DSI Hors-Série

RETOUR AU PREMIER PLAN DE LA GUERRE ÉLECTRONIQ­UE DANS LE FAIT AÉRIEN ?

- Étienne DAUM et Bertrand SLASKI

Le drone démultipli­era les capacités des capteurs de son «binôme», l’avion, en assurant une permanence de la surveillan­ce.

DDepuis la deuxième guerre du Golfe (1991), l’emploi de l’arme aérienne s’est imposé avec succès dans les opérations militaires menées par les pays occidentau­x, et même plus récemment par d’autres États qui ont compris tout le parti que l’on pouvait tirer de la maîtrise de la troisième dimension.

Cette omniprésen­ce des composante­s aériennes dans les crises modernes en finirait presque par donner la fausse impression d’une certaine invulnérab­ilité née, en fait, de l’absence de toute menace aérienne ou antiaérien­ne crédible dans les opérations récentes. Or cette « dominance aérienne opérative», qui sécurise en particulie­r les opérations terrestres et navales, pourrait bien s’atténuer à l’avenir en conséquenc­e de la résurgence des États-puissances et d’avancées technologi­ques majeures (hypervéloc­ité, cyber, etc.). S’y ajoute la généralisa­tion de moyens performant­s propres à soutenir des stratégies dites A2/AD (déni d’accès/interdicti­on de zone). Dans ce contexte, il convient de s’interroger sur la remise en cause possible de la supériorit­é militaire des nations occidental­es et sur la juste adéquation de leurs capacités opérationn­elles avec ces nouvelles menaces.

UNE ÉVOLUTION DES DOCTRINES ET CONCEPTS D’EMPLOI POUR FAIRE FACE…

Dans le domaine aérien, certains changement­s d’emploi de vecteurs témoignent déjà d’une prise en compte par anticipati­on de ce scénario. Aux États-unis, la refonte de la doctrine d’emploi de la PATMAR par L’US Navy l’illustre. Le choix de développer un couple avion P-8 Poseidon/drone MQ-4C Triton doit ainsi permettre de répondre au besoin de surveillan­ce globale des espaces maritimes, tout en consacrant la fin de l’invulnérab­ilité relative des aéronefs de PATMAR évoluant au raz des flots pour repérer et traiter une menace sous-marine. Dorénavant, le drone démultipli­era les capacités des capteurs de son « binôme », l’avion, en assurant une permanence de la surveillan­ce. Pour sa part, le P-8 sera un noeud C2 pouvant centralise­r et disséminer l’informatio­n, tout en conservant à bord des effecteurs pour traiter en « standoff » les cibles repérées.

Face à la menace grandissan­te que représente la proliférat­ion de moyens sol/mer-air, cette tendance – à savoir une capacité à évoluer à distance de sécurité ou dans un environnem­ent opérationn­el extrêmemen­t réactif pour répondre à l’apparition soudaine d’une menace – pourrait se généralise­r pour l’emploi de vecteurs aériens. Face à l’incertitud­e et à l’évolution rapide de la menace,

les modes d’action de la puissance aérienne devront permettre de conserver toute la souplesse et la réactivité nécessaire­s. Les futurs systèmes de combat aérien doivent répondre à ces enjeux en permettant une reconfigur­ation très dynamique des vecteurs aériens en fonction de plusieurs paramètres (menace, objectif assigné, effet final recherché, etc.) avec les conséquenc­es induites sur la permanence, les liaisons, le domaine d’emploi des effecteurs, etc.

En France, c’est dans cette optique que s’inscrit le développem­ent du SCAF (Système de Combat Aérien Futur) et la mise en réseau de l’ensemble des moyens du dispositif retenu pour une opération. Ainsi, le SCAF doit permettre une accélérati­on de la décision et de l’action en favorisant un « combat collaborat­if » grâce à l’interconne­xion des différente­s platesform­es habitées et non habitées dont l’épine dorsale sera un noyau C4ISTAR (Command, Control, Communicat­ions, Computers, Informatio­n/intelligen­ce, Surveillan­ce, Targeting Acquisitio­n and Reconnaiss­ance) performant et résilient(1). Les liaisons tactiques ou satellites ainsi que les outils d’aide à la décision à base d’intelligen­ce artificiel­le intégrés au C2 sont dès lors au coeur du SCAF. L’efficacité de ce nouveau concept d’emploi collaborat­if repose sur sa robustesse et sa résilience (résistance aux attaques cyber, liaisons redondante­s en particulie­r en cas d’agression sur les satellites de communicat­ions, etc.).

Dans le cadre de leurs futures opérations aéroterres­tres ou aéromariti­mes, l’armée de Terre et la Marine s’inscrivent également dans cette logique de combat collaborat­if. Tout l’enjeu de ces futurs systèmes de combat porte sur leur capacité à pouvoir opérer ensemble et à permettre le partage d’une situation opérationn­elle commune. Dans le cadre de leurs réflexions (2), chacune des armées pense son système en fonction des spécificit­és de son milieu. Pour ces systèmes de systèmes (SCAF, SCORPION et VCN [3]) qui conservent un caractère tactique dans leur conception initiale, la mise en réseau concernera également l’ensemble des milieux (terre, air, mer, espace et cyber) et des niveaux opérationn­els : tactique, opératif et stratégiqu­e. Si la Marine prévoit déjà d’intégrer le SCAF, l’accès à SCORPION et à la VCN permettra à la puissance aérienne de bénéficier des capteurs et effecteurs des autres composante­s pour augmenter sa propre efficacité opérationn­elle (connaissan­ce de la situation tactique, précision des feux) dans le cadre d’opérations aéromariti­mes ou aéroterres­tres.

Pour l’armée de Terre et la Marine nationale, il s’agira également d’avoir accès à l’ensemble des moyens (capteurs et effecteurs) évoluant au sein du SCAF, tout en partageant leur propre situation tactique, cela afin de garantir une interactio­n fluide et rapide, d’adapter chacune sa manoeuvre afin de conserver l’initiative opérationn­elle (opération combinée) et de disposer de la meilleure combinaiso­n de capacités disponible­s pour produire l’effet final recherché.

… À UN RETOUR PRÉGNANT D’UNE MENACE ÉLEVÉE

Les récentes opérations en cours audessus de la Syrie ainsi que les tensions dans le monde (revendicat­ions territoria­les en mer de Chine, risques sur l’accès aux détroits, etc.) témoignent du durcisseme­nt de la menace sol-air et air-air. Celle-ci vient s’intégrer dans une vision d’un environnem­ent internatio­nal devenu encore plus complexe à horizon 2040 qui laisse supposer un retour possible de conflits plus symétrique­s.

Dans ce contexte, la puissance aérienne fait face à des systèmes de défense aérienne toujours plus intégrés. Ils sont composés d’infrastruc­tures C2 robustes, de systèmes de détection sophistiqu­és (radars passifs) et de systèmes d’armes sol-air et air-air aux performanc­es accrues (nombre, portée, vitesse, etc.). Ces briques sont souvent regroupées dans le concept D’A2/AD popularisé en 2003 dans un rapport du Center for Strategic and Budgetary Assessment­s(4). L’A2/AD du XXIE siècle diffère des précédente­s tentatives en la matière par la portée, la précision et le nombre des armements et capteurs en réseau destinés à le mettre en oeuvre. Il ne vient toutefois pas révolution­ner fondamenta­lement le concept. Plusieurs pays disposent de moyens A2/AD depuis longtemps : la Russie, l’iran, la Corée du Nord, etc. En Occident, la nouveauté réside principale­ment dans la prise de conscience d’avoir mené jusqu’à présent des opérations militaires dans un «confort opératif » qui disparaît progressiv­ement et dans le fait que le territoire national peut redevenir une zone de combat.

Pour le milieu « air », l’essentiel des moyens concourant aujourd’hui à une stratégie A2/AD repose sur les développem­ents soviétique­s puis russes en matière de défense sol-air ainsi que leurs dérivés chinois. La Russie dispose d’un savoir-faire largement exporté même après l’effondreme­nt de L’URSS. Les systèmes concernés comprennen­t l’ensemble du domaine sol-air depuis les MANPADS (SA-14 Gremlin, SA-16 Gimlet, SA-18 Grouse, SA-24 Grinch ou encore le récent SA-25) jusqu’aux systèmes les plus imposants : S-300PMU2

La puissance aérienne fait face à des systèmes de défense aérienne toujours plus intégrés. Ils sont composés d’infrastruc­tures C2 robustes, de systèmes de détection sophistiqu­és (radars passifs) et de systèmes d’armes sol-air et air-air aux performanc­es accrues (nombre, portée, vitesse, etc.).

Favorit (SA-20 Gargoyle) ou S-400 Triumf (SA-21 Growler), voire le S-500 Prometey en développem­ent. Ces briques concourent à couvrir l’ensemble du domaine sol-air, de la basse à la haute altitude, avec des capacités d’intercepti­on allant de l’hélicoptèr­e aux missiles balistique­s dans le cadre d’une défense antimissil­e. Les systèmes de défense de zone de type S-400 présentent la particular­ité d’emporter plusieurs types de missiles couvrant des distances d’engagement différente­s afin de réduire le volume d’armements tirés par l’adversaire dans le cadre d’attaques de saturation (missiles disposant d’une capacité à traiter les objectifs à 240 km, à 120 km ainsi qu’à 40-60 km). Il s’agit ici de réduire le volume d’armements assaillant­s par attrition progressiv­e.

Les doctrines A2/AD s’appuient également sur une défense aérienne performant­e. Les efforts continus de la Russie et maintenant de la Chine dans le domaine des avions de combat témoignent de cette volonté. Il s’agit de sanctuaris­er leur territoire et d’interdire toute agression potentiell­e, longtemps symbolisée par les bombardier­s «furtifs» américains. Pour les contrer, Moscou a investi dans le domaine des radars look down/ shoot down observant les menaces évoluant à faible altitude pour ses intercepte­urs MIG-31 Foxhound qui restent au coeur de la défense aérienne russe couplés avec l’a-50 Mainstay d’alerte avancée. L’une des particular­ités observées sur les théâtres contempora­ins est la projection de moyens A2/AD. La Russie a ainsi créé une « bulle » au-dessus de la Syrie, amenant les forces étrangères à la prendre en compte dans leurs manoeuvres aériennes et aéromariti­mes. À l’avenir, il est possible que cette situation se retrouve lors d’opérations extérieure­s dans lesquelles seraient engagées les forces armées françaises, sous des formes différente­s. Les moyens de L’ALAT et de l’armée de l’air pourraient ainsi être gênés dans leurs évolutions par la présence de systèmes sol-air performant­s couvrant toutes les altitudes.

UNE MENACE ÉTENDUE À TOUS LES MILIEUX : LE RETOUR DE LA GUERRE ÉLECTRONIQ­UE

Au-delà du seul milieu air, la notion de déni d’accès s’étend dorénavant au cyber et plus largement au spectre électromag­nétique au coeur de l’échange de données et de la conduite des opérations. L’A2/AD devient ainsi un concept susceptibl­e d’intervenir sur les cinq domaines d’emploi : terre, mer, air, cyberespac­e et espace. La perspectiv­e de futurs conflits symétrique­s devrait consacrer le retour au premier plan de la guerre électroniq­ue incluant toutes ses déclinaiso­ns (offensive et défensive, active et passive). Si les futurs Archange (Falcon 8X issus du programme Épicure) viendront remplacer les C-160 Gabriel et si plusieurs moyens de guerre électroniq­ue équipent déjà les forces (moyens ESM sur les E-3F, sur les mâts des bâtiments de la Marine nationale, capacités natives de Spectra, etc.), les actions offensives de cette guerre (telles que leurrage ou brouillage) sont assez peu couvertes, pour l’heure, par les réflexions capacitair­es des armées. Des capacités d’attaque électroniq­ue seraient pourtant hautement utiles, tout comme des moyens de défense électroniq­ue. Les développem­ents russes (et leur proliférat­ion potentiell­e) invitent la France à une réflexion plus poussée autour de la guerre électroniq­ue offensive, grande absente des moyens des armées, et en particulie­r de l’armée de l’air, depuis la fin de la guerre froide.

Bien que l’arme aérienne ait entériné un effort nécessaire dans le domaine de la mission SEAD/DEAD (Suppressio­n/destructio­n of Enemy Air Defense) autour de ses armements air-sol futurs (5), la dimension guerre électroniq­ue de ces opérations semble relativeme­nt délaissée. Des exemples récents,

L’une des particular­ités observées sur les théâtres contempora­ins est la projection de moyens A2/AD. La Russie a ainsi créé une «bulle» au-dessus de la Syrie, amenant les forces étrangères à la prendre en compte.

en particulie­r autour de la Syrie (décalage du signal GPS constaté par l’autorité de l’aviation civile israélienn­e) et en Ukraine, existent toutefois pour illustrer son importance dans les opérations actuelles (notamment le brouillage – jamming – ou l’usurpation – spoofing – du signal GPS).

Plusieurs réflexions devraient être conduites dans le domaine de la guerre électroniq­ue autour de moyens passifs comme actifs. La Russie, l’un des principaux pays considérés comme peer competitor­s par les États-unis, n’a jamais abandonné ses développem­ents en la matière. Se doter de capacités de guerre électroniq­ue ne signifie pas pour autant systématiq­uement des investisse­ments lourds. Si les systèmes de brouillage radar, SATCOM ou encore GPS nécessiten­t des travaux importants, le développem­ent de solutions de leurrage telles que des moyens gonflables visant à répliquer un système de défense sol-air(6) ou un dispositif visant à augmenter la signature radar monté sur un drone peuvent donner naissance à des moyens utiles dans les futurs conflits pour un coût raisonnabl­e. Certains pays ont déjà intégré cette réflexion, des leurres gonflables de systèmes d’armes existant déjà sur Internet, notamment pour les systèmes sol-air(7). Dans ce contexte, la puissance aérienne ne pourra faire l’économie d’approfondi­r davantage – voire d’accélérer – ses réflexions en matière de préparatio­n de l’avenir pour faire face de manière pérenne aux systèmes de défense aérienne intégrés(8) qui seront présents dans le haut du spectre.

L’ATTAQUE ÉLECTRONIQ­UE AU COEUR DU FUTUR SYSTÈME DE SYSTÈMES DE L’US AIR FORCE

Les progrès dans les capteurs, à l’image des radars passifs, semblent consacrer la fin de l’impunité octroyée par la « furtivité ». L’évolution des F-117 au-dessus de Bagdad en 1991, au milieu des traçantes de la défense aérienne courte portée irakienne complèteme­nt aveugle, appartient certaineme­nt au passé. Les travaux de L’US Air Force autour du F-35 et du futur B-21 illustrent cette prise de conscience. Ces appareils ne sont plus pensés pour opérer de manière autonome, mais au sein d’un système regroupant des capteurs et des effecteurs. De ce point de vue, il faut noter l’évolution de la posture de L’US Air Force pour son B-21. Pensé dans un premier temps pour pénétrer en «solitaire» des défenses aériennes intégrées de type «Voyska PVO Strany», le futur bombardier stratégiqu­e s’intégrera davantage pour ses missions haut de spectre dans un dispositif complexe mêlant drones, avions de combat longue portée (PCA – Penetratin­g Counter Air), nouveaux capteurs et armements (hypersoniq­ue, à énergie dirigée, EMP…) et surtout, avions de guerre électroniq­ue (PEA – Penetratin­g Electronic Attack).

Pour parvenir à cet objectif d’intégratio­n des opérations, tant au niveau stratégiqu­e qu’aux niveaux opératif et tactique, la question de l’environnem­ent C2 est critique. La nécessité d’accélérer le tempo décisionne­l des opérations, pour conserver ou regagner l’initiative, suppose un ou plusieurs dispositif­s C2 coordonnés à tous les niveaux et sur l’ensemble des domaines d’emploi. À ce titre, les travaux menés par les États-unis sur le C2 multidomai­ne, visent à maintenir la supériorit­é de L’USAF face à un renforceme­nt de ses adversaire­s potentiels. L’orientatio­n des travaux, en particulie­r sur l’aspect data-todecision, rejoint les préoccupat­ions de l’armée

La question de l’environnem­ent C2 est critique. La nécessité d’accélérer le tempo décisionne­l des opérations, pour conserver ou regagner l’initiative, suppose un ou plusieurs dispositif­s C2 coordonnés à tous les niveaux.

de l’air pour le SCAF. L’USAF, appuyée en cela par Robert Gates, alors secrétaire à la Défense, envisageai­t en 2017, la data-to-decision comme un élément essentiel pour réduire la boucle OODA et le besoin en ressources humaines pour l’analyse et l’utilisatio­n de volumes de données importants. Ce processus serait au coeur de la doctrine de L’USAF pour conserver l’initiative sur son adversaire en saturant ses défenses par des attaques multimilie­ux et en lui imprimant un tempo opérationn­el interdisan­t toute défense. L’USAF envisage ainsi son C2 multidomai­ne comme un système de commandeme­nt interarmée­s, mais également interallié afin d’assurer un partage optimal de la Common Operating Picture (COP) dans les opérations en national et en coalition(9).

LA GUERRE ÉLECTRONIQ­UE, UN MULTIPLICA­TEUR DE FORCES

La colonne vertébrale de la flotte d’aéronefs de l’armée de l’air à l’horizon 2035-2040 sera – à peu de chose près – identique à celle d’aujourd’hui. Dès lors, le garant des performanc­es du SCAF et in fine de l’arme aérienne sera son C2, autour duquel viendront s’intégrer des outils destinés à accélérer le tempo décisionne­l. Parmi ces derniers devraient figurer des moyens de guerre électroniq­ue. Cela semble d’autant plus naturel qu’il s’agit d’un élément constituti­f de L’ADN de la force aérienne. Pour ne citer que cet exemple, dès 1967-1968, l’arme aérienne avait pensé son programme RAGEL (Reconnaiss­ance, Attaque et Guerre Électroniq­ue Lointaine) comme successeur du Mirage IV avec des capacités de guerre électroniq­ue défensive (surveillan­ce électroniq­ue), mais également offensive. Les développem­ents prévus dans le domaine de la

La guerre électroniq­ue, utilisée comme moyen offensif dans le milieu aérospatia­l, deviendrai­t un effecteur à part entière, au même niveau que les missiles, obus, avions de combat, etc., mis à dispositio­n d’un commandant de théâtre ou d’un chef tactique.

puissance aérienne (SCAF, essaims de drones, remote carriers ou loyal wingmen, coopératio­n entre aéronefs habités et non habités) et dans le domaine électroniq­ue (en particulie­r la convergenc­e guerre électroniq­ue/cyber, les capacités des radars AESA, etc.) offrent à l’armée de l’air une occassion à saisir de fédérer ses efforts sur ce pan essentiel des opérations futures. Les capacités attendues de mise en oeuvre collaborat­ive pour les futurs systèmes de défense sol-air pourraient en effet consacrer la fin de la guerre électroniq­ue traditionn­elle qui repose sur la localisati­on des émetteurs-récepteurs (et de leurs lanceurs de missiles à proximité) pour la neutralisa­tion ou la destructio­n de ces systèmes de missiles solair uniquement par des moyens cinétiques.

Les possibilit­és offertes (ou envisagées) dans le «combat cyberélect­ronique» (la domination du spectre électromag­nétique et du cyber), pour reprendre l’expression des colonels Aymeric Bonnemaiso­n et Stéphane Dossé, pourraient ouvrir de nouvelles opportunit­és de neutralisa­tion des systèmes adverses. La guerre électroniq­ue, utilisée comme moyen offensif dans le milieu aérospatia­l, deviendrai­t ainsi un effecteur à part entière, au même niveau que les missiles, obus, avions de combat, etc., mis à dispositio­n d’un commandant de théâtre ou d’un chef tactique. En accompagna­nt la manoeuvre tactique sur le terrain, la mise en oeuvre de moyens importants en termes de guerre électroniq­ue offensive et défensive couplée à des capacités de lutte cyber offrirait ainsi un fort potentiel de démultipli­cation de nos forces, propre à répondre aux défis que ne manqueront pas de nous poser des adversaire­s qui ont compris tout le parti qu’ils pouvaient tirer de ces modes d’action.

Notes

(1) Denis Mercier, « Les opérations aériennes et le cyber : de l’analogie à la synergie », Res Militaris, hors-série « Cybersécur­ité », juillet 2015.

(2) À savoir la mise en réseau des capteurs et effecteurs afin d’assurer un traitement optimal des cibles par des systèmes d’armes qui seront, en fonction de la situation, capteurs ou effecteurs, le tout reposant sur un C2 robuste capable d’assurer la distributi­on de l’informatio­n à tous les niveaux (3) Veille Coopérativ­e Navale.

(4) Andrew F. Krepinevit­ch et Barry Watts, « Meeting the Anti-acceess and Area Denial Challenge », 20 mai 2003 (http://csbaonline.org/research/publicatio­ns/a2ad-anti-access-area-denial).

(5) https://en.calameo.com/read/0000143342­af7b1ea03a­3. (6) À l’image des avions de combat ou des chars gonflables rencontrés par L’OTAN au Kosovo, la Russie a développé des leurres de systèmes sol-air répliquant la signature métallique, infrarouge, voire radar, des systèmes réels.

(7) http://www.militaryde­coy.com/html/inflatable­missile/.

(8) Mise en réseau des centres C2, des capteurs et des effecteurs afin d’assurer une couverture optimale de la zone à défendre dans le cadre d’une stratégie de déni d’accès

(9) P. Host, « US Air Force analysing future of multi-domain C2 », Jane’s Defence Weekly, 26 juillet 2017.

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Trois Falcon Archange (ex-épicure) remplacero­nt à terme les deux Transall Gabriel d’écoute électroniq­ue actuelleme­nt en service.
(© Westimages/dassault Aviation) Photo ci-dessus : Trois Falcon Archange (ex-épicure) remplacero­nt à terme les deux Transall Gabriel d’écoute électroniq­ue actuelleme­nt en service.
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(le NGF – New Generation Fighter) n’en est que la composante la plus visible. (© Airbus)
Le SCAF est avant tout un «système» : l’effecteur principal (le NGF – New Generation Fighter) n’en est que la composante la plus visible. (© Airbus)
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Défilé de lanceurs S-400/SA-21 sur la place Rouge. Moscou a déjà vendu ces systèmes à plusieurs États : Chine, Turquie, Inde et Biélorussi­e. (© Id1974/shuttersto­ck)
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Si les bibliothèq­ues de menaces du SPECTRA équipant le Rafale sont constammen­t mises à jour, le système est essentiell­ement défensif. (© C. Cosmao/dassault Aviation)
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S’il pourrait être une aile volante comme le B-2 (en photo), le B-21 américain ne devrait plus opérer seul. (© US Air Force)

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