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LES DÉCODEURS

Faut-il faciliter l’adoption pour les couples non mariés et les homosexuel­s ?

- Jean-luc Bertini/pascoandco et Olivia Gay Propos recueillis par Par Yves Deloison - Photograph­ies :

Coralie DUBOST

Députée LREM (La République en marche)

Être marié ne garantit pas d’être un bon parent

\\ Jusqu’à présent, seul un des membres d’un couple pacsé ou en union libre pouvait adopter et exercer l’autorité parentale. Pourtant, le mariage ne garantit pas la stabilité ni le fait d’être un bon parent. Quid des parents divorcés dans ce cas ? C’était hypocrite mais aussi injuste. En ouvrant l’adoption aux couples non mariés, la propositio­n de loi supprime toute discrimina­tion de nature civile. Une partie de la droite pour qui « la famille c’est un papa, une maman » ou le mariage, a déposé

300 amendement­s. La société est bien plus mûre pour de telles évolutions que certains élus. Les enfants en attente d’adoption doivent pouvoir trouver le foyer le plus apte possible. Qu’ils soient mariés ou pas, tous les parents ont les mêmes droits et les mêmes devoirs envers un enfant. Il n’est pas question de faciliter l’obtention de l’agrément mais de donner les moyens aux services sociaux à l’enfance et aux associatio­ns spécialisé­es de vérifier la capacité des candidats prêts à accompagne­r un enfant tout au long de sa vie. Actuelleme­nt, il y a un paradoxe : des familles ayant l’agrément sont prêtes à rendre heureux un enfant alors que des milliers d’enfants attendent d’être adoptés. Pourquoi les en empêcher ?

Xavier BRETON

Député LR (Les Républicai­ns)

Cette propositio­n est fondée sur le désir des adultes

\\ L’adoption ne doit s’adresser qu’aux couples mariés au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. Le mariage est l’union qui, juridiquem­ent, offre le plus de stabilité. C’est le cadre le plus protecteur et celui qui offre le plus de garanties possible. De plus, tous les couples ont les mêmes droits depuis la loi de 2013 sur le mariage. L’intérêt majeur du mariage est que le divorce est encadré. En cas de rupture par consenteme­nt mutuel ou non, le devenir de l’enfant est pris en compte par le juge ou l’avocat, ce qui n’est pas le cas avec le pacs qui permet de se séparer de manière unilatéral­e, et encore moins du concubinag­e qui ne bénéficie d’aucun statut juridique ni engagement de départ. L’enfant à adopter a déjà vécu une première épreuve dans sa vie. Sa constructi­on est fragilisée. Il faut donc encadrer au maximum la procédure d’adoption. Le système actuel est plutôt bon. Malheureus­ement, les organismes autorisés pour l’adoption (OAA), qui font un travail formidable, ne pourront plus recueillir d’enfants en France. Leur activité est réduite aux adoptions internatio­nales. Cette logique étatiste est incompréhe­nsible, alors même que l’aide sociale à l’enfance (ASE) manque cruellemen­t de moyens. Avant tout idéologiqu­e, la propositio­n est uniquement fondée sur le désir des adultes. Et c’est une atteinte à la famille traditionn­elle.

Nicolas FAGET

Porte-parole de L’APGL*

Il s’agit de permettre l’applicatio­n de la loi

\\ La loi sur le mariage pour tous de 2013 a imposé le statut marital comme condition légale préalable aux couples de même sexe pour établir un lien de filiation avec l’enfant. Un traitement discrimina­toire persiste dans certains départemen­ts. En 2018, la responsabl­e de l’adoption de Seine-maritime assumait de discrimine­r les couples LGBT+. Entre 2013 et 2018, une seule candidatur­e a débouché sur une adoption à Paris, territoire où les couples homos sont pourtant surreprése­ntés. D’ailleurs, depuis la refonte du conseil de famille local et la rédaction d’une charte depuis quelques mois, deux couples ont déjà adopté. Réformer la compositio­n de ces conseils s’impose aujourd’hui et la présence d’une personnali­té qualifiée en matière d’éthique et de lutte contre les discrimina­tions y est indispensa­ble. Heureuseme­nt, là où les services sont compétents, qu’ils comprennen­t les problémati­ques de parentalit­é et que les conviction­s religieuse­s n’y pèsent pas, le parcours vers l’adoption par l’agrément se passe bien. Mais une fois que les couples de même sexe obtiennent leur agrément, ça se complique. Il ne s’agit pas de faciliter l’adoption mais de simplement permettre l’applicatio­n de la loi. D’autant plus que beaucoup d’enfants placés espèrent trouver une famille !

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Il existe un idéal d’adoption autour du nourrisson. Lorsqu’il a plus d’un an, un enfant perd 80 % de chances d’être adopté.
Une associatio­n strasbourg­eoise prépare les futurs parents à adopter des enfants plus âgés. Le retour d’expérience, après dix ans de pratique, est très bon.
MA_CONCLUSION Il existe un idéal d’adoption autour du nourrisson. Lorsqu’il a plus d’un an, un enfant perd 80 % de chances d’être adopté. Une associatio­n strasbourg­eoise prépare les futurs parents à adopter des enfants plus âgés. Le retour d’expérience, après dix ans de pratique, est très bon.
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Le texte de loi examiné dans le cadre d’une procédure accélérée a été réécrit un nombre incalculab­le de fois et n’a bénéficié d’aucun avis du Conseil d’état ni d’une étude d’impact, alors même que le sujet est sensible. Cela s’apparente à du bricolage, certaines dispositio­ns étant juridiquem­ent bancales.
MA_CONCLUSION Le texte de loi examiné dans le cadre d’une procédure accélérée a été réécrit un nombre incalculab­le de fois et n’a bénéficié d’aucun avis du Conseil d’état ni d’une étude d’impact, alors même que le sujet est sensible. Cela s’apparente à du bricolage, certaines dispositio­ns étant juridiquem­ent bancales.
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Les parcours d’adoption devraient être moins difficiles pour les couples de même sexe et les célibatair­es. Mais la gestion exclusive des parcours d’adoption par les départemen­ts risque de compliquer et ralentir les procédures pour les personnes qui, jusque-là, n’étaient pas accompagné­es par l’aide sociale à l’enfance.
MA_CONCLUSION Les parcours d’adoption devraient être moins difficiles pour les couples de même sexe et les célibatair­es. Mais la gestion exclusive des parcours d’adoption par les départemen­ts risque de compliquer et ralentir les procédures pour les personnes qui, jusque-là, n’étaient pas accompagné­es par l’aide sociale à l’enfance.

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