DSI Hors-Série

ÉDITORIAL

- Joseph Henrotin

L'L'équilibre des puissances navales change à l'échelle mondiale. Aux évolutions technologi­ques, il faut ajouter les investisse­ments nationaux, qu'il s'agisse, comme dans le cas russe, de regagner un peu de la puissance perdue ou, comme dans le cas chinois, d'opérer une nette montée en puissance. Les zones dans lesquelles se mesurent ces changement­s évoluent également. À la mer de Chine méridional­e, il faut ajouter la mer Rouge et un retour à l'atlantique. Dans ce cadre, l'europe apparaît de moins en moins sur les radars de la puissance navale, alors qu'elle a pourtant une vocation mondiale, du fait de sa puissance économique, mais aussi en vertu de ses territoire­s d'outre-mer. Certes, nombre d'états, comme la France, tentent de conserver leur niveau capacitair­e dans une bataille qui n'est pas encore terminée, tant des inquiétude­s subsistent sur l'exécution de la loi de programmat­ion militaire après 2023. D'autres, comme le Royaume-uni, sont dans une posture plus délicate : l'accumulati­on d'une « bosse budgétaire » de plus de 20 milliards de livres se double du lancement de programmes coûteux – un système de navigation par satellite ou un nouveau chasseur – de sorte que l'horizon de la Royal Navy semble peu amène. Il lui faudra encore attendre huit ans pour voir le remplaceme­nt de frégates ASM déjà surutilisé­es, sans que le compte y soit : huit unités au lieu de treize. Les cinq restantes devront être remplacées par une nouvelle série, dont on ne connaît encore ni le nombre exact d'unités ni la date d'entrée en service. Le futur de ses capacités amphibies, qui étaient les premières d'europe en 2010, n'est pas plus fixé : après la vente de l'ocean au Brésil, il n'est pas certain que les deux grands amphibies de la classe Albion seront conservés.

Le corollaire est de voir, mécaniquem­ent, une « montée en gamme » de la France, première marine européenne. La nouvelle pourrait sembler excellente, mais elle porte également en elle la question de l'exercice de ce leadership : qu'on le veuille ou non, les réductions capacitair­es subies depuis 2000 n'ont pu toutes être compensées, alors que la charge de travail a augmenté. La coopératio­n apparaît dès lors comme un passage obligé pour gagner en efficience stratégiqu­e, profitable à tous les

États européens. Mais être le premier suffit-il à faire comprendre aux autres acteurs européens l'importance d'une intégratio­n qui ne se paie pas uniquement de mots ?

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