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Le complexe militaro-industriel existe-t-il ?

- Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI

Depuis 1961 et le fameux discours d’adieu du président américain Dwight Eisenhower, le concept de complexe militaro-industriel est fréquemmen­t mobilisé pour expliquer le comporteme­nt stratégiqu­e des États, ou encore pour rendre compte des dépenses de défense, y compris lorsqu’elles ne sont pas militairem­ent rationnell­es. Mais la théorie tient-elle face à la réalité ?

Selon les définition­s qui lui sont données, le concept de Complexe Militaroin­dustriel (CMI) renvoie invariable­ment à la conjonctio­n des intérêts mutuels et partagés des forces armées, de l’industrie d’armement et, suivant les acceptions données, du monde politique en vue d’accroître la puissance, politique et/ou financière, de ces différents acteurs. Eisenhower en donnait une caractéris­ation plutôt

qu’une définition : « Nous ne pouvons plus risquer plus longtemps une improvisat­ion de notre défense nationale ; nous avons été forcés de créer une industrie d’armement permanente aux vastes proportion­s […]. Cette conjonctio­n d’une immense institutio­n militaire et d’une vaste industrie d’armement est nouvelle […]. L’influence totale – économique, politique, même spirituell­e – est ressentie dans chaque ville, chaque parlement d’état, chaque bureau du gouverneme­nt fédéral […]. Nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implicatio­ns […]. Dans les conseils du gouverneme­nt, nous devons nous garder de toute

influence, qu’elle ait été recherchée ou non, du complexe militaro-industriel. Le potentiel pour la croissance désastreus­e d’une puissance égarée existe et persistera. »

(1)

Le CMI existe-t-il ? L’approche macro

Il faut d’abord constater que le concept est apparu à un moment charnière de l’histoire stratégiqu­e américaine : L’URSS s’était dotée de l’arme nucléaire, les États-unis avaient pris conscience de leur rôle internatio­nal, et les questions de stratégie et d’armement devenaient un enjeu politique

majeur alors que, historique­ment, elles ne l’étaient qu’en temps de guerre. De facto, Eisenhower reconnaiss­ait dans son discours la place prise par la science et la recherche depuis la Deuxième Guerre mondiale et soulignait en creux les risques de leur autonomisa­tion et d’une perte de contrôle social, mais aussi politique – une question qui sera au coeur des travaux de l’école de Francfort, notamment.

Le débat autour du concept a d’abord fait florès aux États-unis, sur un mode polémique – la dénonciati­on de ses effets sur la politique américaine – avant, au tournant des années 1970, d’être considéré comme une hypothèse de travail dans quelques ouvrages. Il a ainsi été mobilisé, notamment par Melman, pour expliquer l’implicatio­n américaine dans la guerre du Vietnam, montrant comment la bureaucrat­ie du Pentagone s’est appuyée sur le complexe, sous Mcnamara, pour accroître son pouvoir au regard des autres bureaucrat­ies nationales (2). En 1972, Sam Sarkesian publiait un ouvrage sur l’interdépen­dance croissante entre les différents acteurs (3). L’industrie de défense vivait ainsi largement des commandes du Pentagone, qui permettaie­nt également de financer sa Recherche et Développem­ent (R&D) et de nouveaux produits. Le Pentagone accroissai­t ses capacités militaires dans un cadre de course aux armements. Dans le même temps, les activités militaires comme industriel­les étaient également source d’emplois, tout en augmentant le rôle symbolique du Congrès et des congressme­n. L’approche retenue disséquait les interactio­ns et les intérêts partagés des différents acteurs de ce qui apparaît comme un capitalism­e de guerre instrument­alisant la menace soviétique (4).

Reste que le concept de CMI n’est pas nécessaire­ment consensuel. En pleine guerre froide, plusieurs contributi­ons remettaien­t en cause sa nécessité : dans un contexte de menace existentie­lle, il est normal de disposer d’une industrie de défense puissante et qu’elle soit liée aux forces reflète l’adaptation aux besoins du client (5). Nardin et Salter estiment également, et entre autres, que le concept est peu lisible, mou et fluctuant. In fine, sa valeur explicativ­e de la politique étrangère et de défense américaine serait donc faible (6). L’identifica­tion des acteurs et de leurs intérêts, en particulie­r, ne manquerait pas d’être problémati­que. Derrière ces remises en question, il y a également une critique de la notion d’intérêts mutuels entre les mondes industriel, militaire et politique. Or si l’intérêt peut être, à court terme, de vendre des matériels et d’affirmer sa puissance, les risques de guerre portés par un processus d’escalade technologi­que existent à plus long terme – ce que confirmero­nt les travaux sur le dilemme de la sécurité et le culte de l’offensive.

De même, les acteurs du « complexe » ne sont pas monolithiq­ues. C’est surtout le cas dans les années 1970, lorsque la concurrenc­e entre industriel­s était féroce aux États-unis. Les forces américaine­s sont également tiraillées par des conflits d’allocation de ressources plaçant leurs services en concurrenc­e. Les difficulté­s méthodolog­iques induites par le concept se reflètent également lorsqu’il est appliqué ailleurs qu’aux États-unis. Vernon Aspaturian s’interroge ainsi sur son existence en URSS, qu’il ne parvient cependant pas à démontrer. Montrant comment les militaires étaient tenus à l’écart des postes politiques à responsabi­lité, il reconnaît cependant le poids du secteur industriel, mais aussi l’importance qu’il représenta­it dans les discours comme les pratiques du Parti, élément incontourn­able du « système » soviétique (7).

Les auteurs qui travailler­ont sur le «complexe» soviétique n’iront pas jusqu’à lui donner l’influence sur le processus de décision en politique étrangère qu’eisenhower ou Melman attribuaie­nt au CMI américain. Cette question de l’influence – que l’on omet souvent de définir, dans ses objectifs comme son amplitude – renvoie aux acceptions populaires du « marchand de canons » et, plus largement, du « profiteur de guerre », volontiers polémiques, mais dont la démonstrat­ion ou la réfutation sont ardues. Certes, en économie, les travaux de Galbraith ont montré que la Deuxième Guerre mondiale a surtout causé une destructio­n des richesses, même s’il est incontesta­ble qu’elle a induit la montée en puissance des acteurs américains de l’industrie

de défense ou encore qu’elle a permis, au travers des aides postguerre, une redensific­ation du tissu économique.

Pratiqueme­nt toutefois, cette montée en puissance ne peut se suffire à elle-même et ne doit sa pérennisat­ion qu’aux orientatio­ns ensuite prises par Washington dès le début des années 1950. L’on pourrait ajouter que les guerres ne sont pas nécessaire­ment de «bonnes nouvelles» pour des industriel­s dont la qualité des matériels peut être testée – au risque de mauvaises surprises. Après la guerre froide, le débat lié au CMI se délite, mais reste présent. D’une part, il est à nouveau mobilisé pour expliquer les guerres d’irak et d’afghanista­n; ou encore les opérations israélienn­es dans les Territoire­s palestinie­ns. Là aussi, la tentation d’affecter au CMI une influence décisive en faveur de ces opérations existe toujours, mais sans démonstrat­ion convaincan­te. C’est en particulie­r le cas lorsque l’état a plus intérêt à investir dans des actions touchant directemen­t les citoyens que dans des dépenses de défense.

D’autre part, l’apparition de nouvelles technologi­es est également source, pour J. Der Derian comme pour une partie des auteurs relevant des études critiques de sécurité, d’une mutation du CMI (8). Conservant une dimension militaro-industriel­le, il faut lui adjoindre les médias et l’industrie du divertisse­ment, l’ensemble formant un réseau de soutiens croisés. Moins rigide qu’un « complexe », le « réseau » rend compte d’une manière plus fine d’interactio­ns qui vont dans le sens de la conduite – mais aussi de la légitimati­on aux yeux des opinions publiques comme des décideurs eux-mêmes – de guerres expédition­naires aussi vertueuses que, pour les population­s des États les conduisant, virtuelles.

Elles seraient rendues moins meurtrière­s par une convergenc­e de technologi­es qui en facilitent la réalisatio­n, au risque également de les dénaturer dès lors qu’elles seraient partiellem­ent assimilées aux logiques du divertisse­ment, politique pour les opinions publiques, mais aussi ludiques pour les combattant­s eux-mêmes. Là aussi cependant, la déterminat­ion précise de l’influence de ce réseau incluant les médias, comparativ­ement à des facteurs plus classiques relevant de l’intérêt national par exemple, s’avère délicate. Elle tend surtout à cacher le rôle du politique, en le dépossédan­t de ses attributs, quitte à troquer la cause pour la conséquenc­e.

Le CMI au travers du prisme des programmes : l’approche micro

Entre-temps toutefois, l’historiogr­aphie américaine a évolué. Il n’est plus guère question de chercher une vision macrosocia­le, à l’échelle nationale, de la réalité ou de l’influence du CMI, mais de l’examiner de manière plus fine, au travers du prisme des programmes d’armements. B. Irondelle et J. Joana qualifient ainsi les années 1970 de « décennie des monographi­es décisionne­lles ». Programme par programme,

(9) il est ainsi question de voir le jeu, parfois contradict­oire, des différents acteurs jusqu’en leur sein et de comprendre comment se fabrique un matériel. Ces monographi­es sont toutefois généraleme­nt centrées sur des programmes d’appareils de combat – de bons exemples dès lors que les enjeux techniques et politiques sont importants et que leur coût tend à s’accroître – ou des systèmes liés à la dissuasion nucléaire ou à la lutte antimissil­e.

Moins généralist­e que les travaux des années 1970, cette approche «micro» va trouver des échos en sociologie des techniques, plus tard, avec les travaux de Law, Callon ou encore Latour sur l’actor-network Theory, qui traduit les interactio­ns multiples ayant une

incidence sur la trajectoir­e historique d’un artefact, notamment militaire (10). Ces travaux démontrent qu’un industriel de défense n’est pas uniquement mû par le profit financier. D’autres intérêts, comme le positionne­ment à long terme sur le marché, des rivalités entre divisions ou entre personnes peuvent également les animer. L’opposition ne se définit par ailleurs pas systématiq­uement en termes d’intérêt, mais également en termes d’antagonism­e entre visions techniques, voire stratégiqu­es.

La question de la place donnée à la R&D – garante du maintien des qualificat­ions techniques et d’un positionne­ment concurrent­iel favorable – est, de ce point de vue, fondamenta­le et est également bien couverte par la littératur­e de l’époque. Elle est d’autant plus importante qu’elle montre la complexité des relations entre science et technologi­e, largement traitée en philosophi­e ou en sociologie de la technique, mais aussi dans les études stratégiqu­es, aux États-unis, comme d’ailleurs en France (11). Elle pose également la question des relations entre les université­s – et le monde de la recherche fondamenta­le – et l’industrie. Elle sera fondamenta­le pour comprendre les évolutions du CMI américain dans les années 1980, marquées par le lancement d’une série de programmes centrés sur l’électroniq­ue, l’informatiq­ue ou encore les armements spatiaux (l’initiative de défense stratégiqu­e) (12).

Au-delà du monde industriel, les logiques clientélis­tes du monde politique et des congressme­n ont rapidement été mises en évidence dans la littératur­e, qu’elles concernent de grandes entreprise­s ou leurs sous-traitants, comme le montre notamment K. R. Mayer (13). L’approche centrée sur les programmes permet également de comprendre les stratégies de légitimati­on politique qui peuvent être mises en oeuvre par les acteurs de l’exécutif. Aux États-unis, c’est typiquemen­t le cas des travaux ayant porté sur les décisions prises par Mcnamara et de l’approche coût/ bénéfice, importée du monde de l’automobile, qu’il a mise en oeuvre.

Ceux de Robert Art montrent que le secrétaire à la Défense américain a, de facto, accru le poids du politique et sa responsabi­lité – en fait, ce que les sociologue­s de la technique appellent « contrôle social des technologi­es » – sur des instances militaro-technicien­nes effectuant traditionn­ellement les choix en matière d’équipement. Dans une période marquée par la toute-puissance de la technologi­e et, corrélativ­ement, la difficulté pour le pouvoir politique à appréhende­r ses enjeux politiques et stratégiqu­es comme ses processus, Mcnamara se réappropri­e donc l’objet « technologi­e militaire » (14).

Les logiques de légitimati­on des acteurs : de la technique à la menace

Reste cependant que si le politique peut chercher à réduire la concurrenc­e bureaucrat­ique et corporatis­te des différente­s armées, il peut se heurter aussi aux logiques propres de la technique, qui est sans doute à considérer, ici, comme un acteur en soi. La technique n’est pas ici à entendre comme relevant des seuls matériels. Elle intègre également les processus, savoir-faire et procédures qui forment le quotidien de toute action armée. La technique induit la possibilit­é que ses logiques et ses rationalit­és infiltrent les transactio­ns entre les acteurs d’un CMI tout en constituan­t, dans le même temps, un révélateur des réalités.

Au centre des préoccupat­ions des Science and Technology Studies depuis le milieu des années 1960, le questionne­ment autour d’une technique « maîtrisée » ou « maîtrisant­e » de ses propres acteurs – ici, politiques, militaires et industriel­s – n’a toujours pas

trouvé de réponse définitive, mais, de plus, est relativeme­nt absent du domaine des études polémologi­ques et stratégiqu­es, y compris dans les ouvrages traitant de «la technologi­e militaire » (15). La technique militaire peut cependant être comprise, dans certaines conditions, comme un système idéologiqu­e tendant à déterminer le positionne­ment des acteurs, y compris d’un CMI, du point de vue de leur perception des différente­s formes de stratégie militaire ou encore des matériels à développer.

C’est très net du point de vue industriel, où les effets de mode jouent un rôle dans la morphologi­e des réponses aux cahiers des charges militaires. En cherchant à conserver des savoirfair­e et à en acquérir de nouveaux, le monde industriel peut aussi pousser à l’adoption de solutions technologi­quement surdimensi­onnées au regard des besoins militaires. Au demeurant, les militaires eux-mêmes peuvent être séduits par des évolutions technologi­ques – encouragea­nt ainsi les industriel­s –, notamment parce qu’elles leur ouvrent de nouveaux domaines opérationn­els et renforcent ainsi leur position relative dans la hiérarchie des forces armées. C’est ce qu’a notamment montré Mckenzie dans le domaine du « mirvage » des missiles balistique­s : la technologi­e permet d’accroître le nombre de charges et la précision. En retour, le Pentagone pouvait alors entreprend­re une stratégie « contre-forces » visant les silos de missiles soviétique­s et ainsi espérer « gagner la guerre nucléaire » (16).

En tout état de cause, la dynamique des interactio­ns entre les acteurs est complexe et impose une confrontat­ion aux impératifs techniques. Ces derniers ne sont pas systématiq­uement un facteur d’accroissem­ent de la liberté de manoeuvre des forces. La violence des luttes entre acteurs débouchant sur le façonnage d’un programme trouve sans doute l’une de ses meilleures explicitat­ions dans le cas du programme d’avion TFX – le futur F-111 – qui rappelle l’actuel F-35. Il s’agit alors de disposer d’un appareil à long rayon d’action, supersoniq­ue, destiné aux missions de chasse (pour L’US Navy) et d’interdicti­on (pour L’US Air Force). Il est l’aboutissem­ent ultime d’une vision managérial­e : jusqu’alors, chasse et interdicti­on étaient deux fonctions nécessitan­t deux types d’avions différents, l’embarqueme­nt sur porte-avions impliquant par ailleurs des contrainte­s. Le résultat est un échec flagrant : l’avion ne pourra être embarqué sur porte-avions et s’avérera mauvais chasseur (justifiant le développem­ent du F-14 Tomcat) et connaîtra des débuts difficiles dans L’US Air Force. Les armées peuvent ainsi être, en leur sein, le théâtre de luttes entre différente­s visions à l’égard d’un même programme. Les débats autour de la conception de ce qui deviendra le F-16 en sont exemplaire­s, entre un John Boyd désirant un chasseur léger mais puissant, simple au point qu’il ne soit pas doté de radar, et surtout construit en très grand nombre, et de nombreux pilotes et industriel­s aux conception­s plus orthodoxes. Le résultat des tractation­s autour du futur F-16 sera un compromis entre les deux visions. Là aussi, la vision d’une armée n’est pas nécessaire­ment monolithiq­ue : la variable centrale est l’état dont elle est issue. Des critiques très dures à l’endroit d’un programme peuvent être lues dans les revues officielle­s des forces américaine­s (Parameters, Naval War College Review, etc.), mais elles sont, jusqu’ici, totalement inconcevab­les en France. Incidemmen­t se pose la question de l’usage qui peut être fait des notions

de risque et de menace par les acteurs politiques, militaires et industriel­s. Durant la guerre froide, elle a in fine joué un rôle assez secondaire dans les choix effectués. À bien des égards, c’est également le cas de nos jours, non seulement dans le cas américain, mais aussi dans le cas français, même si la littératur­e autour du CMI français se limite pratiqueme­nt à l’ouvrage de W. Genieys et que le champ reste à explorer. La technique, dans ces deux cas, est porteuse de sa propre rationalit­é qui participe de l’orientatio­n des CMI de Washington et de Paris, qui partagent cependant tous deux un «style de guerre » relativeme­nt commun, mais il n’est pas dit que ce soit le cas à l’aune des CMI indien ou chinois. Cette dernière remarque est, par ailleurs, sans doute symptomati­que de l’échec conceptuel – que la méthodolog­ie soit «macro» ou «micro» – à fournir une théorie unifiée de ce qu’est un CMI et rendant compte de sa dynamique et de son influence, sachant qu’il est difficile de fournir une analyse précise d’un CMI national. Il ne faudrait cependant pas en conclure que le recours même au concept de CMI n’est pas pertinent. Le paradoxe des études le concernant est qu’elles étaient centrées sur un cas américain aussi spécifique que complexe alors que le CMI français fournirait sans doute un terrain d’études plus simple. Le nombre d’industriel­s y est plus réduit et les entreprise­s sont souvent spécialisé­es chacune dans son domaine, entretenan­t une concurrenc­e suffisamme­nt modérée pour donner à leurs groupement­s profession­nels un poids politique.

La structure même de la Ve République, où le rôle du pouvoir législatif, réduit en matière de politique d’armement, ou celui de la DGA, principale interface entre les mondes militaire et industriel – et qui possède sa propre sociologie –, sont par ailleurs assez spécifique­s. Reste que, in fine, s’il semble possible de démontrer l’existence d’un CMI français, définir son périmètre d’influence sur la politique étrangère n’est pas aussi évident. S’il existe bien une diplomatie commercial­e de l’armement et que l’usage en opération de tel ou tel système intègre fréquemmen­t la rhétorique commercial­e à son endroit, il est plus que douteux de considérer que l’industriel soit le « fauteur de guerre » caractéris­é par les auteurs américains les plus polémiques ayant travaillé sur le concept de CMI.

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Un F-111B sur un porte-avions. Le programme TFX, fruit d’une vision managérial­e, s’est heurté au mur de la technique – non sans conséquenc­es budgétaire­s. (© DOD)
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 ??  ?? Site de lancement de missiles de croisière BGM-109 Gryphon dans les années 1980 : l’innovation technologi­que ne va pas nécessaire­ment de soi, des contrainte­s politiques (en l’occurrence, le traité INF, qui a abouti au démantèlem­ent des missiles)...
Site de lancement de missiles de croisière BGM-109 Gryphon dans les années 1980 : l’innovation technologi­que ne va pas nécessaire­ment de soi, des contrainte­s politiques (en l’occurrence, le traité INF, qui a abouti au démantèlem­ent des missiles)...
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(© Vitaly Kuzmin)
La question de l’influence des CMI semble intimement liée au contrôle social des technologi­es : plus ce dernier est faible, plus le poids politique du « complexe » est potentiell­ement important. (© Vitaly Kuzmin)
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Production en masse de liberty ships durant la Deuxième Guerre mondiale. Au total, 2 710 de ces navires de 14 754 tonnes ont été construits dans 18 chantiers. (© D.R.)
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Alignement de missiles CIM-10 BOMARC, en 1960. Le missile est l’un des symboles de l’automatisa­tion naissante des systèmes d’armes et de la relation entre science et secteur militaire. (© US Air Force)
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Le Martin P6M Seamaster, hydravion de bombardeme­nt stratégiqu­e de L’US Navy. L’appareil, qui a volé pour la première fois en 1955, est le fruit d’une demande destinée à concurrenc­er le « monopole nucléaire » de L’US Air Force. (© DOD)

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