Le rôle de l’artillerie
S’il est fréquemment question d’avia‑ tion en matière de lutte contre‑a2/ AD, il faut sans doute envisager cette dernière dans une approche globale au regard de la troisième dimension. Les progrès réalisés en matière d’artil‑ lerie laissent penser qu’elle jouerait un rôle important dans la lutte contre les points clés du dispositif adverse. De facto, on ne peut que constater l’ac‑ croissement de la portée de l’artillerie à tube traditionnelle : dépasser les 40 km est à présent fréquent, les obus bénéficiant par ailleurs soit de systèmes de guidage, soit de systèmes de correc‑ tion de trajectoire. Mais l’évolution la plus notoire est sans doute à trouver du côté des lance‑roquettes multi‑ ples. La «roquette» M‑31 GMLRS porte ainsi à 70‑80 km, avec une charge explosive de 91 kg. Au mo‑ ment de frapper, sa vitesse terminale est de l’ordre de Mach 2,5, ce qui n’élimine pas la possibilité d’une in‑ terception, mais la rend plus difficile. De plus, l’arme est techniquement un missile : elle est guidée par GPS. La «roquette» M‑30, qui n’est utilisée que par les États‑unis, est quant à elle équipée de 404 sous‑munitions M‑85 dotées d’une charge creuse. Ces dernières sont particulièrement utiles dans la saturation des zones assez larges sur lesquelles seraient si‑ tuées des batteries S‑300 ou S‑400. Les avantages d’une utilisation de l’artillerie sont multiples. À la pos‑ sibilité de tirs de saturation – ayant aussi pour avantage d’encombrer les écrans radars des défenses termi‑ nales –, il faut ajouter un coût global relativement faible. Certes, un obus Excalibur ou une roquette GMLRS coûtent plusieurs dizaines de milliers de dollars – en fait, ils sont souvent plus chers qu’une munition d’avia‑ tion guidée par laser ou GPS – là où un obus traditionnel en vaut tout au plus quelques centaines. Mais dans un scénario tel qu’une contre‑attaque sur la trouée de Suwalki afin de la rou‑ vrir, l’option apparaît comme moins coûteuse et moins risquée que l’enga‑ gement d’appareils de combat.