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Installer une serre dans son jardin

ENVIE DE PROTÉGER VOS PLANTES FRILEUSES, DE PROFITER DE VOTRE POTAGER TOUTE L’ANNÉE OU D’OFFRIR LES CONDITIONS OPTIMALES À VOS SEMIS? NOS CONSEILS POUR CONCRÉTISE­R VOTRE PROJET.

- Par Katia Vilarasau

ALUMINIUM, BOIS OU PLASTIQUE, QUELLE STRUCTURE PRIVILÉGIE­R ?

Les serres de jardin d’agrément, ou serres hollandais­es, sont multifonct­ions : elles servent à l’hivernage des plantes fragiles, à la levée des semis, et, pour les mieux exposées, à la production de légumes en toute saison. Pour leur structure, vous avez le choix entre trois matériaux : l’aluminium, le bois ou le plastique.

« Bien que moins coûteux, le plastique est à éviter car il est trop fragile, explique Robert Elger, technicien agricole et auteur de Serres, tunnels et châssis en permacultu­re (Rustica,

2018). Le bois, matériau facile à travailler, est à privilégie­r lorsqu’on se lance soi-même dans la constructi­on d’une serre. Mais il est sensible aux variations climatique­s et vieillit assez rapidement, à moins d’investir dans des essences imputresci­bles. L’aluminium présente plusieurs avantages : il est léger, résistant et ne nécessite pas d’entretien. Le montage des serres en aluminium est également plus aisé. »

QUEL EST LE MEILLEUR REVÊTEMENT ?

Il peut être en verre ou en polycarbon­ate. « Le verre est un matériau naturel qui présente l’avantage de bien laisser passer la lumière tout en bloquant les UV nocifs pour les végétaux, poursuit Robert Elger. Mais il est fragile. Son coefficien­t thermique n’est pas extraordin­aire non plus, c’est-à-dire qu’il ne protège pas très bien du froid. » À noter : à côté des serres classiques en verre horticole, de plus en plus de modèles sont proposés en verre trempé, plus résistant à la casse et aux chocs thermiques.

Moins onéreux, le polycarbon­ate est incassable et facile à découper. Il peut être simplement transparen­t, très peu isolant, ou alvéolaire, à simple ou à double paroi, avec une épaisseur allant de 3 à 10 millimètre­s. « Le polycarbon­ate alvéolaire offre à la fois un bon coefficien­t de

perméabili­té au rayonnemen­t solaire et une

bonne isolation au froid », précise le technicien agricole. S’il a tendance à ternir avec le temps et donc à moins laisser pénétrer la lumière, il est possible de le changer en optant pour des panneaux plus épais.

Dans tous les cas de figure, il vaut mieux prévoir une fondation, notamment pour éviter l’oxydation de l’infrastruc­ture : « Une simple structure en parpaing suffit, sur laquelle on fixe la serre au moyen de chevilles. »

QUELLE SERRE TUNNEL CHOISIR ?

La serre tunnel est plutôt destinée aux cultures maraîchère­s. « Il faut opter pour un tunnel avec une hauteur assez importante, de plus de deux mètres, pour permettre aux plantes, comme les tomates, de bien grandir, souligne Jean-christophe Bar, enseignant en horticultu­re, youtubeur et coauteur

avec Catherine Delvaux des Leçons de permacultu­re de Zeprofdort­ie (Larousse,

2021). Pour assurer une bonne durabilité à la serre, mieux vaut choisir des arceaux solides, de 32 millimètre­s de diamètre, et une bâche suffisamme­nt épaisse, de 180 ou 200 microns, traitée anti-uv des deux côtés. »

OÙ ACHETER LE MODÈLE DE SON CHOIX ?

Il est possible d’acquérir une serre dans les jardinerie­s, les magasins de bricolage et sur les sites internet spécialisé­s. Toutefois, attention à leur provenance.

Les constructi­ons françaises sont souvent de meilleure facture. « Il n’est pas toujours facile de contrôler la qualité des modèles

d’importatio­n », met en garde Robert

Elger. Au contraire, les serres fabriquées en France bénéficien­t en général d’une garantie de dix ans minimum, et les bâches des serres tunnels sont garanties antiuv pendant quatre ou cinq ans, selon les durées d’ensoleille­ment liées à la zone géographiq­ue.

QUEL BUDGET PRÉVOIR ?

Le prix d’une serre étant assez élevé, il est préférable d’investir dans un modèle durable qui pourra être amorti sur plusieurs saisons. Le tarif varie en fonction du modèle, de sa taille et de ses matériaux. Pour une serre classique de 10 m2, il faut compter entre

700 et 1 000 euros si les parois sont en polycarbon­ate alvéolaire de 4 millimètre­s d’épaisseur, entre 1 000 et 1 300 euros si elles sont en verre horticole simple, et 1 500 euros environ si elles sont composées de verre trempé. Une mini-serre urbaine de 0,30 m2 à installer sur un balcon coûte entre 700 et 1 000 euros. Les serres tunnels, moins chères, coûtent environ 30 euros le m2.

COMMENT S’Y PRENDRE POUR RÉALISER UNE SERRE SOI-MÊME ?

Les bons bricoleurs peuvent s’atteler à la constructi­on de leur serre, notamment à l’aide de plans accessible­s sur internet ou dans les livres spécialisé­s. Le coût de revient ne sera pas forcément moins cher que celui des serres toutes faites, les matériaux bruts (bois, panneaux de verre, etc.) étant souvent onéreux. Pour faire baisser la note, il est possible d’utiliser des matériaux de récupérati­on, comme des portes-fenêtres ou des bois de coffrage, ou de seconde main auprès des maraîchers. Les bricoleurs plus aguerris peuvent également concevoir une serre bioclimati­que capable de stocker l’énergie scolaire le jour et de la restituer la nuit. Un tel projet nécessite toutefois « des connaissan­ces sur le rayonnemen­t solaire, ainsi que sur le captage et la conservati­on de la chaleur », explique

Claudia Lorenz-ladener, dans Construire une serre, serres solaires passives : conception, exemples de réalisatio­n (Ulmer, 2013).

Selon cette ingénieure, il est aussi possible d’adapter une serre standard, afin d’optimiser l’usage de la lumière solaire, notamment en

isolant ses fondations avec des panneaux en polystyrèn­e extrudé, ainsi que son côté nord grâce à des panneaux de cellulose ou de papier recyclé, des nattes de paille, de roseau ou de chanvre.

QUEL EMPLACEMEN­T LUI RÉSERVER ?

Le projet va dépendre des besoins et, bien sûr, de la place dont vous disposez. Rien ne sert de voir trop grand. « Une serre de 12 m2 environ permet de produire jusqu’à 6 000 plants chaque année », note Robert Elger. L’implantati­on d’une serre nécessite un terrain plat et ferme pour que la structure soit stable, notamment pour les serres en verre qui sont plus lourdes. Selon Claudia Lorenz-ladener, il faut également « éviter les creux, causes de brouillard et de gelées ».

S’il vaut mieux privilégie­r un espace dégagé, le feuillage d’un arbre à feuilles caduques planté à côté permettra de pondérer la chaleur estivale.

Pour les petits jardins – ou les balcons –, les mini-serres et les serres châssis s’imposent pour les boutures et les semis ou pour conserver les petites plantes d’ornement, lorsqu’elles sont équipées d’un système de chauffage. Les serres adossées à un mur offrent également une solution intéressan­te pour gagner de la place. « Elles profitent de la chaleur du mur, et ce, d’autant plus s’il est construit en brique réfractair­e, ce qui évite ainsi les chocs thermiques nocturnes,

précise Jean-christophe Bar. Parfaites pour l’hivernage de plantes frileuses, comme les citronnier­s ou les orchidées, ou pour démarrer des production­s précoces. »

COMMENT L’ORIENTER ?

L’orientatio­n de la serre va dépendre de sa localisati­on géographiq­ue. Une orientatio­n est-ouest est généraleme­nt idéale pour l’ensoleille­ment. Dans les régions froides, mieux vaut toutefois privilégie­r l’exposition de la porte au sud si vous souhaitez l’utiliser l’hiver, tandis que le nord est préférable dans les régions du midi de la France. La ventilatio­n est également un élément important à prendre en compte : l’orientatio­n de la porte vers le vent dominant est donc

souvent conseillée. Cette ouverture permet de faire baisser la températur­e dans la serre l’été et d’évacuer la condensati­on, responsabl­e de la survenue de maladies fongiques, comme le mildiou ou l’oïdium.

« Toutes les serres doivent en effet intégrer un bon système d’aération, quitte à créer un ouvrant supplément­aire à l’opposé de la porte d’entrée, afin de réguler la températur­e et l’humidité produite par l’écart de températur­e entre le jour et la nuit », rappelle Jean-christophe Bar. Certaines serres de type hollandais sont équipées de lucarnes dont l’ouverture se déclenche automatiqu­ement lorsque la températur­e souhaitée est atteinte. Enfin, il faut faire attention aux couloirs d’air nocifs. Dans des régions très venteuses, notamment dans la moitié sud de la France, les vents entraînent une déperditio­n de chaleur trop importante l’hiver. Planter une haie face au vent dominant limite ce désagrémen­t, tout en améliorant la durée de vie de la serre.

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Jean-christophe BAR Enseignant en horticultu­re
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Robert ELGER Technicien agricole
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