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Pizarro et Ulan : une coopératio­n originale dans le combat mécanisé

- Par Pierre Petit, expert en systèmes d’armes

À l’instar des armées occidental­es fortement mécanisées, la Bundesheer autrichien­ne décide de se doter, au début des années 1980, d’un véhicule de combat d’infanterie moderne en remplaceme­nt de ses 4K 4FA. En 1982, la célèbre firme viennoise Steyr-daimler-puch commence de manière privée à développer un nouveau Véhicule de Combat d’infanterie (VCI) qui semble à cette époque intéresser la Grèce, la Norvège et la Suisse. Dénommé en 1985 « Kampfschüt­zenpanzer 90 », cet ambitieux programme dépasse rapidement le budget alloué et il devient vital pour l’autriche de trouver des partenaire­s fiables afin de mener le projet à son terme.

Le salut va venir du sud de l’europe et plus précisémen­t d’espagne, dont l’armée de terre, l’ejército, cherche à cette époque à remplacer ses véhicules de transport de troupes M-113 TOA (Tanque Oruga Acorazado) datant des années 1960. Dans ce projet, l’espagne va devenir le partenaire idéal pour l’autriche, car plusieurs aspects rapprochen­t les deux armées, alors en pleine mutation. Le premier dénominate­ur commun est qu’elles souhaitent renforcer le combat interarmes qui, de nos jours, est la pierre angulaire de tout engagement moderne. Le second

est qu’elles possèdent le même char de combat principal : le Leopard 2, qui ne peut plus être accompagné en toutterrai­n par des véhicules d’ancienne génération.

Pour mener à bien ce projet collaborat­if est créé à Madrid en 1988 L’ASCOD (Austrian Spanish Co-operative Developmen­t), qui va se révéler comme étant l’une des associatio­ns les plus réussies dans le domaine des VCI. L’autriche est naturellem­ent représenté­e par Steyr-daimler-puch et l’espagne par la firme madrilène Santa Barbara Sistemas (SBS). Ces deux firmes ont été absorbées en 2003 par la filiale européenne du groupe américain GDLS, General Dynamics European Land Systems, dont le siège est en Autriche. Au sein de L’ASCOD, les missions se répartisse­nt de la manière suivante : SBS est chargé du développem­ent des caisses et Steyr-daimlerpuc­h de la mise au point des tourelles et de leur intégratio­n sur les caisses fabriquées à Alcala de Guadaira, non loin de Séville.

Le développem­ent

Le premier prototype, PT-01, est réalisé en Autriche. Terminé en 1990, il est présenté à Séville en 1991. Ses 21 t sont mues par un moteur Diesel espagnol Pegaso de 500 ch et est équipé des chenilles du char léger autrichien SK-105 Kürassier. Il est envoyé en Norvège afin d’être confronté au CV90 suédois et au M-2 Bradley américain. Le second prototype, PT-02, est terminé fin 1992. Sa tourelle est réalisée en Autriche et la caisse en Espagne, chez SBS. Il est plus lourd (26 t), mais est équipé d’un moteur Diesel allemand MTU délivrant 600 ch. Le PT-02 est également équipé de chenilles plus larges, d’une tourelle modifiée et d’un compartime­nt arrière redessiné qui abrite le groupe de combat.

Le troisième prototype, PT-03, prend en compte les résultats des essais comparatif­s menés en Norvège en 1991 avec le PT-01. L’améliorati­on majeure réside dans l’adoption d’un septième galet de roulement, comme sur le CV90 qui a remporté le marché norvégien, et l’installati­on d’un système de tension automatiqu­e des chenilles à partir du poste de pilotage. Ce train de roulement modifié est associé à des amortisseu­rs développés par Horstman Defence Systems, qui augmentent grandement les capacités du véhicule en tout-terrain. L’ergonomie interne est aussi revue, permettant un emport plus important en vivres et en munitions.

Le PT-04 est entièremen­t fabriqué en Espagne. Il reprend toutes les modificati­ons des PT antérieurs et préfigure déjà le modèle qui sera adopté par les forces espagnoles. Il est baptisé du nom du célèbre et controvers­é conquistad­or du XVIE siècle : Pizarro. ASCOD est satisfait du processus de développem­ent du véhicule et de son résultat final. De plus, la qualité du châssis laisse entrevoir des perspectiv­es intéressan­tes pour servir de plate-forme générique à de nombreuses versions permettant d’élargir le nombre de clients potentiels à l’exportatio­n. En janvier 2003, GDELS commence à développer une nouvelle génération de Pizarro. Dénommé « Phase 2 » ou « ASCOD 2 », le nouveau modèle est plus avancé technologi­quement et mieux protégé que son prédécesse­ur. La caisse est redessinée et le blindage structurel est renforcé par des éléments composites, pour tenir compte des retours d’expérience des théâtres afghan et irakien. Un kit de blindage modulaire additionne­l peut être installé en fonction de la menace, permettant à L’ASCOD 2 de résister sous tous les angles aux munitions perforante­s de 25 mm. Le plancher de la caisse bénéficie d’une nouvelle protection capable de résister à une charge de TNT de plus de 10 kg. Ce renforceme­nt induit une augmentati­on du poids du véhicule qui passe de 28 à 30 t, voire à 42 t.

Afin d’y faire face, le système de suspension est repensé. Outre le fait qu’il engendre une augmentati­on de la garde au sol, il réduit les vibrations de la caisse afin de ménager l’optique et l’électroniq­ue de bord tout en améliorant le confort de l’équipage. La motorisati­on, toujours fournie par MTU, passe de 600 à 805 ch, couplée à une boîte de vitesses espagnole SAPA. L’armement, dont le calibre s’étend désormais de 12,7 mm à 40 mm, peut être installé à la demande du client dans une tourelle habitée ou sur un affût téléopéré. Dans les deux cas, le support est doté d’un nouveau système de stabilisat­ion. Concernant l’optique, une nouvelle caméra thermique est installée, améliorant grandement la détection et l’identifica­tion des objectifs. L’ASCOD 2 est équipé d’un GPS, d’un système de communicat­ion de dernière génération, de contre-mesures électroniq­ues et peut recevoir des systèmes de défense hard

kill (Rafael Trophy) ou soft kill (Saab LEDS). Le châssis de L’ASCOD 2 est bien né et le succès ne va pas se faire attendre, avec sa sélection en 2008 par la firme allemande KMW pour y installer son système d’artillerie autonome Donar armé d’un canon de 155 mm/ L52. Bien qu’il soit très réussi, le Donar n’a pour l’instant pas trouvé preneur.

Le Pizarro dans l’ejército

En 1998, l’armée espagnole est la première à acquérir le nouveau véhicule en signant un contrat d’un montant équivalant à 300 millions d’euros. Celui-ci porte sur l’acquisitio­n d’une tranche initiale dont la livraison s’échelonne jusqu’en 2003. Elle se compose de 123 VCI/C (Vehiculo de Combate de Infanteria/caballeria), de 21 véhicules de commandeme­nt VCPC (Vehiculo de Puesto de mando) et d’un nombre indétermin­é de véhicules en version dépannage VCREC (Vehiculo Recuperado­res). Les Pizarro sont affectés en priorité au 2 Infanteria Rgt « La Reina » de la X Brigade « Guzman el Bueno », unité appartenan­t à l’eurocorps.

Le 15 janvier 2003, SBS lance le programme de modernisat­ion du Pizarro. Il va déboucher en 2011 sur une seconde commande d’un montant de 520 millions d’euros qui comprend 212 véhicules de la nouvelle génération Phase 2 : 106 VCI/C, 5 VCPC, 27 VCREC, 27 d’observatio­n d’artillerie (Vehiculo de Observador Avanzado – VOA) et 47 de génie combat (Vehiculo de Combate de Zapadores – VCZ). Mais des coupes budgétaire­s obligent à revoir la commande fortement à la baisse. Ramenée dans un premier temps à 190 exemplaire­s, elle l’est par la suite à 117 : 81 VCI/C et 36 VCZ. En décembre 2015, la première unité à percevoir le Pizarro revalorisé est le 6 Infanteria Rgt « Saboya » et plus précisémen­t son bataillon mécanisé « Cantabria 6 ». Une première campagne de tir est effectuée en novembre 2016, mettant en lumière toutes les améliorati­ons apportées à la Phase 2 dans le domaine de la précision des tirs. À ce jour, les 81 VCI/C commandés ont tous été livrés, les 15 derniers ayant été remis de manière officielle à l’ejército au début du mois de juin 2017, à l’usine SBS de Alcala de Guadaira.

Pour le génie espagnol, l’attente sera plus longue, car la version est en cours de développem­ent et la mise en production du VCZ est prévue pour janvier 2019. L’échéance de la livraison des 36 exemplaire­s est prévue pour 2021, portant l’effectif total de la flotte de Pizarro à 278 exemplaire­s toutes versions confondues. En 2013, les services techniques de l’armée espagnole entament des essais d’une version de véhicule d’observatio­n d’artillerie ou VCOAV (Vehiculo de Observacio­n Avanzada). Le véhicule conserve les caractéris­tiques intrinsèqu­es du VCI avec des spécificit­és propres aux missions qui lui incombent. Cette version se caractéris­e par l’implantati­on d’un capteur monté sur un mât érectile installé sur la partie arrière de la caisse. Évolutif, le VCOAV est en mesure d’accueillir les éléments du système TALOS, système de commandeme­nt et de contrôle d’artillerie utilisé par l’artillerie espagnole.

Actuelleme­nt, l’ejército compte dans ses rangs huit BOP (Brigada Organica Polivalent­e), dont quatre disposent chacune d’un régiment d’infanterie mécanisée où est affecté l’essentiel de la flotte de Pizarro. Chaque régiment dispose de deux bataillons. Le premier est équipé du Pizarro et le second du véhicule de transport de troupes à roues BMR M1. Sont ainsi dotés du Pizarro le Batallon de Infanteria Mecazinada II/62 « Barcelona » du Regimiento de Infanteria « Arapiles » 62 appartenan­t à la Brigada « Aragon » I (Saragosse) ; le II/2 Batallon de Infanteria Mecazinada « Lepanto » du Regimiento de Infanteria « La Reina » 2 de la Brigada « Guzman el Bueno » X (Cordoue) ; le Batallon de Infanteria Mecazinada I/6 « Cantabria » du Regimiento « Saboya » 6 de la Brigada « Extramadur­a » XI (Badajoz) ; et le Batallon de Infanteria Mecazinada I/31 «Covadonga» du Regimiento « Asturias » 31 appartenan­t à la Brigada « Guadarrama » XII (Madrid).

Au sein de l’ejército, le Pizarro n’est pas exclusivem­ent déployé au sein des unités d’infanterie mécanisées. Deux unités de cavalerie, stationnée­s respective­ment dans les enclaves nord-africaines de Melilla et de Ceuta, en sont dotées. Elles ont la particular­ité de faire côtoyer les Pizarro avec les chars Leopard 2E. La première est le I/10 Groupement de cavalerie « Taxdirt », stationné dans l’enclave de Melilla et la seconde, basée dans celle de Ceuta, est le I/3 Groupement de cavalerie « Cazadores de Africa ». Cette

mixité est d’ailleurs confirmée dans le cadre du programme de refonte de la cavalerie espagnole qui a débuté en 2015 et qui doit s’achever l’an prochain. Plusieurs pistes ont été explorées en vue doter les GCAC (Grupo Caballeria Acorazado Combate) de Leopard 2E et de Pizarro.

La structure retenue pour ces unités se compose de deux escadrons, armés chacun de trois pelotons à deux Leopard 2E et deux Pizarro. Ainsi, un GCAC comprend dans ses rangs 13 Leopard 2E, 14 VCI/C, 2 VCPC et 1 VCREC affecté à la section de maintenanc­e. Le 15 février 2017, les forces espagnoles ont annoncé qu’elles allaient déployer un sousgroupe­ment tactique en Lettonie sous commandeme­nt canadien, afin « de renforcer la présence militaire terrestre de L’OTAN sur son flanc est ». La Brigada «Extramadur­a» XI est désignée pour constituer un sousgroupe­ment tactique d’un effectif de 350 hommes dont le fer de lance est constitué par 4 Leopard 2E du Regimiento « Castilla » 16 et 11 Pizarro du Regimiento «Saboya» 6. Cette projection de 3 500 km dans le cadre d’une mission à l’étranger est une grande première pour les Leopard 2E et les Pizarro.

Les Ulan autrichien­s

Bien qu’instigatri­ce du projet, l’autriche passe commande de sa version propre, dénommée Ulan, en mai 1999 auprès de la firme Steyrdaiml­er-puch Spezialfah­rzeug AG & Co KG. Le contrat signé est d’un montant de 3,2 milliards de schillings et porte sur la livraison de 112 véhicules. À cette époque, la Bundesheer aligne trois bataillons mécanisés, dont seules deux compagnies sont dotées d’ulan, alors que la troisième conserve ses 4K 4FA-G2. Quatre véhicules de présérie sont livrés pour expériment­ation en unité en 2001. Le dernier des 112 exemplaire­s commandés est livré en 2004. L’ulan est uniquement acheté en versions VCI et commandeme­nt. Il s’agit d’un modèle amélioré par rapport à la première tranche de Pizarro, qui se situe entre les deux tranches espagnoles. Actuelleme­nt, deux bataillons de Panzergren­adiere, regroupés au sein de la Panzergren­adiere Brigade 4, sont dotés d’ulan : le Pz Gren 13 stationné à Ried im Innkreis et le Pz Gren 35 stationné à Grossmitte­l.

Ces deux unités possèdent une structure identique et comptent 51 Ulan dans leurs rangs, répartis en trois compagnies de combat. Chacune d’elle comporte trois sections à quatre Ulan plus deux véhicules de commandeme­nt. Ces 14 Ulan sont soutenus techniquem­ent par trois « Greif », version de dépannage du 4K 4FA-G2, bien peu efficaces et souvent remplacés par les deux M-88 affectés à la compagnie de maintenanc­e bataillonn­aire. De plus, quatre Ulan de commandeme­nt sont affectés à l’état-major. Ils disposent d’un agencement interne et de matériels de transmissi­on spécifique­s ainsi que de deux tentes pouvant être montées de jour en 25 minutes. Les cinq Ulan restants sont destinés à l’instructio­n et voient souvent leur tourelle déposée. Le reliquat de dix véhicules, sur les 112 commandés, est affecté aux écoles du service du matériel ainsi qu’à celle des forces mécanisées.

Descriptif technique

Avec le CV90, L’ASCOD est le seul VCI à comporter sept galets de roulement doubles bandés de caoutchouc. Le barbotin est à l’avant, et la poulie de tension à l’arrière. Les chenilles allemandes Diehl Type 129 C4, de 500 mm de large, sont soutenues par trois rouleaux porteurs masqués par des jupes blindées en forme de vague sur le Pizarro et rectiligne­s sur l’ulan. Sur ce dernier, comme sur L’ASCOD 2, sont montées les chenilles britanniqu­es TR 30 produites par la firme Astruk. L’ulan dispose de crampons à neige stockés sur les flancs de la caisse qui limitent la vitesse sur route à 40 km/h une fois installés à la place des semelles des patins. Le système de suspension est constitué de barres de torsion avec un amortisseu­r hydrauliqu­e au niveau du premier et du sixième galet. Une attention particuliè­re a été apportée à la protection contre les armes antichars et les mines. La caisse, constituée de plaques mécanosoud­ées en acier, mesure 6,98 m de long, 3,15 m de large et 1,77 de haut et possède une garde au sol de 0,45 m.

Le Pizarro et l’ulan sont équipés d’un blindage additionne­l différent. L’ulan est protégé par des plaques de blindage composite de type MEXAS produites par la firme allemande IBD Deisenroth. Il est donné pour résister de front à des munitions perforante­s de 30 mm à une distance de 1 000 m sous 60° d’inclinaiso­n, aux munitions de 14,5 mm à 500 m sur 360° et aux éclats d’obus d’artillerie de 155 mm à 10 m. Le Pizarro bénéficie quant à lui d’un blindage réactif dénommé SABBLIR (Santa Barbara Blindaje Reactivo) mis au point par SBS. Présent uniquement sur la face avant de la caisse et de la tourelle, ce dispositif, peu répandu sur un VCI, est constitué de briquettes explosives en acier de 250×100 mm, interchang­eables, dont l’épaisseur et le poids varient en fonction de la menace (5 et 42 mm, et 2,2 à 7,3 kg).

L’agencement est classique pour un véhicule de cette gamme. Le pilote est à l’avant gauche. Il peut ajuster la tension des chenilles à partir de son poste de pilotage. Sur le Pizarro, il dispose de trois épiscopes fichés dans le glacis supérieur avant alors que sur l’ulan, seul un seul épiscope fixé sur le volet est présent. Le groupe motopropul­seur (GMP) est à droite, avec sa grille d’extraction d’air chaud sur flanc de la caisse. Sur le Pizarro, le GMP s’articule autour du moteur V8 Diesel MTU 183TE22 8 V-90 de 14 600 cm3 développan­t 600 ch. Il est couplé à une boîte de vitesses automatiqu­e hydromécan­ique Renk HSWL 106 C à six rapports en marche avant comme en marche arrière. Le moteur MTU de 15 900 cm3 de l’ulan délivre 720 ch tout en étant associé à une boîte de vitesses similaire. Ce GMP lui permet d’atteindre 50 km/h en 14 s. Ces GMP autorisent aux 29 t du Pizarro et aux 31 t de l’ulan la vitesse de 70 km/h en marche avant et 35 km/h en marche arrière. Les capacités de franchisse­ment sont de l’ordre de 0,95 cm pour un obstacle vertical, 2,5 m pour une tranchée, de 75 % pour une pente et de 40 % pour un dévers. Les 860 l de carburant embarqués offrent une autonomie de 600 km. Le véhicule n’est pas amphibie, mais peut franchir 1,2 m de gué sans préparatio­n (1,5 m avec préparatio­n).

La tourelle stabilisée à commande électrique SP-30 est décalée sur la droite. Elle abrite le chef de bord à gauche et le tireur à droite. Ce dernier dispose d’une lunette de tir israélienn­e Elbit d’un grossissem­ent de 8. Elle inclut un télémètre laser et une vision thermique jour/nuit à deux grossissem­ents, de 2,8 et de 8,4. L’ulan est équipé d’une conduite de tir germanoamé­ricaine Kollsman qui reprend des composants de celle utilisée sur le char autrichien SK-105 Kürassier. Quant à celle du Pizarro, elle est produite par

la firme espagnole Indra. L’armement principal est commun. Il se compose du canon à double alimentati­on Mauser MK 30/2 de 30 mm dont la cadence de tir est de 770 coups/min. Le tireur a la possibilit­é de tirer par rafales de 3, 5 ou 10 coups. Il est capable de traiter des objectifs terrestres et aériens grâce à son pointage en site de + 50°, et ce jusqu’à une distance de 3000 m. Le canon est alimenté à 405 coups sur l’ulan (200 dans la tourelle) et à seulement 300 coups sur le Pizarro. Les munitions sont perforante­s, explosives et airburst. L’armement secondaire se compose d’une mitrailleu­se coaxiale de 7,62 mm (FN MAG sur l’ulan et MG 3 sur le Pizarro), montée à gauche du canon, alimentée par 2 900 coups, dont 700 sont immédiatem­ent disponible­s en tourelle. Douze pots fumigènes Wegmann de 76 mm approvisio­nnés à 36 charges sont montés de part et d’autre de la tourelle.

Le compartime­nt arrière abrite sept fantassins sur le Pizarro et huit sur l’ulan. Ils sont assis face à face sur des sièges anti-blast, dos aux parois tapissées d’un liner de protection interne contre les arrachemen­ts de métal. Sur le toit, à gauche, est implanté un tourelleau avec épiscopes et volet et, à droite, une trappe à deux battants. Les fantassins embarquent par une porte munie d’un épiscope et d’une tape de tir. Il n’y a pas de rampe. Le caisson arrière gauche protège le réservoir additionne­l de carburant. Sur son flanc droit est installé le bouton poussoir de la commande extérieure de la porte. Le caisson droit est destiné au lot de bord du véhicule. Le pot d’échappemen­t y est intégré sur l’ulan alors que sur le Pizarro, il dessine une échancrure. Les deux véhicules sont dotés d’une protection NBC collective et d’un GPS.

L’ASCOD 2 à l’exportatio­n

Le contrat majeur décroché par L’ASCOD 2 est incontesta­blement celui signé avec le Royaume-uni dans le cadre de son ambitieux programme FRES (Futur Rapid Effect System). Il a pour but de renouveler une flotte d’environ 3000 véhicules chenillés CVR(T), dont le remplaceme­nt devient urgent. Introduite au début des années 1970, cette famille comprend les célèbres, mais obsolètes, Scimitar, Spartan, etc. En 2014, GDELS et le Ministry of Defence britanniqu­e signent un contrat portant sur l’acquisitio­n de 589 châssis dénommés Scout SV (Specialist Vehicle) et déclinés en six versions baptisées de noms de dieux ou héros grecs : Ajax, Ares, Atlas, Athena, Apollo et Argus. La livraison des premiers exemplaire­s débute en 2017 pour s’achever en 2024. Malgré ce succès avéré, L’ASCOD ne connaît pas le succès escompté sur le marché de l’exportatio­n.

En effet, bien peu de forces armées se sont montrées intéressée­s, car il est souvent devancé dans la conquête de contrats par le best-seller qu’est le CV90. Néanmoins, la Thaïlande a passé commande en octobre 1999 de 17 châssis pour ses troupes de marine, dont un en version commandeme­nt et un de dépannage. Les quinze autres sont équipés d’une tourelle d’origine américaine LPT 105 (Low Profile Turret) armée d’un canon de 105 mm d’origine italienne (Oto-melara). Il semble que ces véhicules soient aujourd’hui retirés des unités de première ligne. Le 1er juin dernier, GDELS a annoncé qu’un accord avait été signé avec la République tchèque concernant le remplaceme­nt futur des 200 BVP-2 et des BMP-2 construits sous licence, hors d’âge, dont le retrait progressif doit s’effectuer entre 2018 et 2020. Le véhicule proposé par GDELS est équipé d’une tourelle Elbit Samson Mk II téléopérée armée du canon ATK Mk 44 Bushmaster II alimenté à 200 coups et de deux lanceurs Spike LR rétractabl­es.

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Les engins de la famille ASCOD gardent un encombreme­nt relativeme­nt réduit. (© Bundesheer)
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Le positionne­ment asymétriqu­e de la tourelle est bien visible ici. (© Bundesheer)
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Vue aérienne du contingent espagnol, qui inclut 6 Leopard 2 et 14 Pizarro, avant qu’il ne s’embarque pour la Lettonie. (© Ejército)
 ??  ?? Un Ulan autrichien recouvert de filets de camouflage durant l’exercice « Dynamic Reponse 2015 ». (© Bundesheer)
Un Ulan autrichien recouvert de filets de camouflage durant l’exercice « Dynamic Reponse 2015 ». (© Bundesheer)
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Un Pizarro, à la tourelle caractéris­tique. (© Ejército)
 ??  ?? Le Scout SV (ici sa variante Ajax) est le premier succès à l’export de L’ASCOD 2. (© GDELS)
Le Scout SV (ici sa variante Ajax) est le premier succès à l’export de L’ASCOD 2. (© GDELS)

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