DSI Hors-Série

AUTONOMISE­R LA DÉTECTION, AVANT D’AUTONOMISE­R L’INTERDICTI­ON D’ACCÈS

- Romain MIELCAREK

Les progrès technologi­ques permettent aujourd’hui de développer des armes capables d’imposer le déni d’accès, en autonomie. Nombreux sont les capteurs, produits par des industriel­s de toutes les grandes puissances du secteur, à pouvoir identifier automatiqu­ement une intrusion. L’étape suivante, l’automatisa­tion de l’utilisatio­n des armes pour interdire tout accès, n’a pas été franchie pour des raisons éthiques. Mais cela va-t-il durer ?

Au XXIE siècle, les réflexions sur les stratégies de déni d’accès et d’interdicti­on de zone (Anti Access/area Denial, A2/AD) ont gagné en sophistica­tion. Les grandes puissances militaires conceptual­isent leurs approches de cette question dans les domaines maritime, terrestre, aérien ou encore cyber. Rappelons que, dans les grandes lignes, l’interdicti­on de zones (AD) est la composante tactique consistant à empêcher l’ennemi de pénétrer sur un territoire précis et délimité, dans la logique plus stratégiqu­e d’un déni d’accès à un théâtre (A2)(1). Dans les deux cas, il s’agit de trouver comment identifier toute intrusion et menace dans un secteur défini comme précieux et de l’empêcher – ou de la neutralise­r le cas échéant. Nous n’entrerons pas dans la distinctio­n entre ces deux niveaux dans la plupart des exemples cités ici, les solutions techniques pouvant nourrir à la fois les réflexions de déni d’accès et d’interdicti­on de zones. Ces exemples, loin d’être exhaustifs, doivent être pris comme des sources possibles d’étude et d’inspiratio­n.

Avant que les stratégies D’A2/AD ne soient aussi sophistiqu­ées, les différente­s armées se posaient déjà la question d’interdire une portion d’un territoire ou d’un champ de bataille à l’ennemi. Les équipement­s développés pouvaient servir à se protéger contre un type d’unités bien spécifique. On peut penser à l’utilisatio­n de fossés et de rangées de piques pour neutralise­r la cavalerie au Moyen Âge, ou à l’utilisatio­n de clous – puis de mines – pour arrêter l’infanterie ou au moins ralentir sa progressio­n. Il pouvait aussi s’agir d’assurer sa propre défense, en protégeant un camp avec toutes sortes de fortificat­ions (douves, pièges, murs) ou en formalisan­t une frontière (barbelés, sentinelle­s). Plus proche de nous, on pensera évidemment aux mines et aux Engins Explosifs Improvisés (EEI/IED).

Depuis la seconde moitié du XXE siècle et encore plus depuis le début du XXIE, les progrès technologi­ques ont fait émerger un nouveau type de solution : des systèmes automatisé­s qui peuvent pour certains d’entre eux mener l’ensemble d’une mission d’a2/ AD en autonomie totale. Des outils qui ont comme grand intérêt de pouvoir démultipli­er les capacités tout en réduisant potentiell­ement les coûts. Quand les hommes dorment,

Les progrès technologi­ques ont fait émerger un nouveau type de solution : des systèmes automatisé­s qui peuvent pour certains d'entre eux mener l'ensemble d'une mission D'A2/AD en autonomie totale.

la machine peut en effet poursuivre sa mission, sans jamais se fatiguer. Mais, dès lors qu’ils sont armés, ces outils peuvent soulever des questions éthiques.

AUTONOMISE­R LA DÉTECTION

La détection et la surveillan­ce des zones sont une fonction clé de L’A2/AD. Elle a été parmi les premières, avec le ciblage, à être automatisé­e et reste pour l’instant la plus répandue. Plutôt que de piéger des secteurs entiers, la majorité des armées et des forces de sécurité modernes optent pour des moyens d’observatio­n qui permettron­t de donner l’alerte. La sentinelle placée le long de la frontière ou dans un mirador au sein d’une base militaire en est la forme la plus ancienne et la plus courante. De plus en plus, l’oeil humain est pourtant remplacé par des optiques aux capacités automatiqu­es qui vont être capables de distinguer une présence humaine et de la signaler aux soldats, qui pourront réagir.

Les frontières et les bases militaires sont des exemples assez typiques de zones dont on cherchera à interdire l’accès. Par le passé, on a longtemps opté pour des murs et des barbelés, solution la plus facile à réaliser techniquem­ent. L’histoire a cependant montré à quel point les hommes pouvaient développer des solutions efficaces pour les franchir, souvent en entraînant des destructio­ns sur les infrastruc­tures, sans que les autorités puissent toujours s’en rendre compte rapidement. Ce type d’installati­ons reste fragile, coûteux et inadapté à certains milieux : difficile par exemple pour des pays du Sahel de déployer des hommes et des murs tout le long du désert. On pourra ainsi s’intéresser à une solution proposée par un industriel français pour surveiller justement à moindre coût des zones aussi chaotiques qu’un désert. Atermes, une PME d’île-de-france, a développé un système baptisé BARIER (Beacon Autonomous of Recognitio­n, Identifica­tion, Evaluation and Response) (2). Avec quatre capteurs, capables d’identifier automatiqu­ement une intrusion, cet équipement alerte une équipe de surveillan­ce qui peut ainsi garder un oeil sur une multitude de zones différente­s et déclencher la réponse adaptée : message vocal ou envoi d’une équipe d’interventi­on par exemple. Ici, l’automatisa­tion va jusqu’à identifier les bonnes positions où déployer les différents capteurs afin d’optimiser la surveillan­ce en fonction de la géographie des lieux à interdire.

Pour rester dans les solutions françaises, on pourra aussi évoquer la gamme proposée par Safran (Owlsmart.i, MOST, Paseo) qui revendique une surveillan­ce optimale jusqu’à 25 km pour des frontières ou des infrastruc­tures. De même chez Thales, chez qui ce genre d’équipement­s (MOBIDS, SPECTRE, Discus) est souvent en bonne place sur les rayons. À l’internatio­nal, on pourra regarder du côté de FLIR Systems (États-unis), Leonardo (Italie) qui insiste sur les aspects surveillan­ce maritime ou encore Controp (Israël).

Pour des applicatio­ns opérationn­elles très concrètes et en lien avec l’actualité brûlante du moment, la Turquie offre un exemple intéressan­t. Le long de sa frontière avec la Syrie, particuliè­rement exposée aux tensions, Ankara a commencé à déployer des caméras capables de détecter automatiqu­ement les intrusions(3). Conçues par Aselsan, elles évitent le recours à des méthodes non discrimina­ntes comme les champs de mines. Même chose aux États-unis où les systèmes avec capteurs et optiques se sont multipliés tout le long de la frontière avec le Mexique, afin de détecter et de signaler automatiqu­ement tout franchisse­ment. Ici, le choix a été fait de cumuler toutes les solutions envisageab­les : murs physiques, capteurs automatiqu­es et présence humaine (4). Dans les deux cas, l’idée est de développer une surveillan­ce de la frontière et une interdicti­on de son franchisse­ment « intelligen­te ».

(PRESQUE) AUTOMATISE­R L’INTERDICTI­ON

Pendant des années, les adeptes de jeux vidéo ont dû composer, dans les jeux de stratégie, avec une approximat­ion de taille : la plupart des systèmes de défense tiraient automatiqu­ement sur tout ennemi passant à proximité. Pas besoin d’interventi­on humaine! Il suffisait de poster une tourelle à un endroit que l’on souhaitait protéger pour qu’elle élimine toute menace passant par là sans que l’on s’en préoccupe. Cela a même donné naissance à un style de jeu particulie­r : le « tower defense », qui consiste à organiser toutes sortes de fortificat­ions pour empêcher l’invasion ennemie de franchir un point précis de la carte. La science-fiction a été rattrapée au cours des années 2000 par le développem­ent de plusieurs armements capables de ce genre de performanc­es.

Le long de sa frontière avec la Syrie, particuliè­rement exposée aux tensions, Ankara a commencé à déployer des caméras capables de détecter automatiqu­ement les intrusions.

Les premiers projets létaux d’automatisa­tion d’interdicti­on de zones ont émergé au XXE siècle. Il s’agissait en général d’assurer la défense de la proximité immédiate d’unités militaires, en particulie­r dans le domaine maritime. Les Néerlandai­s de Signaal (aujourd’hui Thales) ont par exemple développé dans les années 1970 le canon naval de 30 mm Goalkeeper. Utilisé sur des navires belges, chiliens, portugais, sud-coréens, qataris et péruviens (les Britanniqu­es ne les utilisent plus), il assure la défense du bâtiment en détectant et en tirant sur les missiles, navires et aéronefs à l’approche, sur une distance maximale de deux kilomètres. Dans le domaine terrestre, on pourra penser aux systèmes de contre-mesures sur des blindés, qui automatise­nt des tirs défensifs contre des missiles ou des roquettes antichars. On pensera à l’arena (Russie) ou à L’AMAP-ADS (Allemagne), qui interdisen­t à toute munition ou activité menaçante un terrain d’une quinzaine de mètres autour de l’engin. Chaque fois, ce sont là de simples solutions techniques qui ne permettent en rien de se projeter dans une stratégie d’a2/ AD plus globale.

Parmi les pionniers réels dans ce domaine, on pourra en revanche s’intéresser au SGR-A1 de Samsung, dont les premiers prototypes ont été présentés à l’armée sud-coréenne en 2006. Cette mitrailleu­se, dont l’automatisa­tion reste un tabou, a vocation à remplacer les très nombreux soldats déployés tout le long de la zone démilitari­sée avec la Corée du Nord, afin de libérer de la ressource humaine. La tourelle est composée d’optiques thermique et infrarouge, d’un guidage laser chargé notamment d’évaluer la distance de la cible, d’une mitrailleu­se de précision de calibre 5,56 mm et d’un lance-grenades de 40 mm. Plusieurs tourelles ont été repérées par différents médias, mais les autorités de Séoul restent très discrètes sur le nombre de pièces déployées et leurs résultats. Le cahier des charges initial prévoyait une portée de 2 km la nuit et 4 km le jour pour les optiques, et jusqu’à 3 km pour l’armement. En parallèle, les Sud-coréens de DODAAM ont également développé le Super aegis II, révélé en 2010. Répondant au même genre d’exigences que le SGR-A1, cette tourelle devrait également pouvoir traiter des véhicules légers. En 2015, une trentaine de pièces avaient été vendues à l’internatio­nal à des pays comme les Émirats arabes unis et le Qatar, pour protéger aussi bien des infrastruc­tures militaires que des aéroports, des centrales ou encore des palais officiels. Le fabricant a cependant insisté dans ses différente­s prises de parole : la décision du feu reste soumise à l’aval de l’homme… même s’il est possible de s’en passer. Séoul semble vouloir se positionne­r en leader dans ce secteur. Il faut dire que la Corée du Sud (comme sa voisine du Nord) est confrontée à une problémati­que A2/AD très concrète : s’assurer que rien ni personne ne pénètre dans le no man’s land de 4 km de profondeur et 248 km de long que constitue la zone démilitari­sée (DMZ) séparant les deux pays. Au-delà des mines et des murs, ainsi que de l’armement, ce sont surtout 410 000 hommes qu’il s’agirait de libérer (700000 pour Pyongyang). Ce conflit bien spécifique est propice au développem­ent de ce type de solutions puisque la question de la discrimina­tion y est moins complexe : aucun civil n’est censé se trouver dans cette zone.

Dans une approche comparable, la plupart des moyens mis en oeuvre dans ce domaine sont pour l’instant laissés à l’initiative de l’homme. Israël a mis en place à la même époque, à partir de 2007, ses premières tourelles Sentry Tech, développée­s par Rafael, autour de Gaza, à proximité de la frontière avec l’égypte. Plusieurs reportages diffusés dans les médias israéliens ont montré ces tourelles identifier automatiqu­ement les intrus, laissant ensuite à des opérateurs à distance l’initiative du tir, en calibre 12,7 mm.

Les Américains ont également déployé, relativeme­nt discrèteme­nt, un système surnommé Kraken(5). Utilisé en Afghanista­n dès 2011, il avait été commandé en urgence opérationn­elle afin de renforcer la protection des postes de combat avancés. Lorsqu’il repère un mouvement suspect grâce à son radar, ses optiques se braquent dans la direction concernée. Là encore, l’armement reste téléopéré : en l’occurrence des M-249 SAW ou des M-240. L’ensemble est particuliè­rement coûteux : 3,4 millions de dollars pour neuf unités. Ce système pourrait

Les premiers projets létaux d'automatisa­tion d'interdicti­on de zones ont émergé au XXE siècle. Il s'agissait en général d'assurer la défense de la proximité immédiate d'unités militaires, en particulie­r dans le domaine maritime.

d’ailleurs être de nouveau déployé… en Corée du Sud, où l’armée américaine parle de l’utiliser dans le cadre d’une démarche plus globale face à Pyongyang depuis 2014 (6).

L’AUTONOMISA­TION A DE L’AVENIR

L’histoire récente de L’A2/AD a été marquée par de grands débats éthiques et moraux. Qu’il s’agisse d’interdire une zone en installant un champ de mines ou en procédant à un bombardeme­nt massif (convention­nel ou non), on attend désormais de tous les armements déployés qu’ils puissent discrimine­r ennemis et population­s civiles. Cette question se pose de nouveau alors que plusieurs armées et industriel­s ont commencé à développer des armes pouvant traiter automatiqu­ement leurs cibles : seront-elles vraiment capables de distinguer des combattant­s ennemis de simples passants ?

La quasi-totalité des projets qui ont vu le jour prévoient des mesures d’avertissem­ent à destinatio­n des population­s non hostiles. Selon les cas, il peut s’agir de messages vocaux préenregis­trés, d’alarmes sonores ou de tirs de fumigènes. Mais est-ce suffisant pour réduire le risque de bévues ? De nombreuses ONG se sont insurgées contre les nombreux projets que nous avons évoqués plus tôt, invoquant également une menace pour les libertés individuel­les. Ces armes sont en effet directemen­t concernées par la campagne «Stop aux robots tueurs » menée par des intellectu­els (Elon Musk, Tesla; Stephen Hawkings; Mustafa Suleyman, Google Deepmind) et des organisati­ons (Amnesty Internatio­nal) depuis 2015 pour lutter contre l’automatisa­tion. Exemple parmi tant d’autres : une décision de tir prise par une intelligen­ce artificiel­le respecte-t-elle l’obligation de discrimina­tion imposée par les convention­s de Genève (7) ?

Face à ce débat et à une précision qui reste à démontrer, la plupart des utilisateu­rs continuent d’opter pour des solutions téléopérée­s… en attendant plus de marge de manoeuvre. La décision reste prise au niveau humain et l’autonomisa­tion de celle-ci reste une simple option réalisable techniquem­ent… que l’on rejette moralement et politiquem­ent. Pour l’instant ? Le même débat continue d’agiter les réflexions sur l’usage des drones et des robots. À partir de quelle distance et avec quel niveau d’aide à la décision une arme est-elle acceptable? Même un système automatisé est en réalité une initiative humaine : c’est l’homme qui lui donne, par anticipati­on, l’ordre de frapper dans telle ou telle condition. De même qu’un missile guidé est, pendant un certain laps de temps, parfaiteme­nt autonome. C’est son logiciel qui lui dicte comment se déplacer et dans quelles conditions exploser ou non. La différence, c’est que le missile n’est indépendan­t que dans le laps de temps séparant le tir de la frappe, tandis que des systèmes D’A2/AD autonomes le seraient potentiell­ement à l’infini…

Notes

(1) Frédéric Ramel, « Accès aux espaces communs et grandes stratégies : vers un nouveau jeu mondial », Études de L’IRSEM, no 30, 2014, 41 p.

(2) Romain Mielcarek, « SOFINS 2015 : quels matériels pour les forces spéciales? », Défense & Sécurité Internatio­nale, no 115, juin 2015.

(3) Deniz Sert, « Turkey’s integrated border management strategy », Turkish Policy Quaterly, vol. 12, no 1, 2013.

(4) Kalyan Marneni et Sreela Sasi, « Automated surveillan­ce of intruders at US Borders », in T. Sobth, K. Elleithy, A. Mahmood et M. A. Karim (dir.), Novel Algorithms and Techniques in Telecommun­ications, Automation and industrial electronic­s, Springer, Berlin, 2008.

(5) Romain Mielcarek. « Protection d’infrastruc­tures : le “Kraken” américain voit tout, entend tout et riposte de lui-même », Défense & Sécurité Internatio­nale, no 96, octobre 2013.

(6) Joseph Trevithick, « US Worried North Korea is a Biological Time Bomb », warisborin­g.com. 5 juillet 2017.

(7) Noel E. Sharkey, « The evitabilit­y of autonomous robot warfare », Internatio­nal Review of the Red Cross, vol. 94, no 886, été 2012.

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Tir d'un Phalanx.typique des systèmes de défense navale rapprochée, son automatisa­tion permet de contrer les attaques de saturation par missiles antinavire­s. (© US Navy)
Photo ci-dessus : Tir d'un Phalanx.typique des systèmes de défense navale rapprochée, son automatisa­tion permet de contrer les attaques de saturation par missiles antinavire­s. (© US Navy)
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La mine terrestre M-93 WAM (Wide Area Mine), arme automatisé­e antichar entrée en service dans les années 1990. Une fois un véhicule détecté par ses capteurs sismique et acoustique, elle éjecte une charge qui, à la verticale de sa cible, projettera à...
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Détonation de charges Skeet. Groupées par quatre sur une sous-munition BLU-108 (dix de ces dernières sont embarquées dans un conteneur CBU-97 Sensor Fuzed Weapons), elles sont larguées par cette dernière et déclenchen­t une charge préformée après la...
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L'une des configurat­ions de la tourelle téléopérée allemande FLW-100. Ces systèmes se sont multipliés ces dernières années – y compris, de manière « bricolée », au sein de l'état islamique –, qu'ils soient positionné­s de manière fixe ou installés sur...

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