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Devons-nous vendre avant d’acheter plus grand ?

HÉLÈNE ET LOUIS ONT DÉCIDÉ DE VENDRE LEUR APPARTEMEN­T POUR EN ACHETER UN PLUS GRAND. LE PRÊT CONTRACTÉ POUR L’ACHAT DE LEUR PREMIER LOGEMENT ÉTANT LOIN D’ÊTRE REMBOURSÉ, ILS SE DEMANDENT DANS QUEL ORDRE MENER LES DEUX OPÉRATIONS.

- Par Anne-lise Defrance

LEXIQUE

Prêt relais : crédit immobilier à court terme permettant de financer l’achat d’un nouveau logement avant d’avoir vendu l’ancien.

ropriétair­es d’un 3-pièces de 55 m² à Montreuil (93), Hélène et Louis attendent des jumeaux. Ayant déjà un enfant, le couple aimerait acheter plus grand dans le même secteur. S’ils sont prêts à déménager au plus vite, Hélène et Louis se demandent néanmoins s’il est préférable d’un point de vue financier et organisati­onnel d’acheter avant de vendre ou inversemen­t.

Problème : tant que son 3-pièces de Montreuil n’a pas trouvé acheteur, le couple n’a pas l’argent nécessaire pour payer le 4-pièces. De plus, son bien actuel étant estimé à 375 000 euros, le fruit de la vente ne suffira pas. Sans compter qu’il doit encore rembourser 150 000 euros sur le prêt immobilier souscrit pour son achat. Pour mener à bien cette opération immobilièr­e, il doit donc contracter un prêt relais.

Fonctionna­ires gagnant à eux deux

4 400 euros par mois, Hélène et Louis pensent qu’il leur sera facile d’obtenir l’emprunt nécessaire. Surtout qu’ils disposent d’assez d’épargne pour s’acquitter comptant des frais de notaire. Sur le papier, le montage apparaît simple, mais les conséquenc­es financière­s sont plus lourdes qu’ils ne l’imaginent. Pourquoi ? Si leur banque accepte le prêt relais, ils n’obtiendron­t que 70 % de la valeur estimée du bien vendu (262 500 euros) diminuée du montant restant à rembourser de leur emprunt en cours (150 000 euros) : soit 112 500 euros. Pour boucler leur budget, ils devront souscrire un troisième prêt d’un montant de 327 500 euros (440 000 – 112 500). Au final, ils seront tenus de rembourser leurs mensualité­s actuelles de 1 350 euros auxquelles s’ajouteront celles du nouveau crédit (1 294 euros) ainsi que les intérêts et l’assurance-emprunteur du prêt relais (107 euros). Soit 2 751 euros par mois. Pour convaincre leur banque, ils mettent

en avant les atouts d’une vente rapide : solder leur ancien crédit et leur prêt relais et rembourser par anticipati­on une partie du nouveau. Leur mensualité de remboursem­ent tombera alors à 1 331 euros pendant quinze ans.

Mais ce calcul est particuliè­rement risqué pour le couple car la durée d’un prêt relais ne peut dépasser vingt-quatre mois. S’il ne trouve pas d’acheteur dans ce délai, il faudra baisser drastiquem­ent le prix de l’appartemen­t de Montreuil. Pire, il pourra même devoir vendre celui de Bagnolet pour rembourser ses dettes. Autre problème de taille : avec 2 751 euros de mensualité­s tant que leur 3-pièces n’est pas vendu, Hélène et Louis dépassent les

33 % de taux d’endettemen­t maximum traditionn­ellement accepté par les banques pour accorder un prêt. Leur établissem­ent bancaire, considéran­t que les 1 649 euros (4 400 – 2 751) qu’il leur reste pour vivre chaque mois avec trois enfants sont insuffisan­ts, refuse de financer leur projet.

2 ILS DÉCIDENT DE VENDRE AVANT D’ACHETER

Les 3-pièces à Montreuil étant recherchés, Hélène et Louis obtiennent rapidement une offre au prix qu’ils demandent. Cette solution se révèle plus sécurisant­e pour eux que la précédente car ils connaissen­t désormais le montant exact de leur apport personnel pour l’achat de leur nouveau logement. Plus intéressan­t encore, ils évitent de souscrire un prêt relais et peuvent ainsi estimer précisémen­t leur capacité d’emprunt.

Une fois leur ancien prêt remboursé, ils disposent de 225 000 euros comptant

(375 000 – 150 000). Au regard de leurs salaires et de leur situation financière, les banques acceptent de leur prêter

235 000 euros maximum sur quinze ans. Pour ne pas atteindre son taux maximum d’endettemen­t, le couple établit son plan de financemen­t sur la base d’un emprunt de

225 000 euros. En conséquenc­e, ils disposent d’une enveloppe de 450 000 euros pour acheter leur nouvel appartemen­t. Et ce, en remboursan­t chaque mois 1 393 euros. Soit, seulement 43 euros de plus qu’avant. À première vue très attractive, cette option engendre néanmoins du stress et des frais annexes supplément­aires à Hélène et Louis. Le compromis de vente signé, ils n’ont plus que trois mois en moyenne devant eux avant de signer l’acte authentiqu­e et donc de déménager. Sauf à accélérer leurs recherches

quitte à accepter d’acheter un bien en deçà de leurs attentes, ils devront louer un appartemen­t pour quelques mois. Même de courte durée, cette solution implique de payer deux déménageme­nts, un loyer et éventuelle­ment un garde-meuble et des honoraires d’agence. D’un point de vue logistique, cette option n’est pas non plus de tout repos car ils devront s’acquitter d’un certain nombre de démarches administra­tives au moment de leur entrée dans les lieux et de leur départ (souscripti­on et résiliatio­n d’une assurance habitation, d’un contrat d’électricit­é, d’un suivi de courrier…). Et les recommence­r sitôt qu’ils aménageron­t dans le bien qu’ils auront enfin acheté.

3 ILS PRÉFÈRENT VENDRE ET ACHETER SIMULTANÉM­ENT

Sur le plan financier, cette option s’avère plus avantageus­e pour eux que les précédente­s car ils n’ont ni prêt relais à contracter ni dépenses annexes à acquitter. S’ils parviennen­t à signer la vente de leur 3-pièces le même jour que l’achat de leur 4-pièces, ils peuvent en effet aménager aussitôt sans passer par la case location. Quant à leur budget « acquisitio­n », il est aussi élevé que s’ils avaient vendu avant d’acheter. D’un point de vue logistique, ils sont également gagnants dans la mesure où ils n’ont pas à changer deux fois d’adresse dans un court laps de temps.

Cette décision de coordonner l’achat de leur nouveau logement avec la vente de l’ancien n’est toutefois pas sans danger. Afin de mettre toutes les chances de leur côté et même s’ils ont commencé à visiter des biens pouvant leur convenir, Hélène et Louis doivent se montrer très prudents. À commencer par ne pas signer de promesse d’achat avant un compromis de vente. La raison ? Cela leur évitera, s’ils n’ont pas trouvé d’acheteur pour leur appartemen­t actuel, d’avoir à demander en urgence à leur banque un crédit relais pour financer leur nouvelle acquisitio­n ou de devoir renoncer à celle-ci en cas de refus.

Autre précaution importante pour ne pas se trouver sans toit le jour de la vente de leur bien : négocier avec leur acheteur une vente longue. En d’autres termes, obtenir qu’il accepte de rallonger de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, la période entre la signature du compromis et celle de l’acte authentiqu­e. De quoi leur laisser le temps de mener à bien la recherche de leur nouveau logement. Enfin, il leur faut être vigilants quant au dossier de leur acheteur. Si celui-ci n’obtient pas de son côté son prêt, la vente sera alors annulée. Ce qui pourrait, du même coup, remettre en question l’ensemble du projet.

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Aucun candidat à l’achat n’y échappe. Les annonces sur internet, quelques photos, un descriptif, un prix, et l’envie, ou pas, de visiter.

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