Le M-60 Patton, cavalier de la guerre froide
En 1953, au lendemain de la guerre de Corée, L’US Army désire standardiser ses unités de chars. Elle se met alors en quête d’un char unique afin de faciliter la logistique et les opérations de maintenance qui ont fait défaut lors du conflit coréen en grevant la disponibilité opérationnelle. À cette époque, la gamme de chars qui équipe l’armor s’étend du M-4, devenu obsolète, au monstrueux M-103 en passant par les M-24, M-41, M-47 et M-48. La situation n’est plus viable et une réflexion est aussitôt lancée.
En février 1956 le processus de réflexion va s’accélérer de manière impromptue après la remise au Pentagone d’un rapport émanant des services secrets britanniques faisant
état des caractéristiques et des performances du dernier char soviétique mis en service : le T-54. À Washington, le rapport britannique fait l’effet d’une bombe, car les Occidentaux redoutent avec ce nouveau char une augmentation importante de la puissance de feu et de la protection bien que 88 % des chars produits lors de cette décennie
soient encore des T-34/85 que les Américains ont combattus avec difficulté en Corée.
La réponse au T-54
À l’automne suivant, les craintes sont justifiées, car le rapport britannique est suivi d’un second, plus détaillé, rédigé à la suite de l’examen minutieux d’un
T-54A soviétique qui s’est égaré dans les jardins de l’ambassade de Grandebretagne lors du soulèvement de Budapest en octobre 1956. La menace est jugée d’importance et une solution rapide doit être trouvée. Avec la mise en service du T-54, L’URSS prend une nouvelle fois l’ascendant sur l’occident en relançant la course dans le créneau des chars de combat. Durant cette période, les deux écoles ne vont cesser de s’affronter. L’école soviétique privilégie le char moyen de moins de 50 t, bas, furtif, rustique, puissamment armé, simple d’emploi, mais à l’ergonomie discutable. Les Occidentaux, quant à eux, vont se lancer sur une voie différente en développant des chars massifs aux dimensions impressionnantes, confortables, de haute technologie, nécessitant des équipages instruits et formés. L’apparition du T-14 sur la place Rouge en mai 2015 tendrait à donner raison à ces derniers, mais les conflits ukrainien et syrien ont mis en lumière la grande rusticité et la facilité d’emploi des chars russes dans les conflits de haute ou de basse intensité.
Pour développer le successeur du M-48, les ingénieurs américains décident de partir du connu en s’appuyant sur ce dernier. En novembre 1956, un M-48 à la caisse redessinée reçoit le nouveau moteur V12 Diesel Continental AVDS-1790-P à refroidissement liquide en lieu et place du V12 essence refroidi par air. Ce nouveau moteur est associé à une boîte de vitesses automatique CD-850-6 récemment développée par Allison, permettant de mieux exploiter le couple de la nouvelle motorisation. En février 1957, le cahier des charges et l’échéancier de production sont arrêtés. Les essais débutent dès l’été suivant à Yuma, dans le désert de l’arizona, avec un M-48 à la caisse modifiée qui prend l’appellation M-48A2E1. Bien que le rapport poids/puissance ne soit pas celui espéré, le prototype se révèle être une très bonne base de travail pour le développement du projet. Trois nouveaux prototypes, désignés XM-60 (X désignant les véhicules expérimentaux), sont commandés et livrés en février 1958. Concomitants aux essais de motorisation, ceux concernant l’armement semblent plus compliqués, car les États-unis n’ont pas à cette époque de canon suffisamment puissant à installer dans une tourelle de M-48.
Le salut va venir du Royaume-uni où la firme Royal Ordnance Factory a commencé à la fin des années 1940 à développer le canon L7A1 de 105 mm L/52, retenu pour armer le futur Centurion. Le L7A1 est expédié aux États-unis, au centre d’essais d’aberdeen Proving Ground, afin d’y être testé d’octobre à novembre 1958. Le canon, désormais désigné T254E2, donne entière satisfaction et est retenu pour équiper les trois XM-60 qui entament aussitôt diverses campagnes de tir à Yuma, à Fort Churchill (Nevada) et à Fort Knox (Kentucky) ainsi que des tests dans le hangar d’essais climatiques de la base de L’USAF à Eglin (Floride). Outre l’installation du canon T254E2, renommé entre-temps M-68, la tourelle est équipée du nouveau tourelleau indépendant M-19 armé d’une mitrailleuse lourde de 12,7 mm M-85 de calibre .50, plus courte que la M-2, destinée à la défense antiaérienne et aux cibles faiblement blindées. Les campagnes de tirs sont couronnées de succès et l’installation du M-68 dans la tourelle modifiée du M-48 est validée. Certes, certains éléments comme le lien élastique et la conduite de tir ont été revus, mais l’adoption du L7 est un choix des plus pertinents et en mars 1959 le XM-60 devient le M-60A afin d’entrer en production.
Tout va désormais aller très vite et la puissance industrielle américaine va se mobiliser pour sortir au plus tôt la réponse au T-54 soviétique. En avril 1959, le bulletin de commande de la première tranche est rédigé afin d’être joint au contrat qui est signé lors du mois de juin suivant avec la Chrylser Corporation. La première tranche comporte 180 chars produits dans l’usine de Newark (Delaware), et est immédiatement suivie par une seconde de 700 exemplaires. À partir d’octobre 1960, la fabrication est transférée sur le site de Warren (Michigan) et y restera jusqu’en 1985. Bien que la production soit lancée, les essais se poursuivent durant l’année 1960. Ils portent essentiellement sur le confort qui, aux yeux des Américains, est capital : être et durer. Nous sommes donc ici aux antipodes des Soviétiques qui accordent très peu d’intérêt à cet aspect pourtant essentiel. Sur la base d’eglin, trois ingénieurs n’hésitent pas à s’enfermer durant 24 heures dans les
18 m2 du M-60, qui font de ce dernier le char le plus spacieux de l’histoire des blindés modernes, afin d’évaluer l’état de fatigue des équipages.
Du M-60 au M-60A1
La mise en service du M-60 débute à la fin de l’année 1959. Les premières unités servies sont celles stationnées sur le territoire national, suivies de peu par celles stationnées en Allemagne afin de s’opposer au T-54 soviétique qui est la principale menace du théâtre. Avec la mise en service du M-60, la flotte de M-48 est transférée à la Garde nationale, tout en demeurant au sein de certaines unités de l’armor qui seront déployées au Vietnam, théâtre d’opérations sur lequel le M-60 ne sera jamais envoyé. Seules deux versions du génie rejoignent le théâtre en nombre très restreint. L’AVLB (Armored Vehiclelaunched Bridge), dont les travures de 14 t et de 20 m de long autorisent le franchissement de tranchées de 18 m ; et quelques M-728 CEV (Combat Engineers Vehicle), engin d’organisation du terrain, dont un aurait détruit un T-55 ennemi avec son tube lanceur de charges de démolition M-135 de 165 mm. Certains problèmes vont toutefois être rencontrés lors de la mise en service du M-60 : l’indisponibilité des mitrailleuses lourdes M-85 en Allemagne nécessite la modification du tourelleau pour l’équiper de la classique M-2. En 1963, les retours d’expérience en unités engendrent des modifications parfois majeures.
Outre la modification du tourelleau, on procède au renforcement de la protection balistique de la tourelle. Son masque est revu avec un aspect beaucoup plus profilé nécessitant le déplacement de l’artillerie principale de 13 cm vers l’avant. Le chef de char et le tireur voient leur lunette améliorée et bénéficient désormais d’une capacité d’observation et de tir de nuit grâce à l’adoption d’un projecteur au xénon installé sur le canon M-68. Cette nouvelle capacité se voit augmentée par l’adoption d’un nouveau système de stabilisation de l’artillerie et d’une nouvelle conduite de tir, développée par Cadillac Cage, optimisant les chances de premier coup au but. En caisse, un moteur plus puissant est installé. Il s’agit d’un Continental Diesel AVDS-1790-2A de 750 ch à 2400 tr/ min qui compense la taille et le poids plus importants de la tourelle dont la capacité en munitions de 105 mm est augmentée (63 au lieu de 57). Ainsi modifié après que 2 205 exemplaires ont été produits, le M-60 devient le M-60A1 après avoir été brièvement désigné M-60E1. Il entre en service dans L’US Army au printemps 1962, mais son rythme de production est lent durant la décennie, car la priorité est donnée au M-48 qui est déployé au Vietnam.
Il faut attendre le début des années 1970 pour que la production s’accélère grâce à, ou à cause de, la guerre israélo-arabe de 1973. Les États-unis apportent un soutien massif à Israël en livrant des chars placés en stockage. Afin de recompléter les effectifs au plus vite, Chrysler fait tourner ses chaînes à plein régime. En 1975, 48 chars sont produits mensuellement, puis 72 en 1977, avec une pointe à 104 en décembre. Le pic de production est atteint en octobre 1978, où 129 chars sortent de l’usine de Lima (Ohio) qui a été sollicitée pour seconder celle de Warren qui ne pouvait soutenir la cadence, qui dure jusqu’en avril 1979. La production de M-60A1 chute ensuite à partir de l’été 1981, période durant laquelle le M-60A1 fait place à la nouvelle version : le M-60A3. Au total, 7 948 M-60A1 sont produits, dont 528 pour L’US Marine Corps.
Le M-60A1 va connaître trois améliorations majeures. La première intervient en 1971, connue sous le sigle AOS (Add On Stabilizer). Elle permet désormais au char, grâce à un nouveau système de stabilisation de l’artillerie, de traiter des objectifs lors d’un déplacement. La seconde entre en service en 1975 et est dénommée RISE (Reliability Improvement of Selected Equipment). L’amélioration comprend un nouveau moteur AVDS-1790-2D, plus fiable, ainsi qu’un nouveau système électrique qui passe de 300 à 650 ampères. La troisième et dernière étape est la RISE/PASSIVE, apparue en 1977. Le projecteur au xénon, peu discret, est avantageusement remplacé par un projecteur à intensification de lumière M-35E1 indétectable. En plus de ces améliorations majeures, les rapports concernant les M-60 de Tsahal lors de la guerre du Kippour font état de pertes dues à un manque de protection au niveau du « défaut de tourelle ». Cette partie importante ainsi que la crémaillère de tourelle sont immédiatement renforcées et le liquide hydraulique, jugé trop inflammable, est remplacé.
M-60A2 et A3
La version la plus spectaculaire de la famille du M-60 est sans nul doute la version A2 produite à partir de 1974. Elle a pour but d’apporter aux unités équipées de M-60 et de M-60A1 une distance d’intervention accrue dans les plaines d’allemagne du Nord avec l’emploi du missile antichar MGM-51 Shillelagh, qui emprunte son nom à un bâton de combat irlandais, d’une portée de 3 000 m. Le tube lanceur rayé M-162 de 152 mm et le missile sont développés par l’aerospace Division de Ford dès juin 1959, pour une mise en production planifiée à partir de 1965. Mais il faudra attendre 1973 pour que la production de cette version débute dans les ateliers de Warren. Désigné initialement M-60A1E1, le M-60A2 est équipé d’une tourelle E1 qui donne au char un aspect futuriste, d’où le surnom de « Starship » que lui donnent les équipages. Le M-60A2 est moyennement apprécié par ces derniers, car la technologie embarquée n’est pas au point, avec des problèmes de suivi du missile guidé par infrarouge, surtout de nuit, et de mise à feu et une culasse dotée d’un mécanisme trop fragile. Produit à 526 exemplaires jusqu’en 1975, le M-60A2 est retiré du service en 1980. Les tourelles sont ferraillées et les caisses utilisées pour la version AVLB.
La version ultime mise en oeuvre par l’armor est la version A3, directement dérivée de l’a1. Entrée en service en 1978, l’a3 représente une évolution importante avec l’adoption d’un télémètre laser, une nouvelle conduite de tir encore plus performante optimisant le premier coup au but, des pots fumigènes britanniques M-239, un système de génération de fumée installé au niveau du groupe motopropulseur afin de noyer le char sous un nuage lors d’une prise à partie, et un manchon antiarcure ayant pour fonction de répartir de manière homogène la chaleur du tube afin d’éviter toute déformation. Le M-60A3 prend l’ascendant sur les T-55 et T-62. En revanche, face aux T-64 et T-72, la tâche devient difficile malgré le fait que la munition-flèche M-735A1 a été utilisée avec succès par Israël contre les T-72 syriens au Liban. Pour L’US Army, il est temps d’adopter un nouveau char, car le dernier représentant de la famille des Patton est arrivé au terme de sa carrière, malgré la mise en service de la sous-version TTS (Tank Thermal Sight) qui adopte la caméra thermique AN/VSG-2 en lieu et place de la lunette IL M35E1. La production du M-60A3 se termine en mai 1985 après 5 400 exemplaires, dont seulement 1 700 entièrement neufs, le reliquat étant des M-60 et M-60A1 rétrofités. L’USMC est le dernier utilisateur du M-60 au combat lors de la guerre du Golfe en 1991, et la dernière unité à être équipée du M-60A3 est le 1st Battalion de la 365th Armored Company de la Garde nationale du Kansas qui les troque en mai 1997 contre des M-1A1, dont plus de 15 000 exemplaires ont été produits.
Le M-60 à l’exportation
La possibilité de transformer facilement un M-48 en M-60 est un argument de vente imparable pour des nations qui désirent améliorer leur flotte de M-48 sans pour autant acheter un char de dernière génération beaucoup plus onéreux. C’est de cet argument que découle en partie l’immense succès que connaît le M-60 sur le marché de l’exportation. De nos jours, avec le jeu des ventes et reventes, une quinzaine de nations utilisent, ou ont utilisé, le M-60, parmi lesquelles la Bosnieherzégovine, l’autriche, l’arabie saoudite, l’égypte, la Jordanie, le Maroc, Taïwan et l’italie, qui l’a construit sous licence, ou le Brésil, qui en a loué 91 en 1996. Il serait compliqué dans le présent article de détailler le succès du M-60 à l’exportation, mais le premier acheteur étranger qu’est Israël ne va cesser de l’améliorer. En 1967, Telaviv obtient 250 M-48 en provenance d’allemagne. Ces chars sont dénommés Magach (versions 1 à 5), que l’on peut traduire par «coup de bélier».
Cette flotte est renforcée en 1971 par l’achat de 150 M-60A1. Tsahal prend ensuite livraison de M-60 et M-60A1 supplémentaires pris sur le stock de L’US Army. La plupart de ces derniers sont équipés du tourelleau chef de char développé par la firme israélienne Urdan et dénommés Magach 6.
À l’issue de la guerre du Kippour, il ne reste plus que 200 Magach 5 et Magach 6 sur un effectif initial de 540. Les pertes ont été sévères et, à la fin des années 1970, 150 M-48A5 sont livrés par les États-unis. Ils sont suivis de 1980 à 1985 par 300 M-60A3 qui vont connaître de constantes améliorations à la suite des retours d’expérience du conflit de 1973. Lors de l’opération « Paix en Galilée » au Liban, en 1982, est engagée la version 6A, équipée du blindage réactif Blazer, d’un nouveau système de stabilisation du tube, d’un mortier de 60 mm fabriqué localement par Soltam, d’une seconde mitrailleuse sur le toit de tourelle, d’un nouveau manchon anti-arcure pour le M-68 développé par VIDCO, et de chenilles T142 semblables à celles du Merkava. Le Magach 6B Gal bénéficie d’une nouvelle conduite de tir numérisée avec perche aérologique, ainsi que de nouvelles améliorations au niveau des chenilles. Le Magach 7 est décliné en quatre sous-versions : A, B, C Gimel, et D. Sa tourelle est renforcée par un blindage additionnel mécanosoudé nécessitant une motorisation plus puissante, de 908 ch. La conduite de tir Matador développée par Elbit est celle qui équipe les premières versions de Merkava. Il est à noter que sous ce nouveau blindage se trouvent parfois des M-48 entièrement revus qui étaient stockés depuis de très nombreuses années, démontrant l’ingéniosité des techniciens israéliens qui sont passés maîtres dans l’art de faire du neuf avec du vieux. Israël n’est pas la seule nation du Moyen-orient à opérer le M-60 et les 1 300 M-60 (400 M-60, 300 M-60A1, 600 M-60A3) utilisés par Tsahal ont été rejoints par les 700 M-60A1 et 927 M-60A3 égyptiens ainsi que les 288 M-60A1 et A3 jordaniens.
Au début des années 2000, la firme IMI (Israel Military Industries) développe sur fonds privés un char sur une base de M-60A3, destiné à succéder aux Magach. Dénommée Sabra, la première version, Mk I, est une amélioration du Magach 7C. Elle présente de nombreuses nouveautés, dont un kit de blindage additionnel caisse et tourelle, modifiant fortement l’aspect originel du M-60. Ce kit modulable est adaptable en fonction de la mission et de la menace. Il fait passer le poids du M-60A3 de 52,6 t à 54 t, nécessitant de revoir la motorisation.
Avec le Sabra, le vénérable M-60 est armé d’un tube à âme lisse de 120 mm entièrement développé par IMI et qui équipe le Merkava III : le MG251. La seconde version, Mk2, diffère peu de la première et l’effort est toujours axé sur la protection par l’adoption d’un nouveau kit encore plus lourd qui fait passer le poids du char à 59 t. Une motorisation plus puissante est nécessaire et deux sont proposées au catalogue : une allemande (MTU) de 1 000 ch et une américaine (L3) de 1 200 ch. La conduite de tir développée par Elbit, déjà extrêmement performante, est encore améliorée par l’adoption de celle du Merkava III : l’elbit/elop Knight III. Bien que le Sabra représente une évolution significative, il n’entre pas en service au sein de Tsahal. En 2002, la Turquie signe un contrat de 700 millions de dollars avec IMI afin d’améliorer 170 M-60A3. Désignée dans un premier temps Sabra Mk3, cette nouvelle version prend la dénomination turque M-60T.
Le premier prototype est terminé dans les ateliers D’IMI en mai 2005, et est suivi par trois autres développés en Turquie sur le site de Kayseri, en Cappadoce. Après des essais réussis, les premiers exemplaires arrivent en unité en juin 2007. Les améliorations sont importantes et portent sur l’artillerie, la conduite de tir Knight III, le blindage et la motorisation. Le canon MG251 de 120 mm est remplacé par le MG253 qui équipe le Merkava IV. Cette amélioration permet à Ankara l’achat auprès de Rheinmetall de la munition-flèche DM63 tirée par le Leopard 2 pour un montant de 46 millions d’euros. Le blindage additionnel a fait l’objet d’une attention particulière, qu’il s’agisse de la caisse ou de la tourelle, et donne au M-60T
une silhouette moderne nécessitant l’installation d’un nouveau groupe motopropulseur d’origine allemande : un moteur MTU MT881 de 1 000 ch et une boîte de vitesses automatique Renk 304S qui donnent au M-60T une vitesse de 55 km/h et une mobilité accrue en tout-terrain.
En mai 2017 sont observées au salon IDEF d’istanbul les premières améliorations apportées par la firme Aselsan à la flotte de M-60T. La première est l’installation d’un système LWR (Laser Warning Receiver) et d’un SAS (Situational Awareness System) permettant à l’équipage de mieux appréhender la menace et l’environnement dans lequel il évolue. Cet ensemble se présente sous la forme de quatre capteurs, dont deux se trouvent sur l’arc avant de la tourelle et deux autres sur le slat armour de la nuque de tourelle. Mais l’amélioration la plus visible est l’installation d’un tourelleau téléopéré armé d’une mitrailleuse lourde de 12,7 mm derrière le volet du chef de char. Ces M-60T ainsi modifiés sont aperçus en septembre 2017 lors d’exercices menés conjointement avec les forces irakiennes à la frontière des deux pays. Enfin, en février 2018, lors de l’opération « Rameau d’olivier » menée par les troupes d’ankara, certains de ces M-60T sont vus aux côtés de M-60A3 face aux troupes kurdes dans le secteur d’afryn, dans le nord-ouest de la Syrie. De plus, il est à noter que certains M-60T observés sont équipés du système de protection active « Pulat » développé conjointement par Aselsan et l’ukrainien Microtek à partir du système Zaslon-l.
Malgré son âge, le M-60 continue à être amélioré, constituant ainsi une alternative crédible et peu coûteuse pour des nations qui, comme précédemment évoqué, ne désirent pas investir dans des chars de bataille de cinquième génération. En 2012, la firme américaine Raytheon dévoile le M-60 SLEP (Service Life Extension Program) armé du canon M256 de 120 mm à âme lisse qui équipe le M-1A1 Abrams. La Jordanie, par le biais de sa firme KADDB, alliée au suisse RUAG, qui fournit le tube de 120 mm L/50, propose le M-60 Phoenix : un M-60 méconnaissable sous ses tuiles de blindage réactif, bardé d’électronique dernier cri et équipé du système de défense à la fois soft et hard kill LEDS 100 développé par SAAB Avitronics et Mowag. Actuellement, l’ultime modernisation du M-60 est à mettre au crédit de la firme italienne Leonardo qui, en octobre 2017, a présenté à Bahreïn une version surblindée armée du canon de 120 mm L/45 à faible recul qui équipe le Centauro II.