Une force spatiale pour Washington
L’idée de mettre en place un sixième service américain spécifiquement destiné aux opérations spatiales n’est pas nouvelle. Déjà évoquée durant la campagne présidentielle de 2000 – il était alors question de mettre en place des lasers spatiaux de frappe terrestre –, l’affaire avait refait surface de temps à autre, sans guère de succès. Reste que l’administration Trump a à nouveau envisagé cette possibilité en mars, avant qu’une proposition de décret ne soit plus directement évoquée par le président américain, prenant le Pentagone par surprise. Ce dernier est historiquement opposé à une telle création, qui serait complexe dès lors que l’army, la Navy et l’air Force disposent déjà de leurs propres structures. Dans le même temps, la mise en évidence des logiques multidomaines aboutit plutôt à chercher un maximum d’intégration, ce qui semble antinomique de la mise en place de nouveaux cloisonnements.
Pratiquement, l’affaire n’est pas encore bouclée. Le Congrès étudie la question, avec à la clé la remise de deux études par L’US Air Force, mais cette dernière y est opposée. L’argument du président américain est que l’espace doit rester un domaine où la supériorité de Washington doit être maintenue. Reste que le risque est grand de voir non seulement une Air Force affaiblie, en plus de guerres fratricides dans l’obtention des budgets. Néanmoins, en dépit des réserves préalablement affichées par les responsables militaires, Donald Trump semble déterminé. Il trouvera cependant un obstacle de poids devant lui : James Mattis, le secrétaire à la Défense a déjà indiqué, en octobre, qu’il s’opposait « à la création d’un nouveau service militaire et à des couches organisationnelles additionnelles alors que nous nous concentrons sur la réduction des couches supérieures et sur l’intégration interarmées des fonctions de combat ». De quoi risquer un conflit entre les deux hommes alors que Mattis semble de plus en plus isolé à la Maison Blanche ?