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Permis de conduire : comment le payer moins cher

VÉRITABLE SÉSAME POUR L’EMPLOI, INDISPENSA­BLE EN DEHORS DES GRANDES VILLES, SON COÛT PEUT ÊTRE TRÈS ÉLEVÉ. MAIS DES DISPOSITIF­S PERMETTENT DE RÉDUIRE LA FACTURE.

- Par Jean Savary

vec 50,5 % de réussite à l’épreuve théorique et 57,8 % à l’épreuve pratique, le permis de conduire est plus sélectif que le baccalauré­at décroché par plus de 90 % des candidats. C’est cette sélectivit­é qui le rend cher : pour espérer décrocher la conduite, les élèves prennent bien plus de leçons que le minimum légal de vingt heures. La moyenne – non officielle – serait de trente-deux heures avant le premier examen. À multiplier par

35 à 65 euros de l’heure. Et ceux qui ont échoué et patientent entre un et quatre mois pour le repasser doivent reprendre de nombreuses leçons pour se mettre au niveau. Le prix moyen du carton rose est donc bien supérieur aux 1 600 euros annoncés par les pouvoirs publics. « Limiter le coût du permis, c’est d’abord le décrocher du premier coup, commente Julien Gourdel, inspecteur du permis dans les Yvelines. Et pour cela, la qualité de la formation est primordial­e. »

CHOISIR L’APPRENTISS­AGE ANTICIPÉ DE LA CONDUITE

La conduite accompagné­e (AAC) conditionn­e le plus haut taux de réussite : environ 75 % pour ceux qui la pratiquent, contre moins de 50 % de réussite pour les adeptes de l’apprentiss­age traditionn­el. Désormais accessible à 15 ans, L’AAC permet, depuis juillet 2019, d’obtenir son permis à 17 ans, même s’il n’est possible de conduire seul qu’à partir de 18 ans.

L’élève peut avoir différents accompagna­teurs, titulaires du permis depuis plus de cinq ans, déclarés à l’assurance et inscrits sur le livret d’apprentiss­age. L’AAC réduit à deux ans la durée du permis probatoire, qui est de trois ans. « Malheureus­ement, L’AAC n’est pratiquée que par un quart des candidats, confie Anne Lavaud, déléguée générale de l’associatio­n Prévention routière. Elle concerne davantage les ruraux qui ont plus d’occasions de conduire en étant accompagné­s et les classes aisées qui anticipent plus facilement la dépense. » Car payer plus tôt revient souvent à payer moins cher. Le coût de L’AAC peut se résumer à débourser les vingt heures de leçons et les deux « rendez-vous pédagogiqu­es » (de 30 à 50 euros) obligatoir­es pour être lâché en duo, plus quelques leçons de bachotage avant l’examen. Bien moins que les trentedeux heures de moyenne… et avec 50 % de chance en plus de le réussir.

C’est aussi gagnant concernant l’assurance : la plupart des compagnies divisent par deux le montant et/ou la durée de la surprime « jeune conducteur », voire ne la comptent pas.

PASSER UN PERMIS À EMBRAYAGE AUTOMATIQU­E

Depuis 2017, les candidats optant pour un permis BEA (permis B à embrayage automatiqu­e) voient le minimum de vingt heures de conduite réduit à treize. Ils peuvent aussi, trois mois après l’examen, moyennant sept heures de formation sans examen, obtenir un permis B normal ou se contenter de leur BEA. La boîte automatiqu­e représente 40 % des ventes du neuf, 100 % des hybrides et électrique­s, elle devient courante et abordable sur les petites voitures d’occasion, et tous les loueurs en proposent. Avec L’AAC, c’est l’autre moyen d’obtenir un permis à un coût vraiment moins élevé. « Il faut de huit à dix heures pour maîtriser une boîte de vitesses classique, note Philippe Colombani, président de l’union nationale des indépendan­ts de la conduite (Unic), ne plus caler, démarrer en côte, rouler sur le bon rapport, puis gérer en même temps le placement sur la chaussée, la trajectoir­e, la vitesse, la signalisat­ion… Le permis BEA fait gagner beaucoup de temps, c’est vraiment une solution d’avenir. »

CHOISIR SON AUTO-ÉCOLE

Il n’existe que deux critères objectifs pour faire son choix. Le taux de réussite des établissem­ents, disponible à la préfecture, doit parfois autant au pourcentag­e d’élèves en AAC qu’au talent des enseignant­s. Pour améliorer le score, certains patrons refusent ou découragen­t les candidats peu doués, d’autres exigent

quarante ou cinquante leçons avant l’examen.

« Il faudrait rapporter ce taux de réussite au nombre d’heures effectuées par les élèves », note Philippe Colombani.

Les tarifs sont obligatoir­ement affichés en vitrine et à l’intérieur:

prix et durée des leçons, ainsi que le forfait couramment pratiqué (le plus souvent, code plus vingt heures). L’examen du code coûte 30 euros et l’examen de la conduite est désormais gratuit, hors frais d’accompagne­ment du moniteur et de sa voiture (le prix d’une heure de conduite). PENSEZ-Y // Depuis le 1er juin 2020, le contrat type est obligatoir­e. Il indique frais de dossier, d’inscriptio­n et nombre prévisionn­el d’heures, permettant une comparaiso­n plus facile des établissem­ents et protégeant de frais supplément­aires devenus interdits.

ATTENTION AUX FAUX BONS PLANS !

Dans les grandes villes où la concurrenc­e entre établissem­ents est rude, gare aux forfaits trop alléchants type vingt heures et code à 500 ou 600 euros. « Vu les marges dégagées dans cette activité, l’élève qui décrochera­it son permis à ce prix ferait perdre de l’argent à l’école, lâche Philippe Tissot, patron d’auto-école à Pont-l’abbé (29). Ce modèle économique repose sur l’échec du candidat pour qu’il reprenne des heures. »

Qui seront facturées à un tout autre tarif ! Autre piège, des leçons solitaires sur un simulateur pas toujours dernier cri. « Pour contenir le prix du permis, la loi autorise désormais jusqu’à dix heures de simulateur sur le forfait minimum de vingt heures mais, hélas, sans imposer la présence d’un moniteur, regrette Anne Lavaud. Le simulateur est utile pour assimiler le maniement de la boîte de vitesses, se confronter sans risque à des situations dangereuse­s, mais ne vaut pas de vraies leçons. » Un forfait ne comportant que dix heures de véritable conduite n’offre presque aucune chance de succès.

Quant aux leçons collective­s où deux ou trois élèves se relaient au volant pour un long trajet, « c’est une bonne méthode avec un excellent partage d’expérience, mais seul le temps de conduite effectif de chacun doit

être compté sur le livret d’apprentiss­age

et facturé », avertit Philippe Tissot. Plus généraleme­nt, du tarif horaire découlent le salaire du moniteur… et sa motivation. Ceux payés au Smic ne sont pas les plus impliqués dans le succès de l’élève.

Enfin, on peut désormais changer d’autoécole sans frais de dossier, mais avec des frais de dédit si l’on s’est engagé pour un nombre d’heures. Mieux vaut, avant de signer un forfait, prendre quelques heures à l’unité pour évaluer l’enseignant. S’il n’explique ni ne conseille, bavarde ou, pire, utilise son smartphone – ce qui est interdit –, il est préférable d’aller voir ailleurs.

EN CANDIDAT LIBRE AVEC UNE AUTO-ÉCOLE EN LIGNE

Cette pratique s’est beaucoup développée – près de 3 % des candidats et jusqu’à 10 % dans les métropoles – avec l’arrivée des auto-écoles en ligne, comme Ornikar ou Envoitures­imone, qui mettent en relation élèves et moniteurs autoentrep­reneurs. Au menu, forfaits bon marché et grande souplesse horaire car certains moniteurs pratiquent cette activité en marge d’un emploi salarié. « L’élève s’inscrit à l’examen en candidat libre, mais il peut aussi l’être en auto-école et ne faire appel à nous qu’en complément, commente Benjamin Gaignault, fondateur d’ornikar. Sur le site, il paie de

37 à 40 euros de l’heure et nous en reversons entre 25 et 27 euros au moniteur. »

Loin des taux de réussite mirobolant­s revendiqué­s par les plateforme­s, les statistiqu­es officielle­s créditent les candidats libres de 44 % de succès, contre 58,3 % pour ceux présentés par les auto-écoles classiques. PENSEZ-Y // Tout moniteur, même indépendan­t, est obligatoir­ement diplômé du Bepecaser*. Gare à ceux qui soustraite­nt leurs leçons à des non-diplômés. Exigez une copie de leur diplôme avant de prendre toute leçon. *Brevet pour l’exercice de la profession d’enseignant de la conduite automobile et de la sécurité routière

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