît être une excellente option, surtout avec des billets qui coûtent 2 euros, mais ma voisine m’explique que sa lenteur risque de ne pas me mener bien loin pour une journée, et qu’ensuite, je devrai attendre un taxi, sans certitude d’en trouver un pour le retour. Les routes sont apparemment peu sûres et je n’ai aucune envie de faire le voyage dans un car de