Line Jansrud
“Nous montrons le clitoris et le gland et nous expliquons aux enfants que le corps a différentes façons de se préparer à la conception.”
Une jeune femme qui palpe un pénis en gros plan à la télé ? En France, la séquence serait interdite avant minuit et aux moins de 18 ans. En Norvège, elle fait l’objet d’un programme éducatif à part entière. En l’occurrence, la manipulatrice s’appelle Line Jansrud. AnimatriceA de l’émission scientifique Newton sur la chaîne NRK, cette trentenaire diplômée de médecine y fait découvrir les mystères de la sexualité aux enfants de 8 à 13 ans. De la première érection nocturne à l’arrivée des poils, Line répond à toutes les questions que les parents n’ont pas envie d’entendre. Et lorsqu’elle n’a pas de cobaye dénudé sous la main, elle fait évidemment appel à des accessoires. Un aspirateur sert donc à expliquer le principe du suçon, de la mousse absorbante trempée dans une bassine de peinture rouge celui des menstruations, et une pomme devient une partenaire de french kiss. Équivalent sexo de C’est pas Sorcier ! avec moins de camions et plus de testicules, le segment Pubertet ne se contente pas de fasciner les petits Scandinaves. Il engrange, depuis la publication de ses premiers épisodes en 2015, des millions de vues sur Internet. Peut-être parce que, comme l’expliquait Line la même année, “Pubertet est une bonne alternative à l’ignorance. Nous sommes un complément factuel à toutes les autres choses auxquelles les enfants ont accès sur Internet”. Mais loin des cours de SVT et de leurs coupes transversales d’ovaires, le programme doit surtout son succès à sa volonté de remettre du sexe dans la sexualité : “Il est important de communiquer sur le fait que cela devrait être une expérience volontaire et positive pour les deux parties. C’est pourquoi nous parlons aussi de désir sexuel dans cette émission. Nous montrons le clitoris et le gland, et nous expliquons que le corps a différentes façons de se préparer à la conception.” Ou comme le disait autrement son producteur quand on lui parlait de limite d’âge : “Pubertet ne fait de mal à personne, au contraire.”