DSI Hors-Série

L’armement hypersoniq­ue dans le monde

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La recherche d’armements aérobies hypersoniq­ues n’est pas propre aux États‑unis. Au début des années 1980, L’URSS a commencé à travailler sur le KH‑90, qui devait connaître des dé‑ clinaisons à lancement aérien (AS‑19 Koala pour L’OTAN) et sous‑marin (SS‑N‑24 Scorpion). L’engin, d’une portée de 3000 à 4000 km, devait dépasser Mach 5, au prix cependant d’une masse de 15 t. Mis en sommeil avec l’effondreme­nt de L’URSS, le pro‑ gramme a semblé renaître au milieu des années 1990. Ce qui était alors désigné comme « X‑90 » devait être lancé depuis un Tu‑160 et pouvoir larguer deux charges, mais les financemen­ts n’ont pas suivi. Le programme a refait surface dans les années 2010, jusqu’à l’annonce de la volonté de la marine russe de se doter du 3M22 (ou 3K22) Zircon C, dont les essais doivent s’achever en 2017. Les ambitions sont cependant revues à la baisse : la distance franchissa­ble de 3000 à 4000 km pourrait être por‑ tée à 800‑1000 km. La vitesse serait comprise entre Mach 4,5 et Mach 6 (1). Entre‑temps, les recherches sur les vols hypersoniq­ues se sont poursuivie­s, notamment dans le cadre d’une coopé‑ ration franco‑russe. MBDA, L’ONERA et l’institut central aérohydrod­ynamique (TSAGI) ont ainsi mené des essais, avec un succès mitigé. De son côté, la société indo‑russe Brahmos Aerospace annon‑ çait qu’un moteur hypersoniq­ue allait être développé pour un missile hyper‑ sonique antinavire qui serait proposé à l’exportatio­n, le Brahmos II. Également doté d’un ramjet, le système doit avoir une portée de 290 km et pouvoir at‑ teindre Mach 7. Évoqué depuis 2013, il doit commencer ses essais en vol en 2020. Comme pour le Zircon, la fonc‑ tion antinavire ne constitue nullement un facteur de blocage.

Reste également le cas de la France, dont l’expérience est l’une des plus importante­s au monde. L’ASMP‑A a une vitesse fréquemmen­t donnée pour Mach 3 et une portée d’environ 500 km, avec une précision terminale considérée comme de l’ordre de 10‑15 m – une re‑ marquable performanc­e. Si l’engin n’est pas hypersoniq­ue, il a néanmoins permis de développer des compétence­s dans le domaine du vol à très haute vitesse qui s’avéreront précieuses pour la suite. Si le missile doit être revalorisé à mi‑vie, il va surtout connaître un successeur. François Hollande indiquait ainsi à Istres, en février 2015, que « des études ont été également réalisées pour explorer ce que pourra être le successeur de L’ASMP-A. Les technologi­es les plus exigeantes seront mises en oeuvre pour, en particulie­r, être encore plus efficaces dans les domaines de la vitesse des matériaux et de la furtivité ». L’AS4NG devrait s’appuyer sur les technologi­es associées à l’hypervéloc­ité pour entrer en service « à horizon 2035 ». Reste à voir s’il ne sera décliné qu’en version à charge nucléaire.

Note

(1) Pour un point complet sur ce programme : Alexandre Sheldon-duplaix, « Significat­ion politique et militaire des nouveaux missiles de croisière russes », Défense & Sécurité Internatio­nale, no 127, janvier-février 2017.

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