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Un Nobel pour rien ?

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C’est finalement L’ICAN (Internatio­nal Campaign to Abolish Nuclear Weapons) qui a remporté le prix Nobel de la paix 2017. L’annonce intervient dans un contexte très particulie­r, marqué d’abord par le face-à-face entre les États-unis et la Corée du Nord et, ensuite, par l’attitude pour le moins ambivalent­e de Washington envers l’accord sur le nucléaire iranien. Enfin, les Nations unies ont approuvé en juillet un traité sur l’interdicti­on des armes nucléaires par 122 voix pour, une abstention (Singapour) et un refus (les Pays-bas). Il a été ouvert à la signature en septembre, 53 pays l’ayant effectivem­ent signé, tandis que trois l’ont ratifié (le Vatican, la Thaïlande et le Guyana). C’est donc, comme souvent ces dernières années, un Nobel très politique. Si le monde se souvient ainsi du risque nucléaire, le Nobel comme le traité vont-ils changer quelque chose ?

La réponse est probableme­nt négative. Aucun des actuels détenteurs de l’arme nucléaire ne veut s’en séparer et tous continuent de la considérer comme essentiell­e à leur sécurité nationale. Tous ces États sont à un stade ou un autre de la modernisat­ion de leurs arsenaux, qu’il s’agisse des armes à proprement parler ou de leurs vecteurs. De même, la Chine reconnaît accroître le nombre de ses charges, un processus également probable pour l’inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Certes, le traité témoigne de signes encouragea­nts en matière de non-proliférat­ion : l’arabie saoudite et l’iran l’ont ainsi signé, comme l’algérie, un temps suspectée jusqu’à la révélation de l’existence du réacteur d’aïn Oussera. Mais ce n’est le cas ni des deux Corées, ni du Japon ou encore de la Turquie.

In fine, le nucléaire reste un attracteur stratégiqu­e. Jusqu’ici, la dissuasion a parfaiteme­nt fonctionné et les États le savent. Les membres de L’OTAN, dont aucun n’a signé le traité, continuent également d’appuyer la détention d’armes nucléaires par les États-unis, le Royaume-uni et la France. En Russie, immédiatem­ent après les exercices « Zapad », la multiplica­tion des exercices de défense civile et de déploiemen­t de lanceurs mobiles témoigne aussi de la prise en compte du nucléaire. Mieux encore, face à la modernisat­ion des capacités convention­nelles, le nucléaire tend à confirmer son rôle d’assurance-vie et de garantie de souveraine­té pour des puissances moyennes. En ce sens, le nucléaire peut certes apeurer, mais il est peut-être aussi une mesure d’économie des forces permettant de limiter l’investisse­ment dans les forces convention­nelles… La multiplica­tion des exercices de défense civile et de déploiemen­t de lanceurs mobiles témoigne de la prise en compte du nucléaire

 ??  ?? Représenta­tion informatiq­ue d’un futur sous-marin nucléaire lanceur d’engins de la classe Columbia, qui doit remplacer les Ohio actuelleme­nt en service aux États-unis. (© DOD)
Représenta­tion informatiq­ue d’un futur sous-marin nucléaire lanceur d’engins de la classe Columbia, qui doit remplacer les Ohio actuelleme­nt en service aux États-unis. (© DOD)

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