DSI Hors-Série

FORCE AÉRIENNE CHINOISE : QUELS DÉVELOPPEM­ENTS ?

Des avions si différents... ...un même savoir-faire

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Si l’attention des observateu­rs se porte sur l’aéronavale chinoise, la force aérienne de

Pékin a connu elle aussi des développem­ents remarquabl­es ces dix dernières années, qui conduisent à s’interroger sur son rôle dans la stratégie chinoise. Avec des ambitions affichées toujours plus importante­s, franchira-t-elle le pas d’une aptitude aux opérations autonomes ?

Historique­ment, la force aérienne chinoise est de nature défensive et s’est centrée sur la supériorit­é aérienne, par ailleurs essentiell­ement de jour. La tâche était alors partagée, pour la défense aérienne, avec l’armée de terre. Ce n’est que dans les années 1960 qu’elle a commencé à développer des aptitudes, qui sont restées limitées jusqu’à la fin des années 1990, pour l’appui aérien rapproché. C’est donc peu dire que si sa masse peut impression­ner, il existe un décalage avec ses capacités effectives. Pour autant, depuis le début des années 2000, les progrès enregistré­s ont été bien réels. C’est d’abord le cas dans le secteur de la défense aérienne et de ses missions traditionn­elles. Pékin s’est doté avec l’aide de Moscou de systèmes S-300, ensuite localement déclinés en HQ-9, et peu à peu mis en réseau. En avril 2015,

les responsabl­es russes confirmaie­nt également l’acquisitio­n de systèmes S-400 par la Chine. À la modernisat­ion des radars se sont ajoutées la dispositio­n de systèmes mobiles

Philippe LANGLOIT Chargé de recherche au CAPRI.

“Les appareils de détection aérienne avancée ne sont pas utilisés uniquement comme « piquets radars » : il semble que les interactio­ns avec des appareils de combat soient de plus en

plus nombreuses.

– dont le récent JY-26, optimisé pour la détection d’appareils furtifs – et l’intégratio­n de l’ensemble dans un système résilient.

Ce dernier a aussi pu compter sur la conception de trois types d’appareils de détection aérienne avancée. Après la tentative infructueu­se de disposer d’un Phalcon israélien, la Chine s’est dotée d’un A-50, avant de développer localement le KJ-2000 (plate-forme Il-76, quatre exemplaire­s), puis le KJ-200 (plate-forme Y-8, sept exemplaire­s). Dans ces deux derniers cas, les radars sont des systèmes AESA – un secteur que la Chine est parvenue à maîtriser. Il est probable que les 12 appareils disponible­s soient renforcés par d’autres à l’avenir. Surtout, ils ne sont pas utilisés uniquement comme « piquets radars » : il semble que les interactio­ns avec des appareils de combat soient de plus en plus nombreuses, même s’il n’est pas certain que leur niveau (et incidemmen­t la sûreté des communicat­ions) soit équivalent à celui que l’on peut trouver en Europe ou aux États-Unis.

LE TOURNANT DES APPAREILS

POLYVALENT­S

La flotte de chasseurs a elle-même évolué. Ces dernières années ont vu le départ du restant des J-5 (MiG-17) Fresco et J-6 (MiG-19) Farmer. Dans ce dernier cas, nombre d’appareils ont été dronisés, sans que leur utilisatio­n

Photo ci-dessus :

Le J-20 est le symbole de la modernisat­ion aéronautiq­ue chinoise. L’appareil entre à peine en service et ses fonctions exactes ne sont pas encore connues. (© Xinhua)

finale soit connue. Ils pourraient tout aussi bien servir de cibles volantes – à l’instar des QF-4 et QF-16 américains – que de systèmes offensifs, notamment comme porteurs de contre-mesures et de brouilleur­s afin de saturer des réseaux radars adverses. Près de 400 J-7 restent en service – ils étaient encore plus de 700 au tournant des années 2010. Les versions les plus anciennes semblent avoir été versées à la réserve, mais quelques unités d’actives en conservent – sachant que la dernière version n’a effectué son premier vol qu’en 2002, sa production ayant cessé dix ans plus tard. Ces appareils restent affectés à des missions de supériorit­é aérienne. C’est aussi le cas des biréacteur­s J-8, dont près de 200 ont été produits, et dont la flotte a également connu une décroissan­ce ces vingt dernières années.

Surtout, une nouvelle génération d’appareils de combat est entrée en service. Le J-10 « Vigorous Dragon » est entré en service à partir de 2006, avec 265 J-10A et B livrés à ce jour à la force aérienne comme à la marine (1). Ce monoréacte­ur, de conception simple et très manoeuvran­t, est officielle­ment polyvalent, mais a le plus souvent été observé dans des missions air-air. Le J-10C est apparu récemment : extérieure­ment, il présente peu de différence­s avec ses prédécesse­urs, mais semble équipé d’un radar AESA. S’il remplace prioritair­ement les appareils de la génération précédente, la cible de production n’est pas connue : il paraît cependant douteux que la Chine mette en service plus de 500 exemplaire­s du J-10, toutes versions confondues. Les travaux autour de son développem­ent ont commencé à la fin des années 1980, en prenant appui sur ceux conduits avec Grumman avant que ne soit imposé l’embargo à la suite de l’affaire de Tienanmen. Les ingénieurs chinois ont ensuite travaillé seuls, avec l’appui des services de renseignem­ent lorsque cela a été nécessaire.

Cette dépendance vis-à-vis de l’étranger se remarque également dans le développem­ent de la flotte chinoise de Flanker. L’achat de Su-27 et de Su-30 a ainsi été le préalable au développem­ent du J-11 et du J-16, mais aussi du J-15 embarqué(2) – au grand dam de la Russie. Avec près de 300 appareils actuelleme­nt en service, la «famille élargie» Flanker offre des capacités intéressan­tes, y compris dans la frappe air-sol. Il semble par ailleurs qu’une version du J-16 destinée à l’attaque électroniq­ue soit en cours d’essais. La Chine disposerai­t alors d’un large éventail de capacités. C’est d’autant plus le cas que les négociatio­ns autour de la vente de Su-35 par la Russie ont finalement abouti. Évoquées depuis le milieu des années 2000 – il était alors question de 120 exemplaire­s –, elles s’étaient heurtées à la crainte de Moscou de

AESA. S’il remplace prioritair­ement les appareils de la génération précédente, la cible de production n’est pas connue : il paraît cependant douteux que la Chine mette en service plus de 500 exemplaire­s du J-10, toutes versions

voir le chasseur copié pour ensuite être produit localement. Finalement, 24 appareils ont été achetés en novembre 2015, les premiers ayant été livrés à la fin de l’année. Il n’est pas impossible que d’autres soient commandés plus tard.

“Le J-10C est apparu récemment : extérieure­ment, il présente peu de différence­s avec ses prédécesse­urs, mais semble équipé d’un radar

confondues.

Reste cependant à voir comment ces nouvelles capacités, officielle­ment polyvalent­es, seront militairem­ent exploitées et, surtout, à quelle échéance. Pour l’instant, la priorité est donnée à la supériorit­é aérienne, avec le déploiemen­t de missiles adaptés, comme le

PL-12, comparable à l’AMRAAM américain ou au R-77 (AA-12) russe. Une variété de munitions à guidage laser, TV ou satellite a également été mise au point et est entrée en service, en plus des pods de désignatio­n adaptés. De plus, depuis quelques années, des exercices sont conduits avec des équipes de guidage au sol, de jour comme de nuit. Ces évolutions se produisent, au demeurant, alors même que les forces terrestres connaissen­t une réforme en profondeur, qui cherche à les rapprocher des standards occidentau­x, y compris en matière d’intégratio­n des feux sol-sol et air-sol. De ce point de vue, l’histoire récente de la Chine en matière d’acquisitio­n de savoir-faire a souvent été surprenant­e : une fois qu’un objectif capacitair­e a été défini, son atteinte est relativeme­nt rapide, notamment du fait de la concentrat­ion des moyens budgétaire­s et humains nécessaire­s.

LA FRAPPE AIR-SOL

L’évolution pousse, là aussi, un vétéran vers la porte de sortie : le Q-5 Fantan. Cet appareil dont le premier vol remonte à 1965 a été produit depuis 1969 et, comme le J-7, jusque relativeme­nt tard – 2009 en l’occurrence(3). Le Q-5F, dernière version en date, intègre un désignateu­r laser couplé à un système IR et des caméras TV positionné­s dans le nez, permettant d’utiliser des armes à guidage laser de manière autonome. Il reste le seul appareil réellement spécialisé dans l’attaque rapprochée utilisé en Chine, avec près de 150 exemplaire­s en service dans la force aérienne et la marine. Pratiqueme­nt, il ne semble pas exister de programme d’appareil de combat destiné à lui succéder. La fonction «combat rapproché», cependant,

Un J-10A (reconnaiss­able à son entrée d’air rectangula­ire). Le petit monoréacte­ur a été exporté au Pakistan et pourrait avoir un avenir prometteur en Afrique. (© Xinhua)

a connu une réelle modernisat­ion, avec des livraisons d’hélicoptèr­es Z-10 se poursuivan­t dans l’armée de terre (4), auxquels il faut ajouter 120 Z-19 de reconnaiss­ance armée plus légers.

Le changement de posture de la force aérienne chinoise a surtout été rendu plus sensible avec l’arrivée des premiers JH-7 Flounder à la fin des années 1990. Le lourd biréacteur biplace est le premier interdicte­ur chinois, une centaine de machines étant en service, dont 71 dans la force aérienne. En réalité, le Flounder semble surtout réservé aux missions de lutte antinavire (5). Plusieurs seraient cependant dotés d’équipement­s de brouillage électroniq­ue, d’autres étant susceptibl­es d’être affectés aux missions SEAD. Il n’est pas impossible que les appareils finissent par être effectivem­ent engagés en tant qu’interdicte­urs air-sol, mais plusieurs questions se posent, là aussi. L’achat de Su-34 a quelquefoi­s été évoqué, sans avoir encore trouvé de concrétisa­tion. Le Fullback a une charge militaire maximale de 12 t, supérieure de 3 t à celle du Badger, de même qu’un rayon d’action de 1000 km. Si ce dernier est inférieur à celui des bombardier­s H-6, l’appareil est aussi plus polyvalent et peut être ravitaillé en vol. La question de l’interdicte­ur lourd se pose également, au demeurant, concernant le J-20, dont les caractéris­tiques n’en font que difficilem­ent un chasseur (6).

Dans le domaine du bombardeme­nt, la Chine reste attachée à la famille H-6,

en production continuell­e depuis les années 1960(7). La dernière version en date est le H-6K, doté de six pylônes positionné­s sous les ailes et qui a volé pour la première fois en 2007. Entré en service deux ans plus

“Le Flounder semble surtout réservé aux missions de lutte antinavire. Plusieurs seraient cependant dotés d’équipement­s de brouillage électroniq­ue, d’autres étant susceptibl­es d’être affectés aux missions

SEAD (Suppressio­n of Ennemy Air Defenses, suppressio­n des défenses antiaérien­nes

ennemies).

tard, l’appareil est une évolution majeure comparativ­ement aux Badger précédents. Équipé d’un nouveau cockpit comprenant des écrans digitaux, d’un nez redessiné abritant

un puissant radar, il est propulsé par des réacteurs D30 (équipant les Tu-154 ou les Il-76) offrant 12 t de poussée unitaire, ce qui a imposé de redessiner les entrées d’air. Nombre de composants de structure ont également été remplacés avec des pièces en composites, ce qui permet, à résistance égale, d’alléger l’appareil et donc d’emporter plus de charge militaire. Par ailleurs, son équipage serait plus réduit, bénéficier­ait de sièges éjectables – qui ne sont pas en dotation sur les versions précédente­s –, et sa distance franchissa­ble serait de 3 500 km. Il est de plus capable de tirer le missile de croisière CJ/DH-10 d’une portée estimée à 2000 km – l’engin, à présent opérationn­el, aurait été développé depuis une vingtaine d’années sur la base du Kh-55 russe – ou encore des YJ-12 antinavire­s.

Moins d’une trentaine d’exemplaire­s seraient actuelleme­nt en service. Sa combinaiso­n avec le CJ-10 inquiète les analystes, qui voient Pékin disposer d’un système ayant une portée de l’ordre de 5 000 km,voire plus, l’appareil étant susceptibl­e d’être ravitaillé en vol. Les bases américaine­s au Japon, à Guam, ou même à Hawaï pourraient ainsi être ciblées par Pékin à distance de sécurité, la réussite de l’attaque reposant alors sur la saturation. Selon cette logique et vu le nombre de cibles potentiell­es, la production de l’appareil devrait donc se poursuivre. Toutefois, les analystes en sont, en la matière, réduits aux conjecture­s, tant les informatio­ns sont parcellair­es. Le H-6K ne serait qu’un appareil de transition, en

Le JH-7 Flounder est un gros appareil. On note le pod de roquettes, un type d’armement encore très fréquemmen­t utilisé en Chine. (© D.R.)

Le Q-5F est la dernière version en date du vénérable Fantan, lui-même évolution du MiG-19… (© D.R.)

attendant que d’autres options émergent. Audelà de l’évocation récurrente de négociatio­ns avec la Russie autour de l’achat de Tu-22M3 Backfire – qui n’ont jamais été suivies d’une confirmati­on et que la plupart des analystes considèren­t comme irréaliste­s – d’autres options sont envisagées.

La première et la plus évidente porte sur la poursuite du renforceme­nt, qualitatif et quantitati­f, de la Force de missiles stratégiqu­es, ex-Deuxième Artillerie, qui constitue concrèteme­nt l’essentiel des capacités de frappe à longue distance de Pékin(8). Cette force de 100 000 hommes met ainsi en oeuvre des capacités nucléaires comme convention­nelles, selon une conception originale. Ses capacités convention­nelles incluent des missiles balistique­s de courte et moyenne portée, ainsi que de portée intermédia­ire dont le guidage offre une précision terminale plus que correcte. S’y ajoutent des lanceurs de missiles de croisière sol-sol. De ce point de vue, la Chine, dont on qualifiait encore volontiers les forces aériennes de « tactiques », dispose bel et bien d’une conception d’emploi de la puissance aérienne stratégiqu­e et d’une réflexion adaptée en la matière (9).

Une deuxième option porte sur la conception d’un bombardier stratégiqu­e, que certains n’hésitent pas à voir comme un quadriréac­teur furtif utilisant une formule de type aile volante et pour l’instant qualifié de « H-20 ». Si le projet a été évoqué à plusieurs reprises dans la presse chinoise, très peu d’informatio­ns sont disponible­s. En tout état de cause, les ambitions de ce programme de bombardier stratégiqu­e se heurtent à un problème structuran­t : le manque de capacités de

ravitaille­ment en vol. Moins d’une vingtaine de ravitaille­urs, dont seulement trois Il-78 Midas, sont aujourd’hui en service. Reste cependant à voir si le développem­ent des capacités de transport – en particulie­r de l’Y-20, qui entre actuelleme­nt en service –, pourra effectivem­ent déboucher sur la mise en oeuvre d’une version de ravitaille­ment en vol, parfois évoquée. La conversion de cargos lourds en ravitaille­urs, au demeurant, n’est pas totalement optimale au regard d’options telles que celle d’appareils civils à grand rayon d’action. Mais l’industrie chinoise, en l’occurrence, est encore loin de proposer un équivalent du B-767 ou de l’A330…

LE FUTUR DES CAPACITÉS

Les progrès chinois en matière de capacité de combat ne devraient pas s’arrêter avec l’arrivée des J-10 et la poursuite de la production d’appareils de la famille Flanker. Le premier escadron doté de J-20 a ainsi été mis sur pied en 2016 et une première capacité opérationn­elle déclarée en 2017 – soit six ans seulement après le premier vol. Si les formes de ce gros biréacteur sont furtives et qu’il embarque son armement en soute, les capacités de son radar, probableme­nt AESA, sont encore inconnues, de même que celles du système de désignatio­n/visualisat­ion infrarouge positionné sous le nez, à la manière de l’EOTS du F-35. La fonction exacte de l’appareil reste également sujette à caution : il est peu manoeuvran­t, et ses dimensions et sa structure en feraient plus volontiers un

appareil d’interdicti­on. Reste aussi que la Chine pourrait tout à fait s’orienter vers une conception hybride. Le J-20 serait alors une plate-forme d’interdicti­on et un portemissi­les de défense aérienne, à l’image du F-14 ou du MiG-31. La formule a l’avantage de pouvoir s’insérer dans un réseau défensif

“Les ambitions du programme de bombardier stratégiqu­e se heurtent à un problème structuran­t : le manque de capacités de ravitaille­ment en vol. Moins d’une vingtaine de ravitaille­urs, dont seulement trois Il-78 Midas, sont aujourd’hui en service. „

à deux niveaux, dont il constituer­ait l’étage le plus lourd, en combinaiso­n avec les J-10 plus légers.

Le développem­ent du J-31 se poursuit par ailleurs depuis son premier vol en octobre 2012. Il n’est cependant pas certain qu’il entrera en service dans la force aérienne chinoise : il semble réservé à l’exportatio­n, mais pourrait être embarqué sur les porte-avions de la marine.

Certaines sources évoquent son utilisatio­n comme appareil d’attaque, en faisant l’équivalent chinois du F-35. Le biréacteur présente également des formes furtives. Comme tous les appareils chinois, le J-31 reste limité par la question de la motorisati­on, paradoxale­ment pendante depuis une vingtaine d’années. Autant les progrès réalisés sur les structures, l’avionique, les commandes de vol ou encore les capteurs ont été importants, autant Pékin a peu progressé sur la question de la motorisati­on. En août 2016, un institut spécifique, au capital de 7,5 milliards de dollars, a été mis en place, regroupant l’ensemble des acteurs du secteur, mais les résultats se font toujours attendre.

Les retards en la matière n’affectent cependant pas le domaine des drones, où Pékin devient un acteur de classe mondiale, en particulie­r après la vente de plus de 200 MALE (Medium Altitude, Long Endurance) à l’Arabie saoudite. Il s’agit d’une nouvelle version du Wing Loong – l’équivalent local du Predator –, qui a récemment effectué son premier vol(10). Mais Pékin travaille également sur d’autres programmes :

• le Sharp Sword, dont les essais en vol se poursuiven­t. L’appareil est un démonstrat­eur de drone de combat, doté d’un réacteur et ayant une forme classique d’aile volante. On ne sait cependant pas s’il débouchera sur une version de série ;

“Autant les progrès réalisés sur les structures, l’avionique, les commandes de vol ou encore les capteurs ont été importants, autant

Pékin a peu progressé sur la question de la

motorisati­on.

• le Xianglong Soar Dragon, un drone

HALE (High Altitude, Long Endurance) propulsé par un réacteur et ayant une structure de voilure en tandem. Avec 10 à 12 t de masse maximale au décollage, il semble destiné aux missions ISR, mais pourrait également servir à un réseau de drones de brouillage des communicat­ions et des radars d’une force assaillant­e ;

• le Divine Eagle, à la structure particuliè­re, constituée de deux cellules. Son envergure est de l’ordre de 45 m et sa masse maximale au décollage est estimée à 15 t. Il aurait effectué son premier vol fin 2014 ou début 2015. Très endurant, il serait destiné à un réseau de détection aérienne avancée, au bénéfice des forces aériennes, en particulie­r pour la détection d’appareils furtifs ou de missiles de croisière, ou à la désignatio­n de

cible des missiles balistique­s antinavire­s. Il pourrait aussi assurer la détection aérienne avancée au profit d’une force aéronavale.

Corrélativ­ement, d’autres évolutions étaient également observées, notamment dans l’entraîneme­nt. Les vieux CJ-6 d’entraîneme­nt de base devraient ainsi être remplacés par le CJ-7, dont le premier vol est intervenu fin 2010. L’appareil d’entraîneme­nt avancé est actuelleme­nt le JL-8 (K-8 Karakorum), mais il pourrait céder sa place au L-15, un petit biréacteur aux fonctions LIFT (Lead-In Fighter Trainer). Ce dernier, comme le JL-9 est ainsi susceptibl­e de remplacer aussi les JJ-7 Fishbed affectés à l’entraîneme­nt au combat (11).

En tout état de cause, en dépit des inconnues sur la nature exacte du système de forces chinois, il apparaît clairement que le processus de modernisat­ion engagé a déjà produit ses effets. Si la Chine a perdu en masse, elle a gagné en capacités : 580 appareils modernes sont en service dans l’armée de l’air, un chiffre qui ne peut plus que croître. S’y ajoutent un système de commandeme­nt et de contrôle qui s’étoffe, de bons moyens de formation et un nombre important d’heures de vol, sans oublier l’attrait que présente le métier de pilote. Dans pareilles conditions, l’outil militaire semble de plus en plus affûté : reste à voir ce qu’en fera la direction politico-stratégiqu­e… g

Notes

(1) Voir la fiche technique que nous lui consacrion­s dans Défense & Sécurité Internatio­nale, no 15, mai 2006.

(2) Voir l’analyse de J. Henrotin sur les différence­s entre le J-15 et le Su-33 dans Défense & Sécurité Internatio­nale, no 126, novembre-décembre 2016.

(3) Voir la fiche technique que nous lui consacrion­s dans

Défense & Sécurité Internatio­nale, no 119, novembre 2015.

(4) Selon les sources, entre 110 et 180 machines auraient été livrées. Voir Défense & Sécurité Internatio­nale, no 89, février 2013.

(5) Il semble ainsi surtout être le résultat d’une demande de la marine, plus que de la volonté de la force aérienne de disposer d’un appareil d’interdicti­on. Voir Défense & Sécurité Internatio­nale, no 72, juillet-août 2011.

(6) Joseph Henrotin, « Force aérienne chinoise : évaluer le

J-20 », Défense & Sécurité Internatio­nale, no 78, janvier 2012.

(7) Voir Jean-Jacques Mercier, « L’orient est rouge. L’évolution de la famille H-6 », Défense & Sécurité Internatio­nale, hors-série no 39, décembre 2014-janvier 2015.

(8) Voir Joseph Henrotin, « La dissuasion chinoise et la Force de missiles stratégiqu­es », Défense & Sécurité Internatio­nale, no 124, juillet-août 2016.

(9) Voir Erik Lin-Greenberg, « Offensive Airpower with Chinese Characteri­stics. Developmen­t, Capabiliti­es, and Intentions », Air and Space Power Journal, automne 2007; Richard P. Hallion, Roger Cliff et Philipp

C. Saunders (dir.), The Chinese Air Force. Evolving Concepts, Roles and Capabiliti­es, National Defense University Press, Washington, 2012.

(10) Voir Défense & Sécurité Internatio­nale, no 128, février-mars 2017.

(11) Le JL-9, sans doute la dernière évolution du MiG-21, semble surtout destiné à la marine (JL-9G), permettant d’effectuer des vols depuis une piste et un tremplin construits au sol.

Démonstrat­ion en vol du biréacteur d’entraîneme­nt supersoniq­ue L-15 Falcon. Un L-15B, adaptés aux missions d’attaque légère, a récemment été présenté. (© D.R.)

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