Éditorial
Même amputée de son commandement spatial (devenu la Space Force fin décembre 2019),
L’US Air Force reste une force formidable. Apte à mener toute la gamme des opérations aériennes, elle aligne quelques-uns des matériels les plus performants au monde tout en disposant d’une masse inaccessible à tout autre État : près de 1 900 appareils de combat tactique et plus de
480 ravitailleurs en vol. C’est aussi une force dont les expériences, depuis la Première Guerre mondiale et jusqu’aux récentes opérations spéciales en Somalie ou contre l’état islamique, sont aussi nombreuses que diversifiées. En faire le recensement exhaustif non seulement serait fastidieux, mais semble également hors de portée : des centaines d’ouvrages lui ont été consacrés, sans épuiser le sujet. Et ce, sans encore même compter l’histoire des nombreux types d’appareils qu’elle a mis en oeuvre. Ce numéro hors série ne sera donc qu’une introduction. D’abord, à son histoire, particulièrement post-deuxième Guerre mondiale, notamment dans sa relation à l’évolution de la puissance aérienne. Ensuite, au regard de son évolution conceptuelle, de Billy Mitchell jusqu’aux conceptions émergentes de combat multidomaine et à la toute récente mosaic warfare. Elles peuvent de prime abord sembler éthérées, déconnectées d’une réalité consistant à faire voler des hommes et à leur permettre d’accomplir leurs missions.
Il ne s’agit pourtant pas de céder aux buzzwords. En réalité, ces conceptions sont autant de tentatives d’appropriation des moyens du XXIE siècle – et en particulier des atouts offerts par la connectivité – pour la conduite non seulement des opérations aériennes, mais également de l’ensemble des opérations militaires. Ces réflexions sont donc à suivre de près et c’est notamment pour cela que l’interview exclusive de David Deptula que nous publions ici est importante.
Enfin, L’US Air Force fait également face à des défis de taille. L’annonce, en septembre 2018, d’un passage à 386 escadrons (74 de plus qu’actuellement) se heurte aux réalités. Tout dépendra du F-35, de ses surcoûts, et du prix de ses évolutions. Derrière la masse, les faiblesses sont nombreuses. Les flottes sont vieillissantes, en particulier pour des appareils aussi dimensionnants pour une capacité d’action mondiale que les ravitailleurs. Les commandes ne suivent pas et le recrutement est à la peine. Les opérations sont menées tambour battant sur des théâtres éparpillés. Alors que DSI fête en février ses 15 ans d’existence, nous vous proposons ici un échantillon de nos savoir-faire : des analyses centrées sur les forces, tout en permettant au public le plus large possible d’avoir accès aux concepts stratégiques les plus avancés.