ÉDITORIAL
AAvec l’arrivée à l’élysée d’emmanuel Macron, la nomination du nouveau gouvernement et une nouvelle Assemblée nationale, la France semble être en ordre de bataille pour les défis à venir, lesquels, dans une large mesure, sont déjà connus. On peut les classer en trois catégories. D’abord, concernant les forces, nombre de questions restent pendantes. Il appartient au nouvel exécutif de tenter d’y répondre, tant elles sont parfois complexes (1). Ensuite, les opérations en cours sont loin d’être terminées. Au Sahel, les États ne semblent pas prêts à reprendre rapidement la main tandis que la menace ne faiblit pas. Au Levant, la perspective d’une reprise des territoires capturés par l’état islamique cache l’enjeu de la lutte contre le djihadisme, qui semble encore incompris, et qui continue de se traduire par la fixation d’un volume de forces considérable sur le territoire national. La montée en puissance d’états comme la Chine ou la Russie apparaît également comme une préoccupation majeure. S’y ajoutent les inquiétudes autour de la situation en République centrafricaine où, même si l’opération « Sangaris » est terminée, les regards se tournent vers la France. Enfin, le dernier défi découle naturellement des deux premiers. Les armées françaises en sont à un stade d’essoufflement insoupçonné. Hommes et matériels sont à bout. Prises au piège de leur volontarisme et de leur discipline, les forces se sont trouvées ces dernières années dans la position, paradoxale, où le maintien des budgets n’était justifiable que par le volume des opérations. Encore cette défense fut-elle insuffisante. Pour reprendre l’image un temps utilisée, le « costume » n’est plus « juste à la bonne taille » : il est désormais trop petit et les urgences, du maintien en condition opérationnelle jusqu’à l’achat de matériels compensant ceux désormais inutilisables, sont appelées à s’accumuler. La question budgétaire sera donc centrale. Or les premiers signaux de la politique suivie en la matière ne sont pas bons et ne marquent pas de rupture fondamentale au regard des deux quinquennats précédents : un premier gel budgétaire de 2,66 milliards annoncé début juin avant qu’un autre, de 850 millions, ne soit annoncé début juillet. Le signal envoyé à l’international, alors que se déroulera un exercice « Zapad-2017 » sous haute tension mi-septembre (2) semble ainsi pour le moins mitigé…