La base de Luxeuil
Les ailes françaises sont présentes à Luxeuil depuis plus de cent ans. En 1910, les premiers vols sont effectués depuis le terrain de la Zouzette. Avec la Première Guerre mondiale, le camp d’aviation monte en puissance et accueille des unités de chasse, de bombardement et de reconnaissance françaises, britanniques et canadiennes et acquiert une place à part dans l’aéronautique militaire française, mais aussi dans les relations franco-américaines. Ainsi, le 1er avril 1916, le capitaine Maurice Happe prend le commandement du 4e groupe de bombardement, qui compte également une escadrille de chasse et de protection, la N124, qui deviendra celle des volontaires américains s’engageant pour la France – la fameuse escadrille La Fayette – et comptera également dans ses rangs Charles Nungesser et Antonin Brocard. Kiffin Rockwell, titulaire de la première victoire aérienne de l’unité à Verdun, est d’ailleurs enterré à Luxeuil. L’activité de la base se réduira après 1918. En 1940, la Luftwaffe l’utilisera comme terrain d’entraînement. À partir de 1950, sous l’impulsion d’André Maroselli, le terrain devient une base moderne – la BA 116 lieutenant-colonel Papin – qui accueille sur sa piste au standard OTAN, de 1966 à 1983, les Mirage IV de l’Arbois. Luxeuil devient cardinale pour la dissuasion nucléaire. En 1973, elle accueille les Mirage III dotés de l’AN52 du 1/4 Dauphiné et du 2/4… La Fayette. Les Mirage 2000N arrivent en 1988 et restent sur la base jusqu’en 2011 : le La Fayette part ensuite à Istres et le Dauphiné est dissous. Le départ de ces unités signe également la dissolution de l’escadron Servance, premier doté du nouveau SAMP Mamba. En échange, la base reçoit les 2000-5F du 1/2 Cigognes.
La base et l’escadre qu’elle accueille contribuent à quatre des fonctions stratégiques du livre blanc :
• la dissuasion : le GC 1/2 est l’unité référente de l’armée de l’Air pour la supériorité aérienne et est accompagnatrice d’un éventuel raid nucléaire ;
• la prévention, du fait des missions de l’escadron en matière de police du ciel ;
• la protection : l’escadron de chasse est engagé dans la permanence opérationnelle, mais, pour assurer ses missions de soutien à l’escadre et permettre sa mise en oeuvre, la base est également une «bulle» PRODEF (Protection Défense), dont les membres participent aux missions « Vigipirate » et « Cuirasse » ;
• l’intervention, en particulier sur des théâtres extérieurs.
Dans ce dernier cas, ne sont pas uniquement concernés des appareils et des pilotes : des mécaniciens, de même que des contrôleurs aériens, des fusiliers-commandos, des pompiers de l’air et des spécialistes de l’administration sont également engagés sur des bases aériennes projetées. La spécialisation de l’escadre dans la supériorité aérienne pourrait ainsi laisser croire à une unité relativement calme. Il n’en est rien : en moyenne, de 10 à 15% de ses personnels sont constamment engagés en opérations extérieures ou en permanence opérationnelle depuis Lorient. Soit en moyenne de 159 à 210 découchés par an et par pilote des Cigognes : une unité plus qu’active, donc…