La JEF s’agrandit
Le 28 juin, le secrétaire britannique à la Défense, Gavin Williamson, a procédé à la signature de l’accord fixant le cadre de la Joint Expeditionary Force (JEF). L’initiative, lancée en 2012, vise à mettre en place une force multinationale européenne – mais non liée à L’UE – avec le Royaumeuni en tant que nation-cadre, à laquelle prennent part le Danemark, l’estonie, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-bas, la Norvège et la Suède. L’objectif capacitaire est de permettre le déploiement de 10 000 soldats. Un premier exercice la concernant avait déjà été mené en mai, à Salisbury Plain. Concrètement, la mise en place de la force intègre le cadre otanien, selon la logique des « nationscadres », mais elle doit aussi permettre l’engagement de forces de manière autonome. Les dernières annonces, qui incluent la Suède et la Finlande, montrent également que la position des deux États scandinaves au regard de la coopération en Europe tend à évoluer.
À ce sujet justement, la coopération entre Helsinki et Stockholm a été renforcée, avec la signature d’un accord, le premier du genre, le 9 juillet. Il permet de fixer un cadre à la coopération entre les deux pays en temps de paix comme en temps de guerre, sans toutefois constituer un accord de défense mutuelle ou une alliance. Le rapprochement entre les deux pays est notable depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie. Ils partagent ainsi les mêmes inquiétudes sécuritaires et ont à plusieurs reprises indiqué avoir accru leur coopération, en échangeant notamment des informations sur la situation aérienne. En juillet, le chef d’état-major suédois précisait quant à lui que des échanges de plans de défense entre les deux pays avaient déjà eu lieu. À terme, la coopération est sans doute appelée à se renforcer, avec la conduite conjointe d’exercices.
Reste également à évaluer les implications capacitaires de ces évolutions. La stratégie des moyens des deux pays est appelée à évoluer dans les prochaines années. À Helsinki, un appel d’offres est ainsi toujours en cours pour 64 appareils de combat destinés au remplacement de ses Hornet. À voir si la Suède est susceptible de placer son Gripen E, sachant que c’est un missile antinavire israélien qu’helsinki a choisi pour ses futures corvettes et non pas l’engin suédois. De même, l’hypothèse d’un retrait du traité d’ottawa sur les armes antipersonnel est également évoquée par le ministre de la Défense. Par ailleurs, en Suède, les projets se poursuivent également : on a ainsi appris que des discussions avaient eu lieu en juin avec le Royaume-uni autour d’une coopération sur l’aviation de combat alors que Stockholm cherche à lancer le développement de son Flygsystem 2020 depuis le début des années 2010. À ce moment, on ne savait pas encore que Londres allait présenter le Tempest… À voir donc si la mise en place de la signature de la JEF aura des incidences sur les relations aéronautiques entre les deux pays.
La coopération sécuritaire en Europe se renforce, au demeurant. Le Danemark, la Lettonie et l’estonie ont indiqué avoir signé le 9 juillet un accord portant sur l’établissement de la Division multinationale nord – en fait, une unité-cadre – à Adazi, en Lettonie. Elle sera chargée de la planification opérationnelle ou d’exercices interarmées dans la région de la Baltique et sera placée sous commandement de L’OTAN. Elle sera en mesure de commander des unités de la taille de la division.