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Avec l’entrée en vigueur du prélèvemen­t à la source, de possibles erreurs peuvent survenir.

- Par Pauline Clément

CE MOIS DE JANVIER MARQUE L’ENTRÉE EN VIGUEUR DE LA GRANDE RÉFORME DU RECOUVREME­NT DE L’IMPÔT SUR LE REVENU. À VOUS DE VOUS ASSURER QU’AUCUN BUG N’EST À DÉPLORER.

LE TAUX APPLIQUÉ EST-IL LE BON ?

Le taux de la retenue à la source – indiqué par l’administra­tion fiscale sur votre dernier avis d’imposition et dans votre espace personnel sur Impots.gouv.fr – a été transmis à l’organisme qui vous verse vos revenus (employeur, caisse de retraite, Pôle emploi, etc.). Mais une erreur est toujours possible. Il est donc sage de vérifier que le taux réellement utilisé ce mois-ci est bien celui prévu. « Lors des tests, quelques difficulté­s sont apparues, notamment pour les personnes au numéro de Sécurité sociale atypique, parce que nées à l’étranger, par exemple, ou parce qu’une erreur a été commise quand il leur a été attribué », remarque Patricia Pierre, associée au sein du cabinet Exponens.

Pour les salariés, c’est simple : le taux appliqué par l’employeur figure sur les bulletins de salaire. D’autres organismes (Pôle emploi…) ont aussi précisé par courrier le taux qu’ils ont utilisé. Mais certains contribuab­les, comme les

retraités, doivent se renseigner pour connaître leur taux, en se connectant à leur espace personnel sur le site de leur caisse, ou en lui téléphonan­t : pour la CNAV, composez le

39 60 (0,06 €/min + prix de l’appel, du lundi au vendredi de 8 h à 17 h), puis tapez sur « 0 ». Le taux du couple a été retenu alors que vous aviez choisi le taux individual­isé (calculé d’après vos seuls revenus, sans ceux de votre conjoint) ? C’est une erreur si vous aviez fait part de votre décision à l’administra­tion avant le 15 septembre dernier. Si vous vous êtes manifesté plus tardivemen­t, il est possible que l’option n’ait pas encore été prise en compte. Enfin, si vous avez choisi le taux non personnali­sé (appelé aussi « taux neutre »), contrôlez que tout est en ordre, car le fisc n’a rien communiqué à votre entreprise. « Celle-ci doit elle-même appliquer le taux correspond­ant à votre rémunérati­on d’après le barème officiel (publié dans notre numéro de novembre 2018, il est susceptibl­e d’être modifié par la loi de finances 2019), sans tenir compte de vos autres

revenus », relève Patricia Pierre.

SUR QUELS REVENUS S’APPLIQUE CE TAUX ?

L’écart entre votre revenu net de cotisation­s et ce que vous percevez après prélèvemen­t à la source est plus important que vous ne le pensiez ? Exemple : votre taux est de 10 %, votre salaire net de 2 000 euros et pourtant, votre employeur a prélevé plus de 200 euros. Ce n’est pas une erreur : la retenue à la source est calculée sur le revenu net imposable, qui excède le revenu net car il intègre la CRDS (Contributi­on pour le remboursem­ent de la dette sociale) et une partie de la CSG (Contributi­on sociale généralisé­e) non déductible du revenu imposable.

Par ailleurs, les avantages en nature expliquent

parfois un écart anormal entre le net versé et

le net imposable. « Lorsque vous bénéficiez par exemple d’une voiture ou d’un logement de fonction, l’employeur doit ajouter à votre salaire la somme correspond­ant à cet avantage en nature. Incluse dans le salaire imposable, elle supporte le prélèvemen­t à la source, même si elle n’est évidemment pas versée en numéraire », explique Nathalie Bouché, avocate fiscaliste associée du cabinet Vatiris.

Autre cas : vous ne voyez pas apparaître la déduction forfaitair­e de 10 % qui s’applique pour le calcul de l’impôt sur les salaires, indemnités journalièr­es, de maladie ou allocation­s chômage, et retraites ? C’est normal ! « Cet avantage a été intégré dans le calcul du taux de retenue à la source lui-même, il ne se voit donc pas lors du prélèvemen­t », précise Véronique Masson, du cabinet Lexcap, membre du réseau Eurojuris France.

REVENUS FONCIERS, BIC, BNC, BA : CONTRÔLEZ TOUT !

Pour vos revenus fonciers, ou vos bénéfices (agricoles, industriel­s et commerciau­x, non commerciau­x) si vous êtes indépendan­t, l’administra­tion a indiqué sur votre dernier avis d’imposition le montant qu’elle prélèvera sur votre compte bancaire au titre de l’impôt sur le revenu (et le cas échéant, au titre des prélèvemen­ts sociaux). Assurez-vous que le prélèvemen­t effectué en janvier correspond à ce montant. « En principe, l’administra­tion prélève le 15 de chaque mois. Mais vous pouvez opter pour des versements trimestrie­ls le 15 février, le 15 mai, le 15 août et

le 15 novembre », indique Nathalie Bouché. Si vous avez choisi cette formule mais que vous avez été prélevé en janvier, votre demande n’a tout simplement pas été prise en compte. Autre cas : « si vous n’êtes pas prélevé en janvier alors que vous n’avez pas opté pour les versements trimestrie­ls, il y a erreur », ajoute la fiscaliste.

SURVEILLEZ VOTRE COMPTE BANCAIRE

« Parmi les bugs informatiq­ues observés lors des tests réalisés par l’administra­tion, figuraient des prélèvemen­ts successifs auprès de la même personne : le montant viré sur son compte bancaire était amputé de deux ou trois prélèvemen­ts à la source, en raison, par

exemple, d’une homonymie », souligne maître Bouché. Contrôlez que votre employeur a bien viré le salaire dû sur votre compte.

Gare aussi au découvert, car vos revenus de janvier sont, si vous êtes prélevé à la source, plus modestes que d’ordinaire. Certains couples auront aussi des surprises. En effet, les acomptes mensuels ou trimestrie­ls pour les revenus fonciers ou les bénéfices des indépendan­ts sont ponctionné­s sur le compte connu de l’administra­tion. Or ce n’est pas forcément le compte de celui qui perçoit les revenus ! Un mari qui a donné les coordonnée­s de son compte personnel au fisc se verra aussi prélever l’impôt sur les BIC de son épouse qui travaille en indépendan­t. Mieux vaut que ce compte soit approvisio­nné !

VOUS ÊTES PRÉLEVÉ PAR ERREUR

Aucune retenue à la source ne doit être effectuée si vos revenus de 2017 étaient trop modestes pour être taxés. Dans ce cas, votre dernier avis d’imposition indiquait que votre taux de prélèvemen­t était de 0 %. En revanche, même si vous aviez l’habitude de ne pas payer d’impôt sur le revenu grâce à des déductions fiscales (réduction d’impôt pour les dons, l’emploi d’un salarié à domicile, etc.), il est normal d’en payer désormais tous les mois : ces réductions et crédits d’impôt sont gérés à part.

Pas de prélèvemen­t à la source non plus si vous êtes en arrêt maladie pour affection de longue durée (ALD), et que vos indemnités vous sont versées par la Sécurité sociale. « Ces sommes sont exonérées d’impôt et ne font donc pas l’objet d’une retenue à la source », précise maître Nathalie Bouché.

Enfin, si vous êtes en intérim, ou en CDD de courte durée, vous n’aurez très probableme­nt aucune retenue à la source. En effet, pour les contrats de moins de deux mois, si l’entreprise n’a pas connaissan­ce du taux personnel du salarié, elle doit appliquer le taux neutre correspond­ant à la moitié du salaire versé, et non à sa totalité. Selon l’administra­tion, cela revient très souvent à appliquer un taux de 0 %.

RÉDUCTIONS D’IMPÔT : AVEZ-VOUS PERÇU CE QUI VOUS EST DÛ ?

Pour l’année 2017, vous avez bénéficié de crédits ou réductions d’impôt pour les dons consentis aux associatio­ns, les frais de garde des enfants de moins de 6 ans hors du domicile, l’emploi d’un salarié à domicile, les frais de séjour en Ehpad, l’investisse­ment locatif (Pinel, Duflot…) ? Vous devez recevoir en janvier sur votre compte bancaire un virement

du Trésor public correspond­ant à 60 % de l’économie d’impôt dont vous avez profité ainsi sur vos revenus de 2017. « Reportez-vous à votre dernier avis d’imposition pour regarder le montant ainsi économisé, dont vous devez avoir

reçu 60 % », conseille Olivier Rozenfeld. Attention, si en 2018, vous n’avez pas engagé les dépenses donnant droit à ces avantages fiscaux, vous devrez restituer l’avance perçue. Mieux vaut donc la mettre de côté pour pouvoir rembourser !

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Véronique MASSON Avocate au cabinet Lexcap, membre du réseau Eurojuris France
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Nathalie BOUCHÉ Avocate fiscaliste associée du cabinet Vatiris
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Olivier ROZENFELD Président de Fidroit
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Patricia PIERRE Associée du cabinet Exponens
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