Doolittle

Les frais d’Elisa pour 2 nuits sur place à trois

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256 euros

par personne de vol sur Air France

53 euros

de d’Airbnb

143 euros

de nourriture

20 euros

de pourboire (la coutume est de laisser 10 % du coût)

108 euros

de taxi (Monsieur Constantin vous attend au 00-4-722-204-636)

3 euros

de cierges (encore désolée !!) = 975 €

touristes. Je touche la carte de Monsieur Constantin dans mon sac et me décide à l’appeler. Je négocie avec lui, une journée de trajets en Transylvan­ie sur les routes de montagne, en nous arrêtant dans tous les beaux endroits de la région autour de Bucarest. Nous verrons si nous dormons sur place…

Sur la route

Le lendemain matin aux aurores, Monsieur Constantin est là, il s’est fait tout beau, a décroché l’enseigne taxi de sa Dacia jaune et m’explique qu’il est absolument ravi de sa journée avec les trois plus jolies filles de Paris. Je souris en rappelant subtilemen­t à Monsieur Constantin que je suis mariée, le voyage peut commencer. Sur la route, je me réjouis d’avoir pris un chauffeur : en effet, les poids lourds se succèdent et je réalise que le seul code de la route ici est celui du plus fort… Monsieur Constantin, en habitué, gère tout avec une parfaite maîtrise. Les filles tapent des mains, nous partons pour le Sinaï et le château de Peles. La route est sublime, le vert prédomine. On achète des paniers de framboises sur le bord de la route pour 1 euro. C’est en les dégustant avec les filles qui rient aux éclats, pendant que Monsieur Constantin chante dans un anglais improbable Roxanne, que je comprends que j’adore vraiment la Roumanie. Nous arrivons au château de Peles, ancienne résidence royale. Le lieu est magnifique. Je prends autant de plaisir à détailler les touristes autour de moi qu’à courir dans les jardins avec Lou et Mia. Les filles grimpent sur les statues de lions en pierre, jettent des pièces dans la fontaine en faisant des voeux. Les deux heures de queue nous découragen­t d’aller visiter l’intérieur du château. En sortant, et en reprenant la voiture, nous passons devant un monastère. C’est une icône orthodoxe richement décorée qui appelle mon regard. Nous voici au monastère de Sfanta Sinaia. Il y a mille fois moins de visiteurs que pour notre arrêt précédent et le lieu est sublime. Je reste bouche bée devant la richesse des plafonds de la chapelle quand je réalise que Mia est en train de se moucher dans la robe d’un prêtre. Deux minutes plus tard, les filles font la ronde avec lui pendant qu’il m’invite à prendre toutes les photos (jusque-là interdites) que je veux. Il m’explique aussi, dans un anglais plus que parfait, que les temps sont difficiles pour eux et que les cars de touristes les boudent un peu, leur préférant le château de Dracula. En sortant, je m’amuse à regarder les filles jeter des pièces dans la fontaine. Avant de réaliser que lesdites pièces ont été chapardées dans le tronc de la chapelle. Je suis mortifiée. Les filles commencent à avoir faim et nous ne croisons que des restaurant­s attrape-touristes sans charme. Monsieur Constantin veut nous recommande­r ce qu’il appelle “le meilleur pour nous” et il ne me montre que des terrasses en béton, pleines à craquer. Les villages sont magnifique­s sur la route, mais dévorés par le commerce sauvage du tourisme. Quand je croise une vendeuse de boissons et bretzels sur la route, je me dis que c’est exactement cela qu’il nous faut et Monsieur Constantin me regarde comme si j’étais folle. On achète des bretzels, des saucisses de Plescoi, et du fromage de burduf enfermé dans une écorce de sapin. La dame me demande l’équivalent de 5 euros, soit un dixième de ce que nous proposait une fausse pizzeria et nous nous léchons les doigts.

Tout est bon. Les routes dans la montagne se succèdent avec des paysages magnifique­s, la forêt tout autour.

Le malaise Dracula

La voiture s’arrête à Brasov et le château de Bran, plus connu sous le nom du château de Dracula. C’est la destinatio­n qui tient Lou en haleine, depuis ce début de journée. À l’arrivée, j’ai le sentiment d’être dans une sorte de Disneyland local, mais les filles, elles, sont ravies. J’ai du mal à dire non à la foule de souvenirs made in China à l’effigie du plus célèbre des vampires, et nous commençons l’ascension vers le château. Après ces quelques heures dans la montagne, j’ai du mal. C’est littéralem­ent bondé et je ne trouve pas grand charme aux lieux. On nous marche dessus, et Mia, interpellé­e par toutes les pancartes qui vantent l’atrocité des lieux, commence à avoir très peur… Notre visite est vite raccourcie et je regrette le prix de l’entrée (moins de 8 euros pourtant, gratuit pour les enfants). À la sortie, je n’ai qu’une hâte : aller manger la glace tant attendue dans une petite ruelle, loin de l’agitation touristiqu­e et des odeurs de frites. La visite de Bran étant un peu raccourcie, je demande à Monsieur Constantin de nous balader sur les routes de montagne avec l’envie de nous arrêter quand l’envie nous prendra. Le trajet est sublime, les montagnes se découpent à l’horizon et les paysages de carte postale se succèdent. Nous faisons plusieurs arrêts dans des églises typiques du Nord de la Roumanie avec leurs toits en bois, les gens nous invitent à boire le café chez eux en nous servant des gâteaux ; les filles sont à l’aise partout et ne veulent plus partir. Elles passent leur temps à chanter à tue-tête. Bientôt, je vois le soleil descendre sur les montagnes et je réalise que nous sommes en route depuis près de 9 heures, nous avons vu mille choses et croisé uniquement des sourires. Les filles sont épuisées par cette journée et me réclament leur lit, je n’arrive pas à trouver d’hôtel, alors je suggère un retour à Bucarest. C’est en portant les filles endormies dans l’escalier que Monsieur Constantin me remercie pour cette balade. Grâce aux 100 euros qu’il m’a demandés pour cette journée de route dans la montagne, il va pouvoir envoyer son fils en vacances à la campagne. Une heure plus tard, sur mon balcon, alors que je regarde le vieux Bucarest sous le coucher de soleil, je souris en me disant que les meilleurs voyages démarrent toujours par une idée un peu bizarre…

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