DSI Hors-Série
LE BOMBARDIER, ARTEFACT MYTHIQUE DE L’US AIR FORCE
Philippe LANGLOIT
2020-02-01 -
Philippe LANGLOIT Chargé de recherche au CAPRI.
Si L'US Army Air Force comprend rapidement l’intérêt du bombardier, les travaux à son égard ne cesseront de se développer, dès les années 1940. En réalité, ce n’est pas tant l’avion que la fonction qui importe : frapper loin de la manière la plus précise possible devient un récit techno-stratégique en même temps qu’un facteur de légitimité pour un service qui n’acquiert son indépendance qu’en 1947.
Le Northrop XB-35 effectue son premier vol en juin 1946 au terme d’un développement lancé en novembre 1941. Treize YB-35 avaient été commandés en septembre 1943. Avec une envergure de 52 m – la même à quelques centimètres près que celle du B-52 –, c’est un appareil massif doté de quatre moteurs à hélices contrarotatives, qui poseront d’ailleurs quelques problèmes. Avec une charge utile de 23,21 t de bombes, il pouvait franchir 13100 km. Il évoluera ensuite, par remotorisation avec huit réacteurs, en B-49 (voir p. 15). (© US Air Force)
Le Convair B-36 Peacemaker, plus gros bombardier jamais produit, a volé pour la première fois en août 1946, son développement ayant été lancé en 1941. Opérationnel de 1948 à 1959, il était doté de six moteurs radiaux et de quatre réacteurs J-47, sa gigantesque envergure lui permettant de franchir plus de 12000 km avec un maximum de 39 t de bombes. Une partie des 384 appareils produits a été convertie aux missions de reconnaissance, l’un d’eux l’étant en NB-36H, seul appareil au monde ayant volé avec un réacteur nucléaire en vue d’évaluer la possibilité d’une telle propulsion (l’appareil a uniquement transporté le réacteur). Une version de transport, le XC-99, a également été évaluée. Convair a également utilisé l’appareil pour le YB-60, octoréacteur à aile en flèche, concurrent malheureux du B-52. (© US Air Force)
Le SM-62 Snark, missile de croisière stratégique subsonique d’une portée de 10200 km, avec un premier vol réussi en avril 1951. Opérationnel entre 1959 et 1961, il était doté d’une charge de 3,5 mégatonnes. Dès 1958 cependant, priorité a été donnée aux missiles balistiques intercontinentaux, réputés plus sûrs. (© US Air Force)
L’YB-52 n’a pas encore le poste de pilotage des B-52 de série. Son développement commence en novembre 1945 et il vole pour la première fois en avril 1952. Icône de la puissance aérienne américaine, il entre en service en février 1955. Il a été produit à 742 exemplaires en huit versions, dont seule la «H» reste en service. L’avion n’a pas connu de version de reconnaissance, mais un pod spécifiquement adapté a été conçu pour les B-52C. Au demeurant, deux B-52H ont également été adaptés pour le lancement de drones supersoniques D-21. Le Stratofortress s’est montré très adaptable : sa mission nucléaire a un temps impliqué l’emport de drones de leurrage Quail, avant qu’il ne soit adapté à l’emport de pods de désignation et d’une bonne partie des munitions conventionnelles de précision. Il peut emporter jusqu’à 31,5 t de bombes sur une distance de 5600 km. (© US Air Force)
Le North American B-45 Tornado effectue son premier vol en février 1947. Construit à 1243 exemplaires, ce quadriréacteur opérationnel entre 1948 et 1959 est représentatif du segment des bombardiers légers, avec une charge utile de 10 t de bombes pour une distance franchissable de 1920 km. Le B-45C sera ravitaillable en vol. L’appareil sera également décliné en RB-45C, dont certains seront utilisés par la RAF. (© US Air Force)
Le Boeing B-47 Stratojet a été construit à plus de 2000 exemplaires et a été en service opérationnel entre 1951 et 1969 (1977 pour L’EB-77 de reconnaissance électronique), après un premier vol en décembre 1947. Hexoréacteur triplace, il emportait 11,34 t de bombes et pouvait franchir une distance de 6480 km (aux deux tiers de la charge). Premier bombardier post-deuxième Guerre mondiale construit massivement, il a été décliné en plusieurs versions de reconnaissance, d’écoute ou encore de reconnaissance météo. (© US Air Force)
Le Convair B-58 Huster, quadriréacteur supersonique triplace à formule delta, effectue son premier vol en novembre 1956 et est en service opérationnel de 1960 à 1970. Construit à 116 exemplaires, il montre les ambitions supersoniques du Strategic Air Command. Avec 8,82 t d’armement monté dans un pod ventral (32 pods de reconnaissance ont également été construits), il pouvait atteindre Mach 2 avec un plafond de 19000 m et franchir une distance de 6400 km. (© US Air Force)
Le SM-65 Atlas effectue son premier vol en novembre 1958. Premier missile balistique intercontinental américain, il sera essentiel pour le programme spatial de Washington. Opérationnel de 1959 à
1964 et tiré depuis des plates-formes, il a été produit à 350 exemplaires. (© US Air Force)
Le SM-64 Navaho est l’une des solutions explorées pour faire face aux défenses aériennes soviétiques et est soumis à plusieurs essais à partir de novembre 1956. La formule adoptée est celle d’un booster devant permettre au missile de croisière, pouvant atteindre Mach 3 grâce à deux ramjets, de franchir 6500 km et de délivrer une charge thermonucléaire. Au terme d’essais infructueux, le système est abandonné au profit de l’atlas. (© US Air Force)
Tir d’un LGM-25C Titan II. Ayant effectué son premier vol en mars 1962, il entre en service en 1963 pour y rester jusqu’en 1987. Doté d’une charge unique de 9 mégatonnes pour une portée d’environ 16000 km, il remplaçait le HGM-25 Titan I, opérationnel de 1962 à 1965. (© US Air Force)
Le North American XB-70 Valkyrie vole pour la première fois en septembre 1964 et effectue plusieurs dizaines de vols avant que le programme ne soit interrompu en 1969. Avec six réacteurs, il devait pouvoir atteindre Mach 3,1 à plus de 22000 m, franchir une distance de plus de 13000 km et embarquer 140 tonnes de carburant. La structure de son aile, incluant des extrémités à géométrie variable, devait accroître le contrôle directionnel à vitesse supersonique. (© US Air Force)
Exercice de tir d’un missile LGM-30G Minuteman III. Le Minuteman I est testé pour la première fois en février 1961. Doté de trois étages et d’une propulsion solide, tiré de silos protégés, il devient un véritable standard. Les trois versions entrent en service respectivement en
1962, 1965 et 1970. Seuls les LGM-30G Minuteman III sont encore en service. (© US Air Force)
Après un besoin exprimé dès les années 1960, le LGM-118 Peacekeeper entre en service en 1986, à raison de 50 exemplaires, après un premier essai en juin 1983. Lancé à froid, à carburant solide, il embarquait dix charges guidées indépendamment. Il sera retiré du service afin de satisfaire aux exigences du traité START II. (© US Air Force)
Le FB-111A, version de pénétration stratégique du F-111, effectue son premier vol en juillet 1967. L’appareil est d’abord vu comme une solution intérimaire, 76 exemplaires, dotés de six points d’emport (et non quatre comme sur les autres F-111 de L’US Air Force) pour 16,1 t d’armement, étant construits. Pour les missions stratégiques, six missiles AGM-69 SRAM (Short Range Attack Missile) étaient embarqués (dont deux en soute). À partir de 1989, ils ont été convertis en F-111G, conventionnels, dont une partie sera revendue à l’australie en 1993. (© US Air Force)
Le Rockwell B-1B Lancer est le fruit de la relance du programme B-1A. Ce dernier effectue son premier vol en décembre 1974, mais ses coûts et le contexte de détente provoquent son annulation en 1977. En 1981, l’administration Reagan relance le programme, le considérant comme intérimaire en attendant le B-2. Le premier vol a lieu en octobre 1984 et il entre en service en 1986, à raison de 100 exemplaires. Offrant une importante charge utile (voir p. 60), il constitue également la réponse américaine à la densification de la défense aérienne soviétique. (© US Air Force)
Impression d’artiste de ce que pourrait être le B-21 Raider. L’appareil pourrait effectuer son premier vol fin 2021 en vue d’une entrée en service en 2025. Comme le B-2 (qu’il remplacera, ainsi que le B-1B), il devrait être une aile volante subsonique. (© US Air Force)
Autorisé en 1978, le B-2 Spirit effectue son premier vol en juillet 1989, 21 exemplaires étant construits sur les 132 initialement envisagés. Aile volante furtive quadriréacteur biplace (un troisième poste pouvant être occupé), le Spirit peut franchir 11000 km. (© US Air Force)