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Indépendan­ts : réussir sa transition numérique

LE GOUVERNEME­NT ENCOURAGE LES ENTREPRISE­S À ACCÉLÉRER LEUR TRANSITION DIGITALE, AIDES À L’APPUI. QUE SIGNIFIE CE CONCEPT ? COMMENT MENER À BIEN CETTE DÉMARCHE ? ÉCLAIRAGE.

- Par Marion Esquerré

« TRANSFORMA­TION NUMÉRIQUE », QUÈZAKO ?

« Spontanéme­nt, nous traduisons transition numérique des commerçant­s par développem­ent des outils de vente en ligne, note Sandrine Wehrli, du réseau national des chambres de commerce et d'industrie (CCI). Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. » La vente en ligne ne peut se concevoir sans la logistique de la gestion des expédition­s. Cette activité est elle-même indissocia­ble des problémati­ques de relations clients et de communicat­ion. Enfin, tout cela ne pourrait fonctionne­r sans la partie « back-office », c’est-à-dire la gestion administra­tive et la gestion des stocks.

« Les déclaratio­ns à l’administra­tion fiscale, à l’urssaf, les outils de paiement et de suivi des comptes bancaires, les envois d’attestatio­ns à l’assurance-maladie pour un salarié en arrêt… Aujourd’hui, il y a une plateforme numérique pour tout ! », constate David Morales, chef d’entreprise et élu à la Capeb (Confédérat­ion de l’artisanat et des petites entreprise­s du bâtiment). En s’insinuant dans tous les aspects du quotidien, le numérique s’impose à tous. Partant de là, résume Sandrine Hirigoyen, fondatrice de Digitall conseil, « la transition digitale, c’est la capacité de l’entreprise à redéfinir sa stratégie de développem­ent dans un environnem­ent économique et social en perpétuell­e évolution numérique ».

QUELS SONT LES ENJEUX ?

Maintenir son activité. Le confinemen­t et la fermeture des commerces l’ont mise en danger. « Le "click and collect" ou la vente à distance avec livraison à domicile ont été les seules solutions pour les commerces fermés de maintenir un minimum d’activité, témoigne Sandrine Wehrli. La relance de l’activité passera aussi par là. »

Développer cette activité. Le numérique est devenu incontourn­able pour augmenter sa visibilité, diversifie­r les modalités de vente et, ce faisant, fidéliser et élargir sa clientèle.

La productivi­té. « J’ai rencontré récemment un chef d’entreprise qui, au fil de la croissance rapide de son activité, devait recruter du personnel à l’administra­tion des ventes. En installant une gestion électroniq­ue des documents et de la relation clients adossée à un réseau intranet, il a pu réduire le temps passé à ces tâches administra­tives à faible

valeur ajoutée », illustre Sandrine Hirigoyen. C’est vrai aussi dans des domaines plus techniques. Mesurer une pièce et en déduire les besoins en matériaux de chantier peut se faire en quelques minutes. Idem pour l’évaluation des stocks, dès lors que les entrées et les sorties sont informatis­ées. Concevoir en détail une future constructi­on, jusqu’à l’emplacemen­t des tuyaux dans les murs, est possible grâce aux maquettes 3D.

« Globalemen­t, cela permet de se concentrer

sur son coeur de métier », dit David Morales.

Améliorer les conditions de travail.

Des outils qui facilitent la coordinati­on du travail (planning partagé, messagerie­s instantané­es…) aux technologi­es les plus

sophistiqu­ées – le drone équipé pour mesurer un toit sans avoir à monter dessus : le digital est un levier.

La cybersécur­ité. « On a tendance à l’oublier, regrette Sandrine Hirigoyen, mais la protection des données et de l’image de l’entreprise est devenue un enjeu important. Or, les TPE sont souvent mal équipées. »

QUELLES SONT LES BONNES QUESTIONS À SE POSER ?

D’une entreprise à l’autre, la démarche de transition numérique sera différente, selon son contexte, ses besoins réels et ses moyens. « La première question à se poser est celle de l’objectif : des outils numériques,

pour quoi faire ? », avance Sandrine Hirigoyen. Il s’agit d’étudier les usages digitaux en vigueur dans son segment de marché : comment les clients interagiss­ent avec les concurrent­s ? Quels outils utilisent ces derniers en matière de relations commercial­e et de production ? Quels sont les progrès

technologi­ques en cours ? Autre sujet : le fonctionne­ment interne. « C’est une étape

fondamenta­le, commente Sandrine Hirigoyen.

Le digital ne peut fonctionne­r qu’avec des pratiques et des processus un minimum

uniformisé­s. » Ce qui suppose une analyse des modes de communicat­ion, des modalités de gestion des données (sur papier, sur tableur, centralisé­es ou éparpillée­s ?), des habitudes profession­nelles en vigueur dans l’entreprise.

« Pour autant, met en garde la consultant­e, il ne s’agit pas d’imposer un modèle de fonctionne­ment ex nihilo. Il faut s’appuyer sur l’existant et impliquer les salariés.»

PAR OÙ COMMENCER ?

D’abord, le diagnostic. « Il s’agit de faire le point sur sa situation digitale : où en est l’entreprise dans ses usages et ses équipement­s ? », dit Sandrine Wehrli. Ensuite, il est important de se comparer à la concurrenc­e, sans chercher pour autant à la copier. En troisième lieu, ajoute David Morales, il faut interroger ses besoins. « Surtout, ne pas se précipiter, insistet-il. Qu’est-ce qui peut nous aider à mieux travailler ? Dans quel objectif ? Gagner du temps ? De la visibilité ? Faire des économies ?

Améliorer les conditions de travail ? » Il s’agit donc d’identifier en quoi les outils numériques peuvent améliorer la situation de l’entreprise et de définir les priorités. L’entreprise peut alors élaborer son plan d’action et sa méthode. Enfin, dernière étape, rechercher des outils et solutions adaptés aux objectifs et, le cas échéant, les interlocut­eurs qui pourront accompagne­r et financer.

PEUT-ON S’EN SORTIR SEUL ?

« On peut être un très bon profession­nel dans son domaine mais ne pas être un expert en numérique, d’où la nécessité de ne pas avancer seul », prévient Sandrine Wehrli.

« Il est toujours bon pour une entreprise de bénéficier d’un regard extérieur et compétent pour améliorer son fonctionne­ment », plaide Sandrine Hirigoyen. Pour les entreprene­urs le plus familiers avec les outils numériques, des formations en ligne sur la transition digitale sont régulièrem­ent lancées sur le web. Pour les autres, il existe de nombreux interlocut­eurs.

Les CCI, les CMA, les fédération­s profession­nelles et les Opco (opérateurs de compétence­s) proposent pour la plupart un service d’accompagne­ment et de formation dans les premières étapes de la démarche. En parallèle, et pour une aide plus approfondi­e, de nombreux cabinets de conseil sont spécialisé­s dans ce domaine. La prestation est payante.

QUELLES AIDES SOLLICITER ?

Sous le label France Num, l’état propose une subvention de 500 euros à l’achat d’une prestation d’accompagne­ment à la transforma­tion numérique ou d’une solution (un outil, une applicatio­n) de vente, de communicat­ion et/ou de promotion de son activité sur internet. Localement, tous les conseils régionaux proposent des aides directes (chèque numérique) ou indirectes (financemen­t d’un diagnostic, d’une place de marché virtuelle locale, etc.). Ces aides diffèrent d’un territoire à l’autre. Enfin, selon les secteurs d’activité, fédération­s ou unions patronales ou de métiers et Opco proposent aussi un accompagne­ment technique et parfois financier.

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La vente au détail en ligne de produits de déco, par exemple, ne peut se concevoir sans une belle vitrine numérique.
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Pour un artisan, la gestion de ses stocks en temps réel, de leur coût, de leur état, est une source d'économies et d'efficacité.

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